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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 14:33

J’avais comme une impression de déjà vu !

Je descendais les escaliers qui me menaient au sous-sol, comme quelques jours auparavant. Le but était différent mais l’impression restait la même. J’étais poussée par un sentiment fort et cette fois ce n’était pas de la colère.

J’avais senti le besoin impérieux de retrouver mon compagnon, l’intensité du sentiment, renforcé par la séparation que nous nous étions infligé d’un côté comme de l’autre, n’en étant que plus forte.

C’est étrange, parfois, comme certains sentiments aussi puissants que la colère, peuvent paraitre dérisoire face à l’amour après seulement quelques jours de réflexion. J’avais beau chercher, je n’arrivais tout simplement plus à me souvenir du petit air arrogant de Michael, alors qu’il m’avait annoncé que malgré mon statut d’alpha, je n’étais pas à l’abri de quelconques représailles de sa part. Cette vision m’avait pourtant accompagnée tout au long de ces derniers jours, attisant la brûlure de notre dispute. Et pourtant tout ce à quoi j’étais capable de penser en poursuivant ma descente, c’était la douceur de ses lèvres lorsqu’il m’avait embrassée la veille, la délicatesse de son toucher, l’émotion contenue dans la raucité de sa voix alors qu’il m’avait dit que je lui manquais. Toutes ses petites choses qui m’étaient devenues indispensables et dont j’avais été privée depuis trop longtemps. Néanmoins, une inquiétude sourde au creux de mon ventre, me fit ralentir sur les dernières marches de l’escalier. Qu’en était-il pour lui ? Où en était-il de son raisonnement me concernant ? Il m’avait en effet dit que je lui manquais mais cela allait-il suffire pour nous réconcilier comme je l’espérais ? J’ignorais encore tellement de choses sur Michael, et en l’occurrence, je ne savais pas à quel point sa fierté et sa rancune pouvait le pousser à m’en vouloir.

Quoi qu’il en fût, ça ne servait à rien de se perdre en digressions. Le seul moyen d’en avoir le cœur net était de lui parler directement.

Mais malgré mes encouragements intérieurs, les pas qui me portèrent jusqu’au couloir des cellules me semblèrent terriblement lourds.

D’un signe de tête, je saluai Matthew qui, fidèle au poste, me rendit mon salut, l’air inquiet. Bon, je ne l’avais pas volé, en même temps. Pour me racheter de la situation délicate dans laquelle je l’avais placé la dernière fois que j’étais venue au sous-sol, je m’appliquai à lui parler d’une manière douce et agréable.

- Euh… Matthew… Michael… il est… ?

Bon d’accord, pour la voix douce et agréable on repassera, je venais de bredouiller grotesquement quatre mots sans queue ni tête. Matthew me sourit fébrilement avant de désigner la porte sur ma droite d’un mouvement du menton.

- Merci et… euh… M’apprêtai-je à m’excuser pour la fois précédente, mais le cliquetis métallique d’une serrure que l’on ouvre me fit sursauter avant d’avoir pu prononcer les mots.

- Lucy ? Qu’est-ce que tu fais là ? M’interrogea Michael, sur le seuil de la cellule qu’il venait d’ouvrir.

Prise de court par son arrivée soudaine, j’écarquillai des yeux ronds.

- Ne sois pas si surprise, je t’ai sentie arriver depuis que tu as quitté la cuisine. M’annonça-t-il avec un petit sourire en coin. Oh non ! Pas ce sourire ! Je me sentais déjà fondre. Il fallait que je le touche, il fallait que je l’embrasse, il fallait que je… Non, non, je devais me reprendre.

- Tu m’as sentie ? Comment ça ? Demandai-je pour faire diversion.

Michael prit ma main et la posa sur son cœur.

- Je te sens partout où tu es amour.

Sans retirer ma main, je baissai la tête, tentant de cacher le trouble qui m’animait. Mon compagnon releva mon menton de l’index et du pouce pour me capturer de son regard.

- Tu voulais me voir ? Me demanda-t-il en penchant la tête sur le côté.

- Je voulais te demander si tu pensais ce que tu m’as dit hier ? Lâchai-je finalement. Est-ce que je te manque vraiment.

- Aaaaah Lucy, mon amour, tu n’imagines même pas à quel point ces quelques jours ont été une torture pour moi. Gémit-il en me prenant dans ses bras, serrant mon corps très fort contre le sien. Je t’aime tellement.

C’était si bon de le sentir contre moi, de pouvoir enfin me sentir en sécurité au creux de ses bras musclés et puissants. Je pouvais ressentir toute la retenue qu’il mettait dans ses gestes, me touchant, me caressant avec précaution comme si j’étais une poupée de porcelaine. Ce que j’étais objectivement entre ses bras. Il aurait pu me briser totalement en quelques secondes et cette force en lui, me rendait folle au lieu de m’effrayer, et pour cause, elle était là, bien présente, je pouvais la sentir tout autour de lui, et pourtant, il la mettait totalement en sourdine en ma présence.

- Moi aussi je t’aime. Lui murmurai-je dans un souffle.

- Aah amour, je crois que je ne m’en lasserai jamais. Me dit-il en enfouissant son nez dans mes cheveux.

- Je suis une idiote, j’aurais dû te le dire plus tôt !

- Indubitablement. Confirma-t-il.

Je m’arrachai à son étreinte pour lui lancer un regard plein de reproches. Michael éclata de rire en fondant sur mes lèvres. Dieu que ce rire m’avait manquée, si chaud, si suave. Des frissons remontèrent ma colonne vertébrale au moment même où ses lèvres entraient en contact avec les miennes. Le baiser commença doucement, mais quand sa langue s’insinua entre mes lèvres, dansant de concert avec la mienne, je perdis tout contrôle, me plaquant entièrement contre son corps, comme si je voulais me fondre en lui. Sa bouche se déplaça rapidement dans mon cou, embrassant, léchant, mordillant, tandis que ses mains caressaient mon dos avec frénésie. Je passais les miennes sous sa chemise pour effleurer sa peau brûlante. Les bosses fermes de ses abdominaux que je sentais sous mes doigts m’électrisaient complètement. Ma main semblait hésiter, ne sachant si elle préférait se déplacer vers le haut, vers ces pectoraux que je savais si parfaitement musclés et dessiné, ou vers le bas, vers…

Mais avant que j’aie pu prendre une décision, un raclement de gorge nous rappela que nous n’étions pas seuls. Matthew écarquillait les yeux devant le manque de tenue de ses alphas. En pointant du doigt vers la sortie, et sans prononcer le moindre mot, il se dirigea de lui-même vers la sortie, un peu embarrassé par ce à quoi il venait d’assister, mais visiblement très embarrassé par la bosse qui déformait son pantalon au niveau de l’entrejambe. Bon sang, j’oubliais trop souvent que les loups était de vrais éponges à émotions, et vu celles qui m’animaient à ce moment-là, je n’étais pas vraiment surprise par la réaction physique du lycan.

Michael me sourit avec indulgence.

- Tu verras, bientôt ils auront l’habitude de te bloquer et ces petits désagréments n’arriveront plus.

- Oui j’espère. Mais ça va, je ne lui en veux pas. Je crois qu’on l’a un peu pris de court. L’excusai-je bien volontiers.

- Oui mais maintenant nous somme seuls… Commença-t-il avec un petit sourire coquin. Et j’ai certains projets qui me trottent dans la tête depuis très très longtemps.

Je feignais l’innocence En ouvrant de grands yeux surpris.

- Ah vraiment ? Et à quoi tu penses là ? Poursuivis-je en mode « naïf »

- Hum… je pense que tu n’as pas encore fait connaissance avec la technique de réconciliation estampillée Michael Madison, et je pense qu’il va falloir y remédier très rapidement.

Sur ces mots tentateurs, il me souleva de terre en m’empoignant sous les fesses. Je m’agrippai à lui en entourant sa taille de mes jambes et me laissai porter jusqu’à l’escalier.

Mais un cliquetis derrière nous, nous fit tourner la tête.

- Je ne sais pas ce que vous avez prévu dans l’immédiat et je ne veux pas le savoir. Nous annonça Nathan qui venait d’apparaitre sur le seuil de la cellule où était retenu le vampire. Mais ça va devoir attendre.

Michael me reposa délicatement sur le sol, et je défaisais à regret mes bras et mes jambes enroulés autour de lui.

- Qu’est-ce qui se passe ? Demanda immédiatement l’alpha, le regard inquiet.

- Le vampire… Il s’agite. Nous informa le lieutenant, et il ne cesse de dire… des choses.

- Quelles genres de choses ?

Michael fronça les sourcils en posant la question.

- Eh bien… Commença Nathan, un peu gêné et ne cessant de me jeter des petits coups d’œil en coin.

S’il espérait que je m’en aille maintenant, il pouvait toujours courir.

Michael, repérant son manège, me serra contre lui.

- Parle loup ! Lucy est ma compagne, et je… je ne compte plus lui cacher quoi que ce soit désormais.

A ces mots, mon visage se fendit d’un incontrôlable sourire ému. Si je continuais sur ma lancée j’allais bientôt me mettre à pleurer devant les films tristes.

Nathan prit une grande inspiration et avança vers nous. La lumière exposa totalement son visage et je retins difficilement un gémissement à la vue des trois balafres qui scindaient son visage en plusieurs parties.

- Michael, il… il a commencé à s’agiter quand Lucy est arrivée. Nous annonça le lieutenant. Et il dit que… qu’il doit la tuer.

En entendant ces mots, je sentis des étincelles de pouvoirs crépiter sous les doigts de ma main qui était posée sur le dos de mon compagnon. Je regardai celle-ci avec surprise, ne comprenant pas d’où ce pouvoir pouvait provenir alors que je n’y avais pas fait appel. Et puis je regardai Michael. Le pouvoir crépitait tout autour de lui, ses cheveux commençaient à s’agiter comme sous l’effet du vent, la lumière au plafond devint erratique et l’ampoule se balança d’avant en arrière sans aucune raison apparente. Une brise chaude tourbillonnait autour de nous alors que le lieu était complètement clos. Je regardai alors le visage de l’alpha, crispé en un masque de fureur, et ses yeux devenus bleus et strié de petits éclairs lumineux.

Et soudain, sa voix éclata en même temps que l’ampoule la plus proche.

- Il veut quoi ?! Rugit-il en faisant trembler les murs du couloir. Il n’a pas ouvert la bouche depuis des jours et la première chose qu’il dit c’est qu’il doit tuer MA compagne.

Il insista sur le « ma » avec une sorte de grognement.

- Je vais le tuer de mes propres mains ! Je vais lui arracher chaque membre du corps ! Je vais le saigner comme un porc et attendre que la soif le rende fou ! Et alors, seulement je le décapiterai, centimètre par centimètre jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un putain de tas de cendres de ce sombre connard. Gronda-t-il en me serrant plus encore contre lui. On ne menace pas MA compagne ! Jamais !

Michael était effrayant, surprotecteur, menaçant et dangereux, et pourtant tout ce que j’étais capable de ressentir, le corps écrasé contre le sien, était cet incroyable sentiment de sécurité. Un vampire, l’une des créatures les plus mortelles pour les humains en ce monde, semblait vouloir ma mort plus que tout, et tout ce que je ressentais, c’était un sentiment de bien-être. Ok, passez-moi la camisole, j’étais bonne à enfermer.

- Attends, calme-toi ! Lui intima le lieutenant. Ça peut être une bonne opportunité… Je veux dire, il n’a rien voulu lâcher depuis qu’on le retient ici, mais au moment où ta compagne arrive et qu’il la sent, il devient quasiment fou… Tu ne crois pas que ça pourrait être d’une grande aide ?

Michael plissa les yeux, suspicieux, avant de reprendre.

- Et tu suggères quoi au juste ?

Nathan prit une grande inspiration avant de continuer.

- Eh bien, elle vient avec nous dans la cellule et on voit comment il réagit.

Le pouvoir se mit à crépiter de plus belle autour de Michael.

- Tu veux que MA compagne se retrouve dans la même pièce que cette sangsue ? Tu veux que Ma compagne serve d’appât, et tu veux que MA compagne risque sa vie alors que tu sais qu’elle est sans défense ?

Bon ok, là ça commençait à bien faire ! Je n’étais pas un objet, et la façon dont il s’appropriait ma personne avait cessé d’être mignonne après le deuxième « MA », qui plus est, sa remarque sur mon incapacité à me défendre avait tendance à égratigner légèrement ma fierté. Est-ce qu’il regardait ailleurs quand j’avais failli faire cramer l’un de ses lieutenants dans le gymnase ?

- Qui est sans défense ? Lui demandai-je, en m’écartant un peu pour le regarder dans les yeux. Tu as séché le cours où j’ai fait sa fête à un tapis de course ?

Michael ne répondit rien mais me regarda en fronçant les sourcils. Ses yeux bleus intenses, parsemées de stries azures me mettaient mal à l’aise, comme s’il pouvait lire en moi, plus encore qu’il ne le faisait habituellement.

Mais en réalité, je voyais bien qu’il pesait déjà le pour et le contre. Son désir de me protéger et le désir de protéger sa meute entraient une fois de plus en contradiction dans sa tête. Il m’avait avouée être incapable de faire un choix entre les deux, mais encore une fois, il se trouvait dans l’obligation de prendre une décision par ma faute.

- Ecoute, elle n’a pas tort. Ajouta finalement Nathan. Elle est plus que capable de se défendre si le besoin s’en fait sentir. Et puis elle ne sera pas seule. Nous allons évidemment l’accompagner et on gardera tous les deux un œil sur le vampire. Et si ça ne te rassure pas, on peut aussi demander à Van de nous accompagner.

Michael se tourna vers son ami puis vers moi avant de soupirer profondément, en fermant les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, ses yeux étaient toujours aussi bleus, mais les éclairs avaient disparu, et la brise autour de nous s’était calmée.

- Tu veux le faire ? Me demanda-t-il.

- Et bien, si un vampire veut me tuer j’aimerais bien comprendre pourquoi, oui.

- Très bien, dans ce cas… Je veux que Van, Thomas et… oui, Julian aussi… Je veux qu’ils soient là aussi.

Mais à peine Michael eut-il finit sa phrase que les trois loups en question dévalèrent les escaliers, plus bruyamment qu’un troupeau de buffles au galop.

Je regardai tour à tour Michael et Nathan avec une expression ahurie. Est-ce que ça faisait partie des pouvoirs extraordinaires de l’alpha que de faire apparaitre les personnes qu’il souhaitait voir à la seconde où il souhaitait les voir ?

- Qu’est-ce qui se passe ? Hurla Van. En descendant la dernière marche.

En nous voyant les dévisager avec surprise mais néanmoins calmement, Van et Thomas se stoppèrent immédiatement et Julian, juste derrière eux leur rentra dedans de plein fouet. Les deux lieutenants ne bronchèrent presque pas, mais Van, sans se retourner, saisit le bras du jeune loup pour l’aider à se stabiliser.

- Nous avons senti que tu faisais appel au pouvoir de l’alpha, Michael, et on a cru que… Commença Thomas.

- Que Lucy t’avait encore mis en rogne. Finit Van.

- Fermez-la vous deux ! Vous n’y êtes pas du tout en plus. Corrigea Nathan. En fait si je ne les avais pas arrêtés, ils seraient en train de nous faire un petit sur les marches de cet escalier.

- Toi ferme-là ! Intervins-je en frappant le loup à l’épaule.

- Bon, ce n’est pas le sujet. Dit Michael en reprenant la parole. Je me suis un peu énervé, mais pas contre Lucy.

« Un peu énervé », c’était un bel euphémisme, pensai-je. Les poils de mes avant-bras étaient toujours au garde-à-vous après la démonstration de pouvoir de mon loup.

- Mais attendez ! Ne pus-je m’empêcher d’intervenir. Pourquoi il n’y a que vous qui êtes descendus ? Tous les loups de la maison ont pourtant dû sentir le pouvoir que puisait Michael.

J’avais un peu de mal à comprendre qu’alors que la maison était en permanence remplie de lycans, seuls trois d’entre eux avaient eu le courage de pointer le bout de leur nez.

- Ils sont resté en haut, nous leur avons dit de nous attendre. M’expliqua Thomas.

J’avais toujours du mal à comprendre le lien hiérarchique qui régissait le comportement des loups.

- C’est le rôle des dominant de protéger les autres. Me glissa Michael à l’oreille.

- Hum… je vois mais dans ce cas…  Pourquoi es-tu là toi ? Interrogeai-je Julian.

Van se rembrunit tout à coup et Thomas prit la parole avec un sourire indulgent.

- Eh bien, tu sais ce qu’il a dit à Van ce matin, Lucy. Partout où cet imbécile va…

Ok je comprenais maintenant, et ça expliquait également pourquoi entre le moment où Michael avait commencé à « un peu s’énervé » et leur arrivée, il s’était écoulé de nombreuses minutes. Van avait dû s’opposer à ce que Julian le suive, mais ce dernier n’en avait, bien sûr, fait qu’à sa tête.

- Bon en tout cas, vous tombez bien. Me tira Michael de mes pensées. J’allais justement vous faire venir.

Les trois loups le regardèrent avec la même expression interrogatrice.

- Le vampire s’est enfin décidé à bouger… grâce à Lucy. Expliqua-t-il avec réticence. Du coup on va tenter une confrontation et pour ça… Je vais avoir besoin de vous…

 

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 14:32

Les jours suivants se passèrent dans une sorte de brouillard. Je ne décolérais pas et malgré les différentes interventions de Nathan, Marli, Van et même Julian, pour tenter de m’apaiser un peu, je n’étais toujours pas capable de me trouver dans la même pièce que Michael sans ressentir une furieuse envie de le frapper. Chouette alors ! L’amour faisait vraiment ressortir le meilleur de ma personnalité !

Heureusement, pour ce qui était de le croiser, je n’avais pas trop à m’inquiéter puisqu’il passait ses journées au sous-sol pour interroger le vampire, toujours retenu prisonnier. Les choses ne semblaient pas avancer d’ailleurs et je me demandai au bout de combien de temps les loups finiraient par abandonner. En attendant, je reprenais doucement ma vie de tous les jours, enchainant les rendez-vous avec mes clients, dans mon ancienne maison, mon bureau s’y trouvant toujours. J’avais supposé que Michael serait contre cette idée et je m’étais donc réjouie de lui désobéir mais contre toute attente, et bien que je n’ai pas caché mon désir de reprendre le travail, il n’avait pas émis d’objections. Encore aurait-il fallu que l’on se tolère plus de cinq minutes pour aborder le sujet. Néanmoins, et sans que je lui demande, Van m’escortait, me conduisant chaque matin et me ramenant chaque soir, s’assurant que je rentrais avant la tombée de la nuit. J’étais prête à parier qu’il agissait sur ordre de son alpha et ce constat me rassurait un peu. Au moins n’était-il pas devenu insensible à mon sort. Qui plus est, je soupçonnais Van de profiter de ces occasions pour échapper à l’attention très particulière de Julian qui ne le quittait pas d’une semelle, le poursuivant de ses assiduités toute la sainte journée. Van ne l’ayant toujours pas mis K.O, j’en conclus, mais je me gardai bien de lui en faire part, qu’il n’était pas si insensible aux avances du jeune loup, malgré ses protestations véhémentes.

Les choses auraient pu continuer ainsi longtemps, d’autant que l’absence prolongée de Thomas qui n’avait toujours pas remis les pieds chez Michael depuis l’incident, me rappelait sans cesse pourquoi j’en voulais à mon compagnon. Seulement, au milieu de la nuit du quatrième jour, alors qu’une fois de plus j’étais allée me coucher seule, je me réveillai en sursaut à la suite d’un des nombreux cauchemars que je faisais depuis la nuit de l’attaque des vampires. Je m’agitai un peu et réalisai alors qu’un bras puissant et chaud m’enserrait la taille, m’empêchant de me retourner sur le dos. La prise se fit plus serrée et le grand corps brûlant de Michael, vint se plaquer contre mon dos, avec un faible grognement ensommeillé. Je ne protestai pas, encore apeurée par mon cauchemar et me rendormis presque immédiatement, dans le giron rassurant de mon compagnon. Le lendemain matin, je me réveillai seule dans le lit et la journée se déroula de nouveau avec Michael aux abonnés absents. Mais la nuit venue, je décidai de ne pas m’endormir immédiatement, comme je l’avais fait les jours précédents. Je luttais désespérément contre le sommeil depuis deux bonnes heures quand un cliquetis résonna faiblement dans la pièce. Quelqu’un venait d’ouvrir la porte et se déplaçait silencieusement dans la chambre. Une bouffée du parfum musqué de Michael parvint jusqu’à mes narines et je me forçai à ne pas ouvrir les yeux alors que je sentais mon compagnon tout proche. Quelques secondes plus tard, le lit s’affaissa légèrement et un souffle chaud, provenant d’un long soupir de Michael, caressa mes cheveux. Je me surpris à souhaiter qu’il ne s’en aille pas aussi restai-je parfaitement immobile, tentant de feindre le sommeil du mieux que je le pouvais. Michael ne tarda pas à enfouir son nez dans mes cheveux et cette proximité à laquelle je n’avais pas eu droit durant ces longues journées, me bouleversa. Lorsqu’il déposa un baiser sur ma tête, je sentis mes défenses commencer à s’effondrer. Et lorsque dans un souffle il me chuchota « tu me manques », je ne savais déjà plus pourquoi je lui en avais tant voulu.

En même temps qu’il s’installait à mes côtés, je prenais conscience que chacune des nuits que j’avais cru passer seule, Michael m’avait rejointe alors que je dormais, ne me quittant qu’aux premières heures du jour, juste avant que je me réveille.

- Toi aussi tu me manques. Chuchotai-je à mon tour en nouant mes doigts à ceux de sa main qu’il venait de poser sur mon ventre.

Michael se figea, surpris de constater que je ne dormais pas, puis, voyant que je ne souhaitais pas entamer la dispute, il colla de nouveau son corps au mien, m’attirant autant qu’il le pouvait contre lui, comme s’il souhaitait se fondre en moi. Cette nuit-là, aucun cauchemar ne vint perturber mon sommeil.

J’avais espéré que Michael se trouverait à mes côtés le matin suivant mais lorsque je tendis la main, celle-ci ne rencontra que le vide et les draps froids. Il était déjà parti depuis longtemps. Avec un soupir, je me forçai à me lever, prête à subir une nouvelle journée sans mon loup.

Dans le couloir menant à la cuisine, la bonne odeur du café fraichement préparé et des toasts grillés, apaisa un peu ma déception matinale et me redonna un peu de courage.

En pénétrant, sur le seuil de la pièce, je me figeai, clignant des yeux pour m’assurer que je n’étais pas victime d’une hallucination. Thomas, un tablier attaché autour de ses hanches, préparait des œufs au plat devant la cuisinière, tandis que Van, assis à la table de la cuisine attendait patiemment qu’il remplisse son assiette, en tentant d’éviter les coups d’œil amoureux de Julian, assis à quelques centimètres de lui. En fait, je me fis la remarque que si Julian se rapprochait encore plus, il atterrirait sur les genoux de Van.

- Lucy, ma belle ! Me gratifia Thomas avec son plus beau sourire. Il était radieux. La scène qui aurait parue normale quelques jours plus tôt, me laissa sans voix. Thomas n’avait plus mis les pieds dans cette cuisine depuis l’attaque des vampires et les évènements qui avaient suivis, alors que faisait-il ici, à préparer le petit déjeuner comme si rien ne s’était passé ?

- Tu veux des œufs pour ton petit-déjeuner ? me demanda-t-il en venant m’embrasser sur la joue.

- Euh… j’ai loupé un épisode ? Bredouillai-je, interloquée.

- Est-ce qu’un loup n’a pas le droit de venir préparer son repas à sa femelle alpha ? demanda-t-il comme si de rien n’était. Il a appelé ce matin pour me dire que j’étais de nouveau le bienvenu ici. Me chuchota-t-il ensuite en se penchant à mon oreille.

- Quoi ? Il s’est excusé ? M’écriai-je, surprise par la capitulation de mon borné de compagnon.

Thomas émit un petit rire gêné.

- Eh bien, pas vraiment… Enfin disons juste que c’est tout comme.

Je me renfrognai sous le coup du faux espoir que je venais de subir.

- Mouais, ça m’aurait étonné aussi. Dis-je sans cacher le dépit dans ma voix.

- Attends Lucy, c’est bon, honnêtement, je ne me suis jamais attendu qu’il s’excuse. M’avoua-t-il avec un sourire en coin.

- Michael est l’alpha, ma belle, il ne s’excuse pas, jamais. Ses décisions sont inéluctables alors il n’a pas à le faire. M’expliqua Van en repoussant pour la deuxième fois depuis que j’étais arrivée, la main de Julian qui s’aventurait sur sa cuisse.

