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16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 17:17

Je pris une grande inspiration en sortant de l’immense caverne, et je ne savais pas si elle était due au soulagement d’être sortis de là vivant ou si j’anticipais sur ce qui allait se passer maintenant. La main de Michael, toujours dans mon dos, me rassurait. Elle signifiait qu’il était là, bien présent. Je la sentais et en savourais le contact, la chaleur qui traversait mon haut pour se faufiler jusqu’à ma peau. Je voulais la ressentir plus encore, Dieu que j’aurais voulu sentir cette main sur ma peau pour toujours, ne jamais devoir la laisser partir !

Une voix dans mon dos interrompit le fil de mes pensées.

- Tu as eu de la chance loup. Nous interpella Noah. Si ç’avait été moi le Maître je t’aurais fait courber l’échine ainsi qu’à tous tes chiots pour m’avoir manqué de respect comme tu l’as fait.

Michael ne s’arrêta même pas, ne le fixa pas plus et se donna tout juste la peine de tourner la tête dans sa direction.

- Une chance pour nous que tu ne sois qu’un larbin tout juste bon à transmettre les messages dans ce cas.

Je parvins de justesse à retenir un « prends-toi ça dans les canines ». Les loups affichèrent tous sans exception un sourire fier devant la répartie inspirée de mon compagnon.

- Tu le regretteras sale clebs, toi et ta meute, vous le regretterez tous. Nous menaça-t-il.

Cette fois, Michael se stoppa, et pivota sur lui-même pour faire face au vampire. Ses yeux se transformèrent en saphir instantanément et une brise tiède souleva quelques mèches de ses cheveux ébène.

- Essaie petite sangsue. Gronda-t-il d’une voix pénétrante. Donne-moi une occasion, juste une. Fais-moi ce plaisir !

Noah ne recula pas mais sa mâchoire se crispa avec un craquement sonore. J’étais prête à parier qu’il avait serré les dents si fort qu’il s’en était brisé une. Peut-être était-ce la version vampirique de l’expression « se faire dessus ».

La brise disparut comme elle était venue, et ses yeux reprirent leur couleur émeraude, tandis qu’il faisait demi-tour en replaçant sa main dans mon dos.

- Tu peux retourner auprès de ton Maître, Noah. Nous connaissons le chemin. Le congédia Michael, tout alpha qu’il était. Le vampire ne broncha même pas et je passai mon bras autour de la taille de mon compagnon. Ouais ! C’était mon mec !

 

Je montais les marches menant au tunnel avec un rythme désordonné. Devais-je me dépêcher de sortir de ce lieu de cauchemar ou devais-je prendre mon temps et savourer le peu de temps qui me restait avec Michael ?

Enlisée dans ma propre indécision, je montais une marche rapidement et l’autre avec la lenteur d’un escargot. Les loups, que ce soit le mien ou les autres, ne disaient rien. A ce moment, mes sentiments contradictoires me semblaient si puissants que j’étais prête à parier que chacun d’entre eux pouvaient les ressentir. J’appréhendais chaque pas de plus, me demandant si c’était au suivant que Michael me demanderait de partir en l’abandonnant derrière moi.

Nous finîmes néanmoins par déboucher sur l’entrée du petit tunnel. A ce stade, le soulagement de quitter cet endroit avait complètement disparu en faveur de la peur de perdre Michael. Je ne voulais plus avancer tout simplement. A mes côtés, Michael s’arrêta également, et les autres firent de même quelques pas plus loin.

- Amour…

- Chut ! Dis-je en essayant de paraitre stoïque.

- Am…

- Chut j’ai dit. Tais-toi ! Laisse-moi juste cinq minutes, je vais me reprendre.

Ça allait aller, j’avais juste besoin d’un peu de temps pour accepter la fatalité. Chacun des loups baissait la tête et prenait soin de ne pas croiser mon regard, et Van rajoutait en plus un air sombre que je ne lui avais encore jamais vu.

Un petit clic résonna soudain, plus en avant du tunnel, nous faisant tous tourner la tête dans sa direction avec une expression ahurie. Peu importait, je ne savais pas de quoi il s’agissait mais à cet instant j’aurais accueilli le diable en personne les bras ouverts, s’il pouvait servir de diversion et repousser le moment fatidique de la séparation.

A notre plus grand étonnement, une porte s’ouvrit en plein milieu de la paroi. Une porte cachée dans un tunnel si sombre qu’il était impossible de la voir si on n’avait pas la connaissance de son existence, voilà qui ressemblait bien à la fourberie des vampires. Les loups se tassèrent un peu plus sur eux-mêmes, en position d’attaque, et Michael se plaça devant moi en prévision du nouvel ennemi  à venir. Mais c’est une petite tête aux longues mèches blondes qui  fit son apparition. Un grand sourire aux dents humaines fit immédiatement contraste avec l’obscurité lorsque sa propriétaire m’aperçue.

- Lucinda ! Lumineuse Lucinda ! Je te trouve enfin !

- Sorcha !? M’exclamai-je avec surprise.

Les loups se détendirent tous. Bien que Thomas et moi soyons les seuls à l’avoir rencontrée, j’avais raconté mon histoire à Michael qui l’avait ensuite rapportée à tous ses loups.

- Oh Lucinda ! Je savais que tu étais ici. S’écria-t-elle de sa petite voix perçante, en trottinant jusqu’à moi, sans se soucier des lycans qui la regardait avec curiosité. Arrivée devant Michael et moi, elle se stoppa net et le regarda de bas en haut, pas le moins du monde intimidée. De son côté, mon compagnon ne semblait pas vouloir se décaler et continuait de me protéger de son corps. Je fis un pas sur le côté pour la laisser s’approcher de moi, ce qui n’eut pas l’air de plaire à mon alpha. Sorcha sautilla sur ses pieds en frappant des mains lorsqu’elle me vit complétement.

- Oui ! J’en étais sure ! Gazouilla-t-elle en m’entourant de ses bras pour me planter un petit baiser sonore sur la joue avant de se rapprocher de mon oreille. Les étoiles me l’ont dit. Chuchota-t-elle comme s’il s’agissait d’un grand secret.

- Sorcha, que fais-tu ici ? Lui demandai-je en reculant un peu pour tranquilliser mon compagnon.

La jolie jeune femme fit la moue en pinçant les lèvres.

- Je voulais te voir. Dit-elle l’air renfrognée avant de retrouver son sourire la seconde suivante. Regarde ! Je voulais te montrer ça.

Alors qu’elle se plaçait entre les loups, elle entama une petite danse, tournant sur elle-même de plus en plus vite en battant des mains. La musique imaginaire semblait effrénée et les éclats de rire cristallins de Sorcha emplissaient tout le tunnel.

- Je danse Lucinda, tu vois ? Je danse !

Charmante et douce Sorcha, si innocente et courageuse, et peut-être aussi un peu intrépide. Une demi-vampire dansant au milieu des loups. Sa douceur et sa fraicheur m’arrachèrent un sourire. Et Michael se détendit même un peu à mes côtés.

Puis tendant les bras vers moi, elle chercha à m’attirer dans sa petite chorégraphie. Je lui souris et tendis ma main dans sa direction quand un obstacle inattendu me coupa littéralement la respiration. Le bras de Michael s’était tendu comme un ressort, m’empêchant d’avancer. Je relevai des yeux pleins d’incompréhension vers mon compagnon.

- Non amour… Me dit-il avec douceur. C’est sa fille.

Cette simple explication suffit à me prouver l’étendue de la haine que Michael vouait au Maître.

- Mais… Elle n’est pas dangereuse… Gémis-je comme si cela justifiait mon geste.

Van contourna Sorcha, et se rapprocha de moi. Il regarda Michael puis se pencha vers moi avant de déposer un baiser sur mon front en attrapant mon visage de ses grandes mains.

- Ca n’a pas d’importance. Me dit-il en plantant son regard dans le mien. C’est sa fille. Les loups ne frayent pas avec l’ennemi.

- Mais elle n’est pas comme vous ! S’indigna Sorcha derrière Van. Lucinda est la lumière alors que vous êtes des monstres et des bêtes.

Van se tourna et se redressa pour surplomber la jeune fille de toute sa hauteur.

- Des monstres et des bêtes tu dis ? Gronda-t-il. Et qui es-tu donc pour dire ça ? Mi-vampire, Mi-humaine, tu n’appartiens ni à un clan, ni à l’autre. Tu restes auprès de zombies qui ont troqués leur humanité pour un peu de sang frais, quitte à assassiner des hommes, des femmes, des enfants… Tu es la progéniture contre-nature de ces créatures… alors dis-moi qui est le monstre ici ?

Son plaidoyer terminé, Van croisa les bras sur la poitrine. Sorcha, les larmes aux yeux, se détourna pour fixer le mur.

- Je sais ce que je suis, mais Lucinda est différente, quoi que vous en pensiez, elle ne peut pas être comme vous parce qu’elle est unique… tout comme moi…

- Sorcha… Murmurai-je.

La jeune femme se tourna vers moi dès qu’elle entendit son nom dans ma bouche. Un grand sourire illuminait de nouveau ses traits.

- Lucinda… Je voulais juste… je voulais une amie…

Je me dégageai de l’étreinte de Michael, contournai Van en lui balançant mon coude dans les côtes et vins prendre les mains de Sorcha dans les miennes.

- Je ne sais pas ce que ton père a pu te dire mais les loups garous ne sont pas les monstres que tu imagines. Lui dis-je doucement pour ne pas ajouter à son trouble. Ils m’ont accueillie comme l’une des leurs. Depuis ce jour, je ne suis plus jamais seule. Mais Sorcha, je comprends ce que tu ressens et si tu veux une amie je suis là.

Les beaux yeux bleus de la jeune femme s’agrandirent et son sourire s’étira sur ses lèvres. Ses mains quittèrent les miennes pour venir se nouer derrière mon cou, m’étreignant de ses bras frêles et pales. Les loups se raidirent dans la seconde mais je leur fis signe de se détendre. Sorcha n’était pas une menace quoi qu’ils en pensent. Elle n’était qu’une jeune femme seule et elle me faisait penser à moi, il n’y avait pas si longtemps de cela.

- Tu reviendras me voir n’est-ce pas ? Implora-t-elle contre mon oreille.

Je regardai Michael, cherchant une réponse dans les yeux de mon compagnon. Mais celui-ci secoua la tête en fixant son regard sur un point au-dessus de moi.

- Bien sûr ma belle. Je reviendrai te voir bientôt. Lui mentis-je.

Qu’étais-je censée faire ? Lui annoncer que son père mourrait ce soir, la laissant orpheline et encore plus seule, et que dans le cas contraire, mon compagnon n’y survivrait pas, m’obligeant à me cacher pour éviter le courroux des vampires ? Non, je ne m’en sentais pas capable.

- Merci Lucinda. Dit-elle simplement en m’embrassant sur la joue. J’ai hâte de te revoir.

Sorcha se recula et fit demi-tour d’un bon avant de trottiner tranquillement vers la porte dérobée, dans le mur. Elle s’y engouffra sans même se retourner, nous laissant simplement derrière elle, et fredonna un petit air joyeux tandis qu’elle repartait vers les profondeurs du repaire, ne laissant derrière elle que l’odeur sucrée des roses fraiches.

- Qu’est-ce qui va lui arriver ? Demandai-je à Michael avec inquiétude.

- Je l’ignore, mais…. Nous ne lui feront pas de mal amour. C’est promis.

J’inspirai profondément. C’était déjà ça !

- Bien. Allons-y. Repris-je au bout d’un moment.

Je me dirigeai donc vers la sortie quand l’absence totale de bruit dans mon dos, me fit me retourner. Les loups ne bougeaient pas et le regard abattu de Michael m’informa que quelque chose n’allait pas.

- Quoi ?

- Amour…

Et puis la diversion momentanée que Sorcha avait offerte à mon esprit, s’évapora comme un nuage de fumée.

- Non… Gémis-je. Pas déjà…

- Viens-là ! M’invita-t-il en tendant les bras vers moi. Mais je savais ce que ça signifiait. Un au revoir… Un adieu…

- Michael non… Attends, tu fais une erreur. Tentai-je une fois de plus. Je peux vous être utile et…

- Amour non, ça ne sert à rien. Ma décision est prise.  Me coupa-t-il.

- Non ne fais pas ça… Pourquoi maintenant ?

- Parce que l’occasion est parfaite. Expliqua-t-il en désignant la porte dérobée du menton.

- Mais vous ne savez même pas ce qu’il y a derrière. Et si la horde entière vous y attendait ?

- C’est un risque que nous devons prendre mon amour. Viens maintenant. Réitéra-t-il sa demande.

Je campais sur mes pieds, incapable d’avancer, incapable de bouger, incapable de penser.

Un trou noir se formait dans mon esprit, une sorte d’immense masse béante, engloutissant tout sur son passage, la joie, les rires, et tous les rêves de futur que j’avais fait depuis que Michael m’avait dit qu’il m’aimait. Ne restait que l’obscurité et le froid, la solitude et la tristesse. Il n’allait pas revenir, j’en étais certaine, il n’allait pas revenir.

- Non… Tu ne peux pas… Tu n’y arriveras pas…

Soudain l’air me manquait, je ne pouvais plus respirer. Michael disparaissait de mon champ de vision et c’était tout mon oxygène qui s’en allait avec lui. Je m’accroupissais sans m’en rendre compte, entourant mes jambes de mes bras. La chaleur et le parfum rassurant de mon compagnon vinrent m’entourer presque immédiatement.

- Oh mon amour pardonne-moi. Je ne souhaitais pas ça… Ce n’était pas ce que je voulais pour toi.

Les premières larmes firent leur apparition à la seconde où ses mots s’imprimèrent dans mon esprit. Je m’agrippai désespérément au T-shirt de mon amant, me collant tout contre lui, encore une fois, une toute dernière fois, sentir son corps contre le mien, son cœur battre contre ma paume.

Michael me releva tout doucement et me serra fort dans ses bras. Sa main passa sous mon menton qu’il releva pour que je le regarde.

- Je t’aime. Murmura-t-il simplement, ses lèvres caressant les miennes alors qu’il prononçait ces simples mots.

Pas d’argument, pas de combat, pas de tentative de raisonnement, juste trois petits mots qui achevèrent de me plonger dans un désespoir sans fond.

Je le regardai, ses yeux émeraude luisant faiblement dans les ténèbres ambiant, son nez droit, sa bouche que je savais si douce sur ma peau, les traits de son visage marqués par l’inquiétude et la fierté tout à la fois. Un visage que j’avais vu si souvent et en même temps si peu de temps, un regard qui me fixait avec amour. Je revoyais son sourire dans mon esprit, j’entendais son rire, sa voix grave, ses murmures à mon oreille lors de notre dernière nuit. Je revoyais tout ce qui allait bientôt disparaitre de ma vie en me demandant comment j’allais y survivre. Parce qu’à cet instant, la simple idée de quitter ses bras, sa chaleur, m’apparaissait insurmontable.