- Mais, Lucy, tu dois comprendre que pour Michael, ce coup de fil était comme des excuses. Crois-moi, il a dû sacrément prendre sur lui pour m’appeler et revenir sur sa décision. Alors je ne sais pas ce qui s’est passé pour qu’il change d’avis mais ça me suffit amplement. M’informa mon ami.

Je repensai aux mots que nous avions échangés la veille et qui étaient les premiers depuis des jours en me demandant s’ils avaient suffi à faire pencher la balance.

- Bon, j’imagine que si le principal intéressé considère qu’il s’agit d’excuses, je vais devoir m’y plier. Dis-je en soupirant.

Les trois loups me regardèrent avec un sourire lumineux et je comprenais que la situation tendue entre leur alpha et moi les avait également fait souffrir. J’avais encore un peu de mal à appréhender le lien étrange qui unissait chaque loup au couple d’alpha ainsi qu’entre eux. Mais en constatant le plaisir que Thomas avait à se retrouver avec ses compagnons de meute, après plusieurs jours d’absence et celui qu’ils prenaient tous à envisager une réconciliation entre Michael et moi, il me sembla évident que j’avais sous-estimé ce lien.

- Bon et bien sur ce, veillez m’excuser un instant, je reviens. Nous avertit Van en se levant.

Julian bondit sur ses pieds presque au même instant.

- Toi ! Assis ! Lui ordonna Van avec exaspération en lui pointant du doigt la chaise qu’il venait de quitter.

- Mais pourquoi ? Geignit Julian. Si tu vas quelque part, je t’accompagne un point c’est tout.

Van soupira d’agacement.

- Ecoute Julian, tu ne peux pas me suivre partout où je vais, c’est pas possible, ça peut pas durer indéfiniment.

- Et pourquoi ça ? Se renfrogna le jeune loup en croisant les bras sur son large torse de manière butée. Tu vas où pour que je ne puisse pas t’accompagner ? Tu as quelque chose à me cacher ?

Van leva les yeux au ciel avant de se tourner vers moi.

- Je rêve ou il me fait une crise de jalousie ? Me demanda-t-il avant de se tourner de nouveau vers Julian. Je vais aux chiottes d’accord ! Aux chiottes ! Tu vas quand même pas m’y suivre si ?

Les yeux du jeune loup s’animèrent en un regard coquin.

- Si tu veux je peux t’aid…

- Tu la fermes ! Asséna Van au bord de l’apoplexie. Prononce ces mots et je te promets que ton cul ne s’en remettra pas de sitôt.

Un sourire se dessina sur les lèvres de chacun d’entre nous, tentant de retenir l’hilarité que nous inspirait ce qu’il venait de dire.

- Des mots, toujours des mots. Se plaignit gentiment Julian avant d’éclater de rire.

Incapable de me retenir plus longtemps, je le suivis immédiatement tout comme Thomas à côté de moi.

Comprenant l’énormité de ce qu’il venait de dire, Van écarquilla les yeux et rougit comme une pivoine.

- Non… je… je voulais dire que j’allais te le botter… et… Merde… vous êtes vraiment une bande de dégénérés ! Bredouilla-t-il. Allez tous vous faire foutre ! Nous gratifia-t-il en quittant la pièce.

- Justement j’aimerais bien. Lui hurla Julian avant qu’il disparaisse au coin du couloir.

Notre hilarité redoubla de plus belle en entendant Van prononcer une bordée d’injures tandis qu’il s’éloignait sans se retourner.

 

-Tu voudrais pas lui foutre un peu la paix ? Dit Thomas en retournant à ses fourneaux.

J’en profitai pour m’installer à la place vacante laissée par Van.

Julian se contenta d’hausser les épaules.

- Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moyen de parvenir à tes fins moi non plus. Intervins-je à mon tour. Peut-être que si tu le laisses un peu respirer… je sais pas… il se rendra compte que tu lui manques par exemple.

Julian se tourna vers moi, le regard blasé.

- Ca c’est bien un raisonnement de gonzesses ! Me gratifia-t-il.

Je soulevai un sourcil pour lui signifier de continuer et que je n’appréciais pas particulièrement le qualificatif.

- Vous les femmes. Commença-t-il en en insistant sur le mot « femme ». Vous êtes persuadées qu’en créant le manque, vous allez attirer notre attention, mais ça, ça marche que sur vous !

Thomas ricana brièvement de son côté.

- Et qu’est-ce qui fonctionne alors ? Ne pus-je m’empêcher de lui demander, beaucoup plus intéressée par son point de vue que ce que j’aurais voulu avouer.

- Il faut être là ! Partout où il va. De manière à ce que son esprit ne soit empli que par moi. D’autant que vouloir être avec la personne que tu aimes, ça n’a rien d’anormal. Si tu veux faire craquer un mec, y’a pas trente-six solutions, il faut lui montrer ce qu’il pourrait avoir et à côté de quoi il passe. Et puis s’il ne me voit plus, je sais bien qu’il va m’oublier et passer à autre chose.

- Tu ne crois pas que tu exagères un peu là ? Lui demandai-je, dubitative. A mon avis, tout ce que tu vas réussir à faire c’est l’énerver.

- Ouais t’as raison, c’est vrai qu’en me la jouant timide et effacé ça m’a réussi jusqu’à maintenant. Me dit-il avec ironie.

- Je ne sais pas, je le trouvais plutôt ému par toi, moi. Je ne pense pas que tu n’avais pas tes chances avant ta transformation. Enfin en dehors de Michael qui te mettait des bâtons dans les roues. Ajoutai-je avec un haussement d’épaule.

- Oh allez Lucy, tu vas me faire croire que tu regrettes le petit Julian, effacé et trouillard ! S’exclama-t-il. Moi en tout cas je ne regrette pas, et puis je trouve que j’ai plutôt bien gagné au change. M’annonça-t-il avec un clin d’œil et en passant ses mains d’une manière lascive sur son T-shirt blanc, toujours un peu trop moulant pour son nouveau corps musclé.

Je m’apprêtai à éclater de rire quand un raclement de gorge se fit entendre depuis le seuil de la porte.

- Je vous dérange peut-être ? Nous demanda Van, les bras croisés sur la poitrine et les sourcils froncés.

Le regard de Julian s’illumina au moment où il posa les yeux sur l’homme qu’il aimait. Pas de doute que ses sentiments étaient vraiment profonds. Il y avait quelque chose de troublant pour moi, chez ce jeune loup qui ne montrait aucune réserve quant à ses démonstrations d’affection. Tout ça semblait si facile pour lui.

- Pas du tout mon cœur. Lui répondit vivement Julian. Le spectacle t’a plu ? Tu veux que je recommence rien que pour toi ?

- Rien à foutre de ton petit show de chippendale ! Si tu crois que ça pourrait me faire le moindre effet, tu te fourres le doigt dans l’œil. S’énerva Van. Et puis je t’ai déjà dit d’arrêter de m’appeler comme ça, et bordel… va… va t’acheter des fringues !

Julian, loin de se décourager, se tourna vers moi et me montra un petit sourire satisfait qui signifiait clairement « qu’est-ce que je t’avais dit ».

- Tu sais chéri, si je ne te connaissais pas si bien, je jurerai que tu me fais une crise de jalousie parce que je me suis caressé devant Lucy. Et puis je ne vois pas où est le problème avec mes vêtements, ils me mettent en valeur je trouve, pas toi ? S’amusa Julian à le taquiner.

Je vis alors le regard de Van balayer le corps ferme de Julian, et brièvement, deux flammes dorées, s’allumer dans ses yeux.

Au temps pour moi, même si Van réfutait avec véhémence, l’assertion un brin lubrique de Julian, il était clair que le jeune loup ne le laissait pas indifférent.

- C’est ça ! Garde espoir petit con. S’insurgea Van avant de se laisser tomber sur la chaise opposée à celle de Julian. Celui-ci se rapprocha prestement et se pencha vers lui.

- J’aime quand tu me donnes des petits surnoms affectueux. Lui chuchota-t-il à l’oreille.

Van se détourna en grognant, cachant son expression à l’autre loup, mais pas assez pour me priver du spectacle d’un petit sourire discret qui s’afficha sur ses lèvres.

Ouais ! Ce n’était plus qu’une question de temps, me dis-je. Peut-être que la technique de Julian fonctionnait finalement. Et dans ce cas, qu’en était-il de Michael et moi ?

Je me demandai ce qu’il pensait de moi après tous ces jours passés loin l’un de l’autre. Est-ce que ses pensées était toujours tournées vers moi ? Bien sûr il m’avait dit que je lui manquais mais le ressentait-il vraiment comme ça en plein milieu de la journée, alors qu’il était occupé à autre chose ?

Soudain, les questions se mirent à tourbillonner dans ma tête et le sentiment de manque qu’une femelle alpha ressentait pour son mâle, revint me transpercer de plein fouet. Merde ! Ça devait vraiment signifier que je ne lui en voulais plus. Après tout, il m’avait laissé tranquille durant tous ces derniers jours, mis en sourdine par la colère qui avait pris toute la place en moi. Je me levai d’un bond, faisant vaciller la chaise sur laquelle j’étais assise.

- Il faut que j’y aille ! M’exclamai-je à voix haute comme pour finir de me convaincre. Je devais aller retrouver Michael, là, maintenant. Je n’allais pas pouvoir supporter une seconde de plus sans le voir, le toucher, l’embrasser.

- Non mais… Attends, j’ai même pas encore pris mon petit déjeuner. Se plaignit Van. Laisse-moi deux minutes et j’arrive.

- Non pas au travail ! Je… je ne vais pas travailler aujourd’hui. Décidai-je sur un coup de tête. Van, appelle mes clients et dis leur que j’annule leur rendez-vous… et… enfin trouve un truc quoi.

Je finissais ma phrase alors que j’étais déjà en train de sortir de la cuisine.

- Génial les mecs, j’ai eu une promotion ! Je viens de passer de garde du corps à secrétaire particulier. Et je n’ai même pas eu besoin de coucher pour l’obtenir. Ironisa-t-il.

- Je veux bien te nommer PDG de n’importe quoi, mon cœur, par contre avec moi, va falloir donner de ta personne. Dis Julian en sautant sur l’occasion.

J’eus tout juste le temps de tourner au coin du couloir quand j’entendis le bruit d’une assiette qui se casse, et au son du petit cri de douleur de Julian, j’étais prête à parier que c’était sa tête qui avait servi de marteau.

 

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 14:40

Je descendais les marches quatre à quatre. Peu m’importait de risquer de me rompre le cou, je ne supportais pas l’idée que Thomas soit enfermé par ma faute. J’allais le faire libérer dans la minute, que cela plaise à Michael ou non. Il ne l’avait peut-être pas tué mais l’enfermer à l’abri des rayons du soleil et de la lune, voilà qui arrivait en deuxième position après la mort, au palmarès des atrocités à faire subir à un lycan. Les loups étaient des créatures libres et sauvages qui avaient besoin d’espace et de la nature pour vivre. D’ailleurs, il n’existait que très peu de meutes établies dans les régions surpeuplées des mégalopoles, Michael lui-même me l’avait appris.

J’ignorais ou se situait exactement la cave mais je savais une chose. Mon compagnon s’y trouvait et il  me suffisait donc de suivre le lien qui m’unissait à lui en permanence désormais, pour rejoindre les cellules de la demeure. Je débouchai sur le gymnase au sous-sol et le traversai sans hésitation pour rejoindre une porte peinte de la même couleur que le mur, ce qui expliquait que je ne l’ai pas vue la première fois. Elle n’était pas vraiment cachée mais j’avais eu d’autres priorités à ce moment-là.

Lorsque je l’ouvris à la volée, un nouvel escalier se dévoila devant mes yeux. Bon sang mais de combien de niveaux disposaient cette maison ?

En me hâtant, je franchis le seuil, entreprenant de descendre la première marche. Une ampoule s’alluma immédiatement, me permettant de voir où je posais les pieds. Je m’étais attendue à des marches de pierre et pourtant le bois grinça sous mes pas à chaque marche que je descendais. J’arrivai finalement dans un couloir assez large, moquetté et tapissé de bordeaux et de vert sombre. La luminosité était faible mais suffisante pour voir ce qui m’entourait. De nombreuses portes en bois se découpaient de part et d’autres du couloir mais je ne m’y attardai pas, préférant me diriger vers les trois lourdes portes d’acier qui se trouvaient tout au bout. Je cherchais des cellules capables de retenir des lycans et il était certain qu’aucune créature magique n’aurait pu être retenue par du bois.

Arrivée à l’extrémité du couloir, je me stoppai devant un lycan que je ne connaissais presque pas et qui semblait monter la garde. Il s’appelait Mike ou Matt, je ne me souvenais plus.

- Où est Thomas ? L’interrogeai-je sans tact.

Le loup me regarda, les yeux ronds, interdit.

- Je t’ai posé une question loup ! M’exclamai-je en tentant de reproduire le ton autoritaire que prenait parfois Michael avec sa meute.

- Euh… il… il est là. Me répondit-il en me montrant la porte derrière lui de son pouce. Mais on n’a pas le droit de…

- Libère-le tout de suite ! Lui ordonnai-je en entendant le bruit des clés qu’il gardait dans sa poche et qui venaient de cliqueter alors qu’il avait refermé sa main dessus.

- Je suis désolé mais les ordres…

- Les ordres viennent de changer ! M’écriai-je. Je suis ta femelle alpha et tu vas devoir m’obéir.

J’avais un peu de peine pour ce pauvre bougre qui n’avait rien demandé à personne et qui ne souhaitait qu’obéir aux ordres que son alpha lui avait donné, mais je ne pouvais pas me montrer faible face à lui.

- Mais… mais… bredouilla-t-il en fixant la porte à ma droite d’un air paniqué alors qu’il sortait déjà les clés de sa poche.

Bon, il n’y mettait pas particulièrement de la bonne volonté mais il était à deux doigts de me céder. Il ne me manquait qu’un tout petit peu de persuasion, et Thomas serait libre.

- Ne discute pas avec moi, et ouvre cette foutue porte, plus vite que… Mais un clic métallique me coupa au milieu de ma phrase.

Le lycan regarda la porte sur ma droite, s’ouvrir avec soulagement.

- Lucy ! Que fais-tu là ? Tu devrais te reposer dans la chambre au lieu de torturer ce pauvre Matthew.

Ah voilà, Matthew, c’était ça !

Michael me regardait l’air complètement ahurit, la fatigue et l’inquiétude se dessinant sur ses traits.

- Je viens libérer mon ami qui n’a rien à faire ici. Lui dis-je, en colère.

L’expression de Michael se fit dure.

- Il est là parce que je l’ai décidé Lucy. Et au sein de cette meute, mes mots sont la loi, que ça te plaise ou non. M’asséna-t-il âprement.

- Eh bien ta loi est nulle et totalement partiale. Maintenant arrête de jouer à l’alpha avec moi et fais le libérer ! M’exclamai-je de plus en plus en proie à l’exaspération.

- Non ! Répliqua-t-il. Il a désobéi délibérément à un ordre et j’ai décidé qu’il devrait rester dans cette cellule jusqu’à nouvel ordre. Ordre qui viendra de moi.

- Oh je t’en prie ! Ne joue pas à ça avec moi Michael ! Tu sais bien qu’il n’y a pas plus loyal que Thomas. M’indignai-je. S’il a fait ça c’était pour toi. Pour nous !

- Peu importe sa raison, il a désobéi et c’est tout ce qui compte. Et je te signale que son insubordination aurait été punie de bannissement ou même de mort dans bien d’autres meutes. Se justifia-t-il.

- Oh ? Et tu veux peut-être que je t’applaudisse pour ta grande magnanimité ? Ironisai-je.

J’étais bien décidée à ne pas céder. Michael avait tort, même s’il ne s’en rendait pas encore compte.

- Bon écoute ça suffit Lucy, remonte dans la chambre et retourne te reposer, on en reparlera plus tard. Pour l’instant je ne suis vraiment pas d’humeur.

Alors celle-là c’était la meilleure ! Espérait-il vraiment que j’allais bien gentiment lui obéir ? Il me connaissait pourtant mieux que ça.

- Donc, tu n’as pas l’intention de le relâcher ? Quoi que j’en dise ? Lui demandai-je en croisant les bras.

- Non en effet. Dit Michael sans se démonter le moins du monde, croisant lui-même ses bras sur sa large poitrine.

- Très bien, dans ce cas…

J’avançai d’un pas décidé vers Matthew qui recula de quelques pas en me voyant lui fondre dessus. Je lui arrachai les clés des mains sans qu’il ne montre de résistance, bien trop surpris par mon geste soudain, et ouvrai la cellule dans la volée. Heureusement pour moi, il n’y avait que trois clés sur le trousseau et je tombai immédiatement sur la bonne.

- Lucy ! Me réprimanda Michael dans mon dos tandis que je pénétrais dans la pièce. Thomas, assis sur un lit militaire, me regarda comme si j’étais un fantôme. Ses yeux étaient hantés et son désespoir transparaissait par tous les pores de sa peau.

- Thomas, est-ce que tu vas bien ? Lui demandai-je immédiatement en me précipitant sur lui.

- Ça… Ça va. Bredouilla-t-il sans conviction. Mais tu ne devrais pas être là.

- Lucy ! Rugit Michael juste derrière moi. Sors d’ici tout de suite !

- Non ! Assénai-je en me retournant pour faire face à mon compagnon. Je ne bougerai pas d’un poil. Que les choses soient bien claires, tu refuses de libérer Thomas ? Parfait ! Mais tu vas devoir m’enfermer ici moi aussi parce que je ne ressortirai qu’avec lui.

Et tandis que je parlais je m’assis sur le lit à côté de Thomas, et lui pris la main.

Mon ami nous regardait alternativement, Michael et moi, d’un air paniqué.

- Je… Non Lucy, ne fais pas ça. Pas pour moi. Me dit-il d’un ton coupable.

- Tu ne mérites pas ça Thomas, quoi que ton imbécile d’alpha en dise. Puis me tournant vers Michael je continuai. Et si tu dois être puni pour ce que tu m’as dit alors je peux tout aussi bien rester avec toi. Après tout c’est moi qui t’aie incité à me dire ce que tu savais. Je suis aussi coupable que toi.

Et voilà ! Qu’est-ce que tu dis de ça espèce d’abrutis ? Pensai-je immédiatement en foudroyant mon compagnon du regard.

Michael me fixait, la mâchoire serrée, les traits tirés en un masque de fureur.

- Cesse de faire ta gamine et sors d’ici. M’ordonna-t-il finalement. Tout ça te dépasse alors ne fais pas semblant d’en comprendre les tenants et les aboutissants. De plus, si tu penses que ton statut de compagne te mets à l’abri de l’enfermement, tu te fourres le doigt dans l’œil ma petite, et jusqu’au coude !

Non, mais je rêvais, est-ce qu’il venait vraiment de m’appeler « sa petite » ? Loin de m’effrayer, ses menaces ne firent que rajouter un peu plus d’huile sur le feu.

- Je ne suis pas une louve Michael et tu ne peux pas disposer de moi comme bon te semble. Si tu tentes de m’enfermer où que ce soit ! Soit bien assuré que je ne me laisserai pas faire si facilement. Grondai-je plus que je ne parlais.

- Bordel Lucy, je t’ai déjà prévenue, ne me pousse pas à bout, tu ignores de quoi je suis capable.

- Et tu vas faire quoi hein ? Je n’ai pas peur de toi, Michael Madison, tout alpha que tu es, tu t’es choisi une compagne humaine, à toi d’assumer à présent et…

- Ça suffit ! S’interposa Thomas entre nous. Mais ça va pas ? Qu’est-ce qui vous arrive ? Vous avez perdu la tête ?

Son regard affolé ne cessait d’aller et venir entre nous.

- Ne te mêle pas de ça loup ! Grogna Michael.

Je me plaçai immédiatement entre les deux lycans, faisant barrage de mon corps.

- Tu ne te rends même pas compte qu’il fait ça parce qu’il s’inquiète pour nous ! M’exclamai-je avec dédain. Mais qu’est-ce qui t’arrive, je ne te reconnais plus ?

Et c’était vrai. Quelque chose en l’alpha semblait différent depuis la dernière fois que je l’avais vu, trois jours auparavant. Il ne paraissait plus être lui-même, comme si quelque chose était brisé en lui. Une terreur insidieuse s’infiltra en moi, me soulevant l’estomac. Et si le fait d’avoir obligé Michael à faire face à ses démons cette fameuse nuit, avait provoqué un changement irrévocable en lui ? Et s’il ne redevenait jamais l’homme que j’aimais et en qui j’avais confiance ? Serais-je encore capable de rester auprès de lui alors que son comportement me révulsait ?

- Tu me pousses dans mes retranchements, voilà ce qui m’arrive. Me répondit Michael, exaspéré. Et je me contrefous de son inquiétude et de ses bonnes intentions !

Thomas parut terriblement blessé par les paroles de son alpha alors que le choc s’inscrivait sur son visage.

- Michael. Commença mon ami. Je suis profondément désolé de t’avoir désobéi mais… si j’ai fait ça, c’est pour ton bien. Tu ne pouvais pas continuer à lui cacher indéfiniment.

- Garde tes excuses, je n’en ai rien à foutre. Tu n’aurais pas dû lui dire ! Jamais ! S’insurgea l’alpha.

- Elle avait le droit de savoir. S’écria Thomas. Elle devait pouvoir prendre une décision en toute connaissance de cause ! Et tu sais que j’ai raison.

- Je voulais la protéger. Répliqua mon compagnon, de plus en plus furieux.

- Mais enfin Michael, elle est là, devant toi, c’est une vraie personne, qui vit, qui respire, qui réagit et qui fera ses propres expériences. Dit Thomas sur un ton un peu plus calme. Tu ne peux pas décider ces choses-là pour elle et tu ne pourras pas la protéger contre tout ! Tu dois la laisser vivre et déterminer ce qui est bon ou non pour elle.

- Et ta technique fonctionne, c’est vrai ! protesta Michael, les dents serrées. Rappelle-moi où est ta compagne, loups ? Et réexplique-moi en quoi ta façon de faire est si formidable.

Ma main sembla se mouvoir de sa propre volonté, pour atterrir sur la joue de Michael, dans une gifle qui claqua au point que le son se répercuta sur les murs de la cellule. Pourtant, c’est Thomas qui parut le plus choqué des deux. Fixant son alpha, les yeux écarquillés, bouche bée, il ne semblait pas capable d’assimiler complétement ce qu’il venait d’entendre. Il ne semblait pas en état non plus de lui répondre, aussi, je m’en occupais à sa place.

- A compté de cet instant et jusqu’à ce que tu lui présentes tes excuses, ne songe même pas te présenter devant moi. L’avertis-je, impassible. La cruauté dont tu viens de faire preuve, rattrape l’affront qu’il t’a fait en te désobéissant.

Sur ce je m’emparai de la main de Thomas, qui ne broncha pas, et sortis de la cellule, laissant seul, l’homme que je ne reconnaissais plus et qui ne fit pas un geste pour me retenir.

 

- Hé ! Ça va aller ? M’inquiétai-je pour mon ami.

- Bien sûr que ça va aller, mais c’est plutôt à moi de te poser cette question. Me répondit-il en tournant son visage blême dans ma direction.

- Arrête ça, c’est toi qui te tiens prostré sur le canapé la tête dans les mains. Moi je vais très bien.

Evidemment que j’allais bien, la colère que je ressentais et l’adrénaline dans mes veines ne me laissaient pas l’opportunité de me rendre compte de ce que je venais vraiment de faire.

- Tu n’aurais pas dû faire ça ! Michael doit être fou de rage en ce moment. Dit-il en secouant la tête.

- Peu importe, jamais il n’aurait dû te dire ça. C’était un coup bas et c’était particulièrement mesquin. Et ça ne ressemblait pas à l’homme que j’aime.

Thomas tourna de nouveau la tête vers moi, dans un mouvement plus brusque cette fois-ci.

- L’homme que tu aimes ? Est-ce que tu lui as dit ?

- Hum hum. Acquiesçai-je d’un air absent. Mais ça l’a transformé en monstre au lieu du prince charmant on dirait.

- Ecoute Lucy, ne sois pas trop dur avec lui d’accord ? Il vient de subir un sacré choc là, entre la perte de nos frères et son secret qui t’a été révélé. Laisse-lui un peu de temps. M’expliqua-t-il.

- Je n’arrive pas à croire que tu continues à le défendre ! Vraiment, des fois tu es trop gentil Thomas. M’indignai-je.

Le loup me regarda avec douceur avant de laisser se dessiner un faible sourire sur ses lèvres.

- Tu sais, il n’a pas toujours été le Michael attentionné que tu connais. Avant ça… enfin disons juste qu’il a vraiment beaucoup changé. Son expérience avec le Maître l’a profondément marqué Lucy, et considérant tous les sacrifices qu’il a fait pour nous, je ne peux pas lui en vouloir pour une phrase malheureuse qu’il ne pensait pas.