- Dis-moi que tu m’aimes toi aussi. Me supplia-t-il.

- Non. Gémis-je faiblement. Si je te le dis, tu disparaitras. Si je te le dis, ce sera la dernière fois… Je ne veux pas que ce soit la dernière fois.

- Ce ne sera pas la dernière fois. Je vais revenir, amour. Me dit-il doucement en caressant ma joue du pouce, récupérant les larmes qui la maculaient. Chut amour, ne pleure pas. Je vais revenir… Je vais revenir… Chuchota-t-il contre mes lèvres avant de m’embrasser.

Son baiser n’était pas réconfortant ni empli de promesses de retour, son baiser était exigeant, exigeant de moi, de tout ce qu’il pourrait emmener de moi avec lui. Je lui offrais ce dont il avait besoin, rendant caresses pour caresses, étreintes pour étreintes. Son besoin était impérieux, il allait tout dévorer, il allait tout emporter. Je ne fis rien pour l’empêcher de prendre ce qu’il voulait, il allait partir et me laisser seule et désespérée, une coquille vide sans amour, sans joie… Sans lui.

- Dis-moi que tu m’aimes. Dit-il à nouveau après son baiser.

- Je t’aime Michael… Je t’aime tellement.

Alors il leva les yeux et fit un signe de tête à Van.

C’était le moment, j’allais devoir partir et le laisser là, laisser mes loups, laisser ma nouvelle vie dans ce tunnel sombre et froid.

Van se tourna vers les autres loups et se gratta la nuque.

- Les gars…

- Ferme-là. Lui ordonna Nathan. On sait déjà. Mettre Lucy en sécurité est plus important que tout.

Van acquiesça et se tourna vers Julian qui se tenait stoïquement le plus loin possible de lui.

- Toi ! Tu es encore sous ma protection alors s’il t’arrive quelque chose…

Julian le regarda surpris avant de lui sourire tristement.

- Je t’avais bien dit que tu ne pourrais plus te passer de moi.

Mais malgré son sourire et le ton badin de sa phrase, la tristesse qui se lisait dans ses yeux ne laissait pas de doute sur l’issue qu’il imaginait pour cette nuit.

Le but était de tuer le Maître, avec la conscience que tout le monde ne reviendrait pas.

- Tu te souviens de ce que je t’ai appris ?

- Je me souviens de tout ce qui te concerne. Lui répondit-il avec un clin d’œil.

- Julian…

- Hé ! C’est bon, ça va aller. Je suis un loup de la meute, elle passe avant tout, c’est ce que tu m’as appris. Le coupa-t-il, la voix légèrement plus aigüe que d’habitude. Merci Van… J’ai aimé chaque instant que j’ai passé avec toi, chaque chose que tu m’as dite, je ne regrette pas mes efforts, je regrette qu’il n’ait pas porté ses fruits, mais ça…

- Tais-toi ! Gronda Van en  parcourant les quelques pas qui les séparaient. Tu te souviens de tout ? Alors souviens-toi de ça.

En une seconde, Il avait plaqué Julian contre la paroi du mur, s’était agrippé à ses cheveux et avait plongé sur ses lèvres.

Julian encore surpris, avait les yeux grands ouverts, les bras le long du corps. Van grogna et les yeux de Julian se fermèrent tandis qu’il posait ses mains sur les reins du lieutenant.

Le baiser dura une bonne minute durant laquelle Van colla son bassin tout contre celui du jeune loup, alors que ses lèvres s’entrouvraient en rythme de celles de Julian et que sa langue se mêlait à la sienne.

Les loups eurent tous la pudeur de regarder ailleurs, mais en ce qui me concernait, je n’arrivais pas à décrocher du spectacle.

Van finit par s’arracher au baiser et posa son front sur l’épaule de Julian qui caressa ses cheveux d’un geste tremblant.

- Tu reviens, c’est clair ? Tu reviens pour moi, j’ai encore des choses à te dire et des moments à passer avec toi, alors tu reviens.

Le sourire de Julian fut plus lumineux que je ne l’avais jamais vu.

- Oui. Répondit-il simplement.

- Bien, allez-y maintenant. Dit Michael en nous ramenant à la réalité.

Je m’agrippai à ses vêtements par pur reflexe, sans même m’en apercevoir et me collait contre lui le plus possible.

Je savais qu’il ne me laisserait pas le choix, quitte à ordonner à Van de me porter sur son épaule, et pourtant la raison n’avait aucune prise sur les réactions de mon corps.

Michael déposa ses mains sur mes doigts crispés et se libéra tout doucement, gardant mes mains dans les siennes. Il m’embrassa une dernière fois avant de laisser Van se saisir de mes épaules et m’entrainer vers la sortie. Je ne quittai pas mon compagnon du regard. Je n’allais peut-être plus jamais le revoir.

 

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 18:31

Lorsque j’avais pénétré dans le manoir la dernière fois, la curiosité l’avait grandement emportée sur tous les autres sentiments que j’aurais dû ressentir. Aujourd’hui, la curiosité avait disparu et la multitude de sentiments négatifs qui résonnaient en moi, semblait parfaitement à leur place entre ces murs nus et abimés. Bien sûr, la décoration du rez-de-chaussée ─ ou plutôt le manque de décoration ─ n’avait pas changé. Tout paraissait vide, sale et délabré, ce qui faisait parfaitement écho à l’état de mon cœur.

- Pour quelqu’un qui refusait catégoriquement que son sale cabot de compagnon vienne ici seul, il y a encore quelques heures, et alors que tu as gagné et que tu l’accompagnes finalement, je te trouve bien abattue, Lucinda. Me dit Noah après quelques pas dans le hall.

Michael grogna, suivi de près par les autres loups, ce qui me permit de sortir un peu de mon état léthargique.

- Pour quelqu’un qui est seul et entouré de neuf loups, je trouve que tu as une trop grande gueule. Répliquai-je à l’intéressé. Quand à mon état d’abattement, ça n’est pas tes affaires.

Noah étira ses lèvres en une grimace qui n’avait de sourire que le nom, dévoilant ses canines au passage.

- Oh mais je ne suis pas seul. Nous nargua-t-il.

La seconde d’après, une multitude de craquements et de grincements des planchers et murs, résonna tout autour de nous. Je tournai la tête dans toutes les directions, essayant d’apercevoir ce qui avait engendré ces bruits. Bien sûr, c’était peine perdue, les vampires semblaient être maîtres dans l’art de se camoufler.

- Parfait, tu as toute ta petite bande de joyeux suceurs de sang avec toi, c’est bien, je suis très contente pour toi. Me braquai-je instantanément.

Noah éclata de rire et se tourna complètement vers moi, avançant à reculons pour me faire face.

- Tu as la langue acérée chère Lucinda, mais c’est ce que j’aime chez toi. Me flatta-t-il. Dommage que celle-ci se retrouve le plus souvent dans la bouche d’un loup.

- Et pas seulement. Le provoqua Michael. Si tu savais ce que cette langue est capable de faire…

Je donnai un coup de coude dans les côtes de mon loup dans l’espoir qu’il la ferme un peu.

- Intéressant… Très intéressant. Je serais en effet curieux de voir ça. Répondit Noah qui ne se démontait pas le moins du monde.

- La seule chance que tu auras jamais d’apercevoir ma langue, c’est quand je cracherai sur ta dépouille décapitée.

- Il ne faut jamais dire jamais. Me dit-il avec un clin d’œil.

Le bras de Michael s’étendit à une vitesse folle, et le vampire se retrouva les pieds dans le vide. Mon compagnon le tenait à bout de bras, sa main enserrant son cou. Le loup rapprocha le vampire à quelques centimètres de son visage.

- Si tu t’avises d’approcher de près ou de loin MA compagne, je te promets une mort très douloureuse sangsue, et même tous tes petits copains ici présents n’y changeront rien. Gonda-t-il.

De nouveau, les craquements tout autour de nous s’élevèrent. Apparemment, la position de Noah ne semblait pas plaire à ses camarades. Nathan posa une main apaisante sur l’épaule de son alpha et Michael reposa le vampire avec aussi peu de ménagement que s’il repoussait le plus nauséabond des déchets.

Sous l’impulsion donnée par le rejet de mon compagnon, Noah fit quelques pas en arrière en se frottant la gorge.

- Nous verrons bien alpha, nous verrons bien. Répondit finalement le vampire d’une voix rendue rauque par la strangulation du loup.

Les loups au grand complet se mirent à grogner de concert et les vampires s’agitèrent de nouveau.

La cacophonie des bruits agressifs nous accompagna tout le chemin jusqu’à la petite porte cachée au fond du hall. Génial ! Exactement ce dont j’avais besoin pour faire retomber la tension.

Le reste du chemin se passa néanmoins sans plus d’anicroches. Je remarquai les sourcils de Van se froncer, tandis qu’il se frottait le menton, alors que nous parcourions le couloir exigu où je l’avais frappé la première fois. Il ne me regardait pas mais je voyais bien que quelque chose le troublait. Etait-il en train de se souvenir de la soirée de sa mort ? J’aurais aimé lui demander mais avec les murs qui avaient des oreilles, je préférais m’abstenir.

Toujours est-il que nous finîmes par arriver devant la porte ouvrant sur le bordel à proprement parler. Je savais à quoi m’attendre dans cette partie du repaire, et l’idée de retomber sur les scènes que j’avais vues dans les petits box, la première fois, me donna envie de faire demi-tour.

Pourtant je prenais la suite de Michael quand celui-ci n’hésita pas à pénétrer dans la grande caverne aux murs tapissés de tentures rouges.

Le silence était pesant, tout juste troublé par le bruit de nos pas. A chaque box que nous dépassions, je constatai qu’il était vide, en dehors de quelques objets laissés sur place et dont j’ignorais le mode de fonctionnement. Ce que je ne souhaitais pas apprendre d’ailleurs.

Visiblement c’était soir de congé pour Vampirella et toute sa clique d’adorateur du cuir. Personnellement je ne m’en portais pas plus mal mais ça pouvait signifier deux choses ; soit le Maître souhaitait nous réserver un accueil particulier, soit il avait besoin de toute sa horde au complet. Et je n’étais pas pressée de découvrir pourquoi dans les deux cas.

Au fond de l’immense salle, entièrement recouvert de sa tunique violette, le Maître nous attendait déjà sur son trône de pierre, Terminator à sa gauche, l’air aussi patibulaire que d’habitude.

Comme la fois précédente, Noah s’approcha et posa un genou à terre en face de lui.

- Mon seigneur, l’alpha, sa compagne ainsi que leur garde personnelle vous ont été amenés.

Techniquement, nous n’avions pas été « amenés », nous avions accepté une invitation, mais les vampires semblaient avoir une façon bien à eux d’arranger la vérité à leur convenance.

Le Maître releva la tête, nous dévoilant ses yeux rougeoyant dans les ténèbres de sa capuche.

- Une garde personnelle de huit loups… je ne sais pas si je dois me sentir flatté ou insulté.

La voix chantante du Maître me choqua autant que la première fois. Comment un être aussi puissant pouvait-il parler avec une voix si claire ?

Il se découvrit la tête, nous exposant ses traits fins et androgynes, sa peau d’albâtre et ses cheveux à la blondeur diaphane.

Son apparente jeunesse me troubla de nouveau.

Michael ne bougea pas, et ne fit montre d’aucun signe de déférence à l’égard du vampire.

- Je viens récupérer le talisman, remettez-le moi et je m’en irai. Se borna-t-il tout juste à dire.

Le ton était froid et son air sinistre ne laissait planer aucun doute sur la haine qu’il éprouvait pour l’être en face de lui.

- Mon cher loup… Commença le Maître d’un air blessé alors que je me raidissais à l’écoute de ces mots. Nous avons à parler ne crois-tu pas ?

- Vous souhaitez peut-être expliquer votre geste. Gronda Michael. Mais sachez que rien de ce que vous pourrez me dire ne sera acceptable au regard de la mort de mes loups.

Le visage du Maître sembla se décomposer à vue d’œil.

- Tes mots résonnent en moi comme un poignard en mon cœur. Tu ne peux tout de même pas croire que j’ai trahi ma promesse de te laisser en paix, toi et ta meute ?

- Cessez de croire que vous m’êtes important, je ne vous fais pas confiance, je ne croirai pas un mot des mensonges que vous me servirez. Répliqua l’alpha.

Le Maître laissa tomber son masque d’homme trahis dans la seconde et se leva avec grâce. Il tourna autour de Michael en donnant l’impression de léviter, passant entre nous deux, me forçant à m’éloigner de mon compagnon.

- Je t’ai toujours préféré agressif plutôt que docile mon loup… Ronronna-t-il en caressant le bras de Michael. Celui-ci frémit en faisant la grimace. Ok, là c’était bon, j’avais été assez prudente pour ce soir.

Je me plaçai entre mon compagnon et le Maître, le forçant à se pousser à son tour.

- Mais les préférences de MON loup, semblent plutôt tournées vers moi désormais. Assénais-je, le regard décidé, en insistant bien sur l’adjectif possessif.

Le Maître consentit enfin à tourner ses yeux rouges sang vers moi et seule la présence de Michael dans mon dos me permit de rester stoïque.

- Il semblerait en effet. Dit-il avec un sourire sardonique. Je ne comprends toujours pas ce qu’une petite oie dans ton genre peut lui apporter néanmoins.

- Et c’est pour cette raison que vous avez envoyé vos vampires me tuer ? Demandai-je sans plus de cérémonie.

A mes yeux, nous avions suffisamment tourné autour du pot et je ne tenais pas particulièrement à ce que le Maître se lance dans ses souvenirs concernant Michael.

- Je n’ai pas envoyé mes vampires te tuer petite sotte, tu m’aies bien trop indifférente.

J’aurais juré que ses mots étaient dictés par sa fierté, étant donné la petite lueur de curiosité que je constatais dans ses prunelles écarlates chaque fois qu’il les posait sur moi.

- Et vous espérez nous faire gober ça sur votre bonne foi ? Rajoutai-je en arquant les sourcils.

Les yeux du Maître se plantèrent bien au fond des miens.

- Ecarte-toi.

Je croisai les bras sur la poitrine. Je m’attendais à entendre Michael tenter de me raisonner d’une seconde à l’autre mais ses deux mains vinrent se poser sur mes épaules en signe de soutien.

- Non.

Le Maître siffla entre ses dents et intensifia son regard. Je savais exactement ce qu’il essayait de faire mais je savais aussi qu’avec assez de volonté ça ne marcherait pas, et de la volonté en cet instant, j’en avais à revendre. L’hypnotisme des vampires ne fonctionnait pas sur moi si je ne le voulais pas, et il était hors de question que je flanche maintenant.

- Ecarte-toi ! M’ordonna-t-il de nouveau avec plus de profondeur dans la voix.

Je sentais son essence tenter de s’infiltrer en moi, je plissai les yeux pour tenter de le contrer sans pour autant détourner le regard.

- Non.

C’était clairement un combat de volonté, mais en sentant la noirceur vampirique de son être se faufiler dans mon esprit, je craignis un instant de ne pas avoir la détermination nécessaire pour combattre un vampire vieux de plusieurs centaines d’années.

Une main se posa sur mon bras, et ma vision périphérique me permit de constater qu’il s’agissait de celle de Van. Merde, si je ne lui en voulais pas tant d’être celui qui allait m’arracher à mon compagnon ce soir, je lui dirais à quel point je l’aimais là tout de suite.

Alors une autre main vint se poser sur mon autre bras, puis une autre et encore une autre, et ainsi de suite jusqu’à ce que je sente huit mains, en plus de celles de mon compagnon.

Je rouvris les yeux en grand et souris au Maître. Je n’étais peut-être pas immortelle, je n’avais peut-être pas la force d’un vampire, ni la rapidité d’un loup, je n’étais peut-être pas la plus forte en ce qui concernait les attributs dont m’avait dotée la nature, mais je n’étais pas seule et c’était tout ce que j’avais besoin de savoir pour battre le Maître à ce petit jeu.

Je le repoussai de ma tête avec force, le faisant vaciller légèrement sur ses pieds.

- Vous aviez pourtant prévenu Noah que ça n’allait pas fonctionner, alors quoi ? Vous ne vous faites même pas confiance à vous ? Et pourtant vous attendez de nous que nous vous croyions…  C’est un peu tordu, vous ne pensez pas ?

- Eh bien on ne peut pas me reprocher d’avoir voulu essayer. Dit-il nonchalamment en époussetant des peluches invisibles sur sa tunique.

- Bien, maintenant que vous avez vérifié votre petite théorie, que les choses soient bien clair, Michael m’appartient à moi seule et il est hors de question que vous déteniez un moyen de le pister où je ne sais quoi. Le prévins-je. Nous sommes venus, nous vous avons écouté, libre à nous de vous croire, à présent remettez-nous la tresse.

Le visage du vampire devint aussi écarlate que ses yeux.

- Toi ! Pour qui te prends-tu pour oser me parler de la sorte ? Tu es encore plus sotte que je ne le pensais.

Sa main marmoréenne s’abattit avec la vitesse d’un cobra sur le torse de Michael, là où mon visage s’était trouvé une demi-seconde plus tôt, juste avant que mon compagnon ne m’attire derrière lui.

- Ne vous avisez plus jamais de porter la main sur ma compagne ! Jamais ! Hurla Michael.

Terminator se retrouva aux côtés du Maître en un rien de temps, tandis que tous les loups se postaient de part et d’autre de nous en montrant les dents.

- Il suffit ! S’interposa néanmoins le Maître entre son garde du corps et nous. Nous ne sommes pas là pour réveiller l’animosité entre nos clans mais pour l’apaiser au contraire.

Je levai un sourcil dubitatif. Est-ce qu’il se moquait de nous ? Qui avait tenté d’hypnotiser puis de frapper la compagne de l’alpha de la meute voisine ? Michael s’empara de ma main et la serra avec force. Ok, j’avais capté le message, je devais la fermer et ne pas me lancer dans une dispute infantile sur le thème du « c’est-toi-qu’a-commencé ».

- Michael. Reprit le Maître d’une voix posée. Mon cher loup, je sais que les apparences sont contre moi, mais tu dois me croire lorsque je t’affirme que les vampires qui ont attaqués ta meute n’ont pas agi sur mon ordre.

Mon compagnon fronça les sourcils en inclinant la tête sur le côté.

- Je ne vous dois plus rien. Répondit-il d’une voix toute aussi calme. J’ai payé ma dette il y a longtemps.

- Il n’y a donc aucune chance pour que tu me croies ? S’alarma alors le vampire. Ne vois-tu pas toute la bonne volonté que je déploie pour te prouver ma bonne foi ? Ma garde réduite, mon invitation courtoise, le cadeau que je t’offre et qui te rendra ta totale liberté ?

Michael lâcha ma main et croisa les bras sur son torse avant de relever le menton. La position de dominance du Maître sur l’alpha était en train de s’inverser et le loup semblait vouloir en profiter. J’imaginais aisément que ce moment avait la saveur d’un doux nectar pour mon compagnon.

- La bonne volonté ? Répéta Michael avec un petit rire railleur. Vous voulez parler de vos dizaines de vampires cachés et qui sont en ce moment même en train d’épier le moindre de nos gestes ? Ou peut-être du fait que Noah se soit débrouillé pour nous forcer à venir ? Et quand vous parlez du talisman… Je regarde mes mains et pourtant je les vois vides. Votre bonne volonté n’est que promesses que vous ne tenez pas, alors comment espérez-vous me faire croire à votre innocence. Vous affirmez ne pas avoir envoyé vos vampires attaquer ma meute et pourtant vous ne niez pas qu’ils vous appartenaient, or il est exclu qu’ils aient agi d’eux-mêmes et vous le savez mieux que quiconque. Vous m’aviez promis la tête de celui qui a jeté le sang au milieu de votre horde, provoquant la mort de mon lieutenant, or je ne vous ai pas entendu prononcer le moindre nom. Et enfin vous m’aviez promis la sécurité des miens en échange de mon sacrifice, or six de mes loups sont morts. Je ne vous fais pas confiance, et je ne vous dois rien.

Les épaules du Maître s’affaissèrent en même temps qu’un soupir douloureux lui échappa.

- Et tout ceci ne te semble pas trop évident ? Allons Michael, tu es plus intelligent que ça.

Le loup éclata de rire de manière si impromptue que nous sursautâmes tous derrière lui.

- Vous n’allez tout de même pas me sortir la théorie du complot à présent ? Même vous, valez mieux que ça. Ricana-t-il. L’un de vos vampires se retourne contre vous et tente un coup d’état ou un Maître rival essaie de vous évincer peut-être ?

- Précisément. Répondit le vampire avec sérieux. Bien que je n’aie pas encore compris de quelle manière mon contrôle sur mes vampires a été détourné, je suis certain qu’une ou plusieurs autres hordes tentent de m’écarter pour récupérer mon territoire. Réfléchis, en nous poussant à nous entretuer, ils feraient d’une pierre deux coups. Ils espèrent sans doute ma mort dans une guerre nous opposant, et ils savent que ça ne se fera pas sans perte de ton côté non plus. Une fois la horde et la meute du territoire affaiblis, en prendre possession ne sera plus qu’une formalité.

Michael plissa les yeux l’espace d’une seconde mais se reprit bien vite.

- J’imagine que vous pensez à une horde voisine en particulier mais vous ne m’apportez aucune preuve et vous espérez toujours que je vous fasse confiance. Et c’est bien là votre plus grosse erreur. La discussion restera stérile tant que je ne peux constater de mes yeux la vérité.

Le Maître se recula d’un pas, ses épaules s’affaissèrent un peu plus avant qu’il se redresse d’un coup, levant le menton, inspirant profondément.

- Michael… Murmura-t-il plus pour lui-même, semblait-il, que pour s’adresser au loup. Tu as toujours été têtu et pendant longtemps, ce trait te seyait à ravir mais laisse-moi te dire qu’il n’en est plus rien.

Michael haussa un sourcil de surprise.

- Vous m’en voyez peiné. Moi qui ne vis que pour vous plaire.

Le ton était ironique et le Maître accusa le coup mais ne laissa rien paraitre en dehors du frémissement compulsif de son muscle maxillaire.

- Je vois. Il n’y a pas si longtemps j’aurais donné très cher pour entendre ces mots dans ta bouche… aujourd’hui tu t’en sers contre moi. N’y a-t-il donc plus rien au regard de ce que nous avons vécu qui…

Mais le vampire s’arrêta au milieu de sa phrase, l’expression de Michael lui répondant mieux que tous les mots qu’il aurait pu prononcer.

Mon compagnon écarquillait les yeux, des pépites bleues s’étendant de plus en plus dans ses pupilles. Sa colère et sa haine devenaient palpables autour de lui.

- Ce que nous avons… vécu… ? Gronda-t-il les dents serrées. Mais vous êtes à côté de la plaque ! Nous n’avons rien vécu d’autre qu’un…

Michael me regarda, inspira profondément et se redressa, retrouvant sa posture digne et confiante. Pourtant j’entendais presque la fin de sa phrase dans ma tête… un viol prolongé…

Le Maître semblait vraiment croire qu’il s’était passé quelque chose entre eux et la nausée me saisit soudain, en même temps qu’une intense chaleur que je commençais à reconnaitre.

Cet enfoiré de tortionnaire avait la prétention de croire que Michael et lui avaient vécu quelque chose de particulier. Le flot d’émotions douloureuses que m’envoyait mon compagnon me submergeait totalement.

Le Maître recula d’un bond derrière Terminator, en sifflant, mais je n’allais pas le laisser s’enfuir, qu’il court se terrer au fin fond de son manoir si cela lui chantait, je le détruirais pierre par pierre s’il le fallait, pour l’atteindre et le…

Deux bras puissants entourèrent ma taille et me tirèrent violemment en arrière, me coupant le souffle. Je voyais toujours Michael devant moi, me regarder avec souffrance. Une main se posa sur mes yeux et la voix de Van, douce et apaisante me murmura de me calmer.

- Arrête Lucy, contrôle-toi. 

Il me fit pivoter sur moi-même et m’étreignit, posant mon front sur son épaule musclé, une main derrière ma tête.

Si je ne parvenais pas à me contrôler, j’allais métamorphoser mon ami en cendres fumantes, et j’avais beau lui en vouloir, quand j’avais pensé à des représailles, le transformer en feu de joie, n’en avait pas fait partie.

- Allez mon chou, un petit effort, ça commence à devenir un peu trop chaud entre nous. Me taquina-t-il.

Sacré Van, jamais foutu d’être sérieux deux minutes, même quand il tenait une bombe à retardement dans ses bras.

Je me concentrai sur ma respiration ainsi que sur la bêtise de mon ami. Lorsque je me décollai doucement de son torse, j’avais retrouvé suffisamment de calme pour constater, premièrement, que la centaine de petits trous sur mes vêtements les mèneraient tous droit à la poubelle. Deuxièmement, que ceux de Van prendraient sans doute le même chemin. Et troisièmement, que le Maitre avait reculé de plusieurs mètres et avait placé son garde ainsi que Noah devant lui comme un bouclier.

Intéressant…

Michael adressa un signe de tête reconnaissant à Van, et me sourit pour me rassurer.

Le Maître finit par se rapprocher mais garda néanmoins une distance de sécurité.

- Je constate que ta compagne contrôle de mieux en mieux ses pouvoirs. S’adressa-t-il à Michael. Je ne sais si c’est une bonne ou une mauvaise chose.

- Considérez que si je ne m’étais pas contrôlée, votre caverne aurait empesté le vampire au barbecue. Le provoquai-je.

- Eh bien disons donc, que c’est une bonne chose… pour l’instant. Même si je doute que ce petit avantage parvienne à contrebalancer les inconvénients que ta présence sur nos territoires va engendrer.

- Quels inconvénients ? Aboyai-je plus que je ne parlai. Est-ce pour cette raison que vous avez envoyé vos vampires me tuer ?

- Je n’aime pas me répéter Lucinda Walker, héritière de la messagère et du banni. Je n’ai pas envoyé mes vampires à tes trousses. Quant aux inconvénients… sache que tu représentes un danger pour tous ceux qui ont connaissance de ce que tu es, aussi, laisse-moi te donner un bon conseil, reste dans l’ignorance, tu rendras un grands service à tes loups.

J’allais lui demander ce qu’était la messagère et le banni quand il m’interrompit d’un geste de la main.

- J’en ai assez vu pour ce soir. Noah ! Appela-t-il. Remets le talisman à Michael et qu’ils partent, lui et les siens. Je ne veux plus rien avoir à faire avec eux.

Je n’en revenais pas, était-il en train de se comporter comme une maitresse trahie ? Noah s’approcha et tendit la tresse à Michael qui, après l’avoir inspectée sous toutes les coutures, sortit un briquet avant de l’enflammer. La tresse disparut en un éclair, ne laissant que quelques volutes de fumées malodorantes dans l’air. La seconde d’après mon compagnon porta sa main à son crâne, là où se trouvait le tatouage et sourit.

- Il a disparu, je le sens. Murmura-t-il.

A ce moment-là, le Maître qui s’était redirigé vers son trône de pierre fit volte-face et nous dévisagea.

- Allez en paix désormais. Je ne veux plus vous revoir ici, ni toi, ni ta meute. Les vampires qui sont morts pour t’avoir attaqué ne constituent pas une entorse à notre pacte, ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient, et j’ose espérer que ta liberté totale représente une réparation suffisante. Quant à tes soupçons sur ma personne… je finirai par te prouver qu’ils n’ont pas lieu d’être.

Michael ne répondit rien et se contenta de faire demi-tour, sa main se posa dans mes reins dans une invitation à le suivre.

Nous franchîmes tous ensemble la grande porte de bois donnant sur l’escalier qui menait à la surface. Et tandis qu’elle se refermait derrière nous, des mots résonnèrent sans que celui qui les avait prononcés n’imagine à quel point il se fourvoyait.

- Adieu mon cher loup…

Oh non ce n’était pas un adieu, les retrouvailles étaient proches. Michael allait revenir, il allait le trouver, et il allait le tuer.

 

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13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 16:38

La vitesse de la Gallardo semblait proportionnelle à l’énervement de Michael, et en l’occurrence, nous roulions vite, très vite.

- Ralentis s’il te plait. Le priai-je d’une petite voix mal assurée, pour la troisième fois. Je n’ai pas envie de mourir avant d’arriver.

- Et par contre ça ne t’embête pas de mourir, une fois chez les vampires, c’est ça ? Brailla-t-il, furieux.

Je soupirai et en profitai pour prendre une grande inspiration. Du calme Lucy, Du calme !

- Tu me rabâches ça depuis qu’on est parti. Et t’énerver ne va rien changer au problème. Tentai-je de relativiser pour la énième fois.

- Rien à foutre, ça me fait du bien ! Ronchonna-t-il.

- Oui mais on va perdre les autres. Dis-je en jetant un coup d’œil au rétroviseur intérieur, les phares du Hummer derrière nous semblaient de plus en plus lointains.

Michael se tourna vers moi en plissant les yeux. Et je dus faire appel à toute ma volonté pour ne pas lui hurler de regarder la route.

- C’est bon Lucy, ils connaissent le chemin. Bordel, tous mes loups connaissent ce putain de chemin.

Je levai les yeux au ciel et croisai les bras sur ma poitrine, le trajet jusqu’au repaire des vampires allait être long.

Bien sûr je comprenais son agacement, tous les plans qu’il avait montés s’étaient effondrés les uns après les autres, mais son manque de contrôle ne pouvait qu’envenimer la situation.