Je n’étais pas sure de vraiment comprendre, après tout je ne connaissais Michael que depuis trois ans, mais les mots de Thomas me firent réfléchir.

- Tu penses vraiment que j’ai eu tort de lui parler ainsi ? M’enquis-je.

Son sourire se fit plus prononcé.

- Je ne sais pas. J’ai apprécié que tu prennes ma défense mais… tu es encore très jeune et lui, de son côté, est loin d’avoir de l’expérience dans les relations sérieuses avec des femmes.

- C’est mon cas aussi tu sais. Je ne me suis jamais engagée sur un tel chemin, et je ne me suis jamais laissée tomber amoureuse avant lui, mais ça n’excuserait en rien que je me comporte comme il l’a fait. Répondis-je, bornée.

- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Reprit-il en riant légèrement. Dans ton cas, tu n’as pas eu le temps de t’habituer à l’attention des hommes, aussi tout est nouveau pour toi, mais ça te facilite aussi les choses dans le sens où, tu acquiers cette expérience avec lui, petit à petit. Dans son cas à lui, il n’acquiert pas cette expérience mais il doit la remplacer. Les relations qu’il entretenait avec les femmes avant toi, sont les mêmes depuis plus de cent ans. Elles se pavanent devant lui, prêtent à tout pour l’accueillir dans leur lit et ça signifie aussi lui obéir au doigt et à l’œil. Il a toujours tout eu apporté sur un plateau si je puis dire.

- Merci, voilà qui est rassurant ! M’exclamai-je en relevant un sourcil.

- Ah ah ! Tu n’as pas à t’inquiéter. Il n’y a pas plus fidèle qu’un loup qui prend compagne. S’il y a une chose dont tu peux être certaine, c’est que tu seras la seule et unique femme qui partagera le lit de Michael, et ce jusqu’à la fin de sa vie.

J’écarquillai les yeux en prenant conscience pour la première fois de ce que ça impliquait pour Michael. En me choisissant moi, une mortelle, il s’était condamné à une quasi-éternité d’abstinence après ma mort. Voilà qui donnait un nouveau sens au mot « fidélité ».

- Est-ce que ça signifie que depuis que ta compagne est morte tu n’as pas… Demandai-je sans terminer ma phrase.

- Pas une fois.

- Oh. Dis-je en baissant les yeux, un peu embarrassée.

- Hé ! Ne fais pas cette tête. Me dit-il en me poussant doucement avec son épaule. Ça ne me manque pas tu sais. Si ce n’est pas elle je ne ressens absolument rien.

- Tu veux dire que tu n’as plus jamais ressentis du désir pour aucune femme ? Vraiment ? M’écriai-je.

- Non. Il n’y a jamais eu qu’elle et ce sera le cas jusqu’à la fin de mes jours. M’expliqua-t-il, le regard dans le vague, comme s’il était capable de la voir à travers le voile de ses pensées.

- Thomas ! Comment s’appelait-elle ?

Il se figea avant de se tourner doucement vers moi, les yeux brillant d’émotion.

- Bellinda. Elle s’appelait Bellinda.

Je me sentis coupable en constatant à quel point la compagne de Thomas lui manquait, tandis que moi, qui avait la chance de pouvoir être avec mon compagnon, je préférais me disputer avec lui.

- Si je comprends bien, en persistant dans ma colère, je condamnerai Michael à une éternité de souffrance. C’est bien ce que tu essaies de me dire ?

- Tu as tout compris ma belle. Me répondit-il avec un clin d’œil. Ça fait cher payé pour une phrase de travers qui ne t’était même pas destinée tu ne crois pas ? Et pour ma part, je ne lui en veux déjà plus alors…

- Mouais, ça mérite réflexion. Dis-je après un long soupir. Je vais quand même le faire mariner un peu, il l’aura bien mérité. Et puis si je cède déjà, il va se croire tout permis. Ronchonnai-je.

- A ta guise, ma belle, mais la vie est trop courte pour gaspiller le peu de temps que vous allez passer ensemble, tu peux me croire. M’avertit-il, un voile de douleur passant devant ses yeux. Alors ne traine pas trop d’accord ? Il a fait une erreur, ça arrive à tout le monde.

Sur ce, il se leva et se dirigea vers la porte d’entrée. Il devait avoir hâte de rentrer chez lui. Mais alors qu’il posait sa main sur la poignée, je ne pus m’empêcher de lui poser une dernière question.

- Thomas ! L’interpellai-je. Qu’est-ce qui a fait changer Michael en celui que je connais ?

Mon ami se tourna et m’offrit son plus beau sourire avant de me répondre.

- C’est toi ma belle. C’est toi.

 

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 14:38

- Il… Il va s’en sortir ? Michael ? Il va s’en sortir n’est-ce pas ? Ne cessait de demander Marco.

- Je ne sais pas. Dit l’alpha, la voix empreinte de tension retenue. Lucy peut faire des miracles mais…

- Mais il faut le sauver ! supplia de nouveau Marco. C’est… c’est de ma faute ! Il s’est mis devant moi et il a pris le coup du vampire pour me protéger !

- On sait Marco. Calme-toi ! Tu n’as rien fait de mal. Ajouta Nathan.

- Oui, il a pris sa décision seul, c’était son rôle de dominant de te protéger ! dit Michael.

- Mais s’il ne s’en sort pas ? Si Lucy n’arrive pas à le soigner ? S’inquiéta de nouveau le plus jeune loup.

- Et si vous la fermiez plutôt ! Explosai-je. Bordel ! Comment je suis censée me concentrer avec tout le boucan que vous faites ? Vous croyez peut-être que c’est facile ? C’est le troisième loup gravement blessé que je dois soigner ce soir et j’en ai ma claque de devoir guérir mes amis alors vous allez la boucler sinon, les dernières force qui me reste, c’est pour vous botter le cul que je vais les utiliser.

Cela faisait déjà cinq bonnes minutes que je m’échinais à faire sortir mon pouvoir par quelque moyen que ce soit et l’état de Thomas ne cessait d’empirer. Une mare de sang aux proportions hallucinantes – un corps pouvait-il réellement contenir autant de sang – s’étendait sous lui. Son T-shirt en lambeau laissait apparaitre trois longues griffures qui lui barraient tout le torse, de l’épaule gauche à la hanche droite. Les plaies étaient profondes et laissaient entrevoir les os de la cage thoracique sous les muscles déchiquetés. Et si on ajoutait à ça, la petite séance de voltige que lui avait fait subir Michael, c’était déjà un miracle que son cœur continue de battre, faiblement certes, mais il battait néanmoins. Mais en attendant, mon pouvoir refusait de se montrer, et j’avais beau essayer de tirer de toutes mes forces sur le filament qui composait la base de mon pouvoir, rien ne se produisait. Et ces trois idiots ne cessaient de me distraire avec leurs jérémiades.

Plus les minutes défilaient, plus la sensation que j’allais perdre Thomas se faisait sentir.

- Meeeeerde ! Jurai-je à voix haute. Pourquoi ça ne veut pas marcher ?

- Amour, calme-toi, peut-être que…

- Peut-être que rien du tout d’accord ! Hurlai-je sur Michael. Tu n’en sais rien du tout ! D’ailleurs moi non plus je n’en sais rien, je ne comprends rien à ce putain de pouvoir qui fonctionne que quand ça lui chante ! En fait le seul qui semblait y comprendre quelque chose est en train de me claquer entre les doigts sans que je ne puisse rien faire !

Je hurlais parce que j’étais en colère. J’étais furieuse. Furieuse contre les vampires qui avaient fait tant de mal ce soir, furieuse contre les loups qui n’avaient pas réussi à se défendre, et furieuse contre moi-même qui n’étais pas assez forte pour protéger ma meute.

- Qu’est-ce qu’il te dirait ?
Je relevai la tête pour voir apparaitre Van sur le pas de la porte, le loup de Julian sur ses talons.

- Quoi ?

- Allez ma belle ! Tu le connais depuis trois ans. C’est ton ami et ton confident depuis tout ce temps. Moi tu me connais pour des raisons différentes et Michael c’est pareil, mais lui tu le connais parce que votre amitié s’est forgée avec le temps alors s’il y a une personne capable de savoir ce qu’il dirait en ce moment, c’est toi.

Je regardai Van, mon loup, mon frère comme si je le rencontrais pour la première fois. Je le connaissais taquin, espiègle et narquois, mais c’était la première fois que j’entrevoyais en lui la sagesse, et l’esprit vif, que lui avait conférer ses nombreuses années d’existence.

- Van… Gémis-je avant d’éclater en sanglot. Je ne sais pas… J’ai l’impression de ne plus rien savoir…

Van me sourit et son sourire fatigué creusa de petites ridules d’expression aux coins de ses yeux. En cet instant, il aurait pu porter une longue barbe blanche que ça ne m’aurait pas surprise outre mesure.

- Bien sûr que tu le sais. Réfléchis bien. Se contenta-t-il juste de me dire.

J’inspirai profondément, cherchant un souvenir de Thomas, de sa voix douce, calme et profonde, et cherchant ce que cette voix aurait pu me dire pour m’aider.

- Il me dirait de me calmer. Soufflai-je enfin. Il me dirait que mon pouvoir fait appel à mes sentiments et que ce n’est pas la colère que j’utilise pour soigner.

- Non en effet ! Acquiesça Van. Tu es une alpha Lucy, et pas seulement parce que Michael a fait de toi sa compagne. Tu l’as toujours été, c’est inscrit en toi. Maintenant, dis-moi quel sentiment tu utilises pour guérir ?

Son sourire entendu me disait qu’il connaissait déjà la réponse, mais je savais – et lui aussi sans doute − qu’en cherchant la solution moi-même, je prendrais vraiment conscience de la réalité du fait.

- Le besoin de protéger. Dis-je dans un souffle, alors que tout me paraissait soudain d’une clarté absolue.

Le sourire du lieutenant s’illumina un peu plus et j’eus la curieuse impression de me trouver face à un père fière de son enfant.

 - C’est très bien ma belle. Maintenant, guéris-le ! Me dit-il comme s’il n’avait pas douté une seule seconde de ma capacité à y arriver.

Je souris et me concentrai de nouveau. C’était vrai, à chaque fois que j’avais fait appel à ce pouvoir de guérison, j’avais voulu protéger mon patient.

Je cherchai donc au fond de moi, ce qui me reliait à Thomas, les années d’amitié que nous avions partagé, les sentiments profonds que nous ressentions, ma peine lorsqu’il m’avait raconté son histoire, mon désir de le réconforter et d’effacer sa douleur et… mon besoin de lui, à mes côtés, en tant qu’ami important, dans ma vie, tout simplement.

La lueur dorée s’échappa aussitôt de moi, se précipitant sur les blessures de Thomas, s’infiltrant dans chaque parcelle de son corps. Ça allait être difficile et épuisant mais, je le savais, j’en étais sûre, j’allais le sauver… oui ! J’allais le protéger.

 

Il faisait sombre autour de moi et mes yeux ne parvenaient pas à s’habituer à l’obscurité. J’avais terriblement chaud et pourtant des frissons parcouraient tout mon corps. Une odeur désagréable emplissait mes narines et j’avais du mal à respirer. J’essayai de me relever mais je me cognai à quelque chose de dur et pour ne pas m’écrouler au sol, j’essayai de me raccrocher à n’importe quoi à ma portée. Mes mains se posèrent sur une paroi rugueuse, humide et tiède. Le mur auquel je m’étais agrippée était désagréable à toucher, un peu comme quelque chose de poisseux mais il avait au moins le mérite de m’empêcher de tomber et de me permettre d’évoluer alors que les ténèbres m’entouraient.

J’avançai à tâtons, incapable de savoir où je me trouvais mais certaine que je devais bouger. Quelque chose semblait me pousser vers l’avant, le silence était complet et pourtant je ressentais une sorte d’appel provenant de la direction vers laquelle je me dirigeais. Au bout d’un long moment, mes yeux perçurent une lueur diffuse et vacillante et plus je m’en rapprochais, plus les ténèbres reculaient. Finalement je parvins à reconnaitre l’endroit dans lequel je me trouvais. C’était un tunnel, un tunnel aux parois rocheuses et ruisselantes. Je parvenais enfin à y voir assez clair, surtout grâce à la lueur qui se faisait de plus en plus vive au fur et à mesure que je m’en rapprochais, et j’avançai sans l’aide des parois.

Ma progression me fit déboucher dans une cavité plus grande de la roche, une sorte de grotte. Au centre, un feu écarlate crépitait sur quelques bûches calcinées, origine de la lueur qui m’avait menée jusque-là. Et au-delà, une silhouette sombre se dessinait.

Tout de noir vêtu, un long manteau de cuir lui descendant jusqu’aux pieds, la silhouette releva la tête en m’entendant approcher. L’homme me regarda d’un air choqué, ses beaux yeux bleus pâles écarquillés. Un tremblement le secoua, agitant ses longs cheveux blancs. Il n’avait pourtant pas l’air vieux, bien au contraire. Il était incroyablement beau, de cette beauté qui ne semble pas naturelle sur terre, trop irréprochable, trop parfaite, comme les statues modelée par la main d’un sculpteur.

Lorsqu’il ouvrit la bouche, sa voix profonde résonna en moi comme un million de carillons tintinnabulant.

- Que fais-tu là ? Il n’est pas temps. Retourne d’où tu viens.

- Je ne sais pas où je suis. Dis-je, d’une petite voix apeurée.

- Bien sûr que tu l’ignores. Je te l’ai dit, il n’est pas temps. Lucinda, rentre chez toi !

L’homme connaissait mon nom et bien que je ne l’aie jamais rencontré, ce constat me réchauffa le cœur plus profondément que le brasier qui ne se trouvait qu’à quelques mètres de moi.

- Comment faire pour rentrer chez moi ?

- Si tu ne sais pas comment rentrer, tu ne dois pas venir. Me dit-il en secouant la tête, et sa désapprobation me fit l’effet d’un coup de poignard en plein cœur.

- Mais je ne l’ai pas fait exprès. Protestai-je pour me défendre.

- Evidemment ! Dois-tu me faire répéter sans cesse la même chose ? Il n’est pas temps !

- Mais quand sera-t-il temps alors ?

Le visage de l’homme se radoucit instantanément.

- Bientôt mon amour. Bientôt.

Et tandis que je buvais ses paroles, ses lèvres s’étirèrent, ses yeux se plissèrent, et mes jambes me lâchèrent. Il venait de me sourire et ce sourire… c’était le mien.

 

En ouvrant les yeux, la première chose dont je me rendis compte fut que mes poumons me faisaient mal. J’avais pris une trop grande inspiration en me réveillant en sursaut.

- Dieu merci, chérie, tu es enfin réveillée ! S’écria Marli.

Je tournai les yeux pour constater qu’elle était assise dans un fauteuil à côté de mon lit, me tenant la main.

- Marli ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Demandai-je d’une voix éraillée et pâteuse.

- Tu t’es effondrée. Après avoir soigné Thomas, tu t’es écroulée et nous n’avons pas réussi à te réveiller. Nous nous sommes tous relayés à ton chevet en espérant que tu finirais par nous revenir. M’expliqua-t-elle, des trémolos dans la voix.

- Marli, depuis combien de temps je dors ?

- Trois jours, chérie. Les trois jours les plus angoissants de ma vie.

Je me redressai d’un bond dans le lit mais me rallongeai aussitôt, prise de puissants vertiges.

- Bon sang ! Trois jours ? Mais comment j’ai pu dormir autant ?  Demandai-je complètement ahurie.

- Eh bien… tu étais vraiment épuisée après nous avoir soignés alors…

- Mon dieu c’est vrai ! Ta blessure ! Comment tu vas ? Lui demandai-je précipitamment.

Marli me sourit et son visage s’illumina.

- Je suis toute neuve ! Tu m’as sacrement bien rafistolée. Dit-elle en soulevant son pull pour m’exposer ses côtes.

Sa peau blanche et laiteuse contrastait avec le rouge de son vêtement et en effet, la blessure avait disparu. Mais en concentrant mon regard sur sa peau, je vis une zone d’environ deux centimètres de diamètre, légèrement plus sombre et en relief. Elle avait une cicatrice.

- Marli… Ta peau… pourquoi tu as une cicatrice ? Lui demandai-je, un peu inquiète. Les loups n’avaient pas de cicatrices, jamais. Leur guérison rapide ne le permettait pas, à fortiori quand je les soignais.

Mon amie prit un air un peu gêné.

- Eh bien… Tu sais… la blessure a été créée par de l’argent. Enfin, c’était plutôt un alliage de plusieurs métaux mais le pourcentage d’argent était suffisant pour nous tuer alors forcément… ça a laissé quelques traces.

- Oh Marli… je suis tellement désolée… Nathan… Me contentai-je de dire, consciente que la terrible blessure de son mari allait se dessiner sur son visage pour le restant de sa vie.

- Ne t’excuse pas Lucy. Ne t’excuse surtout pas ! Tu lui as sauvé la vie et pour ça je t’en serai éternellement reconnaissante. Me dit-elle, sincère, en me prenant la main. Et puis il a toujours été trop beau, j’ai toujours eu peur qu’on me le pique. En plus, j’ai toujours aimé les hommes marqués, c’est un signe de son courage. Ajouta-t-elle pour me faire sourire.

Pour ma part, je ne ressentais aucune envie de rire, j’étais encore à moitié groggy et je me demandais ce que j’avais encore loupé pendant ces trois jours.

- Et où est Michael ? Demandai-je finalement.

Marli soupira profondément.

- Il est là où il n’a pas cessé d’être depuis ces soixante-douze dernières heures. A la cave. M’annonça-t-elle.

- Quoi ? Comment ça ?

- Il y a des cellules à la cave. En générale, elles ne sont utilisées que pour la détention des loups qui perdent la tête où les nouveaux qui n’ont pas encore appris à se contrôler, mais… Ils y ont enfermé le vampire et ils essaient de le faire parler.

- Oh ! Je vois. Me contentai-je de dire, ne sachant pas trop quoi en penser.

Soudain la porte de la chambre s’ouvrit dans un grand fracas, nous faisant sursauter toutes les deux.

- Elle est réveillée ? Brailla Van qui venait de débouler en trombe dans la chambre. Je suis sûr d’avoir entendu sa voix !

J’éclatai de rire en me demandant comment j’avais pu penser à lui comme à un homme sage la dernière fois que je l’avais vu. Mon ami se précipita sur moi et bien qu’il soit seul, j’eu soudain l’impression de comprendre ce que ressentait quelqu’un chargé par un troupeau d’éléphant. Il se jeta quasiment sur le lit, me plaquant dans ses bras et me forçant à me recroqueviller sur moi-même.

- Nom de dieu ! Espèce d’idiote ! Ne me refais jamais plus une telle frayeur ! Me souffla-t-il à l’oreille. Jamais plus !

Sa voix tremblait et son corps, empreint de tension, frissonnait. Je resserrai mes bras autour de lui et le serrai fort moi aussi.

- Je suis désolée. Tu me pardonnes ?

- Hum… Gémit-il seulement contre moi.

- Mais au fait ? Tu n’avais pas le bras cassé toi ? Lui demandai-je à moitié étouffée dans son giron.

- Pfff, tu plaisantes, c’était trois fois rien, je n’ai déjà plus mal.

- Alors là, laisse-moi rire ! Intervint Marli. L’os avait déjà commencé à se reconstruire, mais comme la fracture n’était pas réduite, on a été obligé de le rebriser. Et il a pleuré tout le long comme une fillette. Se moqua-t-elle avant d’éclater de rire.

- Espèce de sale petite vipère ! Ta langue fourchue finira par te perdre. Lui répondit-il avant de rire lui aussi, me décollant de son étreinte juste le temps de lui administrer une pichenette sur le front pour me reprendre bien rapidement dans ses bras.

- Euh… Van… Tu vas finir par m’étouffer. Finis-je par me plaindre.

- Je suis assez d’accord. Intervint une voix grave sur le seuil de la chambre. A moins que tu veuilles me rendre jaloux, tu ferais mieux de la laisser respirer un peu.

J’écarquillai les yeux en constatant qui se tenait dans l’embrasure de la porte. Encore plus grand qu’avant, les épaules carrées, les muscles saillants sous le tissu d’un T-shirt incontestablement trop petit pour lui, Julian souriait, les bras croisés, appuyé contre le chambranle de la porte. Il était méconnaissable et avait l’air d’avoir vieilli de dix ans en quelques jours. Sa mâchoire était plus carrée, ses traits plus adultes, son corps était celui d’un homme et pas n’importe quel homme. En fait il aurait facilement pu prétendre au titre de l’homme le plus sexy de l’année. Pourtant sa chevelure blonde juste en dessous des épaules et ses yeux d’un bleu limpide n’y trompaient pas, c’était bien Julian, pas de doute là-dessus.

Van enfouit sa tête dans mon épaule et gémit.

- Non ! Fiche moi la paix toi ! Pleurnicha-t-il. Lucy, dis-lui d’arrêter ! Il ne me laisse pas respirer deux minutes.

- Allons mon cœur, tu sais bien que tu adores ça. Ajouta Julian en lui envoyant un baiser.

Waouh ! Visiblement, le corps de Julian n’était pas la seule chose à avoir changé ! Son comportement était aux antipodes de ce qu’il avait été jusqu’à maintenant.

- Dans tes rêves seulement Julian ! Dans tes rêves ! Se plaignit Van.

- Oh oui mon cœur, dans mes rêves tu adores ça. Et bien d’autres choses encore ! S’exclama le tout nouveau loup, un sourire suave sur les lèvres.

- Euh… J’ai loupé quelque chose ? Demandai-je en tentant de résister au fou rire qui menaçait de s’échapper de ma bouche à chaque instant.

- Rien qui vaille la peine d’être mentionné… pour l’instant du moins. M’annonça Julian. Mais… J’y travaille.

Marli éclata de rire et il ne m’en fallut pas plus pour laisser éclater mon hilarité à mon tour.

- J’étais certaine que tes sentiments n’étaient pas du chiqué ! Lui dis-je entre deux éclats de rire. Contente de voir que tu es toujours toi-même… pour ça au moins.

Julian s’approcha de moi et Van resserra son étreinte autour de moi.

- Ne t’approche pas d’elle espèce de dépravé lubrique ! Tu vas la contaminer ! Ronchonna-t-il.

- Ravi de te retrouver Lucy ! Tu nous as fait une belle frayeur. Dit Julian avant  de déposer un baiser sur ma joue et d’en voler un sur celle de Van.

- Touche-moi encore une fois et c’est la dernière chose que tu feras. Le menaça ouvertement le lieutenant.

Je perdis toute trace d’humour et me préparai à intervenir au cas où ces deux-là se décidaient à faire un peu plus que se chamailler, mais la tension retomba bien vite lorsque je vis les yeux de Julian pétiller.

- Techniquement, c’est la quatrième fois que tu me dis ça, et pourtant… Julian fit mine de se regarder de haut en bas. Je suis toujours entier.

Je repartais dans un éclat de rire incontrôlable alors que j’assistais à l’insolence affichée du jeune loup.

Van détourna les yeux, un peu gêné.

- Pff ! Bien sûr que oui. Je ne vais pas te mettre une branlée pour un bisou sur la joue. En revanche, j’ai été plutôt conciliant ce matin, mais si je te retrouve dans mon lit encore une fois tu vas passer un sale quart d’heure crois-moi ! l’avertit-il en le pointant du doigt.

Je manquai m’étrangler avec ma propre salive en entendant ça, et Marli me tapota le dos pour m’aider à faire passer la quinte de toux entrecoupée d’éclat de rire.

- Ne rigole pas Lucy ! c’est pas drôle ! Est-ce que tu as une idée de l’effet que ça fait de se réveiller avec quelqu’un qui n’a rien à faire dans ton lit ? Me réprimanda-t-il.

Je soulevai un sourcil en repensant à ma première matinée en tant que compagne de Michael, alors que je m’étais réveillée en compagnie de quatre loups.

- Oui j’en ai une idée assez précise en tête. Me contentai-je dire. Il comprit parfaitement le message.

- Rien à voir ! Me corrigea Van. Crois-moi, ses intentions étaient bien moins louables que les nôtres.

Ca je voulais bien le croire. Il me suffisait de voir le regard que Julian posait sur mon ami pour me rendre compte des pensées lubriques du jeune loup à son égard.

Eh bien voilà qui promettait de belles séances de fou rire en perspective… Du moins, tant que tout cela restait un jeu pour l’un comme pour l’autre. Le problème était que j’avais bien compris que, d’une part, les sentiments de Julian n’étaient pas factices comme l’avait cru Michael de prime abord, et d’autre part que Van ne souhaitait pas le blesser. J’espérais sincèrement que mes deux amis n’allaient pas finir par souffrir de tout ça. Mais pour l’heure je n’avais pas envie d’y voir autre chose qu’une plaisanterie un peu trop poussée, j’avais d’autres préoccupations plus importantes en tête.