Après sa déclaration sur le fait qu’il souhaitait rencontrer le Maître seul, nous nous étions tous insurgés contre l’idée. Il était inimaginable pour chacun de ceux présents dans la cours que leur alpha aille affronter les vampires à lui tout seul, et je partageais bien entendu leur avis. Noah nous avait laissés nous chamailler pendant une bonne demi-heure avant d’intervenir pour nous signifier que de toute façon, le marché ne fonctionnait qu’aux conditions expresses du Maître. Et Michael, campant sur ses positions avait finalement choisi de refuser en bloc tout compromis, renonçant ainsi à sa liberté totale. Sauf qu’il avait été hors de question pour moi que mon compagnon continue d’arborer la marque localisatrice du monstre qui l’avait torturé pendant quinze ans. Et j’avais accepté le marché sans vraiment plus y réfléchir, soutenue par Nathan qui y voyait une bonne opportunité d’en apprendre d’avantages sur la taupe dont l’identité n’était toujours pas certaine, et par Van qui, lui, voulait… eh bien… casser du vampire selon ses propres termes. Dès lors, acculé par celle qui partageait son pouvoir d’alpha et deux de ses lieutenants, Michael n’avait pas eu d’autres choix que de battre en retraite, à la grande satisfaction de Noah. Il avait bien tenté de faire valoir son statut omnipotent de chef de meute, mais Michael avait toujours appliqué une certaine démocratie au sein de sa meute, et un loup… ça ne change pas facilement. Au final, et bien malgré lui, il avait renvoyé Noah au repaire en lui indiquant qu’il acceptait l’entrevue du Maître et que nous nous présenterions au manoir une fois qu’il aurait réuni sa garde personnelle, reprenant ainsi les propres mots du vampire.

Bien sûr, nous avions dû supporter ses remontrances, ses menaces et sa mauvaise humeur une fois à l’intérieur de la maison mais je crois que chacun d’entre nous n’en avait cure à cet instant. Et finalement c’est Van, toujours là où on ne l’attendait pas, qui lui avait cloué le bec en lui signifiant que c’était l’occasion pour la meute, d’enfin lui rendre la pareille après le sacrifice auquel il avait consenti pour leur bien. Après ça, Michael avait fait son choix parmi ses loups. Ça avait été cornélien et ses décisions avait sans cesse oscillées entre le besoin de prendre le plus de monde possible pour me protéger et celui de laisser ses loups à l’abri. Finalement, ses préférences s’étaient portées sur ses lieutenants, plus Tad et un autre loup du nom de Riley, tous étant suffisamment dominants pour ne pas craindre un contrôle du Maître. Nathan rajouta trois autres loups dont Julian, qui à ses yeux étaient assez fort pour supporter une attaque psychique du vampire. Van protesta, arguant qu’on ignorait encore le degré exact de domination du jeune loup, mais celui-ci s’en mêla et d’une réplique bien placée sur le sens caché que représentait à ses yeux l’inquiétude du loup qu’il aimait, le fit taire.

Notre joyeuse compagnie se composait donc de neuf loups et d’une… je ne savais pas encore trop quoi. En gros, un joli contingent de suicidaires, entassés dans la Gallardo de Michael, le Hummer qui nous suivait et la Camaro de Tad juste derrière. A la faveur de la nuit, nous parvenions presque à passer inaperçus, du moins je l’espérais.

-Tu devrais être fier des sentiments que tu inspires à nos loups Michael. C’est parce que tu es un bon alpha qu’ils sont prêts à tout pour toi. Essayai-je de lui faire entendre raison.

- Tu le prends comme tu veux. Bougonna-t-il.

J’attendais qu’il s’explique mais rien ne venait aussi l’invitai-je à continuer.

- Mais encore ?

- Je remarque que je suis un bien piètre alpha si ma meute pense avoir le devoir de se sacrifier pour moi et de me protéger. Normalement c’est le contraire qui doit se produire.

Je soupirai d’agacement.

- Et je remarque qu’à défaut d’être un bien piètre alpha comme tu le prétends, tu es sans aucun doute un alpha idiot.

Michael me fusilla du regard alors que je continuais.

- Toi qui te targues d’appréhender chacun de tes loups dans leur individualité, tu n’as même pas remarqué que leur désir de t’aider ne provient pas d’un effet de meute mais bel et bien de l’amour que chacun d’entre eux te porte. Voilà près de vingt ans qu’ils se reprochent tous ce que tu as subis.

- Je…

- Laisse-moi finir. Le coupai-je. Je sais que tu ne les en as jamais blâmés, mais ça n’amoindrit pas pour autant le sentiment de culpabilité qu’ils ressentent. Alors si pour atténuer les conséquences de ton sacrifice, ils doivent risquer leur vie pour toi, je pense que pas un d’entre eux n’hésitera.

- Tu veux dire que pour soulager l’impression qu’ils sont responsables de ce qui m’ait arrivé, je dois accepter de risquer leurs vies au mépris de mon instinct de protection ? Déduisit-il maladroitement, détournant mes propos au passage. Riley est marié je te signale, et sa femme et lui essaie d’avoir un bébé.

Je secouai la tête pour lui indiquer que sa tentative d’auto-flagellation ne fonctionnait pas avec moi.

- Et à ton avis, quelle est la probabilité qu’il ait rencontré sa femme et que leur couple ait fonctionné si Riley avait dû se rendre au repaire des vampires pour s’y prostituer chaque soir pour le compte du Maître ? Argumentai-je. Tu penses que tu leur as évité une épreuve terrible mais en réalité c’est un champ d’opportunité de vie que tu leur as offert mon cœur, et ça, il n’y a que toi pour ne pas t’en apercevoir.

A mes mots, le regard troublé de mon compagnon se fixa intensément sur la route. Le reste du trajet se passa dans le silence, mais l’irritation de Michael semblait être légèrement retombée, laissant ainsi plus de place à l’angoisse qui nous vrillait à lui comme à moi, l’estomac.

 

Quinze minutes plus tard, le chemin de terre menant au repaire était déjà en vue, finalement beaucoup trop tôt à mon goût. Michael s’y engagea en douceur mais s’arrêta quelques mètres plus loin. Sa mâchoire se crispa lorsque je me tournai vers lui pour tenter de comprendre la raison de cette halte.

- Si je te demande d’être prudente et de ne pas te mettre en danger, tu vas m’écouter ? Demanda-t-il.

- Je ne sais pas, si je te demande d’arrêter de t’inquiéter pour moi, tu vas m’écouter ? Lui répondis-je ironiquement.

Michael leva les yeux au ciel avant de poser sa large main derrière ma tête et de coller son front contre le mien.

- Je ne sais pas ce qui va se passer mais je sais que tu ne devrais pas te trouver ici. Murmura-t-il contre mes lèvres. Mon instinct me hurle de te sortir de cette voiture et de courir le plus loin et le plus vite possible pour t’éloigner de ce bordel, alors s’il te plait, même si tu me mens, dis-moi que tu ne risqueras pas ta vie bêtement en… je ne sais pas… l’ouvrant quand il ne faut pas par exemple.

Je posai ma bouche sur la sienne, en un simulacre de baiser, mais l’entrouvris, avant de lui mordre la lèvre inférieure.

- Hé ! S’indigna-t-il.

- Je ne vais pas me mettre sciemment en danger si c’est ce qui t’inquiète, mais il est hors de question que je fasse profil bas dans cette histoire. Expliquai-je. Je sais ce qu’on risque alors ne t’en fais pas. On entre, on écoute ce que le Maître a à dire, on récupère la tresse et on rentre chez nous.

- Lucy je…

- C’est bon Michael, je sais, je vais faire attention. Répliquai-je avant qu’il me demande une fois de plus d’être prudente.

- Non, c’est… écoute quand on aura la tresse, si tout se passe bien, le Maître nous renverra chez nous. A ce moment, je veux que tu partes, le plus vite possible. Tu rejoins la voiture et tu t’en vas, c’est bien clair ?

- Qu’est-ce que tu veux dire ? On va rentrer ensemble, c’est ce qui est prévu et…

Je ne finis pas ma phrase. Les yeux de mon compagnon venaient de se poser sur le chemin devant nous, et s’il évitait mon regard, ça signifiait qu’il me cachait quelque chose.

- Oh non ! Non non non non non non ! Répétai-je en secouant la tête compulsivement. Je ne sais pas ce que tu prévois de faire mais c’est une mauvaise, une très mauvaise idée.

- Amour écoute-moi…

- Non ! Tu arrêtes ça ! Le prévins-je en pointant du doigt vers lui.

- Amour tu dois comprendre, je t’en prie.

- Non ! Toi tu dois comprendre ! Tu n’as pas le droit de me faire ça. Je t’ai dit oui, j’ai accepté d’être ta compagne, j’ai baissé toutes mes barrières. J’ai fait ma part du contrat, à toi de respecter la tienne.

Les yeux de Michael exprimèrent soudain une telle souffrance que je ne pus retenir les larmes que je sentais poindre depuis quelques minutes déjà.

Sa main se posa sur ma joue, et son pouce essuya l’humidité salée qui ruisselait de mes yeux.

- Je suis désolé Lucy. Il n’y a rien que je souhaiterais plus au monde. Mais… Nous sommes en guerre, et c’est une occasion qu’on ne peut pas louper. Mon amour calme-toi et écoute-moi. Tenta-t-il de m’apaiser. Si nous avions attaqué les vampires dans leur repaire par surprise, ils nous auraient sentis arriver dans l’instant, mais avec notre présence entre leurs murs, ils supposeront sans doute que notre odeur ne fait que s’attarder sur les lieux.

- Alors tu as prévu d’y retourner et puis quoi ? Tu vas tuer le Maître à toi tout seul ?

- C’est à peu près l’idée, sauf que mes loups viendront avec moi… hum… au cas où.

- Alors je viens aussi. Assenai-je immédiatement.

- Non. Dès que nous serons en mesure de partir, tu rentres. Répliqua-t-il.

- J’aimerais bien voir ça. Dis-je en croisant les bras. Mais à moins de rentrer avec moi, je te colle aux basques, que tu le veuilles ou non.

Michael me sourit tristement et caressa de nouveau ma joue.

- J’ai besoin de te savoir en sécurité, à l’abri et protégée. Je ne te laisse pas le choix Lucy, je suis désolé.

Il n’agissait pas comme s’il essayait de me convaincre, en fait c’était plutôt comme s’il avait la certitude de ce qu’il avançait. Un frisson glacial remonta le long de ma colonne vertébrale.

- Qui ? Demandai-je, le souffle court. Qui as-tu chargé de me ramener contre ma volonté ?

Michael détourna les yeux une fois de plus.

- Van. Répondit-il néanmoins. Je lui fais confiance et il m’a déjà prouvé qu’il risquerait sa vie pour toi si le danger te menaçait… Et je sais que tu n’utiliseras jamais tes pouvoirs contre lui.

C’était un coup bas et je me sentais trahie. D’abord par mon compagnon qui avait monté son petit plan derrière mon dos, et aussi par Van, bien que la raison me dicte qu’il n’avait sans doute pas eu le choix, je me promettais néanmoins de lui en faire baver. Il ne me ramènerait pas sans récolter quelques marques au passage.

- Tu as prévu ça depuis quand ? Demandai-je sur le ton le plus glacial dont j’étais capable.

- Ca n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est que tu fasses ce que je t’ai demandé pour une fois. Même si ça ne te plait pas, c’est la meilleure solution.

- Ca en a pour moi, je veux savoir pourquoi tu ne me préviens que maintenant.

- Pour que tu n’aies pas le temps d’envisager une autre solution. Soupira le loup.

- Alors tu as l’intention de te sacrifier et tes loups aussi au passage. Conclus-je. Je comprends mieux pourquoi ça te rendait dingue de devoir les emmener avec toi.

- Arrête, ne me fais pas passer pour le méchant. Et je n’ai pas l’intention de mourir, pas si ce n’est pas nécessaire.

- Non mais tu t’entends ! Pas si ce n’est pas nécessaire ? Tu envisages donc cette possibilité, et toi, ton choix logique dans l’histoire, c’est d’éloigner la seule personne qui pourrait te ramener ?

- Je suis désolé, c’est trop tard Lucy, ma décision est prise. Me dit-il en passant sa main dans mes cheveux.

Je frappai son torse de mes poings.

- Non ce n’est pas trop tard ! Tu peux revenir sur ta décision, tu peux dire à Van que tu as changé d’avis. Criai-je en pleurant.

- Je suis désolé. Répéta-t-il avant de m’attirer dans une étreinte d’ours.

Un bruit sourd me fit sursauter dans ses bras, et Michael resserra un peu plus ses bras autour de moi.

J’entendis la vitre électrique se baisser, puis Nathan nous dire que nous devions y aller. Je ne bougeai pas, mon front contre l’épaule de Michael. Je tentais de me convaincre que tout allait bien se passer, que quand il retournerait au repaire pour tuer le Maître, l’homme que j’aimais n’allait pas mourir.

 

Noah nous attendait sous le porche, adossé au mur de la grande maison pittoresque, les bras croisés sur la poitrine.

En nous voyant arriver, il jeta un coup d’œil à une montre imaginaire sur son poignet, avant de le lever bien haut pour nous le montrer du doigt.

Ok, nous l’avions fait attendre et ça n’avait pas l’air de lui avoir plu.

En descendant de la Gallardo, Michael en fit le tour et vint m’ouvrir la portière. Personnellement je n’avais pas fait un seul mouvement pour m’extirper du véhicule, mais quand l’air froid s’engouffra dans l’habitacle, je me redressai néanmoins pour en sortir.

J’étais totalement abattue, je n’arrivais pas à retrouver la colère qui m’avait habitée toute ma vie durant et qui me poussait à avancer quoi qu’il arrive. Mon compagnon allait mourir ce soir, il allait mourir et je n’allais pas être là pour le sauver. Mes amis allaient eux aussi mourir et pour ma part j’allais rentrer bien tranquillement me coucher dans un lit bien chaud. J’avais pourtant toujours su ce que la guerre impliquait, j’avais bien compris qu’ils n’allaient sans doute pas s’en sortir et pourtant, maintenant que le grand soir était arrivé, je ne pouvais pas me résoudre à voir l’innommable se produire. Les mots de Michael résonnaient dans ma tête encore et encore, et je cherchais désespérément une faille ou un détail dans toutes les informations qu’il avait pu me donner sur les vampires, qui pourrait me donner une lueur d’espoir, une possibilité pour qu’ils s’en sortent, qu’ils soient plus forts que les suceurs de sang. Pourtant, rien n’y faisait, ça n’était pas très compliqué, ça n’était même pas magique, un vampire était plus fort qu’un lycan, un point c’est tout. Ils allaient se faire massacrer en tuant le Maître, non rectification, en essayant de tuer le Maître, parce que finalement, rien n’était moins sûr.

Une fois à l’extérieur, je regardai les loups qui nous accompagnaient, ceux que j’avais forcés Michael à prendre avec nous contre son gré, ceux qui allaient tous périr par ma faute.

Nathan esquissa un petit sourire qui se voulait encourageant mais qui eut l’effet d’un coup de poignard dans mon cœur. Mon dieu, comment allais-je pouvoir regarder Marli dans les yeux après ça ? Thomas, très concentré, ou un peu ailleurs comme il l’avait été ces dernières vingt-quatre heures, regardait droit devant lui, les sourcils froncés. Julian semblait monté sur ressort, inconscient qu’il était du réel danger. Tad, Riley et les autres loups observaient la grande bâtisse avec des yeux de professionnels, et je savais qu’ils cherchaient soit un moyen d’entrer sans se faire repérer, soit une issue pour s’échapper, le moment venu.

Quant à Van… Van prenait grand soin de regarder partout, sauf dans ma direction. Il évitait sciemment mes yeux encore rougis par les larmes. Le sale enfoiré ! J’allais lui faire payer !

Michael me serra contre lui, embrassa ma tête et respira plusieurs secondes mes cheveux.

- Tu es prête ? Me demanda-t-il doucement. Il faut que nous y allions.

Je relevai la tête et le fixai dans les yeux.

- Je ne serai jamais prête pour ça. Lui répondis-je la gorge serrée.

Malgré tout, lorsqu’il entama la montée des marches en direction du vampire, je lui emboitai le pas, suivi par nos loups et par la sensation terrible qu’après ce soir, plus rien ne serait jamais comme avant.

 

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 19:19

- Bon sang, c’est quoi ce bordel ! Hurla Michael pour couvrir les explications complètement paniquées de Tad.

- Un vampire ! Un vampire… juste là, sous nos yeux… dans la cour… devant la maison…

Ok, pas besoin d’être un génie pour savoir ce qui allait se passer dans la seconde qui allait suivre. Michael en arriva visiblement à la même conclusion que moi. Il se tourna au même instant que moi vers Van. Celui-ci, les yeux écarquillés d’horreur fixait la porte comme s’il avait voulu la détruire. En un quart de seconde, je sus ce qui se passait dans sa tête. Ce soir, Julian était parmi les loups qui montaient la garde.

- Van ! Hurla Michael. Bordel de merde! Van, reviens tout de suite on ne sait pas… merde !

Trop tard ! Sautant par-dessus les loups toujours assis par terre, bousculant ceux qui s’étaient relevés à l’annonce de Tad, Van s’était engouffré par le trou béant qu’il venait de faire en fracassant la porte qui s’était refermée derrière le dernier arrivant.

- Nathan, tu viens avec moi ! Hurla Michael en s’engouffrant à la suite de son troisième lieutenant. Et Thomas tu… tu restes avec la meute et s’il se passe quoi que ce soit… je compte sur toi.

- Compris !

J’allais m’élancer derrière eux quand mon compagnon se retourna subitement, évitant de justesse le corps massif de Nathan qui le suivait de près.

- Lucy, tu restes ici !

- Surement pas, Michael ! Dis-je d’une voix atone et reprenant ma route comme s’il ne m’avait pas arrêtée.

- Bordel ! Si tu es leur cible, tu ne crois quand même pas que je vais te servir à eux sur un plateau d’argent ! S’époumona-t-il.

- Ca commence à bien faire maintenant ! Criai-je à mon tour en pointant mon index sur sa poitrine. Tu ne leur sers rien du tout, j’y vais de moi-même. Arrête de croire que tu es responsable de tous mes actes ! Je ne suis pas une poupée !

Et sur ce, je le dépassai et atteignis les marches sans qu’il ne puisse esquisser un geste de plus pour me retenir.

Je courais dans les escaliers, manquant de trébucher plus d’une fois, rattrapée à chaque fois par Michael qui m’était repassé devant. Il ne me regardait même pas, me remettait sur mes pieds et recommençait à monter les marches au pas de course.

Une fois au rez-de-chaussée de la maison, Nathan et lui se faufilèrent jusqu’à l’entrée, vérifiant qu’aucun vampire n’était entré dans la maison, et je les suivais aussi furtivement que possible.

Des cris percèrent de l’extérieur au moment où nous atteignions la porte d’entrée. Michael se retourna brièvement, comme pour me dire quelque chose mais se tut finalement en poussant un soupir.

Bien joué chéri ! Encore une remarque sur la nécessité de me protéger et j’explosais.

- Espèce d’enfoiré ! Hurlait Van alors que nous sortions tous les trois. Lâche-le ! Tout de suite !

Et merde !

Au centre de la cours, juste devant la maison, le vampire, entouré de deux lycans sous leur forme lupine et de Van, tenait Julian devant lui comme un bouclier vivant, un bras sous son menton, une main reposant d’un côté de sa tête, et l’autre à l’opposée. En bref, d’une seule impulsion, il pouvait lui briser la nuque sans effort.

Mais ce n’était pas tout, à en juger par les cheveux sombres et courts, le port altier, même dans cette situation périlleuse et… le sourire charmant qu’il m’avait lancé en me voyant arriver… ce vampire, c’était Noah.

- Je le lâche si tu rappelles tes chiens de garde. Répondit le vampire d’un ton très calme.

- Lâche-le d’abord. Décréta Michael, avec le même calme que Noah.

Bon sang, mais c’était quoi cette situation ? Van paniquait complètement, Michael et Noah s’affrontaient du regard mais affichaient un calme olympien et Julian… Julian semblait prêt à se transformer d’une seconde à l’autre pour arracher la tête du vampire.

- Je n’ai rien fait de répréhensible. Se défendit Noah. C’est ce gamin qui s’est jeté sur moi avant même d’avoir pu dire « sale cabot ».

- Il a suivi mes ordres, maintenant lâche-le avant que le descendant des Hellsing te montre pourquoi son clan est si redouté par ton engeance.

Et en effet, Van semblait sur le point de détruire le monde entier. Il tremblait de tout son corps sous la tension que ses muscles subissaient pour ne pas se transformer et se jeter sur le vampire.

- Très bien ! Du calme mon loup, je vais le lâcher mais reculez un peu, un coup de croc involontaire est si vite arrivé ! Dit Noah en souriant.

Les lycans reculèrent de deux pas mais Van ne bougea pas d’un millimètre. Noah soupira puis d’un mouvement rapide, poussa Julian assez fort pour que celui-ci atterrisse dans les bras de Van, l’empêchant ainsi de s’attaquer à lui.

- Hé, Lucinda ! Chérie ! Comment allez-vous ? Me demanda-t-il avec un grand sourire, exposant ses canines à la vue de tous.

- Qu’est-ce que vous fichez ici ? Lui répondis-je en croisant mes bras sur ma poitrine.

- Allons, allons ! Pourquoi tant d’hostilité ?

- Je ne sais pas, peut-être parce que la dernière fois que je vous ai vu, j’ai failli mourir à plusieurs reprises en quelques heures… où peut-être parce que des membres de votre clan ont attaqué ma meute et tué six de mes loups ! Répondis-je avec du venin dans la voix.

- Ainsi c’est donc vrai…

- Et tu prétends ne pas être au courant ! S’indigna Michael. Des vampires attaquent ma meute et tu oses prétendre que…

- Chaque chose en son temps ! Le coupa Noah. Je faisais référence à l’erreur monumentale de Lucinda concernant ses choix amoureux.

Je soulevai un sourcil tout en plissant les yeux, ce qui, croyez-moi, n’est pas une mince affaire.

A mes côtés, Michael se raidit.

- C’est-à-dire ? Demandai-je.

- Ah Lucinda, douce Lucinda, envoutante Lucinda… Où est donc passée la femme qui m’affirmait sans la moindre ambiguïté, qu’elle ne formerait jamais un couple avec cette acariâtre et répugnante monstruosité de poils et de griffes ?

L’ensemble des loups se mirent à grogner.

- Les choses changent. Dis-je sans me départir de ma dignité.

- Et pas toujours en bien si j’en juge par l’odeur putride que tu portes sur toi et que le vent mène jusqu’à mes narines. Conclut-il avec une moue de dégoût.

Ainsi donc, le vouvoiement n’était plus de mise. Parfait, je ne le respectais pas assez pour continuer de l’employer moi aussi.

En attendant, je retenais difficilement le réflexe de porter mon avant-bras à mon nez pour vérifier ses dires, bien que je sache qu’il parlait de la marque de Michael.

- Assez Vampire ! Intervint mon compagnon en passant un bras possessif mais rassurant autour de mes épaules. Tu es conscient qu’elle est mienne, tu sais donc que je ne tolèrerai pas que tu tentes quoi que ce soit pour me l’enlever. A présent donne-moi une bonne raison de ne pas laisser mes loups te réduire en charpie pour t’être aventuré un peu trop loin de ton territoire.

Noah leva les mains devant lui en signe d’impuissance, ou de reddition peut-être, comme la première fois que je l’avais vu, dans la lueur des phares de mon 4x4.

- Mais on ne tire pas sur le messager ! Chantonna-t-il en dodelinant de la tête.

- Bien ! Dans ce cas, transmets ton message et va-t’en ! Gronda Michael qui commençait à perdre patience.

Le vampire leva les yeux au ciel en secouant la tête.

- Vous, les loups, ne savez vraiment pas recevoir ! Alors quoi ? Vous n’allez même pas m’inviter à boire un verre ? Dit-il en laissant ses yeux virer au rouge tandis qu’il fixait mon cou en se léchant les lèvres.

Michael resserra imperceptiblement son étreinte.

- Je ne sais pas… Dit néanmoins mon loup. Si tu acceptes de te laisser démembrer par la suite, ça peut se négocier…

Le rictus mauvais de mon compagnon me fit frémir des pieds à la tête. Je ne le voyais que rarement utiliser cette expression, elle semblait réservée aux vampires.

- Vraiment pas drôle… Soupira Noah. Une bande de rabat-joie Lucinda ! Tu devrais te raviser et me choisir à sa place, je suis certain que…

- Le message ! Rugit Michael, faisant trembler les murs de béton derrière nous.

- Et pas patient avec ça ! dit le vampire, provocateur. Bien, bien, le message donc ! Vous êtes, toi et ta compagne, ainsi que ta garde personnelle, invités au manoir par le Maître en personne. Ceci afin de régulariser le malentendu qui risquerait de mener à une guerre prochaine.

Merde ! Voilà qui n’allait pas arranger nos affaires !

Notre plan reposait sur le principe de neutralité du territoire. Mais cette invitation impromptue le mettait clairement à mal. Quelle raison donner au Maître pour refuser cette invitation, sans insulter celui-ci, et par conséquent, sans dévoiler l’intention belliqueuse de la meute à l’égard des vampires. Ou alors, pouvions-nous retourner la situation à notre avantage ? Michael pensa visiblement à la même chose.

- Le Maître espère-t-il sincèrement qu’après l’accueil reçu la dernière fois, et l’attaque des siens ces derniers jours, nous allons accepter sa convocation au repaire, sans poser de questions ?

Noah prit un air indigné qui aurait rendu fou de jalousie un acteur de telenovelas sud-américaines.

- Mais dans les deux cas, le Maître n’était pas l’instigateur de ces attaques. Il ne souhaite pas la guerre entre nos deux clans et c’est pour cette raison qu’il vous tend la main.

Les traits de Michael se durcirent. Noah espérait-il vraiment nous faire gober ça ?

- Si je comprends bien, tu insinues que le Maître n’a pas envoyé cinq de ses vampires attaquer mes loups ?

- Je n’insinue rien du tout, j’affirme ! Assura stoïquement Noah. Nous avons en effet constaté la disparition de certains des nôtres il y a quelques jours, mais lorsque le Maître a tenté de ressentir leur essence, il ne restait déjà plus que Tom et celui-ci se trouvait sur ton territoire, dans ta maison. Très peu de temps après, la rumeur a commencé à se rependre comme quoi ta meute aurait été attaquée. Nous avons rapidement fait le rapprochement. Nous avons tenté de comprendre pourquoi ces vampires s’en sont pris aux tiens d’eux-mêmes mais le mystère reste entier malgré les techniques plutôt convaincantes du Maître pour découvrir la vérité.

Michael frémit contre moi. Merde ! Il n’y avait rien ou presque, capable de faire frémir un alpha. Je passai mon bras dans son dos et le rapprochait un peu plus de moi. Si un jour Michael consentait à me raconter les sévices que le Maître lui avait infligés, je doutais de pouvoir garder suffisamment de contrôle pour ne pas carboniser tout ce qui se trouverait autour de moi.

Je notai également que le vampire serial-killer – quoique ce fut un euphémisme – avait répondu au doux nom de Tom. La bonne blague ! J’avais été qualifiée de « petite souris » par un mec appelé Tom… bon au moins, comme dans le dessin animé, il n’avait pas réussi à m’attraper.

- Et tu comptais sur la confiance que je te porte pour me faire avaler ça ? Ricana Michael. Qu’est-ce qui me dit que la convocation du Maître n’est pas un piège pour me tuer moi, ma compagne et mes loups les plus forts ?

- L’invitation ! Le reprit Noah.

- A d’autre, tu veux ! S’indigna le loup. Le Maître n’invite pas, il convoque ! Et tu le sais aussi bien que moi. Seulement cette fois-ci, le pacte a été brisé et je ne suis pas tenu de suivre ses ordres. Néanmoins… je pourrais y réfléchir… sur terrain neutre… et à condition de pouvoir choisir le lieu de rencontre.

Mon loup prenait l’air détaché de celui qui venait de penser à une bonne idée, se frottant le menton au passage.

Bien joué chéri !

- Tu sais comme moi qu’il ne se déplacera pas… même pour toi. Ajouta-t-il avec dédain.

- Dans ce cas nous sommes dans une impasse. Je n’irai pas au repaire ! Trancha Michael.

Le vampire prit un air affecté.

- N’en sois pas si sûr loup. Le Maître tient réellement à s’entretenir avec toi et il se doutait que tu refuserais son invitation. Dit-il en insistant sur le dernier mot.

- Ne te moque pas de moi, sangsue ! S’énerva soudain Michael. Le Maître n’a plus la possibilité de me faire agir à sa guise ! L’alpha que je suis ne se soumettra pas à son bon vouloir !

Noah ne sembla pas le moins du monde ébranlé par ce refus catégorique. Au lieu de battre en retraite, il se contenta se plisser les yeux et d’afficher un sourire confiant, avant de lever le poing dans notre direction.

- Même pas pour ça ? Demanda-t-il en ouvrant la main, laissant se dérouler une longue tresse où s’entremêlaient de longs cheveux noirs et de longs cheveux or,  qu’il pinçait entre le pouce et l’index.

Le dos de Michael, sous ma caresse, se noua tandis que je sentais sa poigne sur mon bras se resserrer jusqu’à me faire mal.

- Non… c’est… il ne te l’a pas confié… c’est impossible. Marmonna-t-il.

Je fixai son visage totalement ahuri avant de ramener mes yeux sur le vampire puis sur les autres loups présents qui avait gardés forme humaine. Van semblait proche du point de rupture, Julian paraissait aussi perdu que moi et Nathan plissait les yeux, l’air suspicieux.