- Hé ! Interpellai-je les loups de la pièce, en reprenant mon sérieux. Vous voulez bien me dire comment va Thomas ?

La réaction ne se fit pas attendre et me laissa présager le pire quant à la santé du lycan. Ils détournèrent tous le regard, le sol semblant soudain être devenu plus intéressant que moi.

- Il va bien. Se borna à me dire Van.

- D’accord ! Mais encore… ?

- Il se repose et ne doit pas être dérangé.

- Van… Gémit Marli.

Mais celui-ci lui lança un regard douloureux lui intimant le silence.

- C’est bon, arrêtez ça et dites-moi ce que vous essayez de me cacher, sans grand succès d’ailleurs.

Van soupira et se passa la main dans la nuque d’un air gêné.

- Lucy… Commença-t-il. Il a… désobéi aux ordres…

- Et alors ? Tu le fais tout le temps.

- Oui mais… avec moi, ça ne va jamais aussi loin. Se justifia-t-il, embarrassé. Le sujet de… de Michael et du Maître… c’est tabou tu comprends ? On le sait tous mais on n’en parle pas… et surtout pas à toi. Jamais.

- Van ! Où est Thomas ? Commençai-je à m’énerver.

- Attends, avant ça, tu dois savoir que ce n’est pas une bonne idée d’aller embêter Michael. Il est vraiment sur les nerfs avec ce qui s’est passé, plus le vampire qui ne crache pas un mot. Et puis tu dois aussi savoir que ça aurait pu être pire. Après l’affront que Thomas lui a fait en désobéissant ostensiblement, il était parfaitement en droit de le tuer ou de le bannir de la meute, or, il ne l’a pas fait. Débita-t-il d’une seule traite.

- Van ! Dis-moi où il est. Lui ordonnai-je avec la voix de l’alpha.

- Il est dans une cellule à la cave. M’avoua-t-il aussitôt.

- Quoi ? C’est une blague ? M’insurgeai-je.

- Il est incarcéré jusqu’à nouvel ordre. Mais ça va aller Lucy. Je suis sûr que ce n’est que le temps que Michael se calme un peu et qu’il se rende compte que Thomas a fait ça pour son bien. Tenta-t-il de défendre son alpha. Parfois la loyauté des lycans me tapait vraiment sur les nerfs.

- Sortez tous ! Ordonnai-je. Je dois m’habiller. J’ai deux mots à dire à mon compagnon.

- Lucy… Tenta d’intervenir Van. Mais je n’avais pas la moindre envie de l’entendre déblatérer des justifications qui sonneraient forcément fausses à mes oreilles. Cette fois Michael était allé trop loin, et je n’avais pas du tout l’intention de laisser passer ça. Louve ou non, cette meute était désormais la mienne, au même titre que celle de mon compagnon.

- Sortez j’ai dit !

Les loups sortirent tous de la chambre et je me levai de mon lit. Ça n’allait pas être agréable mais j’allais faire sortir Thomas… quoi qu’il m’en couterait.

 

Suite>>

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 14:35

- Arrête Lucy, je ne plaisante pas. M’avertit Michael.

- Moi non plus ! Alors ça suffit, ma décision est prise ! Et cesse de me couver comme une mère, je veux le voir de mes propres yeux. Lui répondis-je, bien décidée à entrer dans la maison pour constater l’étendue des dégâts.

- Mais bon sang tu ne peux pas voir que je fais ça pour te protéger ! S’exclama mon compagnon. Que t’attends-tu à trouver à l’intérieur ?

- Je n’en sais rien ! D’accord ! Mais je m’en fiche je veux y aller quand même ! Rétorquai-je. Et s’il y a encore un loup vivant je le sauverai.

Michael me saisit par les épaules et planta son regard dans le mien.

- Ils sont morts, amour, ils sont tous morts. M’annonça-t-il sans détour. Tu ne peux plus rien faire, pas dans ton état.

Je fixai toujours les yeux humides de mon compagnon alors qu’il m’annonçait qu’une partie de sa meute avait été décimée par les vampires. Et alors que même à cet instant il ne semblait penser qu’à moi, je ne cessai de me répéter que je devais quand même essayer quelque chose.

- Je sais mon cœur. Lui dis-je en posant ma main sur sa joue. Mais je dois quand même y aller.

Michael ferma les yeux, de découragement sans doute.

- C’est un vrai carnage à l’intérieur… tu ne le supporteras pas. Chuchota-t-il, peut-être plus pour lui-même.

- Je suis forte moi aussi. Je le supporterai je te le promets. Tentai-je de le rassurer. Thomas pourrait te le dire, j’ai tenu bon dans l’antre des vampires alors…

Mais mon compagnon ne m’écoutait plus, il s’était redressé d’un coup et fixait Nathan, Marli et Van tour à tour.

- Est-ce que l’un d’entre vous a vu Thomas ce soir ? Demanda-t-il précipitamment. Je… Je ne le sens plus… je… je ne sens rien du tout… je ne le trouve pas.

Michael se concentrait, les yeux clos pour tenter de retrouver son lieutenant parmi tous les loups de sa meute dont il sentait le pouvoir en lui.

- Je ne l’ai pas vu… mais ça ne veut pas dire qu’il n’était pas là. Admit Van à regret.

Les deux autres loups acquiescèrent avec inquiétude.

- Michael… couinai-je difficilement tandis que les larmes emplissaient tout mon champs de vision d’un voile trouble. Je me raccrochais à l’idée qu’il allait trouver son lieutenant d’un instant à l’autre, je n’avais qu’à attendre, il allait le trouver, c’était certain. Sauf que les secondes passèrent et Michael, figé tel une statue de marbre, continuait de chercher en lui la présence de Thomas, sans la trouver.

N’y tenant plus je partis en courant vers la maison et aucun des loups n’eut le temps de me barrer le chemin. Si Thomas était quelque part, je devais le trouver et… faire tout ce qui était en mon pouvoir.

Je passai par la porte de derrière, qui menait dans la cuisine. Tout était sans dessus-dessous et je manquai trébucher sur une casserole en inox.

Je me précipitai dans le salon, lieu de ralliement préféré des loups. Mais en arrivant dans l’encadrement de la porte, mes jambes cessèrent de me porter et je m’écroulai à genoux, en portant une main à ma bouche dans un cri silencieux. C’était pire que ce que j’avais imaginé, c’était un massacre, un véritable massacre !

Les larmes brouillèrent la vision d’horreur qui s’étalait devant mes yeux et qui avait pris le temps de s’inscrire sur ma rétine.

- Amour… Chuchota Michael juste derrière moi. Je me retournai pour le regarder, lui qui venait de perdre six de ses loups, du moins c’était le nombre de corps que j’avais pu dénombrer dans la pièce. Il tomba à genoux à côté de moi et m’entoura de ses bras, calant ma tête dans son cou pour que je n’aie plus à supporter la scène terrible que j’avais devant les yeux.

- Michael… pourquoi ? Pourquoi ils ont fait ça ? Demandai-je en pleurant.

- Je ne sais pas encore, mais je vais le découvrir… je te promets de le découvrir. Me répondit-il, l’intensité de sa voix faisant vibrer son torse tout contre moi.

- Tu as pu trouver Thomas ? Lui demandai-je en me reculant un peu pour l’observer.

Il détourna le regard sans me répondre, baissant les yeux par la même occasion.

Je me relevai donc en m’appuyant sur l’épaule solide de mon compagnon. Il était mon soutien en toutes circonstances et ce geste n’en était qu’une preuve de plus.

- Qu’est-ce que tu fais ? Me demanda-t-il en retenant ma main dans la sienne.

Je poussai un profond soupir et me résignai à l’inéluctabilité de ce que je devais faire.

- Je dois savoir Michael, je dois savoir si Thomas est ici, parmi les… les loups qui n’ont pas survécu.

Mon compagnon se releva à son tour en gardant ma main dans la sienne.

- Je vais t’aider. Me dit-il finalement.

- Nous aussi. Dit Nathan qui se tenait un peu en retrait dans le couloir, Marli pleurant et hoquetant dans ses bras. Van et Julian sont restés en arrière pour surveiller le vampire.

- Bien, allons-y. dis-je d’une voix moins déterminée que je ne l’avais espéré.

 

La pièce était dans un état épouvantable ! Le canapé blanc, les meubles, la télévision… tout était retourné, détruit, brisé, taché. J’avais l’impression d’entrer dans un monde cataclysmique étranger et je ne reconnaissais rien. De longues estafilades rayaient les murs habituellement immaculés de la pièce. Et le sang… le sang était partout. De longues gerbes déjà noirâtres de coagulation avaient été projetées un peu partout et des flaques rouges sombres s’étendaient sous les six corps, maculant les tapis blancs et se rejoignant parfois sur le carrelage. C’était un vrai cauchemar, un monde apocalyptique, un univers de douleur que, jamais, je n’aurais pu imaginer.

L’odeur métallique du sang imprégnait toute la pièce et je dus retenir un haut-le-cœur en y pénétrant complètement.

Je m’approchai avec hésitation du premier corps, Michael sur mes talons, me tenant par les épaules. Mais alors qu’il s’accroupissait pour retourner le cadavre qui était sur le ventre, je fermai les yeux, soudainement en proie au doute quant à ma capacité à rester dans la pièce une seconde de plus.

- C’est Arthur. Entendis-je Michael s’adresser aux autres personnes présentes. Sa voix paraissait exceptionnellement calme mais quand je rouvris les yeux ses deux mains serrées en poing, tremblaient sur ses cuisses. Je jetai un coup d’œil sur le visage du loup qui avait visiblement été égorgé, je ne me souvenais pas d’un loup du nom d’Arthur mais quand je le vis je me souvins immédiatement de lui, souriant et plaisantant avec ses frères de meute, l’après-midi même, alors que je déballais les cadeaux que m’avait envoyée leur alpha. De nouveau, mon estomac se manifesta douloureusement.

- Et ici, il y a Stan et Vadim. Répondit Nathan avant d’envoyer son poing sur le carrelage.

- Merde, je n’y comprends rien ! Jura-t-il. Pourquoi ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que ça arrive ?

Michael ne répondit pas, préférant se diriger vers le cadavre suivant, mais je savais qu’il se posait la même question, tout comme nous tous d’ailleurs.

- Ici, il y a Victor et… Danny. Nous informa-t-il après avoir vérifié. Ils ont été égorgés.

- Ici aussi. Précisa Nathan. C’est la même chose pour Amal.

- Quoi ? Amal aussi ? demanda mon compagnon.

- J’en ai bien peur.

- Bon sang, il était avec moi depuis le début. Presque aussi vieux que moi… Dit-il, la voix tremblante de colère et de chagrin. Ils me le paieront… ils me le paieront tous autant qu’ils sont.

- Ils ne leur ont laissé aucune chance. Ajouta Nathan. Ils ont tous été égorgés ! Ça signifie qu’ils les ont attaqués par derrière, alors qu’il ne s’y attendait pas. Ça s’est sans doute passé très rapidement et ils n’ont pas dû avoir le temps de comprendre ce qui leur arrivait.

Mais Michael ne semblait pas écouter, et préférait regarder le ciel nocturne à travers la baie vitrée brisée. Son expression neutre ne trahissait rien, mais je sentais au fond de moi un terrible sentiment de culpabilité qui avait le gout amer d’un acte manqué. Ce n’était pas le mien, je le sentais bien, et je sentais aussi que Michael regrettait quelque chose, quelque chose qu’il n’avait pas fait et qu’il aurait dû. Je me dirigeai vers lui pour tenter de calmer son trouble par je ne savais quel acte réconfortant, mais c’est Nathan qui intervint le premier.

- Ce n’était pas ta faute.

Michael tourna des yeux dénués d’expression vers son premier lieutenant.

- Tu as déjà prouvé tout ce que tu avais à prouver et tu es un bon alpha mon frère. Continua Nathan. Ne te blâme pas pour ce qui n’est pas de ton ressort.

- Peut-être… si j’avais… Commença Michael.

- Si tu avais quoi ? Hein Michael ? Si tu avais quoi ? S’emporta le lieutenant. Tu trouves que tu n’as pas encore assez donné de ta personne ? Bordel Michael ! Quinze ans, c’est suffisant… largement suffisant.

Mon compagnon écarquilla des yeux devant la virulence et l’intervention de son ami.

- Nathan qu’est-ce que… ? Demanda-t-il sans pouvoir finir sa phrase.

- Tu crois que je ne sais pas à quoi tu penses ? Bon dieu, je suis ton meilleur ami depuis près de quarante ans ! Je te connais tu sais ! Le coupa-t-il. Tu avais rempli ta part du marché, tu n’as rien à te reprocher… non… surtout pas toi. Pas après ce qu’il t’a fait…

- Loup ! Tais-toi ! Le coupa à son tour Michael. Tu outrepasses les règles que j’ai imposées.  Ne crois pas que ton statut te mette à l’abri de ma colère.

- Est-ce que c’est un ordre de l’alpha ? Demanda le premier lieutenant avec défi. Parce qu’il n’y a pas d’autres raisons à ces règles que sa présence. Combien de temps vas-tu encore lui cacher la vérité ? Finit Nathan en me regardant.

Michael fondit sur son ami à une vitesse ahurissante, le saisit à la gorge et le plaqua contre le mur derrière lui en le soulevant du sol d’une seule main.

- Je ne t’autorise pas à me dire ce que je dois révéler à ma compagne ou non. Hurla-t-il à quelques centimètres à peine du visage de son loup. Et quand je te dis de te taire tu m’obéis, c’est bien compris ?

Marli gémit de peur et je me précipitai sur les deux lycans, m’agrippant de toutes mes forces au poignet de l’alpha pour le faire lâcher prise, sans succès d’ailleurs.

- Michael arrête ! Lâche-le ! Criai-je, mais rien n’y faisait et mon compagnon refusait obstinément de relâcher sa prise, aussi dus-je me résoudre à employer la seule carte qu’il me restait à jouer, la plus répugnante de toutes.

- Je… je suis déjà au courant d’accord ! Lui avouai-je en pleurs. Je sais déjà tout, pour toi, pour le Maître, pour ce qui s’est passé pendant ces quinze ans… je sais tout.

La surprise fit lâcher Michael qui vacilla de quelques pas en arrière, les yeux exorbités d’horreur, alors qu’il me regardait comme s’il ne me connaissait pas.

- Tu… tu… quoi ? Non… tu… tu ne peux pas savoir… Bredouilla-t-il totalement perdu.

Nathan s’écroula à terre en toussant, se tenant la gorge d’une main tandis qu’il indiquait à Marli, de l’autre, de rester loin de nous.

- Si, je sais. Thomas m’a tout racontée, quand nous étions dans le repère des vampires, c’est comme ça que mon pouvoir s’est développé, c’est comme ça que j’ai pu ressentir suffisamment de colère pour l’utiliser, je sais que je n’aurais pas dû mais je voulais savoir, je devais savoir.

Je tentais d’accaparer les pensées de Michael afin qu’il n’ait pas le temps de trop réfléchir, afin qu’il ne décide pas, finalement, qu’il me détestait.

- Tu savais et tu ne m’as rien dit ? Finit-il par dire et le dédain contenu dans ses yeux m’atteignit comme un millier de poignards en plein cœur.

- Je ne voulais pas que tu te retournes contre Thomas et je voulais que tu m’en parles en premier, quand tu l’aurais décidé. Répondis-je en m’effondrant à genoux devant lui, le visage ruisselant de larmes entre mes deux mains.

- Thomas ! Rugit mon compagnon, qui ne l’était peut-être plus à ce moment. Il n’aurait pas dû, il n’avait pas le droit, il…Mais Michael s’arrêta une fois de plus. Il est là ! S’exclama-t-il soudain après une petite pause.

Je relevai la tête, surprise de son changement de ton.

- Quoi ? Le questionnai-je.

- Je le sens, il est là, dans la maison, c’est faible mais je le sens. Répondit-il alors que le bleu envahissait ses pupilles et qu’un grondement s’échappait de sa poitrine. Il partit en trombe, sortant précipitamment de la pièce, à la recherche de Thomas.

- Lucy, suis-le ! Me somma Nathan. Vite ! Il va le tuer si tu ne l’arrêtes pas ! Et il s’en voudra toute sa vie.

Je me relevai rapidement et partis en courant sur les traces de mon loup enragé.

- La colère l’aveugle Lucy ! Tu dois le calmer, et tu dois lui dire ! Il est temps ! Tu dois lui dire, il en a besoin. Entendis-je mon ami crier avant de sortir de la pièce.

Je devais lui dire ! D’accord ! Mais je devais-lui dire quoi ? Me demandai-je pendant tout le temps que je suivais Michael à travers le dédale des couloirs de sa foutue baraque. Et comment allais-je m’y prendre pour le calmer ? Il n’allait surement pas m’écouter maintenant qu’il me détestait. Et il me détestait, je n’en doutais pas, et je n’avais pas besoin de m’arrêter sur le sentiment de haine pure au fond de moi, et qui appartenait à Michael, pour en avoir la certitude. Je le savais parce qu’il était ce genre d’homme, incapable de perdre le contrôle de la situation, incapable de montrer ses faiblesses, fort en toutes circonstances. Il n’avait cessé de vouloir me démontrer sa puissance depuis que nous étions ensemble et je venais de lui dire que j’étais au courant de ce qu’il considérait comme sa plus grande faiblesse. J’étais une idiote, j’étais la plus grosse idiote que la terre n’avait jamais portée et je venais de détruire mon couple, la plus belle histoire de ma vie, en une fraction de seconde.

Michael s’arrêta finalement devant la porte d’un petit cagibi, situé au fond de l’immense garage. Je le rejoignis en courant, espérant arriver à son niveau avant qu’il n’ouvre la porte. Mais au lieu de l’ouvrir, il l’arracha littéralement, l’envoyant valdinguer derrière lui, je me baissai juste à temps pour l’éviter et la voir atterrir sur le Hummer, fracassant compétemment le pare-brise.

Je ne voyais pas ce qu’il y avait dans le cagibi, la silhouette de l’alpha m’en empêchant mais je le vis parfaitement se pencher et soulever quelque chose à bout de bras. Lorsque j’arrivai enfin à sa hauteur, je reconnus, entre les mains de Michael, le corps sanguinolent et sans connaissance de Thomas, pendant dans le vide alors qu’il avait enserré ses mains autour de son cou. Sans réfléchir aux conséquences que cet acte pourrait avoir sur ma vie, ou plutôt sur ma mort, je m’agrippai une fois de plus aux poignets de Michael. Tentative dérisoire de le faire lâcher, s’il en était, je ne pouvais pourtant pas penser à une autre manière d’agir.

- Arrête ! Hurlai-je. Arrête ! C’est ton ami ! Michael, c’est Thomas ! Ne fais pas ça je t’en supplie ! Michael ! Michael ! Par pitié, arrête !

Le lycan furieux finit par tourner les yeux vers moi, peut-être finalement attiré par mes supplications. Nous nous regardâmes pendant ce qui sembla durer des heures.

- Ne me regarde pas Lucy ! Ne me regarde pas pendant que je tue ce traître ! M’asséna-t-il finalement.

- Ce n’est pas un traitre, et tu n’es pas un tueur ! Pas comme ça ! M’écriai-je. Si tu dois en vouloir à quelqu’un c’est à moi et à moi seule, je suis la seule personne vraiment détestable ici ! Je suis la seule à t’avoir menti en prétendant ne rien savoir ! Alors si tu dois tuer quelqu’un tue-moi moi, pas lui !

Je hurlais, m’époumonais, pleurais, tout ça en même temps. Je voulais qu’il lâche Thomas et je voulais me trouver à sa place, les mains de mon loup sur mon cou, si je devais mourir de ses mains pour lui avoir menti alors j’étais d’accord, je le méritais, j’étais répugnante, tellement répugnante !

C’est à ce moment que je compris quelque chose qui me fit me stopper net. Je n’étais pas répugnante, et ces sentiments… ils n’étaient pas les miens !

Je lâchai les poignets de Michael et me jetai à son cou, entourant mes deux bras autour de sa tête, les pieds dans le vide, et je le serrai fort, très fort, jusqu’à ce que mes bras me fassent mal.

- Tu n’es pas répugnant mon cœur, jamais ! Jamais tu ne le seras ! Lui murmurai-je en pleurant pour lui, versant les larmes qu’il n’avait jamais pu verser.

Il libéra immédiatement sa prise sur Thomas qui retomba sans ménagement sur le sol, avec un bruit sourd.

Je pouvais vraiment le sentir maintenant, il ne me détestait pas, non, pas moi, mais lui. Il se haïssait avec tant de force que je n’avais pas pu discerner contre qui cette haine était tournée. Et mon désir de mourir de ses mains n’était en réalité que son propre désir de se supprimer pour échapper à son dégout de lui-même.

Les mains meurtrières de mon compagnon, se firent douces pour me serrer contre lui, et alors qu’il se laissa tomber à genoux par terre, m’enjoignant implicitement de le suivre, je sentis quelque chose que je n’aurais jamais cru sentir sur Michael. De faibles soubresauts agitèrent son dos, et alors qu’il posait son front contre mon cou, des larmes chaudes dégringolèrent sur ma peau, jusqu’entre mes seins et… ce n’était pas les miennes.

Michael pleurait, il pleurait pour la première fois depuis ce qui lui était arrivé avec le Maître, j’en avais la certitude.

- Ne m’en veux pas. Gémit-il entre mes bras, sa voix étouffée contre ma peau. Ne m’en veux pas je t’en supplie. Je ne le supporterai pas, plutôt mourir.

- Michael… haletai-je sous l’émotion. Jamais je ne t’en voudrai. Mon amour tu es un héros ! Tu voulais les protéger je le sais très bien.

- Ce qu’il… ce qu’il m’a fait faire… comment pourrais-tu encore tomber amoureuse de moi après ça ? Sanglota-t-il contre mon cou.

Je souris pour moi-même, il ne pouvait pas me voir mais je souris néanmoins, parce que je venais enfin de comprendre quelque chose qu’il avait pourtant essayé de me faire réaliser depuis le début.

- Parce que c’est trop tard. Lui répondis-je seulement.

- Quoi ? me demanda-t-il faiblement en se reculant un peu, plongeant ses yeux couleur d’émeraude dans les miens.

Je pris le temps de poser ma main sur sa joue maculée de larmes tandis que je lui souriais doucement.

- Pose-moi à nouveau la question. Lui demandai-je.

- Quelle question ?

- Celle que tu ne cesses de me poser et à laquelle je ne donne jamais la bonne réponse. Lui dis-je, toujours en souriant.

Les yeux de Michael se braquèrent sur les miens plus intensément encore. Je savais qu’il venait de comprendre de quoi je lui parlais.

- Quand… Quand tu me regardes… Qu’est-ce que tu vois ? Finit-il par me demander avec hésitation.

Je pris le temps de rassembler mes émotions, cessant de les repousser, mais tentant au contraire de m’en imprégner, de sorte que mon loup ressente ce que je m’apprêtais à lui dire au travers de notre lien.

- Je vois un homme fort, d’une générosité incroyable. Je vois un homme prêt à tout pour protéger les siens. Je vois un héros. Je vois mon avenir mais surtout, surtout… Je vois l’homme que j’aime. Lui révélai-je finalement et c’était facile, tellement facile que je ne comprenais pas comment j’avais pu ne pas m’en rendre compte avant. J’étais folle amoureuse de lui, c’était évident, je n’avais plus aucun doute.

Michael s’assit sur ses talons et ses épaules s’affaissèrent. La tension qui avait animée son corps une seconde auparavant semblait s’être évanouie. Il laissa retomber sa tête en avant et les mèches noires de ses longs cheveux retombèrent devant son visage, m’empêchant de voir l’expression qu’il affichait. Lorsque deux minutes furent passées, sans qu’aucun mot ne dépasse ses lèvres, une angoisse sourde commença à me vriller l’estomac. Mais alors que j’allais lui demander les raisons de son silence, un faible murmure m’en empêcha.

- Encore !

- Quoi ? Demandai-je, pas certaine de l’avoir bien entendu.

Il releva la tête et son regard vert émeraude sembla percer au plus profond de mon âme.

- Dis-le-moi encore !

J’écarquillais les yeux, surprise de son expression dure.

- Michael… tu… tu as compris ce que je t’ai dit ?

- Dis le moi encore ! S’écria-t-il en me saisissant les bras.

- Je… je t’aime.

- Encore !

- Je t’aime.

- Encore. Hurla-t-il.

- Je t’aime. Hurlai-je moi aussi, inquiète que ces mots ne parviennent pas jusqu’à son cerveau embrumé ?