- Qu’est-ce que ça signifie ? M’aventurai-je à poser la question.

Michael laissa retomber son bras puis se recula d’un pas avant de tourner la tête sur le côté.

 Là, il écarta ses cheveux du bout des doigts pour m’exposer un morceau de peau d’environ deux centimètres carré de couleur noir. En me concentrant, je constatai que cette coloration n’était pas naturelle et qu’elle constituait un entrelacs de petits signes cabalistiques, comme une sorte d’écriture mais à la taille si infime qu’elle était illisible à l’œil nu. C’était un… tatouage.

Mais pourquoi Michael avait-il un tatouage dans les cheveux ? C’était l’endroit le plus inapproprié qui soit, et surtout je ne comprenais pas le rapport avec la tresse que tenait toujours Noah.

- Qu’est-ce que c’est Michael ? Demandai-je, de plus en plus inquiète.

- C’est son… collier pour chien. Répondit Noah, devançant mon compagnon qui semblait vouloir le pétrifier du regard. Enfin, disons plutôt que c’est une sorte d’émetteur GPS magique.

J’écarquillai les yeux tandis que je commençais à comprendre.

- Le Maître… il t’a… Commençai-je péniblement.

- … Marqué. Finit Michael avec du dégout dans la voix. Comme on marque du bétail... Grâce à cette marque, il sait toujours où je me trouve.

Je n’arrivai pas à croire ce que je lisais dans les yeux de mon loup… Comme une sorte de découragement, une résignation qui ne lui ressemblait pas.

- Mais tu as tenu ta parole ! M’écriai-je. Tu as… quinze ans, c’était suffisant… pourquoi ?

Je n’y comprenais rien, pourquoi Michael était-il toujours lié au Maitre ? Et de cette façon si abjecte ? Comme s’il n’était qu’un objet que l’on peut perdre et retrouver à sa guise.

- Quand Michael est entré au service du Maître, il l’a marqué, comme il le fait avec chacun des membres de son clan. M’expliqua Noah en tournant la tête pour me montrer une zone, à la racine de ses cheveux, dans sa nuque. Là, une région plus sombre me sauta aux yeux. Il nous marque de son sang, avec un sort magique qui va lui permettre de nous retrouver où que nous soyons. C’est comme ça qu’il a su où se trouvait Tom.

- Tu as… le sang de cette chose tatoué dans ta chair ? M’indignai-je, avec l’envie de vomir.

- Ne me regarde pas comme ça Lucy. Murmura Michael, le regard blessé. Je n’ai jamais rien voulu de tout ça.

Non ! Je l’avais blessé. Or, ce n’était pas mon intention. Bien sûr, le procédé, et la raison de l’existence de ce tatouage me révulsait au plus haut point mais ces sentiments n’avaient jamais été dirigés contre Michael.

- Non… Michael, je ne… Tu n’y es pour rien, je le sais, et tu sais ce que je pense de ton sacrifice. Je suis révoltée et écœurée… oui… mais à cause de ce que tu as subi, pas par toi. M’expliquai-je.

Michael soupira et je compris aussitôt qu’il était soulagé. Bon sang, pourquoi ce fichu lien de couple ne fonctionnait jamais de lui-même quand nous en avions besoin ?

- Mais… La tresse ?

- Elle sert de traceur, en quelque sorte. Reprit Noah. Le tatouage marque le possédé, mais le possesseur doit détenir une partie du possédé et le mélanger avec une partie de lui pour le retrouver. Il aurait tout aussi bien pu se tatouer avec le sang de Michael mais s’il devait faire ça pour tous les membres de son clan, il en aurait sur tout le corps, alors il a trouvé cette solution. En mélangeant ses cheveux à ceux de celui qu’il possède et en les maintenant scellé par un sort, le Maître obtient le même résultat. En revanche, sans ce traceur, le sort est caduc et la marque ne redevient qu’un bout de peau tatouée. En d’autre terme… c’est ta liberté totale que je tiens entre mes mains, mon cher loup.

- Espèce de… M’insurgeai-je.

Cet enfoiré utilisait le mot « possédé » comme si Michael n’était qu’un vulgaire objet, et il avait en plus le culot de finir son explication en employant la formule qu’adoptait le Maître pour s’adresser à Michael, le renvoyant ainsi à son passé avec son tortionnaire.

- Non amour. Me coupa Michael en plaçant un bras devant moi. Il n’en vaut pas la peine.

Je le regardai avec incompréhension. Comment pouvait-il garder son sang-froid dans une telle situation ? Mais mes yeux captèrent la douleur sous-jacente contenue dans ses prunelles. Il n’était pas calme, il était blessé, à vif, mais n’en laissait rien paraitre, tout alpha qu’il était. Je déposai ma main sur sa joue et lui offrit mon sourire le plus rassurant possible, cherchant à lui redonner le courage dont il semblait manquer à cet instant.

- Tu as raison, il n’est rien et toi tu es tout.

Le sourire qu’il m’offrit en retour me révéla que j’avais eu raison d’agir ainsi. Il avait puisé en moi la force nécessaire. Et c’est avec assurance qu’il enchaina.

- Et que comptes-tu faire de ça ? Demanda-t-il au vampire en désignant la tresse.

- Le Maître, se doutant que tu refuserais son offre pourtant généreuse, t’envoie ce cadeau en guise de bonne foi.  Mais je ne dois te le donner qu’à la condition expresse que tu acceptes l’invitation.

- Je pourrais aussi ordonner à mes loups de te le prendre de force. Dit Michael avec une pointe de défi dans la voix.

- Et risquer la vie de tes si précieux clébards pour récupérer quelque chose qui t’enchaine, toi ! Allons, allons, même moi je sais que tu as plus de dignité que ça.

Michael se fit pensif, nous observant tous l’un après l’autre, s’attardant plus longuement sur moi, puis il soupira.

- Très bien ! J’accepte l’invitation… Mais j’y vais seul.

 

Suite>>

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 16:26

- Très bien ! J’ai fini. Déclara Michael, une fois l’exposition de son plan terminée. Allez-y ! J’attends vos réactions !

Celui-ci n’avait rien de bien sorcier mais possédait l’avantage de ne pas attaquer les vampires sur leur propre terrain et d’éviter l’extermination de la meute entière qui aurait eu, à coup sûr, lieu si nous nous étions rendus dans le repaire de la horde.

Il s’agissait en fait, de proposer une confrontation en comité réduit, dans un lieu préalablement choisi par la meute, et qui assurerait un certain avantage à des créatures habitués des terrains ruraux.

Le but de la guerre entre les vampires et les lycans, prenait un sens après cette explication. Nous devions tuer le Maître. Il était notre cible principale. Celui par qui la mort était arrivée, celui qui avait engendré cet affrontement, et surtout, celui sans qui les autres vampires ne se battraient pas. Michael avait pris l’image d’un serpent à qui il fallait couper la tête, pour expliquer le fonctionnement de la horde.

Ça me faisait mal de l’admettre, mais il fallait avouer que les quinze ans de pseudo captivité de mon compagnon, portaient aujourd’hui ses fruits. L’alpha était une véritable encyclopédie vampirique à lui tout seul. Il avait mis à profit, le contrat passé avec le Maître, pour en apprendre le plus possible sur ces créatures.

Je n’avais pas eu le temps d’y réfléchir mais, visiblement, Michael avait déjà pensé à tout ça. Je le soupçonnais même d’avoir ruminé un plan depuis bien longtemps. La vengeance aurait été trop mesquine pour un homme tel que lui, en revanche je ne doutais pas que son instinct d’alpha l’avait préparé à toutes les éventualités. Et l’éventualité sous-jacente d’un conflit avec les vampires l’avait poussé à penser jusqu’au lieu du combat. Et pour ce faire, nous allions mener le Maître et sa garde rapprochée dans un lieu neutre, une ferme abandonnée à distance égale du repaire des vampires et de la maison de Michael. L’endroit était suffisamment retiré pour ne pas éveiller les soupçons sur un rassemblement de tant de personne. Et il ne faisait pas l’ombre d’un doute pour mon compagnon, que le Maître ne s’attendrait pas à une véritable révolte de notre part, même après les évènements de la nuit dernière. Il avait toujours pris grand soin de dissimuler au vampire, la puissance de sa propension à protéger ses loups, ne lui laissant entrevoir que certains aspects de sa position d’alpha, le laissant le sous-estimer à dessein. Il avait ainsi espéré minimiser le risque menaçant que représenterait la meute, et pour le coup, ces précautions allaient nous permettre de réduire considérablement le nombre des vampires que le Maître amènerait avec lui.

Un loup du nom de Dominique se leva et prit la parole. Je me souvenais de lui grâce au rôle qu’il tenait au sein de la meute. Il se situait dans la moyenne hiérarchiquement parlant, ni trop dominant, ni trop dominé. En revanche il possédait une capacité à résoudre les petits conflits intra-meutes, innée. En fait j’ignorais si ce talent lui venait de son instinct lupin ou s’il l’avait développé grâce à son métier.

Dominique était avocat, un sacré bon avocat même. Reconnu dans son milieu professionnel et apprécié pour son éloquence, sa droiture et sa rigueur. Bien entendu, ses collègues ignoraient que ces qualités appartenaient à son côté lycan.

- Michael. L’interpella-t-il calmement. Je ne remets pas en question le bien fondé de ta parole, tu sembles y avoir longuement réfléchi, mais qu’est-ce qui te permet d’admettre que le Maître ne se déplacera pas avec une armée entière ? D’après ce que j’ai entendu dire, il ne sort que très rarement du manoir, aussi, il me parait judicieux de penser qu’il s’entourera de nombreux de ses vampires les plus forts. Et ceci à la seule condition qu’il accepte même de se déplacer. Sans compter que tu tables sur le fait qu’il se laisse duper et qu’il ne suppose pas qu’il s’agira d’un piège. Je ne remets pas ton plan en question bien sûr, mais tu admettras que nous sommes en droit de nous interroger sur ces aspects-là.

Bon, je devais reconnaitre qu’il savait s’y prendre pour pointer du doigt les facteurs problématiques d’un programme et tout ça, avec tact et doigté. Si on s’en sortait, je me promettais de lui demander des cours de diplomatie.

Michael prit le temps de lui sourire avec indulgence avant de répondre et Dominique ne s’en formalisa même pas. Le sang froid de ce lycan était impressionnant.

- Je ne m’en offusque pas Dom, en fait je suis même heureux que tu poses ces questions. Commença-t-il. Je suis certain que le Maître ne se déplacera pas avec une armée parce qu’il ne nous considère pas comme une menace. Je peux te l’assurer. Les vieux vampires ont du mal à admettre le changement et je ne me suis jamais conduis avec lui autrement qu’avec respect et circonspection. Il n’imaginera même pas que je puisse fomenter une quelconque attaque contre lui. Ensuite, ça ne me réjouit pas de le concéder mais… il viendra parce que c’est moi. Et il ne supposera pas qu’il s’agit d’un piège pour la même raison qui fait qu’il ne viendra qu’avec une garde réduite.

Une douleur dans mes paumes me fit quitter mon compagnon des yeux un instant. Quatre petites demi-lunes y étaient imprimées et je réalisai que je devais relâcher un peu la pression. Entendre Michael parler de la relation qu’il avait entretenue toutes ces années avec son tortionnaire était plus dur que je ne l’avais pensé, et j’avais serré les poings si forts que mes ongles avaient menacé de transpercer ma peau.

- Je vois. Reprit Dominique. Je pense pouvoir parler au nom de tout le monde en te disant que nous te faisons confiance, seulement… Qu’est-ce qui te fait penser qu’il ne va pas faire demi-tour à l’instant où il se rendra compte que la meute entière l’attend de pied ferme ?

Michael soupira douloureusement.

- Simplement parce que la meute entière ne sera pas présente.

Tous les loups s’agitèrent à la seconde où Michael termina sa phrase. Je me redressai moi aussi, cherchant un sens à ce qui venait d’être dit dans les yeux de mon compagnon, malheureusement, il semblait éviter précautionneusement mon regard.

- Qu’est-ce que tu racontes ? Comment ça, la meute entière ne sera pas présente ? S’alarma l’avocat.

- Calmez-vous ! Les enjoignit Michael. Calmez-vous bon sang ! Et laissez-moi parler ! Je sais que vous avez tous une bonne raison de participer à cette guerre. Je sais que chacun des loups qui sont morts étaient vos amis et vos compagnons de meute. Je le sais mieux que n’importe qui. Mais… de votre côté, vous devez comprendre que ce plan n’a pas une seule chance de fonctionner si quarante lycans attendent les vampires. Une telle puissance… ils nous sentiraient à des kilomètres. Et ce n’est pas tout. Le Maître a la capacité de contrôler la majorité d’entre vous, et je ne tiens pas à ce que vous vous retourniez les uns contre les autres.

- Mais enfin Michael, tu suggères quoi au juste ? S’indigna Dominique.

- Je vais me rendre sur les lieux, avec mes lieutenants, et quelques-uns d’entre vous, que j’aurai triés sur le volet et qui seront suffisamment dominants pour ne rien avoir à craindre. Je prendrai le plus de loups possible avec moi mais… ça ne fera jamais qu’une dizaine de loups.

- Une dizaine de loups et moi ! Intervins-je alors.

Michael continuait de fixer Dominique mais un muscle tressauta dans sa mâchoire.

- Non Lucy. Assena-t-il. Toi, tu restes ici !

Son ton n’admettait clairement pas la réplique mais il s’agissait de moi, et il devait bien se douter que je n’allais pas me laisser faire.

- Tu y crois vraiment ou tu te dis qu’en le disant à voix haute, tu as des chances que ça se réalise ? Me moquai-je en tentant de ne pas trop laisser mon irritation prendre le dessus.

Le regard que Michael se tourna vers moi, trahissant une totale exaspération. Pour ma part je lui rendais son expression en haussant les épaules. Hé ho ! On se réveille mon grand ! C’est moi, Lucy !

Mon compagnon soupira en croisant ses bras sur sa poitrine.

- Arrête-ça. Pas ici, pas maintenant ! On en reparlera plus tard.

- Surement pas, au contraire. On va en parler tout de suite. Toute la meute est réunie et c’est l’occasion de leur demander leur avis.

- Lucy… Souffla-t-il.

- Donc puisque vous savez tous de quoi je suis capable et que vous savez sans doute aussi tous, pour quelle raison les vampires nous ont attaqués, que ceux qui sont pour que Michael m’emmène avec lui lèvent la main.

Les regards se croisèrent, des murmures s’élevèrent mais pas un ne leva la main. Chacun était bien trop occupé à surveiller la réaction de leur alpha qui bien sûr, ne faisait rien pour m’aider. Son regard mauvais parcourait les visages inquiets des loups, et lui donnait l’air d’être prêt à bondir sur le premier assez insensé pour lever la main. Merde ! Ça n’allait pas fonctionner comme ça !