Il se jeta sur moi comme la misère sur le monde. Inexorablement et aussi rapidement que le vent, je ne compris rien avant d’être étendue sur le dos, une main derrière ma tête pour ne pas que je me blesse au moment du contact avec le sol. Ses lèvres implacables se verrouillèrent aux miennes et sa langue s’infiltra dans ma bouche avec dextérité. Sa respiration se faisait haletante, sa main qui tenait ma tête, s’agrippa à mes cheveux et m’attira encore plus proche de lui, m’écrasant contre sa bouche comme s’il souhaitait me fondre en lui. Son baiser n’était pas doux, il n’était pas tendre, il était violent, passionné et douloureux. Mais en cet instant, ravagée par la terreur qui m’avait tenaillée toute la soirée, la douleur d’avoir perdu nos amis et l’amour que nous ressentions tous les deux, je ne voulais pas qu’il en soit autrement.

Je m’agrippai à ses épaules fermes, cambrant mon corps sous lui pour le sentir plus encore, collant autant que possible, mon abdomen au sien, avide de le toucher. Plus rien ne comptait que son corps au-dessus de moi, ondulant dans un simulacre de ce que nous avions tant attendu et souhaité tous les deux. Sa main libre se posa sur mes fesses, d’abord pour me plaquer fortement contre lui et contre sa fermeté turgescente, puis sa main se saisit de la ceinture de mon jean et je sentis une pression s’exercer dessus. Mon dieu, il allait m’arracher mon jean et me prendre, comme ça, sur le sol de son garage, et je n’allais absolument rien faire pour l’en empêcher. Ses lèvres toujours plaquées sur les miennes, sa langue toujours dans ma bouche, sa main toujours dans mes cheveux, il fit craquer les coutures du pantalon et les boutons à ma ceinture. Un grognement provenant du fond de sa poitrine nous fit trembler tous les deux, j’en ressentais les vibrations tout au fond de moi et cette sauvagerie bestiale me plaisait. J’en voulais plus, je le voulais lui tout au fond de moi, plus profondément que tout ce que j’avais jamais ressenti jusqu’alors, et je le voulais tout de suite.

- Oh seigneur…

Le petit cri féminin me tira de mon abandon total et je basculai la tête en arrière pour voir ce qui se passait.

Nathan et Marli se tenait dans l’encadrement de la porte, Marli, une main sur la bouche, et Nathan les bras croisés sur la poitrine, appuyé contre le chambranle, un petit sourire aux lèvres.

- Bien joué ! Dit-il en me regardant d’un air satisfait. Je me demandais comment tu allais t’y prendre pour l’empêcher de tuer son ami, mais je vois que tu t’en es sortie comme un chef.

Michael releva la tête lui aussi, regarda Nathan, ramena ses yeux sur moi, en dessous de lui, arrondissant les yeux comme s’il prenait vraiment conscience de ma présence pour la première fois, puis tourna la tête à droite.

Il suffit d’un seul mot de sa part, et ce qui venait de se passer se brisa en morceau, aussi surement qu’un verre projeté contre un mur.

- Thomas !

 

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 20:35

Nous nous étions attendus au pire en entendant le cri de Van, et en accourant à l’arrière de la maison. Michael m’avait fait basculer sur son dos avant de se transformer et de se précipiter à l’endroit d’où le cri avait retenti. Je m’étais agrippée tant bien que mal, mais avec le peu de force qu’il me restait, chevaucher un énorme loup d’un mètre cinquante au garrot ne s’était pas révélé des plus facile et je manquai de peu de basculer vers l’avant quand il stoppa net sa course effrénée.

Le spectacle qui nous attendait alors était des plus effrayant.

La première chose que je cherchai du regard en arrivant, était Van. J’avais tellement prié pour qu’il ne lui soit rien arrivé que je le trouvais immédiatement. Affalé contre un mur, il se tenait le bras droit, celui-ci pendant mollement au bout de son épaule. Il devait être cassé, du moins de ce que je pouvais en juger à plusieurs mètres de lui. Nom de dieu, ce mec avait une propension aux blessures absolument hallucinante. Par la force des choses, j’allais bientôt connaitre son corps par cœur, et de l’intérieur qui plus est. Après avoir fait l’inventaire de ses blessures éventuelles, je décidais que ça aurait pu être bien pire et choisissais de me concentrer sur quelque chose d’autre, quelque chose qui m’avait marqué mais sur lequel j’avais préféré ne pas m’attarder alors que je vérifiais l’état de santé de mon ami… Son regard.

Ses yeux étaient captivés, et l’angoisse les hantait. Quel que soit ce qui le paniquait tant, ce devait être terrifiant pour donner à Van ce regard-là. Peu importait, mon ami passait avant tout. Je décidai donc de me diriger vers lui pour le soigner, sans tenir compte de l’état de fatigue dans lequel je me trouvais déjà. Mais le corps puissant de mon compagnon de loup s’interposa, me bloquant le chemin.

C’est à ce moment que je me rendis compte que ma capacité à compartimenter mes priorités pouvait parfois se révéler dangereuse. Sans m’en apercevoir, mon désir de protéger Van avait été tel que j’avais occulté tout le reste, et pourtant, je me demande comment j’avais pu ne pas y prêter la moindre attention.

A quelques mètres de nous, un énorme loup doré, au pelage singulièrement long et brillant, venait de coincer le dernier vampire contre un mur. Celui-ci se retrouvait le visage plaqué contre le crépit, par une patte démesurée, lui pesant directement sur la nuque. Je poussai un incontrôlable cri de surprise mêlée d’effroi en découvrant la situation, et le loup tourna brièvement son incroyable regard orangé oui, j’ai bien dis orangé dans ma direction, avant de le refixer à peine une seconde plus tard sur la nuque du vampire.

Qui que soit ce loup, je ne l’avais jamais vu sous sa forme lupine. Il était magnifique et effrayant à la fois, un superbe mélange de beauté bestiale, et sa taille dépassait de loin celle de tous les autres lycans que j’avais pu voir.

Le vampire se débattait autant qu’il le pouvait, envoyant ses bras et ses jambes dans tous les sens, tentant de repousser le loup qui le maintenait fermement coincé sous son poids. Dans sa position le vampire ne pouvait atteindre son assaillant qui ne semblait d’ailleurs, montrer aucun signe de fatigue ou de difficultés à retenir la sangsue dans cette position si inconfortable soit-elle.

- Merde ! Qu’est-ce qui se passe ici ? Me fit sursauter Nathan qui venait d’arriver derrière moi, soutenu par Marli qui ne me semblait pourtant pas dans un meilleur état.

- J’en sais rien, on vient d’arriver et ce loup a coincé le dernier vampire mais je ne sais pas ce qu’il attend. Expliquai-je rapidement aux nouveaux arrivants.

Et en y regardant de plus près, quelque chose me semblait étrange. Qu’attendait le loup pour attaquer ? Il se contentait de le retenir alors qu’un coup de mâchoire aurait suffi à abréger la non-vie du vampire. Mais le lycan blond, à l’attitude pourtant clairement agressive, ne montrait aucun signe de vouloir en finir.

Michael gémit faiblement à mes côtés, tandis que Nathan inspira profondément au même moment.

- Non de dieu ! jura-t-il. C’est Julian ! Mais qu’est-ce qui s’est passé ?

Quoi ? Ce loup magnifique et agressif, plus grand que tous ceux que je connaissais, aux prises avec un vampire enragé, était Julian, le jeune, calme et timide Julian ?

J’avais du mal à le croire même si en y regardant de plus près, les yeux affolés de Van, m’indiquait que ce qu’avait dit Nathan était la vérité.

Bon dans un sens c’était assez rassurant, je pouvais donc aller soigner Van sans prendre trop risque.

- Ok, si c’est Julian alors je peux traverser sans risques non ? Formulai-je à voix haute ce que je venais de penser.

Une douce brise chaude et parfumée de l’odeur du sous-bois s’éleva à côté de moi et l’instant d’après, Michael se tenait debout sur ses deux jambes, sous sa forme humaine.

- Non, tu ne bouges surtout pas. M’avertit-il immédiatement. Pour l’instant, il est troublé par son nouveau corps et enragé contre ce vampire mais ses émotions pourraient rapidement se retourner contre n’importe qui. Elles sont puissantes, et je doute qu’il parvienne déjà à les contrôler.

- Mais il ne tue pas le vampire, c’est bien la preuve qu’il se contrôle non ? Hasardai-je, tentant de me raccrocher à la personnalité du Julian que je connaissais.

-Non, c’est juste la preuve qu’il ne sait pas comment tuer un vampire et qu’il est hésitant sur la conduite à tenir. Rétorqua Michael.

- Van a sans doute été blessé pendant son combat contre cette sangsue et Julian s’est interposé. Ajouta Nathan. C’est une chance qu’il n’ait pas blessé le vampire.

- Comment ça ? L’interrogeai-je.

- Eh bien… Michael va devoir le calmer, et affirmer son statut d’alpha, ce qui ne va déjà pas être simple avec Julian, mais si en plus il avait goûté au sang lors de sa première transformation, il serait devenu totalement incontrôlable et… nous aurions dû…

Nathan ne finit pas sa phrase mais j’imaginais assez bien le contenu de ce qu’il gardait sous silence, je savais comment les loups garous réglaient ce genre de problèmes.

- Pourquoi dis-tu que ce ne sera pas simple avec Julian ? Me concentrai-je sur ce qu’il venait de m’expliquer.

Mais c’est Michael qui me répondit.

- Tu te souviens de ce que je t’ai expliquée sur les premières transformations et le sentiment qu’il est nécessaire de trouver ? Me demanda-t-il.

- Oui.

- Julian s’est transformé pour protéger Van. Se contenta-t-il d’ajouter.

Je restais un peu perplexe quant au message que tentait de me faire passer mon compagnon quand soudain, le souvenir de notre conversation me revint en mémoire.

- Son sentiment… C’est le besoin de protéger ? Mais alors Julian est… un alpha ! M’écriai-je.

Les trois loups à mes côtés acquiescèrent d’un même mouvement.

- Je vais devoir y aller et ça ne va pas être simple. M’annonça Michael. Je vais utiliser l’autorité de l’alpha et tu risques de le ressentir, mais ne t’en fais pas, c’est normal. Il va aussi falloir que je le fasse se soumettre sans pour autant lâcher le vampire.

- Pourquoi ne le ferais-tu pas le tuer directement, ce serait plus facile non ?

- Hum… sans doute, mais… j’ai quelques questions à poser à cette sangsue. Me répondit-il avant de grogner légèrement.

Puis m’attirant à lui, il me déposa un baiser dans les cheveux avant de faire mine de s’élancer en direction de Julian. Pourtant une angoisse sourde m’interdisait de le laisser partir comme ça. Je retins son bras au moment où il allait me lâcher, le forçant à s’arrêter et à me regarder.

- Ca… Ça va aller n’est-ce pas ? Ce n’est pas trop dangereux ? M’inquiétai-je.

Michael prit le temps de me sourire avant de me répondre.

- Bien sûr que ça va aller, je suis fort, tu te souviens ? me dit-il en dégageant doucement son bras de ma main.

- Mais… et s’il était plus dominant que toi ? Paniquai-je soudain.

Mon compagnon s’esclaffa alors ouvertement.

- Personne n’est plus dominant que moi, amour ! Me dit-il avec un clin d’œil et en s’élançant véritablement cette fois-ci, à l’assaut de la montagne de muscles que représentait Julian.

Michael s’arrêta à deux ou trois mètres seulement du loup doré, ce qui me paraissait nettement trop proche. Il était nu comme un ver, mais n’en paraissait pas le moins du monde diminué. Sa posture était celle d’un guerrier, les deux pieds bien encrés au sol, le torse légèrement en avant et les épaules fermes et contractées.

- Et maintenant, qu’est-ce qui va se passer ? Chuchotai-je à Nathan.

- Il va s’adresser au loup avec la voix de l’alpha, et lui demander de se soumettre à lui. Me répondit-il d’une voix plus faible que précédemment. Marli aussi semblait avoir plus de mal qu’avant à soutenir le poids de son époux.

- Hé, vous deux, ça va ? M’inquiétai-je soudain.

- Oui, oui, chérie ça va ne t’en fait pas, c’est normal. M’expliqua Marli. Le… le pouvoir que doit utiliser Michael lui vient de la meute aussi il doit en puiser en chacun d’entre nous, mais avec nos blessures c’est juste un peu plus éprouvant pour nous.

- Mais vous êtes sûrs que vous ne voulez pas…

- Non, je vais bien ! Me coupa Nathan en se redressant tant bien que mal. Je suis à ma place ici, avec mon alpha. Et je le soutiendrai de mon mieux, comme je l’ai toujours fait.

Ses yeux montraient une telle détermination que je n’osai pas le contredire et décidai de reporter mon attention sur mon compagnon, en remerciant intérieurement, Nathan pour sa loyauté sans faille.

Au début, tout sembla calme, du moins aussi calme qu’était la scène avant l’arrivée de Michael, mais venant de nulle part, une brise entreprit de caresser le corps dénudé de mon loup, ballottant ses longs cheveux noirs de part et d’autre de son visage.

Le bleu saphir envahit ses yeux en une fraction de seconde quand la brise se transforma en bourrasque, se concentrant uniquement sur Michael.

Je sentais le pouvoir affluer en lui à travers notre lien. Il arrivait de toutes parts, des quatre points cardinaux, comme du ciel et de la terre. C’était impressionnant et effrayant à la fois, un alpha dans toute sa splendeur. Plissant légèrement les yeux dans un sourire en coin, il tourna juste assez sa tête vers moi pour que je capte sa satisfaction de me montrer ce dont il était capable. Mon compagnon était fort et puissant et il me laissait le constater à ma guise de sorte que mon inquiétude me paraisse dérisoire. Une façon de me rassurer, une façon qui lui ressemblait.

Sentant lui aussi le pouvoir de la meute, Julian se retourna et fixa l’alpha dans les yeux, un long moment. Le contact visuel ne s’interrompit pas et je sentais la détermination de Michael à le faire plier à sa volonté. Soudain, les yeux de mon compagnon se zébrèrent de bleu plus pâle, presque blanc, et c’était comme si des milliers de petits éclairs se mettaient à fendre le ciel nocturne. Julian, baissa les yeux à cet instant, et je poussai un soupir de soulagement intense.

- Ce n’est pas fini Lucy. Intervint Nathan. Julian reconnait que Michael est plus alpha que lui mais il ne l’a pas encore accepté comme SON alpha. M’expliqua-t-il en insistant sur le mot « son ».

Je retenais une fois de plus ma respiration, dans l’attente de l’affrontement à venir.

- Julian. Déclara Michael, et mes oreilles se mirent à bourdonner devant la voix si profonde du dominant, qui semblait composée de plusieurs voix grave à la fois, comme construite dans un écho. Obéis-moi. Je suis ton alpha.

Le loup doré secoua la tête, comme pour montrer sa résistance à l’injonction que venait de lui donner un mâle plus puissant que lui.

- A présent, tu vas m’écouter et t’abandonner à ma voix. Continua mon loup.

Julian grognait, manifestant son mécontentement. Il était de plus en plus agité et le vampire en profita pour essayer de s’échapper, mais dans son excitation, son gardien ne l’entendit pas de cette oreille et l’envoya se fracasser contre le mur le plus proche, le faisant retomber comme un tas désarticulé au sol.

- Bon, ça va faciliter les choses. Commenta Marli. A présent que le vampire est hors d’état de nuire, Michael va pouvoir se concentrer uniquement sur Julian.

Je me fis la remarque que j’étais pourtant persuadée que c’était déjà le cas. Mais le vampire assommé allait en effet permettre à mon compagnon d’assoir sa supériorité sans risquer de dommages collatéraux.

- Loup ! Reprit l’alpha de sa voix étrange. A présent, soumets-toi à moi.

Aussitôt une envie irrépressible de m’assoir et de me faire toute petite devant l’alpha de la meute, me saisit et je la réprimai avec la plus grande difficulté. Ce ne fut pas le cas de Marli et Nathan qui s’assirent par terre sans attendre, se faisant incontestablement plus petit que leur dominant. Même Van, pourtant déjà assis et malgré sa blessure au bras, se tassa un peu plus sur lui-même.

Bon sang, le pouvoir de l’alpha était quelque chose d’incroyable !

Et pour cause, l’échine de Julian commençait déjà à plier, avec réticence certes, mais elle pliait incontestablement, ses postérieures se courbèrent ensuite et la minute d’après le loup doré s’était assis, la tête baissée en signe de soumission, les oreilles rabattues, lui donnant un air malheureux. Michael avait réussi, il avait fait plier Julian à sa volonté, il était devenu son alpha, s’assurant sa loyauté. Je me tournai immédiatement vers Nathan, qui était toujours assis à même le sol, lui souriant fièrement, bien que je ne sois pas celle qui avait fait le boulot.

- Et maintenant ? C’est bon n’est-ce pas ? Demandai-je avec impatience.

- Eh bien… oui, pour l’instant, il risque d’être encore un peu instable mais je pense que ça devrait aller. Me répondit mon ami. Il n’en faudra pas beaucoup pl… Mais les mots de Nathan s’étranglèrent dans sa gorge lorsqu’il se tourna violemment vers Michael, bondissant sur ses pieds, d’un seul mouvement, tous les sens en alerte.

Je me retournai pour vérifier ce qui le troublait alors.

Le vampire venait de se relever et ne semblait souffrir d’aucune blessure dut à sa rencontre précipitée avec le mur de béton. Il fonça alors… sur moi. Non pas sur l’un des loups qu’il avait attaqué auparavant mais sur moi, je le sus à l’instant où je rencontrai son regard. Un tel désir de mort était-il possible ? Ses yeux semblaient me dire que oui. Sauf que perdu dans son besoin de me tuer, le vampire ne réalisa pas qu’un obstacle de taille se tenait sur son chemin entre lui et moi, mon compagnon, l’alpha, le loup le plus puissant qui existait.

Je crus d’abord que Michael ne l’avait pas senti arriver, lui tournant le dos mais au moment où il passait à sa portée, l’alpha, dans un mouvement souple, pivota sur lui-même et envoya sa jambe en l’air, assénant un coup de pied brutal dans l’estomac du vampire, si tant est que ces créatures aient un estomac.

- On ne touche pas à ma femme. Hurla Michael de sa voix d’alpha à la sangsue, alors qu’il se jetait sur lui avec la rapidité d’un aigle plongeant sur sa proie.

- Bordel de merde… Jura Nathan à quelques centimètres de moi, ce qui attira mon attention sur une autre partie de l’action qui m’avait échappée jusque-là.

Julian, libéré de l’emprise dominatrice de l’alpha, et incontestablement, encore instable, regardait le combat se dérouler sous ses yeux furieux. Son regard orangé, devenu presque rouge sang, suivait les mouvements de mon compagnon avec une rage non dissimulée. Visiblement il n’avait pas apprécié cette petite séance de domination forcée, et il avait l’intention de le faire payer à son alpha. Mouais, instable… pas de doute.

Deux courants d’air fusèrent de chaque côté de mes oreilles et je vis les silhouettes brouillée par la vitesse, de Nathan et Marli, fondre sur Julian. Aucun des deux ne s’était transformé mais j’ignorais si c’était dû à leurs blessures ou au type de combat qu’ils comptaient mener. En effet, loin de vouloir blesser le loup, ils tentaient simplement de le retenir. Seulement, Julian ne semblait pas l’entendre de cette oreille et essayait de se débarrasser de ses agresseurs à coup de griffes et de crocs. Heureusement, le couple étaient plus léger et donc plus rapide que le grand lycan, et qui plus est, formait une parfaite équipe, mais pour combien de temps encore ?

De son côté, Michael se démenait comme un beau diable, rendant coup pour coup, évitant les griffes d’argent meurtrières mais ne parvenant pas à toucher le point sensible du vampire.

Deux combats insoutenables se déroulaient sous mes yeux et je ne pouvais rien faire. C’était une véritable torture, je voulais aider mon compagnon, je voulais aider mes amis mais je ne pouvais utiliser mon pouvoir, d’abord parce que je n’étais pas certaine d’y parvenir étant donné mon état d’épuisement intense, mais aussi parce que je risquais de toucher par mégarde l’un des êtres qui comptaient le plus au monde pour moi. Que devais-je faire ? Un sentiment d’impuissance intense s’empara de moi. Je me sentais seule, terriblement seule, seule comme je ne l’avais plus été depuis mon arrivée dans la meute, et je haïssais ce sentiment. Mes jambes cessèrent de me porter et je m’accroupissais, me prenant la tête entre les mains, incapable de supporter plus longtemps cette sensation atroce.

Soudain, une voix d’une douceur et d’une pureté incroyable, une voix que je connaissais mais que je ne parvenais pas à attribuer à quiconque, murmura une petite litanie dans ma tête.

- Tu n’es pas seule ma chérie, tu n’es pas seule.

Et je l’entendais, encore et encore, emplissant petit à petit tout mon champ de pensée, m’incitant à me reprendre, à y voir plus clair.

- Si tu n’es pas assez forte, n’oublie pas mon ange, tu n’es pas seule, tu n’es pas seule.

Non en effet, je n’étais pas seule, je ne l’étais plus ! Et c’est à ce moment précis que Julian réussit à s’échapper de l’emprise de Nathan et Marli, bondissant furieusement en direction de Michael, toujours aux prises avec son vampire. Mais je n’étais pas seule et naturellement j’appelais à l’aide la seule personne qui pouvait encore m’aider, celle qui m’aiderait toujours, mon loup, mon ami, mon frère.

- Vaaaan !

Le cherchant du regard, à la place qu’il avait tenu depuis le début de l’action, je m’aperçus vite, qu’il n’y était plus. Je reportai donc mon regard sur Michael, qui trop occupé par la sangsue allait se prendre le lycan devenu fou, de plein fouet.

Dieu du ciel, non pas ça !

Mais le pire ne se produisit pas et c’est avec surprise qu’au lieu de mon alpha je regardai Van, se tenant bien droit sur ses pieds, à quelques centimètres à peine du combat qui se déroulait dans son dos, son seul bras encore valide, tendu à l’horizontale, formant un bouclier de son propre corps à son alpha.

Il n’avait pas pu arriver si vite, aussi rapide soit-il. Ce qui signifiait donc qu’il avait bougé avant que je l’appelle. J’ignorais à qui appartenait la petite voix que j’avais entendue dans ma tête mais elle avait raison, je n’étais définitivement pas seule.

Le lycan doré se stoppa net à quelques centimètres de Van, la truffe au niveau du visage de mon ami, un coup de mâchoire et s’en était fini de lui.

C’est ce moment que choisit Michael pour asséner un coup d’une brutalité ahurissante sur le crâne du vampire, le faisant s’écrouler par terre, inconscient.

Sans relâcher sa vigilance il se tourna vivement vers Van et Julian, surpris de les trouver si près de lui. Les éclairs bleutés zébrèrent immédiatement ses pupilles couleur de nuit, et ce fut comme si tout l’air était aspiré par lui alors qu’il semblait prêt à déchaîner sa colère sur la pauvre bête qui me sembla soudain dans la pire des postures possibles.

- Non attends, ne fais rien. Hurlai-je à mon compagnon, sans savoir comment les mots étaient sortis de ma bouche.

L’air retrouva sa place autour de nous tandis que les yeux de Michael reprenaient immédiatement la teinte normale de ceux du loup. Il tourna son regard glacial dans ma direction, se réchauffant instantanément lorsqu’il se posa sur moi. Et ce que j’y vis ne fut pas de la surprise ou de l’incompréhension, mais une confiance sans borne et sans faille. Mon compagnon avait foi en mon jugement et je me sentis aussitôt submergée par tout un tas d’émotions que je ne parvenais pas encore à reconnaitre.

Je lui souris et fit non de la tête pour lui dire de ne pas intervenir.

Julian, le Julian que je connaissais, étais là, quelque part, sous la surface, sous ses couches de férocité bestiale, et de rage, et il aimait Van, je le savais… et j’étais persuadée que Van aussi le savait, quoi qu’il puisse en dire.

Le loup et l’homme s’affrontait du regard, mais ce n’était pas un affrontement de dominance. Le regard de mon ami, bien que fatigué semblait percer l’âme du lycan, cherchant, traquant la moindre parcelle du jeune loup qu’il avait rencontré et aidé plus tôt, du jeune loup qui avait annoncé sans détour l’aimer et être sûr de ses sentiments. Julian ne bougeait pas, pas plus que Van, ni aucun d’entre nous d’ailleurs, même les animaux nocturnes semblaient avoir stoppé leurs activités, laissant le temps aux deux lycans de se chercher… et finalement de se trouver.

Au bout de plusieurs minutes d’immobilité qui me parurent être des heures, Van pencha légèrement la tête sur le côté, plissa les yeux et sourit en coin au loup doré en face de lui.

- Tu étais loin mais je t’ai trouvé. Lui dit-il en lui souriant plus franchement cette fois.

Julian cligna plusieurs fois des yeux et une énorme larme roula sur le pelage de son museau. Il enfouit son imposante tête dans le cou de Van, qui la tête toujours penchée, l’y accueillit volontiers. Les pattes du lycan semblèrent le lâcher et mes amis s’affalèrent sous le poids du plus lourd des deux.