- Allez quoi ! Vous n’allez quand même pas vous laisser intimider par lui ! Je ne suis quand même pas devenu la femelle alpha d’une meute de mauviettes si ?

Oui vas-y, continue comme ça Lucy ! Te mettre à dos toute une meute de lycan était surement la solution à tous tes problèmes !

Michael me regardait maintenant avec ce petit sourire très satisfait qui me faisait grincer des dents.

- Bon que les choses soient claires. Tentai-je encore. Si l’un d’entre vous souhaite s’exprimer, je lui assure qu’il n’aura rien à craindre de mon crétin de compagnon. Je lui offre ma protection.

Je vis Michael tiquer sur le « crétin » du coin de l’œil.

- Tu offres ta protection à mes loups ? Demanda-t-il, mi amusé, mi furieux.

Je lui montrai mon sourire le plus charmant avant de répondre.

- Nos loups, chéri ! Tu me l’as assez répété.

Michael ouvrit la bouche pour rétorquer quelque chose mais Dominique se leva à nouveau.

- Ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée que ça. Au-delà du fait qu’elle puisse soigner quiconque serait blessé sur place, elle pourrait renforcer ta couverture. Argumenta-t-il. Après tout le Maître ne se doutera pas que tu puisses déclencher les hostilités avec elle dans les parages.

Ah ! Lui je l’aimais !

- Bien sûr que non. Asséna Michael. Parce que je ne pourrai jamais emmener ma compagne au milieu d’un combat volontairement. Je refuse catégoriquement !

- C’est bizarre ! Rétorquai-je, délibérément provocatrice. J’étais pourtant certaine d’avoir vu une belle paire de couilles juste en dessous de ton pénis cette nuit ! Tu pourrais m’expliquer où elles sont passées ?

- Walker ! Gronda-t-il, furieux, alors que tous les loups se ratatinaient sur eux-mêmes. Ne joue pas avec moi ou tu risques de le regretter.

Et nous en étions donc aux menaces ! Parfait ! Stratégiquement, mon plan pouvait paraitre idiot mais je devais prouver à la meute que je n’avais pas peur de leur alpha et que j’étais à même de les protéger, de lui si nécessaire.

- Tu te fourvoies mon cœur. On ne joue pas là, je suis très sérieuse, et je ne changerai pas d’avis. Campai-je sur mes positions. Tu vas m’emmener avec toi, et tu le sais déjà. C’est d’ailleurs ce qui t’énerve le plus.

- Ah oui, c’est ce que tu crois ?

- C’est ce dont je suis certaine. Répliquai-je sans me démonter. Parce que tu sais que ce qu’a dit Dominique est justifié et tu sais aussi que je suis ta meilleure chance de sortir de ce merdier vivant.

- Arrête de faire appel à ma raison Lucy, ça ne te va vraiment pas. S’emporta-t-il. Tu ignores ce que tu me demandes. Je me fous de ce qui est le mieux pour moi ou pour ma sécurité. Parle-moi de plans de bataille, de tactiques et de bon sens… je m’en balance ! Tout ce que je sens c’est mon instinct qui m’avertit que tu dois te trouver le plus loin possible de tout danger.

- Tu te fous de ta sécurité !? Espèce de sombre connard ! Et la sécurité de tes loups ? Tu y penses ? Ajoutai-je en fulminant. Est-ce que tu ne veux pas donner à tes loups, la meilleure chance de s’en tirer ?

A ces mots, une lueur de doute passa dans les yeux de Michael. Je savais qu’il était mesquin de ma part de le placer devant le choix impossible de ma sécurité ou de celle de sa meute mais je n’avais pas d’autres choix.

- C’est un coup bas ! Tu sais que je ne peux pas prendre parti contre la sécurité de mes loups. S’exclama Michael, outré.

Il me regardait comme si je l’avais trahi. Et Merde ! A cet instant, je regrettais l’époque bénie où Michael n’attendait rien de plus de moi  que quelques piques, et une tenue sexy de temps en temps, pour pouvoir mater à loisir. Mais bon, cette époque avait-elle, ne serait-ce qu’existée ?

- Je sais, et ils le savent tous. M’expliquai-je. Je ne veux pas créer la discorde entre tes loups et toi, ni entre ton instinct de protection envers ta meute et celui envers moi, ni même entre toi et moi. Mais tu m’as faite alpha, Michael… Et tu m’as dit un jour qu’en tant que tel, tu te devais de protéger tes loups, et parfois même contre leur volonté. Ne me demande pas de faire quelque chose que toi-même tu ne ferais pas. Je ne t’abandonnerai pas sous prétexte que le combat s’annonce dangereux, et je mérite plus que n’importe qui dans cette pièce, d’être présente à tes côtés ce jour-là.

Je finissais ma tirade en inspirant une grande bouffée d’air, ce qui atténua un peu le côté dramatique de mes mots. Mais j’avais fait appel à la raison de Michael et j’étais certaine qu’ils auraient un impact dans le cheminement de pensée rationnelle de mon compagnon. Déjà, celui-ci avait abandonné son regard « comment-as-tu-pu-me-faire-ça » au profit du regard « tu-vas-me-le-payer-mais-je-comprends-ce-que-tu-veux-dire » et c’était plutôt une bonne chose, non ?

- Allez quoi, mec ! C’est bon, elle nous a prouvés qu’elle méritait d’être avec nous. Intervint Van pour la première fois. Et tu sais comme moi que si tu ne nous avais pas fait ton regard de tueur, plus d’une main se serraient levées dans l’assemblée.

Nathan se rapprocha de Michael et lui posa une main sur l’épaule, attirant son attention et lui faisant comprendre d’un hochement de tête qu’il était, lui aussi, d’accord avec moi.

Je reportai mon regard vers Thomas, l’ultime soutien dont j’avais besoin pour faire plier mon alpha de compagnon – je savais que si ses trois lieutenants me suivaient, Michael n’aurait d’autre choix que d’accéder à ma requête – mais celui-ci fixait un point au-delà de son chef, d’un air sombre, et je n’étais même pas certaine qu’il ait écouté la conversation.

Et puis une main, perdue dans la foule de corps imposants se leva, puis une autre, et encore une autre. Et bientôt plus de la moitié des loups se manifestèrent pour m’apporter leur soutien. La mâchoire de Michael se raidit, mais quand il posa ses yeux sur moi, je savais d’ors et déjà qu’il avait capitulé. C’était une victoire pour moi… enfin plus ou moins, même si le gros lot était le droit de risquer ma vie en me faisant démembrer vivante par un vampire. Mais après tout, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, me dis-je en soupirant.

Il prit néanmoins l’air contrarié quand il s’apprêta à formuler à voix haute sa décision.

Il ouvrit la bouche, écarquilla soudain les yeux et la referma, se tournant brusquement vers la porte qui menait au rez-de-chaussée de la maison. Un quart de seconde plus tard, tous les loups de la pièce, dans un même ensemble, se tournèrent à leur tour vers cette même porte. Un silence de mort s’installa soudain, ce qui me permit d’entendre les pas précipités de quelqu’un dévalant les marches à toute vitesse.

La porte s’ouvrit d’un coup, allant cogner contre le mur avec fracas, et Tad, l’un des loups resté en haut pour monter la garde, déboula, le souffle court… un loup n’avait jamais le souffle court…

- Un vampire ! S’écria-t-il. Il y a un vampire sur notre territoire !

 

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 16:25

Il n’aura pas fallu cinq minutes à Michael, sous la douche, pour se débarrasser des dernières traces de notre amour sur sa peau. Je me prélassai quelques minutes encore entre nos draps froissés, imprégnés de nous, en écoutant le son apaisant de l’eau qui coulait continuellement, de la pomme de douche à son corps puis de celui-ci à la faïence de la grande cabine. Je me délectai du pouvoir de l’imagination. Pouvoir merveilleux s’il en est. Michael se tenait à quelques mètres de moi, séparé par une infime et ridicule cloison, je pouvais le rejoindre si je le souhaitais mais je restai dans le lit, à la merci de mes pensées, des images qui se formaient dans mon esprit. Je le voyais nu et ruisselant sous le jet, les gouttes se rejoignant sur sa peau lisse, s’avalant les unes les autres, grossissant à vue d’œil et glissant, entrainée par leur poids, le long des courbes et des creux de mon amant. Je le voyais passer sa main sur son ventre, remonter jusqu’à son épaule, hésiter quelques instants au souvenir de ma main qui avait déjà tracé ce parcours cette nuit, et sourire. Oui ! Indéniablement ! L’imagination est une capacité magnifique surtout lorsqu’elle est suffisamment nourrie pour paraitre à ce point réaliste. Et en termes de nourriture de l’esprit j’avais été gâtée. Je pouvais m’imaginer Michael comme si j’étais dans la salle de bain, avec lui, parce que j’avais été lui. J’avais ressenti ce qu’il avait ressenti, j’avais vu à travers ses yeux, ses magnifiques yeux verts, ses magnifiques yeux bleus, j’avais senti le pouvoir et la puissance qui animaient ses mains et pourtant je l’avais vu se faire tendre et mesuré tandis qu’il m’avait touché et caressé. Je pouvais comprendre désormais, la retenue dont il faisait preuve avec moi, faisant taire sa vigueur et sa nature profonde de force de la nature, se rendant inoffensif et bienveillant dans ses caresses. Dieu que je l’aimais ! Et dieu que j’aimais qu’il m’aime ! Cette manière si franche, si honnête qu’il avait d’admettre sans détour ses sentiments pour moi, mettait mon cœur au supplice. Tant d’années perdues, tant de disputes insensées, tant de phrases mal interprétées, tant de besoins refoulés m’explosaient à cet instant en pleine figure, me renvoyant la vacuité de mon existence avant lui, comme le ressac d’une vague sur la plage. Encore et encore ! Encore et encore !

- Tu es belle, perdue dans tes pensées. Tu ressembles à la Venus de Botticelli. Me ramena-t-il à la réalité. Je n’avais pas entendu l’eau s’arrêter aussi clignai-je des yeux plusieurs fois, un peu surprise de le voir se tenir devant moi, la nudité resplendissante, les cheveux humides, attachés en tresse, le bout venant chatouiller le mamelon rosé et légèrement distendu de son pectoral droit.

- Pour une fois que je suis à ta hauteur. Pouffai-je. Tu ressembles à un dieu païen.

- Tu es toujours à la hauteur amour, tu l’es depuis très longtemps. Me dit-il en s’approchant doucement. Ses muscles roulaient sous sa peau, ses mouvements étaient gracieux et il me faisait penser à un félin. Lorsqu’il s’assit à côté de moi, je sentis mon corps répondre à un besoin urgent de le toucher, de le caresser, comme quelque chose de vitale. Je posai le bout de mes doigts sur sa poitrine, comme je respirais, comme je mangeais, comme je buvais, pour combler une nécessité de la chair, comme pour me maintenir en vie. Il soupira d’aise sous mon effleurement. Le sentiment était partagé et j’en avais presque peur. Il me suivait dans ma douce folie, pire, il la vivait avec intensité. Un crépitement léger sous mes doigts me démangeait, je pouvais sentir le lien de notre couple et il était fort, tangible… Les émotions y passaient comme sur une autoroute à double sens. C’était magique ! C’était nous !

- Tu me rejoins quand tu as fini ? Me demanda-t-il doucement.

- Oui, je file sous la douche et j’arrive.

- Désolé. Me dit-il l’air contrit. J’aurais voulu qu’on la partage cette douche.

- Ne t’inquiète pas, tu dois rejoindre tes loups alors dépêche-toi.

- Nos loups ! Me reprit-il.

- Oui pardon. Dis-je en riant. Nos loups ! Allez va, et ne t’en fais pas, des douches ensemble, on aura tout le temps d’en prendre plus tard.

Une ombre passa soudain dans les yeux de Michael, une ombre que nous avions pris soin de mettre de côté ces dernières heures mais qui s’infiltra entre nous deux, comme un retour de bâton. La guerre était en marche, et nous ne savions pas ce qu’il en ressortirait, ni si nous allions en réchapper, alors pour ce qui était des douches à deux…

Je pris la tête de Michael entre mes mains et posai mon front contre le sien.

- Promets-moi qu’il y aura des douches ! Promets-moi que tu seras prudent ! Promets-moi qu’il y aura encore des nuits d’amour et des rires !

Mon compagnon ferma les yeux et soupira profondément.

- Il n’y a rien au monde que je souhaite plus amour… Ça, je peux te le promettre.

- Michael… Murmurai-je avec appréhension. Tu m’as promis de ne jamais m’abandonner… Tu es un homme de parole n’est-ce pas ?

- …

- Michael Madison ! Repris-je d’un ton plus ferme. Tu vas aller rejoindre nos loups, tu vas établir un plan et tu vas aller botter le cul de ces foutus sangsues et ensuite tu me reviens et en pleine forme, je te préviens ! Et si tu envisages ne serait-ce qu’une seule seconde, un truc stupide comme te sacrifier ou je ne sais quoi, je peux te jurer que je te ramènerai moi-même, de gré ou de force, et là, je te promets que tu regretteras d’être encore vivant ! Est-ce que c’est bien clair ?

Mon amant rouvrit les yeux en soulevant un sourcil. Les petites rides d’expression au coin de ceux-ci firent leur apparition alors qu’un sourire arrogant se dessinait sur ses lèvres.

- Je vais te dire un truc, je te promets de revenir en un seul morceau si de ton côté tu me promets qu’à mon retour tu me refais ce truc avec ta langue sur mon…

Je me jetai sur lui et l’embrassai pour couper court à ses paroles. Il était inutile qu’il me rappelle à quel point j’avais perdu toute pudeur cette nuit, rien que d’y penser, mes joues me brulaient.

- Marché conclu ! Dis-je en le relâchant. Maintenant, fonce !

 

Une quinzaine de minutes plus tard, je poussai la porte du gymnase, au sous-sol de la maison, seule pièce suffisamment grande pour contenir toute la meute et qui tenait donc également lieu de salle de conseil. Michael était sorti de la chambre au moment où j’étais entrée dans la douche et je m’étais dépêchée de venir à bout de la tâche pour le rejoindre le plus vite possible. J’avais néanmoins pris le temps de me savonner entièrement deux fois. Pas parce que je me sentais sale ou quoi que ce soit d’autre, mais parce que je ne parvenais pas à retrouver mon parfum naturel. J’avais eu beau me frotter encore et encore, jusqu’à en avoir la peau rouge, une odeur étrange m’imprégnait entièrement comme un tatouage olfactif sur tout mon corps. Au final j’avais abandonné l’idée de m’en débarrasser. C’était assez subtil pour que je sois la seule à le remarquer et ce n’était pas si désagréable que ça. C’était un peu comme si une touche épicée venait souligner mon parfum naturel. Et puis, j’imaginais que faire l’amour avec un loup garou alpha pendant presque vingt-quatre heures ne pouvait pas, ne pas laisser de traces, même si je ne comprenais pas trop moi-même ce que j’entendais par là.