Michael me rejoignit immédiatement, me serrant dans ses bras si fort que je crus étouffer et m’embrassa la minute d’après, sans me laisser le temps de reprendre mon souffle.

- Comment tu as su qu’il fallait m’écouter ? Lui demandai-je à l’instant où je pus enfin inspirer une profonde bouffée d’oxygène.

- J’ai toujours su que tu étais mon meilleur pari amour, toujours ! Me répondit-il seulement.

Je lui souris en embrassant doucement ses lèvres.

- Et toi le mien. Me contentai-je de dire.

Puis me tournant vers Van et Julian, le premier assis par terre, caressant la tête du deuxième, posée sur ses genoux, je posai la seule question qui était sur toutes les lèvres.

- Et maintenant ?

 

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 20:33

- Michael ? Tu es sure que ça va aller ? M’inquiétai-je en bouclant ma ceinture sur le siège passager de la Lamborghini. Je peux conduire si tu ne te sens pas…

- Ca va. Me coupa-t-il durement, les dents serrées et les mains fermement agrippées au volant.

Je n’allais surement pas me formaliser de son ton, je savais que c’était l’inquiétude qui le faisait agir de la sorte, j’étais moi-même sur le point d’exploser.

Apres notre prise de conscience sur la glace, concernant une attaque potentielle de la meute, nous nous étions précipités dans le parking souterrain pour rentrer le plus rapidement possible. Michael avait immédiatement fait mention d’une attaque mais en réalité ce que nous savions c’était que la meute était en danger. Je pouvais le sentir au fond de moi, la chaleur de ces derniers jours, qui me remplissait depuis que j’avais senti le pouvoir lupin m’envahir, avait disparu… enfin pas réellement disparu mais plutôt utilisée pour autre chose que pour moi. Je ne savais pas exactement ce que ressentait Michael mais étant donné sa réaction, j’imaginais aisément que c’était douloureux.

Mon compagnon marmonnait des mots incompréhensibles tandis que nous quittions en trombe le parking, nous insérant dans la circulation, heureusement fluide à cette heure-ci, du centre-ville.

- Pourquoi… Pourquoi maintenant ? Ne cessait de répéter Michael.

- Calme-toi. L’encourageai-je, on ne sait pas ce qui se passe, c’est peut-être moins grave que ce que l’on imagine.

- Non, c’est grave au contraire, mes loups se font décimer en ce moment même, je peux le sentir, ils… ils ont besoin de moi et je ne suis pas là ! S’insurgea-t-il.

Un terrible sentiment de culpabilité me frappa soudain, mais j’ignorais s’il s’agissait du miens, pour avoir retenu Michael toute la soirée loin de sa meute, où s’il s’agissait du sien pour ne pas se trouver avec ses loups en ce moment.

- Et tu peux savoir s’ils sont nombreux à être attaqués ? Tentai-je de grappiller quelques informations.

Je savais que j’en ressentais moins que mon compagnon et l’espoir qu’il puisse m’éclairer sur la situation et peut-être même me rassurer un peu, m’empêchait de céder à la panique et de hurler mon désespoir.

Michael resserra encore plus sa prise sur le volant, qui commençait à grincer en signe de protestation.

- Une dizaine je dirais, peut-être plus. Bon sang, c’est pas vrai ! S’énerva-t-il en ralentissant pour éviter de rentrer dans un camion devant nous.

- Une dizaine ! Mais Michael, le seul endroit où il y a une dizaine de loups de la meute réunis, c’est…

- … Ma maison. Finit-il à ma place et en grognant.

- Michael… Couinai-je fébrilement en comprenant ce que ça impliquait. Qui y a-t-il ce soir chez toi ?

Je savais que ça n’aurait pas dû avoir tant d’importance à mes yeux et que chaque loup était précieux mais je ne pouvais m’empêcher de penser avant tout à mes amis.

Mon alpha ne répondit pas à ma question, se contentant de fixer plus intensément encore la route devant lui. Je comprenais alors que ce que je craignais le plus était sans doute en train de se produire. Mes amis étaient attaqués et moi non plus, je n’étais pas là, pour leur venir en aide. Des larmes de frustration apparurent au coin de mes yeux.

Mon compagnon lâcha le volant de la main droite pour la poser sur la mienne, serrée en poing sur mon genou.

- Ca va aller amour, dès que j’arriverai, ça ira… se contenta-t-il de me dire.

Quelle idiote ! M’apitoyer sur mon sort alors que mon compagnon était lui aussi dans tous ses états. Je faisais vraiment une compagne pitoyable. Dans ces moments-là, il aurait dû pouvoir compter sur moi, or ce n’était vraiment pas le cas, et il se retrouvait à devoir gérer mon inquiétude en plus de la sienne. Je ne pouvais pas le laisser faire, il allait falloir que je trouve un moyen de me rassurer moi-même.

- Mais quand on arrivera, qu’est-ce que… Qu’est-ce que tu vas faire ? Lui demandai-je péniblement. Je ne voulais pas qu’il pense que je doutais de sa puissance. Je veux dire, si une dizaine de loups ne peuvent pas faire face à la menace qui les attaque en ce moment, qu’est-ce que toi, tu vas pouvoir faire de plus ?

Michael fronça un peu plus les sourcils avant de me répondre.

- Tant que je suis loin d’eux, ils ne bénéficient pas de ma protection. En tant qu’alpha, je suis détenteur d’une force supérieure à n’importe lequel d’entre eux, une force qui est le fruit du pouvoir de chacun des loups, et que j’emmène partout avec moi. Sauf que si je ne suis pas à leur côté, ils ne peuvent pas utiliser cette force qui leur appartient pourtant.

En m’éloignant comme je l’ai fait ce soir, je les ai rendus plus faible. Tout ça c’est ma faute.

- Non, tu ne peux pas dire ça, tentai-je de le rassurer sans grand espoir. Tu ne pouvais pas savoir que…

- Peu importe, je devrais être avec eux, et je ne le suis pas, s’énerva-t-il immédiatement. J’ai été trop imprudent, alors que je devais les protéger.

- Michael, arrête, ce n’est pas ta faute. Lui dis-je en entrelaçant mes doigts aux siens. Ca va aller, tu as raison, nous allons arriver à temps et tu pourras leur venir en aide, et moi aussi… Finis-je avec une détermination dont je ne me savais pas capable.

J’avais bien l’intention d’apporter toute l’aide qui serait possible. Après tout n’étais-je pas une guérisseuse aux super pouvoirs ?

- Non amour, lorsqu’on arrivera, toi, tu restes dans la voiture. M’ordonna-t-il sans même me regarder.

- Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes, je veux aider moi aussi. Me défendis-je.

Il était hors de question que je reste bien gentiment le cul dans la voiture pendant que mon compagnon allait se battre pour leurs vies.

- Lucy tu ne discutes pas, je ne veux pas avoir à m’inquiéter pour toi en plus de mes loups. Pour une fois, chérie, je t’en prie obéis-moi !

Bon la fin de la phrase était plus suppliante que le début. Il n’empêche que je n’imaginais même pas cette situation possible.

- Mais enfin, je suis capable de me défendre seule, je l’ai déjà prouvé dans le gymnase, et même si tu refuses que je vous aide à combattre, il y aura surement des blessés qui auront besoin de moi. Tentai-je d’argumenter, à juste titre d’ailleurs et Michael le savais pertinemment, son air pensif me l’affirmant.

- Non, c’est trop dangereux, je ne veux pas…

- Michael. Le coupai-je assez durement pour attirer son attention sur la gravité de mon ton. Comme tu le répètes assez souvent, il ne s’agit plus de ta meute, mais de la nôtre. Ce sont mes amis à moi aussi, qui se battent en ce moment même, ce sont les loups qui m’ont accueillie avec chaleur, sans se poser de question, ce sont mes loups. Alors que tu le veuilles ou non, ça ne changera rien.

Michael inspira profondément avant d’esquisser un faible sourire.

- Très bien, je ne peux pas t’en empêcher mais promets-moi que si tu es en danger, tu ne chercheras pas à jouer les héroïnes et tu te mettras à l’abri.

- Je te le promets. Me contentai-je de lui répondre.

- Très bien, nous n’allons pas tarder à arriver. Lorsque j’arrêterai la voiture, je vais me transformer rapidement et les rejoindre, mais toi, je veux que tu fasses attention aux alentours, ne te précipite pas d’accord ? m’avertit Michael.

- D’accord. Mais tu es sûr que c’est bien sage de foncer dans la bataille sans savoir exactement ce qui t’attend ? M’inquiétai-je soudain.

Michael poussa un grondement du fond de sa poitrine.

- Il y a peu de chose qui peuvent représenter une menace pour une dizaine de loups, Amour. Le choix est restreint et en l’occurrence il n’y en a que deux. Une autre meute, ou…

- Des vampires. Finis-je à sa place cette fois-ci.

Bien sûr, il aurait pu s’agir d’une autre meute mais après l’attaque que nous avions subie quelques temps plus tôt dans l’antre des vampires, j’avais désormais peu de doute sur nos assaillants.

- Si ce sont bien des vampires comme je le pense, et aux vues des évènements récents, ce serait assez logique commença Michael, il va falloir la jouer fine. Le pouvoir que je ramène avec moi est substantiel mais j’ignore dans quel état se trouvent mes troupes. Avec une autre meute, il m’aurait suffi de provoquer l’alpha en duel et de le battre, les autres loups ne se seraient plus battus sans lui, mais là… nous allons devoir traquer chacun des vampires qui se cachent dans les parages. C’est pourquoi je veux que tu sois très prudente. Ces rats ont une capacité à se cacher dans les endroits sombres comme personne.

- Je sais. Ne t’en fais pas, je te promets d’être très prudente. Le rassurai-je.

- Et surtout n’oublie pas ce que je t’ai dit, si tu en vois un, tu te caches c’est compris ?

Tu ne fais pas ta maligne, on ne joue pas là. Et si vraiment tu n’as pas le choix et que tu dois te battre, c’est la tête que tu dois viser.

Michael se tourna vers moi pour voir si j’avais bien intégré ce qu’il venait de me dire.

- Je sais, ne t’inquiète pas, je me souviens de ce que tu m’as appris. Lui dis-je. Toi aussi soit prudent, s’il te plait. Je… je ne veux pas te perdre.

- Ca va aller, chérie. Je suis fort, tu n’as pas idée d’à quel point je suis fort alors aie confiance en moi. Me réconforta-t-il, en passant son pouce sur ma main. Amour ? M’interpella-t-il finalement pour me faire tourner la tête vers lui.

Ce que je fis inconsciemment, détaillant son profil qui ne quittait pas les yeux de la route, aussi concentré qu’il pouvait l’être.

- Oui ? Lui demandai-je, inquiète de son besoin d’attirer mon attention sur ce qu’il s’apprêtait à me dire.

- Je t’aime.

Bon sang, si je le perdais j’allais en mourir, aucun doute là-dessus. Il était hors de question que ça arrive, c’était impossible. Et pourtant une angoisse sourde ne quittait pas mon estomac et ma gorge serrée. Et s’il disparaissait de ma vie ce soir, si c’était la dernière fois que je l’entendais prononcer ces mots-là ?

- Michael, je t’… Attention ! Criai-je soudain en voyant une ombre dans le faisceau des phares de la voiture.

Mon compagnon donna un grand coup de volant et la Lamborghini fit une embardée sur le côté, et serait surement partie en tonneau sans les réflexes surhumains du conducteur. Au lieu de ça, le véhicule se stoppa net après un demi-tour brutal.

Michael, une main sur le frein à main, me fixa comme s’il avait vu un fantôme.

- Amour, tu vas bien ? S’empressa-t-il de me demander.

Apres une vérification rapide, je lui répondis par la positive, d’un hochement de tête.

- Michael, c’était quoi ? Lui demandai-je, un peu inquiète, tandis qu’il avait posé ses grandes mains de chaque côté de mon visage, tirant légèrement sur mes paupières inférieures pour examiner mes pupilles. Son air inquiet me dissuada de protester. S’il avait besoin de ça pour se rassurer ça ne me dérangeait pas. Après une ou deux secondes de ce traitement, il me relâcha, mais affichait toujours une expression soucieuse.

- Je suis sûre que tu ne l’as pas touché mais ça ressemblait à… un gros chien.

- Un gros chien… aussi proche de chez moi… ce serait une grosse coïncidence tu ne penses pas ?

- Mais alors… Michael, c’est surement un des loups qui a réussi à s’enfuir. M’écriai-je pleine d’espoir en m’apprêtant à ouvrir la portière pour aller retrouver le rescapé.

- Arrête, reste dans la voiture. On n’est pas sûr que ce loup appartienne à ma meute. Me stoppa-t-il.

- Mais tu as dit que…

- J’ai dit qu’avec les évènements récents, il serait logique que ce soit des vampires, mais je n’en suis pas certain. Ce loup… avec les émotions qui se bousculent en moi, je… je n’arrive pas à savoir s’il m’appartient ou non. Dit-il en fronçant les sourcils. Je vais y aller. Toi, ne bouge pas d’ici, et attends que je t’appelle pour venir.

Sans attendre ma réponse, il se faufila hors de la voiture et disparut dans les ténèbres de la nuit, m’empêchant de distinguer ne serait-ce que sa silhouette.

J’attendis dans le silence le plus complet, espérant capter le moindre petit son pouvant provenir de l’extérieur, et qui pourrait m’indiquer ce qui se passait hors de ma bulle protectrice rudimentaire. J’étais en train de me ronger les sangs, toute seule, pendant ce qui me semblait durer des heures entières alors qu’il n’avait dû se passer qu’une petite poignée de minutes, quand un son étouffé par l’habitacle de la Lamborghini, me parvint enfin.

Je n’étais pas très sûre de ce que j’avais entendu aussi n’osai-je pas sortir, mais quelques secondes plus tard, le son se fit entendre de nouveau, et cette fois-ci, beaucoup plus distinct.

Michael m’appelait et le ton de sa voix ne m’inspirait aucun réconfort.

Je me précipitai hors du véhicule, me cognant la tête à l’armature de la portière dans mon empressement.

- Lucy ! Hurla Michael. Lucy ! Dépêche-toi, je t’en prie.

Mon dieu, faites que ce ne soit pas un de mes amis, par pitié ! Priai-je intérieurement et injustement, je le savais bien, tandis que j’évoluais à tâtons dans l’obscurité la plus totale.

C’était une nuit sans lune et on n’y voyait pas à deux mètres, sans compter que je n’étais pas dotée de l’exceptionnelle vision nocturne des lycans.

- Lucy ! Par ici ! vite ! Hurla de nouveau Michael.

Son ton se faisait de plus en plus pressant, et sa voix m’indiquait qu’il se trouvait encore à plusieurs dizaines de mètres de moi.

Mais bon sang, est-ce qu’on avait encore parcouru une telle distance avec le véhicule après notre rencontre avec le loup ?

- Michael, criai-je à mon tour, continue de me parler, je n’y vois rien, alors je vais me diriger à ta voix.

Soudain un déplacement d’air, juste à côté de moi, me fit bondir à un mètre au-dessus du sol.

- On n’a pas le temps. Me chuchota Michael à l’oreille et en me décollant réellement du sol cette fois-ci. Accroche-toi à mon cou et ne me lâche surtout pas.

Une seconde plus tard nous avions parcouru la distance qui nous séparait de la position initiale de Michael. Bon sang, sortir avec un loup garou avait de sérieux avantages.

En me reposant doucement sur mes pieds, mon compagnon me saisit la main et m’attira doucement vers le sol, avant de la poser sur un pelage particulièrement doux. Je parcourais des doigts la silhouette que je distinguais à peine dans l’obscurité. Soudain mes doigts rencontrèrent quelque chose d’humide et de poisseux, et je n’avais pas besoin de voir pour savoir qu’il s’agissait de sang. Il y en avait beaucoup et je cherchai frénétiquement à trouver une blessure d’où il pourrait provenir.

Michael chuchotait quelque chose au loup blessé et je n’osais interrompre ces mots de réconfort pour lui poser une question… la question.

Enfin il se tut et je décidai de lui faire le compte rendu de ce que j’avais découvert par mes tâtonnements.

- Il ne semble pas y avoir de fracture mais il y a une grosse plaie au niveau des côtes, et d’après les traces de crocs un peu partout… je pense que ce sont bien des vampires qui ont attaqué, les trous sont trop petits pour des crocs de loups. L’informai-je en tentant de ne pas céder à la panique. Je dois m’en occuper tout de suite, ses blessures sont graves et… tout ce sang…

- Je sais, elle en a perdu trop. Me répondit-il.

- Oui mais je vais… soudain le choc de ce que venait de dire Michael me frappa en pleine poitrine et mon cœur s’arrêta l’espace d’un instant, m’empêchant de poursuivre ma phrase.

« Elle » ! Il avait dit « elle » et la seule femelle de la meute c’était…

La main de Michael se saisit de la mienne et la serra fort.

- Lucy, mon amour, la louve que tu vas soigner… c’est Marli.

 

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 20:33

Ça devait être une erreur ! Oui sans aucun doute, une terrible erreur. Marli ne pouvait pas être blessée aussi gravement. Elle… elle était une louve, elle était forte, sans doute la femme la plus incroyablement forte que je connaissais.

- Amour, allez, tu vas devoir te reprendre, je suis désolé mais on n’a pas de temps à perdre. Me secoua un peu Michael.

Sauf que c’était plus facile à dire qu’à faire, surtout, alors que tout ce dont j’étais capable en cet instant, et ce depuis deux bonnes minutes déjà, c’était de vider le contenu de mon estomac dans le fossé au bord de la route.

A l’instant où mon esprit avait assimilé l’idée que le loup grièvement blessé, étendu sur le flanc, dans l’herbe, était Marli, ma Marli, ma meilleure amie, mon estomac s’était contracté, rejetant la nourriture que j’avais ingurgitée, comme mon esprit rejetait à présent l’horrible vérité.

Nom de dieu, comment tout ça avait bien pu arriver ? Pas Marli, c’était complètement inconcevable. Elle était capable de se défendre, je le savais pertinemment, et de toute façon Nathan l’aurait défendu, quitte à y laisser la vie. Soudain, cette réalisation, stoppa les convulsions de mon ventre. Mon dieu, si Marli était blessée, si elle s’était enfuie en laissant Nathan derrière, alors ça voulait dire que…

Je me redressai précipitamment, envoyant valser la main chaude de Michael qui me caressait gentiment le dos pour m’aider à faire passer plus rapidement ma nausée.

- Michael… si Marli est… Nathan… Fut tout ce que je parvenais à articuler.

Mon compagnon afficha un masque sans expression sur son visage.

- Je sais. Se contenta-t-il de dire, mais le léger tremblement dans sa voix m’apprit qu’il était tout aussi inquiet que moi.

- Michael, il faut que je guérisse Marli. Je… je ne sais pas si je vais pouvoir la soigner, mais je dois essayer. Seulement ça va prendre du temps. L’informai-je en finissant de retrouver mon sang-froid.

- Ca va aller, j’ai confiance en mes loups, je suis sûr qu’ils pourront faire face encore…

- Non ! L’interrompis-je sans prendre de gants. Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la maison. Toi, tu te transformes et tu les rejoins le plus vite possible. Pendant ce temps je soigne Marli et on vous rejoint avec la voiture dès que c’est fait.

- Quoi ? Tu es folle, je ne te laisse pas seule ici. S’écria-t-il. Nous sommes à un saut de puce de la maison pour des vampires, ils pourraient t’encercler en une seconde. Je reste et je vous protège, et ensuite on ira ensemble là-bas.

- Bon sang, écoute-moi pour une fois toi aussi ! On n’a pas le temps d’attendre ! Je t’en prie Michael. Lui dis-je en larme. J’ai besoin de savoir que tu vas les sauver, je sais que toi tu peux le faire. Ce… ce sont mes amis à moi aussi, ma famille… et je ne veux pas les perdre. Je t’en prie.

Je voyais bien que Michael était tiraillé entre le besoin de me protéger et celui de protéger sa meute. C’était l’un des choix qu’il ne pouvait pas faire alors je devais le faire pour lui.

- Tu y vas et tu les sauves, c’est bien comprit. Lui dis-je en agrippant le col de sa chemise et en utilisant toutes les forces disponibles en moi pour faire appel à la voix de l’alpha. Maintenant !

Les yeux de mon compagnon s’écarquillèrent de surprise, et l’instant d’après il me serrait dans ses bras.

- Je t’aime encore plus quand tu me donnes des ordres.

Une seconde plus tard, il avait disparu, ne m’indiquant la direction qu’il avait pris, que pas le bruit de ses vêtements se déchirant sous l’effet de sa transformation.

Et je me retrouvai alors complétement seule, dans le noir, et le silence à peine interrompu par le bruit des petits animaux nocturnes et la respiration difficile de Marli.

Allez, ce n’était pas le moment de me laisser aller, je devais me reprendre et faire ce pourquoi j’étais si douée.

M’approchant doucement du corps étendu, je me mis à genoux à côté de mon amie.

- Marli, ma belle, ça va aller, je vais te guérir.

Un gémissement plaintif s’échappa du corps immobile, me faisant comprendre qu’elle m’avait comprise mais aussi qu’elle souffrait.

Je me concentrai du mieux que je le pus sur elle, sur son corps déchiqueté et sa blessure la plus grave.

La vague guérisseuse commença immédiatement son effet, et un soupir de soulagement se fit entendre au même moment. Seulement j’ignorai s’il venait de moi ou de Marli.

Je reconstruisais doucement les chairs déchiquetées de mon amie en tentant de ne pas me laisser déconcentrer par les bruits de la nuit. Le problème était que la guérison prenait un temps considérable et je ne comprenais pas pourquoi. Le pouvoir du loup aurait dû m’aider et accélérer les choses, or, j’avais les plus grandes difficultés à soigner Marli plus rapidement qu’un humain. Soudain, en balayant rapidement le corps de la louve grâce à mon pouvoir, je m’aperçus qu’une zone de quelques centimètres ne guérissait pas alors que j’étais passée dessus plusieurs fois. Je me concentrais un peu plus, accentuant la puissance de la vague, mais rien n’y faisait. Il y avait quelque chose qui empêchait la guérison et qui ne parvenait pas à être expulser des chairs. J’allais devoir utiliser autre chose que mon pouvoir, et ça n’allait pas être agréable.

- Marli. Chuchotai-je doucement pour ne pas l’effrayer. Il y a quelque chose qui empêche mon pouvoir de fonctionner et je vais devoir l’enlever mais… ça risque de faire mal. Alors s’il te plait essaie de ne pas bouger.

Je priai pour qu’elle m’ait entendue et comprise, si, sous l’effet de la douleur, elle se mettait à m’attaquer, j’étais très mal.

Prenant mon courage à deux mains, je m’approchai doucement de la plaie aux côtes de Marli, lui faisant sentir par mon contact que je m’en approchais de plus en plus. Lorsque j’atteignis les bords encore ouverts, de la blessure, la louve sursauta mais ne montra aucun signe d’agressivité. Je plongeai donc les doigts dans les lambeaux de chairs ensanglantés, à la recherche de quelque chose qui n’aurait rien à faire là. Je pouvais entendre Marli gronder doucement en serrant les dents sous la douleur. Merde ! Je détestais vraiment mes capacités dans ces moments-là !

- Ca va aller Marli, je… Je l’ai ! M’écriai-je soudain en retirant un ridiculement petit morceau de… je ne savais quoi. Je tentai ensuite de le nettoyer du mieux que je pouvais dans mon t-shirt avant de le porter le plus proche possible de mes yeux qui s’étaient un peu habitués à l’obscurité. Mais ce ne fut pas ma vue qui m’indiqua de quoi il s’agissait mais mon odorat. L’odeur métallique caractéristique qui se dégagea du petit morceau m’envoya une bonne dose d’adrénaline dans les veines. Bon sang, ce métal, j’en étais sure, c’était de l’argent. Ces enfoirés de vampires attaquaient pour tuer, compris-je avec certitude.

L’angoisse m’envahit en une fraction de seconde. Michael était peut-être fort  mais il était tout aussi allergique à l’argent que n’importe quels loups.

Un autre gémissement plaintif me ramena à ce qui se passait à côté de moi. Marli avait toujours besoin d’aide mais cette fois, je ne pouvais plus me permettre de perdre du temps. J’avais sous-estimé la profondeur de ses blessures et à présent je connaissais un moyen d’accélérer la guérison même si j’étais effrayée à l’idée d’utiliser ce pouvoir que je connaissais encore si peu, sur ma meilleure amie. Pourtant j’étais bel et bien décidée à faire tout ce qu’il fallait pour me rendre le plus rapidement possible auprès de mon compagnon.

 

Dix minutes plus tard, je filais au volant de la Lamborghini de Michael, en direction de la maison de verre et de béton, avec Marli sous forme humaine, sur le siège passager. Je ne cessais de la regarder du coin de l’œil, paniquée à l’idée que l’une de ses blessures ne s’ouvre à nouveau.

- Chérie arrête de t’inquiéter, ça va aller je te dis. Tenta-t-elle de me rassurer, mais sa voix était si faible que l’effet fut inverse.

- Marli, je suis désolée, si nous avions plus de temps…

- Je sais mais ça va, tu as guéris le principal et je ne perds plus de sang. Me dit-elle. Moi aussi je veux arriver le plus vite possible.

Ses yeux, habituellement si pleins de joie, étaient à présent hantés… et je savais pourquoi.

Une fois que la plaie la plus importante avait été refermée, elle s’était sentie suffisamment bien pour se retransformer, et elle m’avait alors expliquée que les vampires avaient attaqué une trentaine de minutes plus tôt, sans que personne ne se rende compte de leur présence. Les loups présents avaient alors essayé de se défendre mais les vampires étaient armés de sortes de griffes en argent et la dizaine de lycans présents avaient tout juste réussi à contenir les cinq assaillants. La rage s’était lue sur son visage tandis qu’elle me racontait les évènements qui s’étaient déroulés quelques minutes plus tôt. Mais la rage fut rapidement remplacée par de l’inquiétude, lorsque Marli me raconta que Nathan lui avait demandée de s’enfuir pour essayer de nous trouver Michael et moi, afin de nous ramener le plus vite possible. Elle avait d’abord refusé, ne supportant pas de laisser son compagnon combattre seul contre les sangsues, mais sous ses supplications, et la conscience qu’il leur manquerait le pouvoir de l’alpha pour gagner cette bataille, elle avait fini par céder. Mais alors qu’elle s’enfuyait, l’un des vampires la rattrapa, et la balança contre l’un des murs de la maison, l’entaillant sévèrement au passage, avec ses griffes d’argent. Sa dernière vision avant de s’enfuir dans la forêt bordant la maison fut celle de Nathan se jetant sur le vampire à mains nues en lui hurlant de courir le plus loin possible.

En y repensant, des frissons d’horreurs me parcoururent entièrement. Seigneur s’il était arrivé malheur à Nathan, Marli ne s’en remettrai jamais, Michael non plus d’ailleurs, quant à moi…

Je décidai de ne pas m’attarder sur cette idée effrayante, je devais être forte, pour Marli, pour Michael, et pour le reste de la meute.

Et c’est ce qui me permit de ne pas céder à la panique en hurlant comme une folle durant le dernier kilomètre qui nous séparait encore de la maison.

Au moment où nous nous engagions dans le chemin de terre menant à la demeure de Michael, je décidai d’éteindre les phares, ne tenant pas à dévoiler notre position aux éventuels vampires qui nous attendaient peut-être.

Aux abords de la bâtisse, tout semblait beaucoup trop calme, comme si tout était fini. J’étais partagée entre l’espoir et la frayeur. Si les combats avaient cessé, qui avait gagné ?

Mais un bruit de fracas suivi de verre brisé me détrompa rapidement. Face à nous, un des vampires venait d’être projeté par l’une des baies vitrées, le corps étrangement plié en deux, comme si un terrible impact au niveau de l’estomac, l’avait propulsé au-dessus du sol. La seconde d’après, un loup tacheté s’élança par le trou formé par le vampire pour lui atterrir directement dessus, ses larges pattes écrasant le torse de la sangsue. Le loup ouvrit alors une gueule gigantesque aux crocs proéminents, et l’abattit sans pitié sur le cou du vampire, détachant sa tête qui roula piteusement sur le côté, dans un « crac » humide qui se répercuta jusqu’à l’intérieur de l’habitacle de la voiture.

Je retins avec peine un cri de joie et me tournai vers Marli à la place.

- Est-ce que c’est Nathan ? Lui demandai-je pleine d’espoir. Marli me fixa avec des yeux surpris.

- Chérie, tu ne le reconnais pas ? C’est Michael. Me répondit-elle en me prenant la main.

J’eu un instant de perplexité, et je regardai mon amie sans comprendre. C’était impossible, mon loup à moi était argenté, et sa robe unie. Mais dans ce cas, s’il s’agissait bien de Michael, alors ces taches sur son pelage, c’était… Du sang !

Le mot s’inscrivit en lettres rouges dans mon esprit et sans prendre la moindre des précautions que mon compagnon m’avait recommandée, je sortis en trombe du véhicule, me précipitant pour vérifier l’état de mon loup. En m’entendant arriver, le lycan se retourna d’un bond, en appuie sur ses pattes arrières, prêt à attaquer. Et bizarrement, loin de me freiner dans mon approche, j’accélérai encore ma course pour le retrouver encore plus vite. Je me jetai à son cou à l’instant où j’arrivai à sa hauteur. Ce geste inconsidéré aurait pu me couter la vie mais Michael avait déjà dû me reconnaitre car il ne manifesta aucun comportement agressif envers moi, poussant même un incroyable soupir de soulagement au moment où mes bras se refermaient autour de son encolure. J’inspectai sans tarder la moindre petite parcelle du pelage de mon compagnon pour me rendre compte avec soulagement que le sang ne lui appartenait pas.

- Michael, ça va tu n’as rien ? Lui demandai-je sans me soucier du fait qu’il ne pouvait pas me répondre.

Il se contenta de poser sa truffe humide dans mon cou et je sus exactement ce qu’il ressentait. Il allait bien, maintenant que j’étais là.

Il se redressa une dizaine de seconde plus tard, les oreilles pointées vers l’avant, le regard fixé derrière moi. Marli venait de sortir de la voiture et avançait péniblement dans notre direction.

- Je n’ai pas pu la soigner entièrement mais elle ne perd plus de sang et sa blessure aux côtes est refermée. Mais Michael… Il y avait un bout de métal dans la plaie et… c’était de l’argent. L’informai-je.

Il avait légèrement remué la queue en voyant Marli, manifestant sa joie de la retrouver vivante, pourtant au moment où j’avais mentionné l’argent, il avait baissé la tête comme un signe de découragement. Visiblement il était au courant et il avait dû voir les ravages que les vampires avait fait sur ses loups. Il fallait absolument que je vois de mes propres yeux ce qui s’était passé à l’intérieur, peut être pourrais-je y faire quelque chose, peut-être certains loups pouvaient encore être sauvés comme je l’avais fait avec Marli, peut-être que mes amis s’en étaient sortis.

Tant de questions sans réponse finiraient par me rendre folle, il fallait que j’aille à l’intérieur pour constater les dégâts par moi-même.

Relâchant finalement mon étreinte, je me dirigeai d’un pas décidé vers la bâtisse, mais Michael s’interposa presque immédiatement, me barrant le chemin de son corps de loup.

- Qu’est-ce que tu fais ? M’écriai-je aussitôt. Je dois aller voir s’il y a des blessés.

Mais mon compagnon me repoussa doucement de la tête, me ramenant vers la voiture.

- Michael… arrête enfin, ce n’est pas le moment de faire l’idiot, je dois…

Un bruit de verre brisé écrasé nous fit alors tous tourner la tête en même temps. Nathan, visiblement pas mal amoché, boitait dans notre direction en passant par la baie vitrée qu’avait détruite Michael.

Il semblait sur le point de s’effondrer à chaque pas. Et mon compagnon accourut à ses côtés pour lui apporter un peu de soutien. Marli se jeta presque dans ses bras, en poussant un cri de joie, sans se soucier de leurs blessures à tous les deux. Heureusement, à part quelques entailles peu profondes, Nathan ne semblait pas gravement blessé et sa faiblesse paraissait plus être due à l’épuisement qu’à autre chose. Du moins, c’est ce qu’il me semblait, j’étais restée un peu à l’écart, laissant les loups profiter de leur retrouvaille. Lorsque Nathan m’aperçut finalement, il se dégagea doucement de l’étreinte de Marli et avança vers moi avec un grand sourire, mimant un « merci » silencieux, les bras tendus en avant, prêt à me serrer contre lui pour avoir sauvé sa femme. Ce n’est que lorsque je vis l’horreur traverser ses yeux que je compris qu’il était trop tard.

Un vampire perché sur l’une des branches de l’arbre le plus proche, se jeta sur moi, me renversant complètement sur le sol, tandis que ma tête venait heurter une grosse pierre. Je n’eus pas même le temps de crier, je n’eus pas non plus le temps de réaliser ce qui se passait réellement. Dans un rugissement de rage, une tornade s’abattit sur le vampire, le propulsant à plusieurs mètres de moi. Marli poussa un cri de frayeur terrible et l’instant d’après la tête du vampire roulait à mes pieds. Je regardai les yeux grands ouverts de la sangsue qui semblaient me fixer d’un air moqueur, un rictus affreux déformait sa bouche en une grimace de douleur. Soudain reprenant mes esprits, je poussai malgré moi un cri d’effroi, reculant autant que je le pouvais, alors que j’étais toujours assise par terre, le sol caillouteux écorchant mes mains. Deux bras puissants s’enroulèrent autour de mes épaules et je hurlai de plus belle, un autre vampire venait m’attaquer. Je cherchai à me défendre, envoyant mes mains, mes pieds, de manière désordonnée sur mon assaillant, tentant de me libérer de cette étreinte d’acier. Un bruit terrible résonnait à mes oreilles et je n’entendais rien d’autre que ces grondements assourdissants. Mon dieu sauvez-moi, priai-je intérieurement, je ne voulais pas mourir, pas comme ça, pas sans lui avoir dit que...

- Lucy ! hurlait Michael à quelques centimètres de mon oreille. Lucy ! C’est moi.

Je cessai de me débattre instantanément. Ce n’était pas un vampire, c’était mon loup garou qui tentait de me calmer et d’endiguer la crise de panique qui était survenue à l’instant où j’avais senti le poids du vampire sur moi. Michael avait dû se retransformer en humain pour m’empêcher de me blesser, et le bruit assourdissant n’était autre que sa voix m’enjoignant de me calmer. Je voulais le rassurer quand un autre cri attira toute mon attention. Cette fois c’était Marli, et elle m’appelait, elle hurlait mon nom avec désespoir.

Je me relevais sans attendre, malgré les protestations de Michael, qui aurait voulu s’assurer que mon choc à la tête n’allait pas me causer plus qu’une petite bosse.

J’accourais vers ma meilleure amie, totalement paniquée, agenouillée devant un corps étendu, agité par de fortes secousses. Je me jetai littéralement à genoux, cherchant à comprendre ce qui s’était passé. C’était Nathan, il m’avait sauvée, il s’était jeté sur le vampire et l’avait décapité à mains nues. Je parcourais rapidement son corps, pris de convulsions, des yeux, cherchant la blessure qui causait tant de panique à mon amie, quand j’arrivai finalement à sa tête. Trois longues estafilades lui tranchaient littéralement le côté gauche du visage, prenant naissance au-dessus du sourcil et s’arrêtant au niveau de la mâchoire. Sa paupière était fermée mais un liquide opaque s’en écoulait, ne me laissant que peu d’espoir quant à l’état de son œil.

Michael arriva à mes côtés quelques secondes après moi.

- Bordel, qu’est-ce que… Nom de dieu, Nathan… Jura-t-il immédiatement.

Marli se tenait prostrée, à côté de son époux, serrant sa main contre elle, tandis que les larmes inondaient son beau visage.

Je me revis soudain quelques jours plus tôt, dans cette même position, serrant la main de Van, tandis qu’il mourrait sous mes yeux impuissants. Non c’était hors de question, je n’allais pas le laisser mourir, je n’étais plus impuissante et j’allais le protéger. Il était à moi, il faisait partie de ma meute et je le sauverai quoi qu’il m’en coute.

- Je t’ai sauvée… n’est-ce pas… tu vas bien… Michael… Michael je l’ai sauvée. Ne cessait de répéter Nathan, en proie au délire. Sa diction était étrange, sa lèvre fendue ne lui permettant pas d’articuler correctement.

- Oui… Nathan, mon vieux, tu l’as sauvée. Ça va aller maintenant, laisse-la prendre soin de toi, elle va te guérir.

- Michael… J’ai… J’ai mal… gémit-il un peu trop doucement à mon gout.

Je me concentrai du mieux que je le pouvais malgré l’angoisse qui grandissait en moi. J’avais déjà utilisé une grande partie de mes forces pour soigner Marli et, devant de nouveau faire appel à mon pouvoir, aussi peu de temps après, je craignais de ne pas y parvenir.

- Tu ne me lâches pas mec, c’est bien compris ! Tu tiens le coup ! Lucy va… Bordel, qu’est-ce que tu fais ? S’impatienta mon compagnon.

Je décidai de faire abstraction de la remarque de Michael qui parlait sous le coup de l’inquiétude et qui ne m’aiderait en rien à me concentrer si je m’y attardais.

- Je l’ai sauvée… n’est-ce pas… Michael… elle va bien ? Michael, je n’y vois rien… je l’ai sauvée n’est-ce pas ? Demandait Nathan, encore et encore malgré les réponses que Michael lui donnaient à chaque fois.

Bon sang mais que se passait-il, et où était ce foutu pouvoir ? Je devais le trouver à tout prix, au fond de moi, je savais qu’il était là, quelque part… au fond… tout au fond… tout près de mon désir de le sauver, de les sauver tous.

La lueur dorée s’échappa de moi dans une explosion de lumière, aussi brillante qu’un soleil, aussi forte que mon besoin de protéger mon ami. Elle s’infiltra en Nathan, nimbant son visage d’une aura angélique. Un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres ainsi que de celles de Michael.

Je me concentrai immédiatement sur son œil qui semblait totalement détruit par les griffes d’argent du vampire.

La reconstruction de son œil me pris de nombreuses minutes et un effort considérable. Mais lorsque la lueur eut fini son travail, l’œil était de nouveau en parfait état et complètement opérationnel.

A cet instant, je relâchai ma concentration une fraction de seconde, totalement épuisée, et la lueur en profita pour s’échapper du corps de Nathan et retrouver sa place au fond de moi.

- Non ! Criai-je pour moi-même. Non ! Je n’ai pas fini !

Mais la lueur refusait de revenir et je m’écroulai à côté de Nathan, sans force, mes membres ne me soutenant plus.

J’avais réussi à soigner son œil et les fêlures tracées par les griffes sur l’os de son crâne, mais il restait les estafilades sur son visage. Pourtant, je savais que sa vie n’était plus en danger et les autres aussi devaient le savoir parce que ni Michael, ni Marli ne me demandèrent de puiser dans mes dernières forces pour finir le travail. Néanmoins, je me forçai à me redresser de moi-même pour continuer la guérison même si je devais utiliser mon pouvoir habituel pour ça.

Mais c’est Nathan lui-même qui me stoppa dans mon action, me souriant de sa bouche fendue.

- Ca va maintenant. Me dit-il doucement. Je vais bien Lucy, grâce à toi.

- Non, tu as encore… Mais je ne parvenais même pas à finir ma phrase.

- Tu n’en peux plus, et s’il te reste des forces, je préfère que tu les utilises pour les autres loups à l’intérieur qui sont plus grièvement blessés que moi. M’expliqua-t-il avec calme. Visiblement mon pouvoir pouvait aussi faire office d’anxiolytique, parce qu’il avait également ramené Nathan à la normal, malgré l’état de choc qui l’avait secoué quelques minutes plus tôt.

- Il a raison amour. Garde tes forces. Tu as été incroyable. Me dit Michael en me serrant fort dans ses bras.

Dieu merci, il était là, et heureusement, sans quoi je me serais complètement effondrée, au sens propre comme au sens figuré.

- Est-ce que les vampires sont tous morts. Demanda Marli entre deux baisers de soulagement qu’elle ne cessait d’administrer à son compagnon qui tentait de se redresser malgré les assauts incessants de sa femme.

Michael réfléchit quelques secondes avant de répondre.

- J’en ai eu deux, un qui m’attendait devant la maison, et l’autre au moment où vous êtes arrivée. Nous informa-t-il.

- Moi aussi j’en ai eu deux en comptant celui-là. Annonça Nathan en nous indiquant le corps étêté du vampire à quelques mètres de nous. J’ai tué celui qui t’avais blessée. Ajouta-t-il pour Marli, en la regardant tendrement et en posant une main sur sa joue. Dieu que ces deux-là s’aimaient ! C’aurait été une véritable tragédie s’il avait été séparés, pensai-je en remerciant le ciel d’avoir Michael à mes côtés. Mais je revenais rapidement à la réalité après un rapide calcul.

- Une minute ! M’écriai-je, reprenant du poil de la bête instantanément et m’adressant à Michael. Marli m’a dit qu’ils étaient cinq. Si tu en as tué deux et que Nathan en a aussi tué deux…

Mais je n’eus pas le temps de finir ma phrase, au loin un cri perçant retentit dans le silence de la nuit, juste avant que la voix de Van résonne sur un seul mot, un seul nom.

- Juliaaaaaaaaan !

 

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 13:28

Bon pour l’heure, j’allais surtout essayer d’évoluer sur la terre ferme sans me tordre une cheville. Un acte plus périlleux qu’on ne le pense lorsqu’on porte des patins à glace pour la première fois de sa vie… et qu’on s’appelle Lucinda Walker.  Pourtant à force de m’inquiéter à chaque pas, nous avions fini par arriver devant le portique d’entrée de la patinoire, trop rapidement à mon goût d’ailleurs, et je commençai à tirer sur le bras de Michael pour retarder mon premier contact avec la glace, le plus longtemps possible, faisant rire mon compagnon par la même occasion.

- Amour, tu n’as rien à craindre. Me dit-il en riant toujours. La glace ne va pas t’avaler tu sais. Et si tu tombes, ce sera dans mes bras, avoue qu’il y a plus déplaisant.

Devant son air confiant, je levai un sourcil dubitatif, juste pour le plaisir de le faire douter de son absolue nécessité.

- Bon on y va mais si tu me lâches et que je tombe, tu devras supporter mes jérémiades sans broncher et accepter l’entière responsabilité de mes blessures de guerre. Dramatisai-je à coup de regard accusateur.

Michael leva les yeux au ciel avec un sourire.

- Que dieu nous garde d’un tel malheur ! S’exclama-t-il en se moquant.

Sur ce, il se pencha et retira ses protège-lames, puis fit de même avec les miens, mon équilibre déjà précaire, m’empêchant de tenir à la verticale sur une seule jambe.

- Et on y va ! S’exclama-t-il en enjambant la délimitation entre le sol moquetté et la glace et en accompagnant ses mots d’une longue poussée sur celle-ci.

Sauf que, me tenant toujours à sa main, je n’eus pas d’autres choix que de le suivre. L’impulsion me propulsa en arrière mais d’un coup de rein je parvins à ramener la partie supérieure de mon corps vers l’avant. Michael me rattrapa de justesse avant que je heurte la surface immaculée et glacée.

- Ok ! Me dit mon loup visiblement surpris. Donc tu n’as vraiment aucun sens de l’équilibre n’est-ce pas ?

- Hé mais une seconde, je patine pour la première fois de ma vie là, alors laisse-moi le temps de m’y faire avant de me critiquer. Tentai-je de me défendre, pendant que j’entreprenais des petites poussées pour tenter d’avancer sans atterrir sur les fesses.

Michael utilisa sa main libre pour la placer sous son menton en prenant un air pensif.

- Euh… moi je n’appelle pas ça patiner mais faire du sur-place. Déclara-t-il avant d’éclater de rire.

Je le frappai de toutes mes forces à l’épaule, ce qui ne le fit pas bouger d’un iota mais me projeta loin de Michael, et je glissai piteusement vers la rambarde, en marche-arrière, en oscillant tant bien que mal d’avant en arrière.

Michael se plia en deux, terrassé par une crise de rire comme je ne l’avais jamais vu en avoir.

- Amour ! s’écria Michael hilare. Apprends à avancer avant de reculer.

- Crétin, c’est ta faute si j’en suis là, on n’a pas idée d’avoir un corps aussi dur ! M’énervai-je. Viens me chercher mainten…

Mais je poussai un cri étouffé avant de finir ma phrase. Je venais d’être heurtée par Michael qui m’avaient immédiatement rejointe à une vitesse hallucinante. Il me serrait fort contre lui en me faisant tourbillonner encore et encore. Je ne savais plus où j’étais, ayant fermé les yeux au moment de l’impact. Celui-ci avait été plus doux que je ne l’avais cru, et je ne ressentais aucune douleur nulle part.

- Tu t’y agrippes plutôt éperdument pour quelqu’un qui critiquait mon corps il n’y a pas dix secondes. Finit par me chuchoter mon compagnon alors que nous nous arrêtions enfin.

- Michael ! Pestai-je les dents serrées. Je te frapperais bien à nouveau si je n’avais pas peur de repartir en arrière.

Le son profond de son rire chaleureux m’envoya une décharge électrique le long de la colonne vertébrale.

- Désolé amour, mais c’était vraiment trop tentant.

Je me contentai d’afficher la moue la plus boudeuse que je possédais. Je n’étais pas vraiment en colère mais je ne voulais pas non plus qu’il se moque de moi. Pourtant je me sentais bien, à cet instant, j’avais l’impression de vivre un moment de couple banal. C’était une situation vraiment ordinaire que chacun aurait pu vivre et c’était terriblement reposant dans ma vie actuelle.

- Bon allez, ne fais pas cette tête, je vais te montrer. Me dit Michael en m’embrassant sur le front.

Il relâcha son étreinte et j’oscillai immédiatement sur mes jambes, de nouveau.

- Michael… couinai-je piteusement.

- Ca va amour, regarde, je ne te lâche pas.

Et en effet, il me tenait fermement les deux mains, avançant doucement à reculons, m’entrainant dans son sillage. Je finis par me stabiliser en refermant ma prise sur ses mains.

- Oui voilà tu y arrives, tu vois ! Me félicita-t-il.

Mais à peine avait-il prononcé ces quelques mots, que je recommençais à perdre l’équilibre.

- Attends, non ! Ne regarde pas tes pieds. Regarde-moi !

- Mais si je fais ça je vais tomber. M’inquiétai-je sans quitter mes patins des yeux.

- Non au contraire tu dois penser à autre chose… hum… voyons ? Demande-moi n’importe quoi, ce que tu veux. J’y répondrais sincèrement et tu pourras me demander tout ce que tu veux. Ça te fera penser à autre chose et tu devras me regarder dans les yeux.

Bingo ! La surprise me fit relever la tête instinctivement pour vérifier l’expression qu’il affichait en me faisant une telle promesse.

Parce que des questions, j’en avais, et elles se bousculaient même dans ma tête. Sauf, qu’aucune d’elles ne pouvaient être posée dans le seul but de me distraire. Aussi lui demandai-je la seule chose qui m’intéresserait suffisamment sans créer un moment d’embarras qui ruinerait le reste de la soirée.

- Pourquoi les loups doivent-ils savoir jouer au hockey ?

Michael resta bouche-bée un instant, sans doute pour s’assurer que je n’allais pas retirer ma question pour en poser une autre à la place.

- Tu es certaine que c’est cette question que tu veux me poser ?

- Oui, absolument, maintenant réponds-moi avant que je m’étale sur la glace.

- D’accord, d’accord, alors regarde mes yeux pendant que je te réponds. Me conseilla-t-il.

Mouais, facile à dire !

- Chaque année, les meutes de la région se réunissent pour un tournoi de Hockey. M’annonça-t-il de but en blanc. C’est un peu comme une réunion au sommet. Amour regarde-moi ! Ça nous permet de régler les problèmes inter-meutes.

- Oh ! Je vois, c’est une bonne idée… je crois. Enfin j’imagine que le hockey est un sport parfait pour régler des problèmes de loups garous. L’effet ne serait surement pas le même autour d’un tricot, je me trompe ?

- Non en effet, on peut régler nos problèmes sur et en dehors du terrain. C’est assez pratique. Chérie, tu ne me regardes pas là ! Les gars ont aussi des petits litiges à régler entre eux alors ça leur permet de se défouler sans risque.

- Oui enfin j’imagine que le hockey n’est pas sans danger non plus.

- Tu oublies à qui tu as affaire ! Me rappela mon compagnon. A moins que l’une des crosses où le palet soit en argent, une partie de hockey c’est une promenade de santé pour nous. Trésor, s’il te plait, mes yeux !

- Et combien de meutes participent à ce tournoi au juste ? Tentai-je de me concentrer.

- Il y en a cinq en tout. Et c’est juste pour la région. M’apprit-il.

- Quoi ? Vous êtes si nombreux ? M’étonnai-je. Je ne pensais pas qu’il y avait tant de loups par ici.

- Eh bien, c’est un endroit agréable, les forêts y sont nombreuses et le territoire suffisamment important pour nous permettre de ne pas nous rencontrer trop souvent. Chérie, ta tête, relève-là ! Et puis toutes les meutes ne sont pas aussi nombreuses que la nôtre.

- Ah oui ? Pourquoi à ton avis ?                  

- hum… s’interrogea-t-il une seconde. Surement parce que nous, on a une super guérisseuse capable de ressusciter les morts.

- C’est arrivé une seule fois et je ne pense pas pouvoir recommencer de sitôt, alors ne fonde pas trop d’espoir en moi tu veux ? Le repris-je.

- C’est impossible ! Je suis fou de toi, comment veux-tu que je ne fonde pas d’espoir en toi. Tu es toi-même mon espoir. M’affirma-t-il.

Bon sang, la conversation était en train de prendre un tournant différent de celui que je m’étais imaginée en posant une question sur un tournoi de hockey.

- Et vous décidez de quoi, pendant cette rencontre inter-meutes ? M’empressai-je de ramener le sujet sur quelque chose de plus trivial. Les mains de Michael se resserrèrent presque imperceptiblement sur les miennes, signe qu’il n’avait pas loupé ma tentative d’éluder le sujet de l’espoir que je représentais pour lui.

- On décide des territoires à attribuer en général. Chérie, tu ne me regardes plus ! Me rappela-t-il une fois de plus.

Bien sûr que non, je ne le regardais pas, j’avais bien trop peur de lire une blessure que je lui aurais infligée, dans ses yeux.

- Vos territoires ne sont pas décidés depuis longtemps ? Continuai-je sur ma lancée.

- Si mais c’est le prix du tournoi. Une parcelle de chasse, très intéressante en termes de gibier, se trouve au centre des territoires de nos cinq meutes. Elle est remise en jeu chaque année, et le gagnant agrandit son territoire pour un an. Lucy, bon sang, tu le fais exprès ? Arrête de regarder tes pieds ! Me rabroua-t-il sèchement cette fois-ci

- Mais c’est fini oui ? Je fais ce que je peux d’accord ! Alors arrête de me reprendre, et en plus, je n’apprécie pas particulièrement que tu m’appelles Lucy ! C’est quoi la prochaine étape ? Je redeviens Walker ? M’emportai-je contre lui en lui tapotant la poitrine d’un doigt accusateur.

Michael releva un sourcil en même temps qu’un sourire se dessinait sur ses lèvres.

- Si je fais abstraction momentanément, du fait que tu préfères quand je t’appelle amour, tu viens de patiner toute seule jusqu’à moi. Dit-il en croisant les bras sur sa poitrine, visiblement très fier de sa méthode d’apprentissage.

- Hé mais c’est vrai ! M’écriai-je, complètement ahurie. Comment j’ai fait ça ? Et regarde, je suis stable en plus.

J’étais si heureuse que j’aurais pu sautiller sur place si je n’avais pas craint de me rompre le cou la seconde d’après.

- Ah amour, tu es tellement mignonne parfois. J’ai envie de te dévorer. Me dit-il en me prenant dans ses bras et en grognant tout bas, contre mon oreille.

- Ne dis pas ça. Le repris-je en fronçant le nez de dégout. Un loup garou ne devrait pas avoir le droit de dire ça à sa compagne.

- Allons, tu sais bien que je ne voulais pas dire que j’allais te dévorer au sens littéral du terme. Tu as la peau, bien trop dur, je m’y casserais les dents. Se moqua-t-il avec un sourire.

- Pff petit malin, je ne parlais pas de ça ! Si tu veux mon avis, je te transformerai en torche humaine avant que tes petites griffes ne me frôlent. Par contre évite de dire que je suis mignonne s’il te plait.

- Oh mais c’est vrai que tu es une dure à cuire. Pardon, je l’avais oublié en te voyant t’accrocher à moi comme si ta vie en dépendait, il n’y a pas deux minutes. Me taquina-t-il. Mais tu crois vraiment être plus rapide que moi avec ton petit fouet de l’enfer ?

- Aurais-je égratigné l’égo du grand Michael Madison en lui affirmant qu’une faible humaine pouvait le battre en terme de vitesse d’action ? Me lançai-je moi aussi dans notre petit jeu du « ce que tu fais je peux le faire mieux que toi ».

Bon ok, je fanfaronnais bien sûr mais c’était vraiment agréable de plaisanter sans retenue avec un homme qui appréciait nos petites joutes verbales. Encore une fois, je prenais conscience que je ne pourrais jamais me laisser aller à être moi-même, de la sorte, avec aucun autre que lui.

- Est-ce que tu sais au moins à quelle vitesse je suis capable d’aller ? Me demanda-t-il en me lâchant et en s’éloignant de quelques mètres.

Un instant le doute s’installa en moi quant à son prochain mouvement. S’il décidait de sauter sur moi sous sa forme lupine, j’étais dans de beaux draps, et ce serait pousser la plaisanterie un peu loin. Mais heureusement son intention était autre. En se propulsant avec une force qui continuait à m’impressionner à chaque fois, Michael commença à décrire des cercles autour de moi, de plus en plus larges et de plus en plus rapides.

Il prenait de plus en plus de vitesse et j’eus bientôt, du mal à le suivre des yeux, les contours de sa silhouette devenant de plus en plus flous. C’était une véritable fusée et je constatai alors avec inquiétude, que les cercles qu’il décrivait se resserraient de plus en plus autour de moi. Heureusement sa vitesse diminua elle aussi et le temps qu’il arrive à côté de moi, il était redevenu assez lent pour que je le vois me sourire.

Finalement il passa un bras autour de ma taille, m’attirant dans l’œil de son propre cyclone. Il veillait bien à ce que je ne tombe pas en me serrant fort contre lui, et j’éclatai de rire, sous la sensation incroyable de tourbillonner dans les bras de mon loup. Quand la tornade se calma finalement, il me souleva du sol à bout de bras, et plongea ses yeux brillant dans les miens avant de me rapprocher de lui pour m’embrasser avec fougue.

Lorsque je retouchai le sol, ma tête tournait, un peu à cause des cercles de Michael, et beaucoup à cause de son baiser.

- Tu vois amour, je gagne dans tous les cas. M’affirma-t-il avec un sourire triomphant. Je gagne touj…

Mais la fin de sa phrase resta coincée dans sa gorge tandis que des perles de sueurs se formaient sur son visage. Les yeux écarquillés en un regard horrifié, Michael s’effondra à genoux devant moi en poussant un cri de souffrance épouvantable. L’instant d’après, un grand vide me submergea, avant qu’une douleur effroyable m’atteigne de plein fouet. Je resserrai une main sur ma poitrine, comprimant le point douloureux à l’endroit où j’avais si mal, juste au niveau du cœur.

- Michael, qu’est-ce que… Haletai-je difficilement, incapable de comprendre ce qui se passait.

- La meute… notre meute… elle… elle est attaquée.

 

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 13:26

Après ce moment difficile, le premier de notre relation en fait, j’avais peur que le reste de la soirée tombe à l’eau. Pour tout dire, je n’étais plus vraiment d’humeur romantique et j’aurais préféré me retrouver un peu seule pour méditer sur mes lacunes et les failles qui existaient encore dans notre relation. Mais c’était sans compter sur la capacité qu’avait Michael, à changer d’humeur comme de chemises. Aussi je n’eus pas vraiment le choix quand il me fit entrer dans un ascenseur, le sourire aux lèvres.

En en sortant, la première chose qui me frappa fut le froid qui envahissait chaque mètre cube de la pièce. Ma robe n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler un vêtement chaud aussi resserrai-je mes bras autour de moi pour préserver le peu de chaleur que j’avais en moi. Qu’est-ce qui avait pris à Michael de m’emmener dans ce frigo ? Je ne voyais pas très bien comment j’allais pouvoir me montrer sexy et romantique en claquant des dents et en tremblant sur mes jambes. Et puis un « em- em- em-bra-sse-sse moi ! » d’une voix chevrotante, il y avait tout de même plus glamour !

En tout cas, je ne voyais toujours pas la raison de notre présence ici. La pièce toute blanche, ne comportait aucun meuble et rien sur les murs. Au fond, il y avait une sorte de cabine vitrée qui faisait vaguement penser à un guichet mais encore une fois, je n’en étais pas sure. En nous rapprochant je distinguai tout de même une petite pancarte qui semblait donner les tarifs de l’endroit, et un avertissement informant que les enfants ne pourraient entrer que s’ils étaient accompagnés d’un adulte.

Ok, chouette, nous étions donc dans un lieu public, mais en dehors de ça, je ne voyais aucune autre indication.

Mon compagnon me conduisit vers une porte aussi blanche que le reste de la pièce. Un petit encadré bleu représentant le dessin stylisé d’une femme m’indiqua qu’il s’agissait d’un vestiaire. Michael s’y engouffrait à ma suite.

- Je suis sure que c’était l’un de tes fantasmes. Ne pus-je m’empêcher de me moquer.

Michael ricana brièvement.

- Tu crois que c’est la première fois que je rentre en douce dans un vestiaire à la suite d’une femme ? Se moqua-t-il à son tour. Amour, tu es cent fois trop jeune pour imaginer tout ce que j’ai déjà pu faire avec une femme.

Il éclata de rire, immédiatement après sa révélation, surement en réaction à la rougeur qui venait d’envahir mon visage.

- Mais ne t’inquiète pas. Chuchota-t-il un instant plus tard. Je t’apprendrai.

Il affichait son fabuleux sourire en coin, celui qui signifiait « j’ai des projets très intéressant pour toi ». Un frisson envahit mes reins tandis que j’imaginais la nature de ces projets.

Sans un mot de plus il me poussa doucement vers le coin opposé à la porte et me tendit le sac à dos qu’il avait sorti de la voiture.

- Change-toi maintenant. M’ordonna-t-il. Bon d’accord, ce n’était pas vraiment un ordre mais ce n’était pas non plus une demande polie. Mais vu l’état d’esprit dans lequel il s’était trouvé quelques minutes plus tôt, j’imaginais que je devais me considérer chanceuse qu’il n’arrache pas la robe lui-même pour me faire accélérer le mouvement.

Comme il venait de s’assoir sur un petit banc en bois qui passait entre les deux rangées de casiers, et ne faisait pas mine de bouger, je me demandai vraiment où il voulait en venir.

- Et… tu comptes rester là, à me regarder ? Pendant que je me change ? Ne pus-je m’empêcher de lui demander, l’air outré. Oui oui je sais, c’était idiot, il était mon compagnon et je n’avais aucune raison de me sentir gênée, mais bizarrement, ce qui se passait dans sa chambre, ne me semblait pas encore correcte hors de celle-ci.

Michael soupira lascivement, avant de poser les mains derrière lui, faisant ressortir son torse musclé, même au travers de sa chemise blanche.

- Je t’ai déjà vue plus nue que ce que je vais voir maintenant. Se contenta-t-il de me rappeler, avant de m’inviter à commencer d’un mouvement de la main.

Mouais, me changer dans les vestiaires d’un quelconque lieu public, alors que je crevais de froid, devant un Michael passablement énervé, c’était exactement l’idée que je me faisais d’une soirée romantique. J’ouvrais tout de même le sac pour voir ce qu’il contenait. J’en sortis mon vieux jean usé, un T-shirt blanc et un pull noir, que je n’avais jamais vu d’ailleurs. Je tournai mon regard vers Michael dans l’espoir d’avoir enfin une explication, mais il évitait soigneusement de me regarder, inspectant minutieusement les écailles de peinture qui commençaient à se former dans les angles du mur.

Très bien, s’il le prenait comme ça, moi aussi je pouvais bouder dans mon coin. S’il ne parvenait pas à digérer le fait que je ne sois pas encore au même point que lui dans notre relation, je ne pouvais rien y faire. Et pourtant ça m’agaçait. Bordel, c’était lui qui m’avait promis qu’il me laisserait du temps. Et puis, après avoir patienté cent soixante ans, était-il si difficile d’attendre quelques jours de plus pour me laisser le temps de m’habituer à lui, à nous, et à tous les changements que ça impliquait dans ma vie ?

Le cheminement de mes pensées m’amenait de plus en plus vers la colère, et la satanée fermeture éclair de ma robe, dans mon dos, que je m’évertuais à atteindre depuis trois bonne minutes, en me contorsionnant dans tous les sens, ne faisait rien pour arranger les choses. A ce stade, j’étais à deux doigts de taper du pied par terre, enfin si je n’avais pas eu peur de me tordre une cheville. Foutu petit bout de métal, qui refusait de rester entre mes doigts, et qui glissait à chaque fois que je tentais un mouvement. Des larmes de frustration commencèrent à s’amonceler au coin de mes yeux. Rien ne se passait comme je le voulais et je rageais intérieurement contre mes inaptitudes ; inaptitude à m’exprimer, inaptitude à comprendre ce que je ressentais, inaptitude à rendre mon compagnon heureux, et même inaptitude à descendre une putain de fermeture éclair. J’allais probablement hurler d’un instant à l’autre quand une main douce et chaude se posa sur ma main qui venait d’agripper le petit bout métallique de la fermeture éclair pour la centième fois, au moins.

- Du calme, si tu as besoin d’aide, il suffit de demander. Me dit gentiment Michael, avant de faire descendre la glissière avec une facilité désarmante. Je suis là maintenant, alors quand tu as un problème, tu n’as qu’à t’en remettre à moi.

Bon sang, je savais bien qu’il ne parlait pas de mon incapacité à ôter cette fichue robe et ça ne faisait que m’agacer un peu plus. Il était tellement injuste qu’il lise toujours si bien en moi, tandis que je n’étais pas capable de lire la plus petite de ses émotions. Tout à coup, ce constat acheva de briser les dernières barrières du calme que j’affichais déjà partiellement. Les larmes se déversèrent alors de mes yeux comme un torrent s’engouffrant par un barrage qui vient de céder.

C’était complètement dingue, j’étais en train de faire une crise d’hystérie pour trois fois rien, et ça ne me ressemblait pas, mais alors pas du tout.

Michael enserra ses bras autour de mes épaules et posa son menton sur ma tête.

- Bon sang je m’en veux tellement. Soupira-t-il. Tout ça, c’est de ma faute.

- Qu’est-ce que tu racontes ? Lui demandai-je entre deux reniflements.

- Tu es plus constante que ça, habituellement, dans ta colère, mais là… tenta-t-il de m’expliquer. Disons que… tu as absorbé mes émotions comme une éponge… à travers notre lien. C’est ma faute. Honnêtement, je l’ai sous-estimé, je ne pensais pas qu’on en était déjà là. Surtout quand on pense que nous n’avons pas encore… Termina-t-il d’un ton pensif.

Pendant ce temps, mes larmes avaient cessé et je devais ouvrir de grands yeux ronds parce que je n’étais vraiment pas sure de tout comprendre.

- Je… je me sens mal depuis ce matin en fait. Lui expliquai-je. Et je trouvais déjà bizarre de me sentir si mal avant de te rejoindre. Est-ce que ça a un rapport avec ça ?

- Hum… difficile à dire mais… j’imagine que je n’y suis pas étranger. Je n’ai pas non plus passé une journée des plus agréables loin de toi et… il est bien possible que tu l’aies ressenti.

- Alors… ce ne sont pas vraiment mes émotions que j’ai ressenti ?

- Eh bien, je ne dis pas que tout ce que tu as ressenti ne t’appartient pas mais, je suis presque certain d’en être le déclencheur. Quand je me suis énervé dans le parking tout à l’heure contre Wade, je crois bien que tu as tout… enfin comme une éponge quoi.

Je me sentais bizarrement rassurée par les paroles de Michael, alors que ça aurait dû être le contraire.

- Et là, est-ce que tu t’efforces de rester calme pour que je ne panique pas ? Lui demandai-je un peu suspicieuse.

Sans me répondre il se contenta de m’embrasser le haut du crâne.

- Tu sais, tu arrives vingt ans trop tard pour jouer le rôle de mon père. Plaisantai-je avant de relever la tête et de lui l’embrasser les lèvres.

Les yeux de Michael s’arrondirent de surprise avant de se plisser pour me sourire.

- Désolé, je voulais juste te réconforter, mais j’imagine que ça fonctionne mieux ainsi. Me dit-il avant de m’embrasser de nouveau.

Et de fait, ce n’était plus d’un père dont j’avais besoin mais bel et bien d’un compagnon. Soudain par association d’idée, une pensée s’imposa à moi. Michael durant sa longue vie, avait-il déjà été père ? Ça n’aurait pas été étonnant, après tout, il y a cent soixante ans, les moyens de contraception n’étaient pas légion. Et si c’était le cas, qu’étaient devenus ses enfants, certains d’entre eux étaient-il toujours vivants ? Mais la voix de Michael m’extirpa de mes réflexions.

- Ca ne va pas amour ? Je te sens agitée tout à coup.

Je ne me voyais pas aborder la potentielle paternité de mon compagnon dans des vestiaires aussi repoussai-je cette idée pour plus tard.

- Ca va, mais je me demandais juste comment faire pour distinguer tes émotions des miennes ? Comment savoir que ce que je ressens m’appartient ?

- Tu y arriveras à force d’être avec moi, quand tu sentiras que ce que tu ressens est déplacé ou que l’émotion est trop subite. Bientôt tu feras la distinction facilement, et en attendant je te promets de faire tout mon possible pour ne pas me laisser aller à des émotions trop fortes…Hum… sauf les bonnes bien sûr. M’affirma-t-il avant de me soulever du sol pour me mettre à sa hauteur et m’embrasser passionnément. Lorsqu’il me reposa sur le sol, pantelante, je ne savais plus du tout pourquoi j’avais pu m’inquiéter de quoi que ce soit. En fait je n’aurais pas non plus été étonnée de ne pas me souvenir de mon propre nom.

- Allez, finis de te changer, et rejoins-moi par cette porte. Me dit-il en m’envoyant une petite claque sur les fesses, presque une caresse en réalité, et en m’indiquant une porte qui faisait face à celle par laquelle nous étions entrés dans les vestiaires.

- Michael ? L’interpellai-je avant qu’il quitte la pièce. Qui est ce monsieur Wade ?

- Oh lui ? C’est le directeur de cet endroit. Mon entreprise a construit le bâtiment alors il me confit les clefs de temps à autre.

- Et ce bâtiment, c’est… ?

- Tu verras amour, tu verras… Me dit-il en m’envoyant un clin d’œil avant de continuer son chemin.

Après la robe, qui était certes magnifique, mais tout de même pas très pratique, c’était un vrai bonheur de retrouver mon bon vieux jean. Le T-shirt était tout aussi confortable et le pull… et bien, étant donné la taille trois fois trop grande pour moi et le merveilleux parfum de musc mêlé à l’eau de Cologne, j’imaginais sans peine qu’il appartenait à Michael. Je me sentais terriblement bien, emmitouflée de la sorte, même si je n’étais, bien entendu, plus aussi glamour. Peu importait, il me restait les sous-vêtements sexy que mon compagnon avait choisi pour moi, et ça me suffisait pour me sentir pleinement féminine. Par contre il restait un petit problème. Michael avait visiblement pensé à tout, sauf à des chaussures. Aussi c’est en chaussettes que je passais la porte qu’il m’avait indiquée.

A l’instant où je la passais, le froid s’intensifia et je me pelotonnai un peu plus dans le pull bien chaud de mon loup. Une seconde plus tard, une lumière vive me força à plisser des yeux tandis qu’une grande étendue blanche se découvrait devant mes yeux.

Une patinoire… j’étais dans une patinoire !

- Que… commençai-je, ahurie.

- Eh bien, je me suis dit qu’après notre bon repas, nous pourrions faire un peu d’exercice. M’expliqua Michael qui venait d’apparaitre à mes côtés.

- Euh… je suis partante pour l’exercice, mais… ce n’est pas exactement ce à quoi je m’étais attendue. Lui dis-je avec un sourire suggestif.

Michael s’esclaffa ouvertement, et son rire se répercuta contre les murs de l’immense salle vide.

- Ça viendra amour, mais pour l’instant j’aimerais voir ce que vaut ton sens de l’équilibre.

Bon, là j’étais mal, étant donné que je ne pouvais déjà pas faire confiance à mon oreille interne pour tenir debout sans encombre, par temps sec et sur semelle plate.

Du patin à glace, mais qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? D’autant que j’avais du mal à imaginer Michael en collant serré, exécutant un triple axel avec grâce et virtuose.

L’image me fit rire et mon compagnon releva l’un de ses sourcils pour m’inviter à lui confier l’objet de mon hilarité.

- Tu sais patiner toi ? Me contentai-je de lui demander.

- Bien sûr, c’est un passage obligé pour tous loups qui se respectent dans la région. Me dit-il en m’entrainant vers un siège des gradins qui ceinturaient la patinoire. Je m’y assis et Michael se mit à genoux devant moi. Un instant, l’idée que cette position m’évoquait fit battre mon cœur un peu plus vite mais Michael rapprocha des patins blancs qu’il commença à m’enfiler.

- Et pourquoi les loups doivent savoir patiner ? Continuai-je tandis qu’il laçait consciencieusement la chaussure droite

- Hum… pour le hockey. M’annonça-t-il distraitement, absorbé par la tâche qu’il exécutait.

Le hockey sur glace, mais bien sûr ! Voilà qui correspondait plus à l’image que je me faisais de Michael.

- Tu joues au hockey ?

- Il y a encore une foule innombrable de choses que tu ne connais pas sur moi amour. Mais ne t’inquiète pas, j’ai bien l’intention de tout te faire découvrir. Me dit-il avant de se relever légèrement en prenant appui sur ma cuisse pour me déposer un petit baiser sur les lèvres.

Je profitai ensuite des quelques minutes qu’il utilisa à lacer le patin gauche pour détailler ce que je voyais de lui. Ses cheveux semblaient terriblement doux et je mourrais d’envie d’y passer la main. En y repensant, je crois que c’est l’une des choses qui m’avait immédiatement attirée chez lui. La première fois que je l’avais vu j’en étais restée stupéfaite.

Environ une semaine après mon installation dans ma nouvelle maison, on avait frappé à ma porte, si fort que j’avais entendu le bois craquer entre les coups. Je m’étais précipitée pour stopper l’importun en train de détruire ma maison, et avais ouvert à la volée la porte, prête à en découdre avec la brute épaisse de l’autre côté.

Sauf, qu’au lieu d’une brute épaisse, j’avais trouvé un Michael en costume, les cheveux répandus de chaque côté de son visage, retombant sur ses épaules et dans son dos, le regard neutre, et la mâchoire frémissante, ce que j’apprendrai à reconnaitre plus tard comme son expression de colère. Mais sur le coup, j’en étais restée sans voix. Et si je ne m’étais pas répétée que cet homme était un inconnu, jamais je n’aurais pu résister à ma première impulsion, celle de passer ma main dans ses cheveux pour vérifier qu’ils étaient réels. Noirs de jais, brillants et lisses, et surtout, si longs que je les voyais se balancer dans son dos, au niveau des reins. Depuis il les avait un peu coupés mais à l’époque j’étais restée sans voix devant ce spectacle. Mon corps avait toujours réagi instinctivement à sa présence, depuis la toute première seconde. Heureusement, mon cerveau s’était remis en marche au moment où il m’avait demandée où se trouvait mon mari, et qu’il m’avait précisée que la situation ne pouvait plus durer, mon 4x4 dans MON entrée, l’empêchant de rejoindre sa demeure avec son Hummer depuis près d’une semaine.

A cet instant, j’avais ri, et je lui avais signifié sans prendre de gant, que la prochaine fois que MON 4x4 le dérangeait, il pouvait toujours essayer de se le mettre là où je le pensais, et que mon mari n’en aurait cure puisqu’il n’existait pas plus que le concept de politesse en la personne de Michael. Sur ce, j’avais refermé la porte en la claquant au nez de mon voisin avant de m’en retourner à mes tâches quotidiennes. Deux jours plus tard, j’avais trouvé mon 4x4 sur le dos, accompagné d’une note m’expliquant qu’une épave pareille n’avait rien à faire sur son chemin et que si je trouvais quoi que ce soit à redire, il serait ravi d’en débattre le soir même à vingt heures, chez lui.

Et c’est ainsi que notre première rencontre chez lui se solda par une embauche, bien contre mon gré, il faut l’avouer. Entre temps Michael avait fait des recherches sur sa nouvelle peste de voisine, et avait découvert mes capacités hors du commun en matière de guérison. A cette époque je n’en étais déjà plus à mes premières armes concernant mes pouvoirs sur les créatures magiques, mais c’était pourtant la première fois que je rencontrais un loup-garou.

Et les trois années suivantes me permirent de parfaire ma connaissance de ces créatures tout en maintenant à distance un Michael de plus en plus intéressé et entreprenant.

Et nous en étions donc là. J’avais parcouru plus de chemin en quelques semaines qu’en trois ans en tant que simple guérisseuse et c’était plutôt encourageant, connaissant mon goût de l’engagement.

- Et voilà, c’est fini ! s’exclama Michael, m’extirpant de mes pensées. Maintenant suis-moi.

Je saisis rapidement la main qu’il me tendait, m’y accrochant comme s’il s’agissait de de mon dernier espoir de survie, et en réalité, en observant la grande étendue lisse et blanche, je me dis que c’était peut-être bien le cas.

 

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