Je commençais à m’habituer à devenir le centre d’attention de la meute à chaque fois que je pénétrais dans cette grande salle. Bien sûr, cette fois-ci ne dérogea pas à la règle et tous les regards convergèrent dans ma direction lorsque je franchissais le seuil, j’avais pourtant pris soin de ne pas laisser claquer la porte derrière moi.

Aucune hostilité ne me frappa, dans les yeux de la meute, en revanche je pouvais clairement voir de l’amusement, de l’étonnement, et même de l’approbation.

Ok, voilà qui était plutôt cool ! Mais ce qui aurait vraiment été génial, aurait été de savoir pourquoi je provoquais tout ça dans les yeux de mes loups. Parce qu’ils avaient beau m’avoir déjà acceptée comme leur femelle alpha, je n’avais jamais surpris ces émotions-là dans le regard d’aucun d’entre eux jusque-ici.

Je quittai la meute des yeux et les posai sur mon compagnon, qui, debout devant eux, comme la dernière fois, semblait attendre encore quelques retardataires, tandis qu’il discutait avec Nathan. Il tourna les yeux vers moi au moment où les miens se posèrent sur lui, et m’adressa un sourire à damner une sainte. Bon sang que j’aimais ce sourire, et j’aimais encore plus le fait qu’il me soit adressé. Et puis un muscle tressauta dans sa mâchoire et son sourire s’envola en même temps que son expression se transformait en colère. A ce moment, je sentis deux bras m’entourer la taille dans un étau d’acier et me soulever du sol. Avec calme et composition, je poussai un long soupir fatigué.

- Repose-moi Van ! Dis-je d’un air blasé.

- Hé ! Comment tu as su que c’était moi ? Me demanda-t-il avec étonnement. On aurait dit qu’il venait de se rendre compte qu’il avait été blousé sur la marchandise.

- Parce qu’il n’y a que toi pour être assez crétin pour me prendre dans tes bras, alors que Michael regarde.

Je me tournai vers lui et levai un sourcil avec ironie. Il posa ses avant-bras sur mes épaules et colla son front contre le mien.

- C’est ça qui est amusant. Me chuchota-t-il. Si ça ne le faisait pas tant enrager, je ne le ferais pas.

Je levai les yeux au ciel au moment où le grognement de Michael parvint à nos oreilles. Parfait timing ! Mais Van ne lui jeta même pas un coup d’œil et pencha sa tête pour m’embrasser dans le cou. A ce moment la porte claqua et j’affichai un regard paniqué.

- Attention, Julian vient d’arriver ! Murmurai-je en prenant un ton affectée.

Van se redressa dans la seconde et recula de quelques pas, avant de se retourner vers le nouveau venu.

J’éclatai alors de rire devant les yeux plein de reproches de mon ami. Julian ne venait pas d’arriver mais j’avais adoré le voir paniquer.

- Aaaah ! Tu es un livre ouvert ! Me moquai-je

- C’était un coup bas ma belle !

- Oui mais c’était de bonne guerre ! Et maintenant que j’ai un moyen de te taquiner je ne vais pas m’en priver. Dis-je en jouant exagérément des sourcils. Et puis tu sais bien que Michael ne fait que jouer dans ton jeu, je ne vois pas pourquoi ça t’amuse encore d’essayer de le rendre jaloux alors qu’il ne le fait que pour te faire plaisir.

Mon compagnon savait mieux que n’importe qui, qu’il n’y avait jamais eu et qu’il n’y aurait jamais ce genre de sentiments entre Van et moi. D’ailleurs, en règle générale, il ne réagissait même pas devant nos petites marques d’affection.

- Ahaha ! Mais la donne a changé princesse ! S’amusa-t-il. Le grand méchant loup peut bien essayer de se contenir mais maintenant qu’il a dévoré le petit chaperon rouge, il sortira les griffes, même si c’est mère-grand qui l’approche !

Je le regardai de haut en bas avec un sourire.

- Si je comprends bien, dans l’histoire c’est toi mère-grand ?

- Exactement ! Et tu es le petit chaperon rouge ! Un petit chaperon rouge qui vient d’être marquée par son mâle ! Et si j’en juge par les fragrances que tu dégages, il n’y est pas allé de main morte le bougre !

Je sentis le sang affluer à mes joues, maudissant une fois de plus ma carnation de rousse.

- Et qu’est-ce que tu veux dire par là ? Lui demandai-je d’un ton un peu plus brusque que ce que j’avais souhaité employer.

- Je veux dire que ça y est, il te l’a placardé ton panneau « défense de toucher, propriété de Michael Madison ». Et non seulement il te l’a planté en plein milieu du front mais en plus, il l’a renforcé, blindé, et peint en rouge flashy !

Je le regardai avec des yeux ronds, partagée entre la révolte et l’envie de me pâmer.

- En gros ça veut dire que pas une seule créature de sexe masculin, à moins qu’il soit suicidaire, ne va t’approcher à moins de deux mètres à partir de maintenant. M’expliqua-t-il. En fait, vu la puissance de la marque de notre bon alpha, je pense que tu risques aussi de faire fuir les humains. Seulement eux, à la différence des créatures magiques, ne sauront pas pourquoi ton parfum envoutant les fera flipper. Et tu sais quoi, je pense que là, avec la dose qu’il t’a mise, tu peux même oublier de posséder un quelconque animal de compagnie mâle.

Il avait l’air très heureux, un peu trop à mon avis. Je me tournai vers Michael en tentant de lui asséner mon regard le plus meurtrier, chose qui n’était pas facile puisqu’à chaque fois que je le voyais, j’avais envie de me jeter dans ses bras. Foutu lien de couple !

Il me lança son regard le plus innocent en me montrant ses mains, paumes vers l’avant, comme s’il ne comprenait pas mes intentions. Il se fichait de moi bien sûr. Un loup garou était capable d’entendre une mouche voler dans un hall de gare.

- Et pourquoi toi ça ne t’affecte pas ? Demandai-je à Van en me retournant vers lui. Aux dernières nouvelles tu es aussi un mâle que je sache.

- Et tu es bien placée pour le savoir. Me dit-il avec un clin d’œil.

Génial ! Trois… Deux… Un…

- Vous avez l’air d’avoir une conversation intéressante ! Grogna Michael à seulement deux pas de moi.

Bingo !

Je frappai Van à l’épaule. J’aurais pu nier mais Michael aurait su à la seconde où j’aurais ouvert la bouche que je mentais.

- C’est pas vrai ! M’exclamai-je en me pinçant l’arête du nez.

- C’est quoi cette histoire alors ? Nous relança Michael.

- Tu ne dois pas tenir un conseil de meute où je ne sais quoi, toi ? Tentai-je de couper court à toutes autres questions gênantes.

- Oui, ça peut attendre, tout le monde n’est pas encore arrivé, donc qu’est-ce qui te permettrait d’être certaine du sexe de Van ?

- Eh ben merci ! S’indigna ce dernier. Ça fait plaisir ! Et qu’est-ce qui lui permettrait d’en douter, boss ?

Mouais, jolie tentative de noyer le poisson mais il en fallait plus à Michael pour s’emmêler les pinceaux. Il ne répondit pas mais regarda Van d’un air qui disait « est-ce que tu me prends pour un idiot ? »

- Bon ça va ! M’exclamai-je alors. Je vous laisse vous débrouiller tous les deux. Vous me fatiguez !

Je m’éloignai déjà en direction de Thomas que j’avais aperçu dans la masse des loups en arrivant, quand une voix désespérée me fit m’arrêter.

- Mais non ! Ça ne fonctionne pas comme ça, Lucy ! S’écriait Van. Si je peux me permettre d’emmerder Michael c’est uniquement parce que je sais que tu ne le laisseras pas se venger.

Mon compagnon grogna et je soupirai en laissant mes épaules s’affaisser dans un geste de découragement ! Cet abruti avait raison et ça me faisait mal d’en prendre conscience.

Je pivotai sur mes talons, parcourus rapidement la distance qui me séparait d’eux et plantai un petit baiser sur les lèvres de Michael en me mettant sur la pointe des pieds.

- Allez mon cœur, tu sais bien que quoi qu’il se soit passé avec Van ce n’était que pour se taquiner, il n’y a pas ce genre de choses entre nous. Puis, passant à Van que j’embrassai sur la joue. Et toi, sois un gentil loup et arrête d’embêter ton alpha ou un jour, même moi ne pourrai pas l’empêcher de te punir.

Je me plaçai ensuite, exactement entre eux deux et plaquai mes mains sur leurs entrejambes respectives.

- Allez les enfants, on fait la paix ! Vous êtes deux puissants mâles et vous en avez tous les deux une grosse.

Puis je lançai un clin d’œil à un Michael et un Van assez ébahis pour risquer de gober des mouches, me retournai et repris ma direction initiale.

Lucinda Walker ou tout l’art de désamorcer une situation potentiellement critique avec… un certain doigté. Ouais, c’était moi !

 

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 15:43

- Comment ça, je brillais ? Demandai-je à Michael, éberluée, encore sous le choc de ce qui s’était produit l’instant d’avant.

- Oui… Tu brillais… Comme un soleil… Comme… Bredouilla Michael avant de faire une pause. Ses yeux qui jusqu’alors m’avait semblée un peu agars, reprirent soudain l’intelligence que je leur avais toujours connu. Braquant son regard bleuté sur mes prunelles, il se pencha en avant, doucement, et son visage se fendit d’un large sourire, dévoilant ses dents blanches et parfaitement alignées.

- Plus tard ! Pour l’instant il y a plus important. Décréta-t-il alors, son sourire se faisant plus carnassier.

- Quoi ?

- Tu m’aimes ! Amour, tu m’aimes vraiment ! Au diable tout le reste ! Tu m’aimes. Dit-il précipitamment en se jetant avidement sur ma bouche. Sa main droite passa sous mon genou gauche qu’il releva rapidement et d’un coup de rein, il s’enfonça en moi avec volupté. Je poussai un cri mêlé de surprise et de plaisir. Mon corps était parfaitement adapté au sien et il vint se nicher en moi comme s’il ne m’avait jamais quitté. Mon dieu, il me semblait encore plus dur que la première fois, encore plus passionné. Il me faisait l’amour comme si plus rien d’autre ne comptait au monde, poussant de longs gémissements rauques chaque fois qu’il me prenait plus profondément encore. Le terme n’avait jamais été aussi adéquat. Il me prenait, s’emparant de mon corps, de mon âme, de la plus infime partie de mon cœur. Mon être tout entier n’était plus que désir et plaisir, m’abandonnant entièrement à cet homme qui m’aimait si passionnément. En réalité, je le comprenais. La différence était ahurissante entre entendre l’autre dire qu’il vous aime et le ressentir au fond de soi, avec plus de certitude que s’il s’agissait de ses sentiments propres. Plus rien ne me retenait, plus aucune crainte, aucun faux-semblant ne me détournait de lui. Il ne restait que le plaisir, la jouissance dans son aspect le plus simple, le plus pur, entouré de l’amour que nous portions l’un à l’autre.

Les images se matérialisèrent devant mes yeux au moment où le plaisir commençait à occulter tout le reste. Néanmoins, c’était différent de la fois précédente. Aucun flash ne m’aveugla, aucune perte de sensation ne m’atteignit. Elles se superposaient devant mes yeux, à l’image de Michael, ondulant langoureusement au-dessus de moi. Mon corps recevait à la fois les sensations procurées par le sexe de mon amant en même temps que les sentiments qu’il avait ressentis au cours des différentes scènes s’imposaient à mon esprit.

 

Je serais fort dans mes bras ma guérisseuse rousse alors que les convulsions de son corps prenaient petit à petit fin, grâce au bienfait de l’eau dans ma douche et j’avais peur.

 

Michael gémissait de plus en plus alors qu’il fermait les yeux.

 

Je la soulevais de terre pour l’emporter dans ma maison, sur mon territoire. Elle était folle de rage et j’envoyais une claque sonore sur ses deux parfaites petites fesses nues, à la rondeur délicate. J’étais euphorique.

 

Son sexe palpitait en moi, et mes muscles se contractaient de plus en plus autour de lui.

 

Elle se tenait devant moi, dans le halo du spot braqué sur elle, fabuleuse dans sa robe bleue, ses cheveux retombant délicatement dans son dos. Elle ne m’avait pas vu, ne m’avait pas senti arriver, j’allais lui faire la surprise. Ma douce et délicieuse compagne… Que j’aimais prononcer ce mot, il résonnait dans ma tête, sur ma langue et je ne me croyais pas capable de m’en lasser un jour. J’aimais la voir dans les vêtements que je lui avais choisis. Elle était à moi, elle m’appartenait. Je l’aimais.

 

L’orgasme me cloua sur le matelas, mes ongles s’enfonçant dans le dos de Michael. Il me suivit de près, rugissant dans mon cou et s’agrippant à moi avec force.

- Je t’aime. Soupira-t-il tout contre mon oreille. Mon dieu je t’aime tellement.

Je posai une main sur sa nuque et le serrai de toutes mes forces.

- Je sais. Lui dis-je doucement. Moi aussi je t’aime.

Il se redressa sur ses avant-bras, et plongea son regard encore embué de plaisir dans le mien. En me souriant tendrement, il essuya du pouce, une larme de plaisir que je n’avais même pas sentie et fredonna doucement, du bout des lèvres.

- … Cause I love you… And the way you look tonight…

Je soupçonnais mes organes internes de se livrer une guerre sans merci dans mon corps, histoire de récupérer le peu d’espace que leur octroyait encore mon cœur qui me semblait avoir triplé de volume.

Nous restâmes de longues minutes à nous fixer, sans autre mouvement que le pouce de mon amant caressant ma joue humide, le regard de l’un plongeant dans celui de l’autre. Et si les yeux étaient effectivement le miroir de l’âme alors celle de Michael était la plus magnifique que je n’avais jamais contemplée.

Il ne se retira pas, ne bougea pas d’un iota et pourtant je le sentais rapidement durcir à nouveau en moi. Le balancement de ses hanches se fit progressivement, avec beaucoup de douceur, son sourire béat ne quittant pas ses lèvres une seule seconde. Je pense que le mien non plus d’ailleurs.

Il me fit l’amour comme on prend soin du plus précieux des trésors, avec délicatesse et adoration. Je l’embrassai avec bonheur tout le temps que dura notre amour.

Il était insatiable, inépuisable et je perdis rapidement la notion du temps, perdant en même temps le compte de nos ébats au cours de cette nuit.

De temps en temps, lorsque nous avions joui tous les deux, je m’assoupissais contre son torse mais me réveillais quelques instants plus tard, sa bouche sur mes lèvres, sur mon sein, sur mon sexe. Je lui disais que j’étais épuisée, que je devais dormir un peu, juste un peu. Alors il s’approchait de mon oreille et me murmurait des supplications, me réclamant le plaisir une dernière fois, une toute dernière fois. Le désir s’emparait alors à nouveau de moi, immanquablement, et je le suppliais à mon tour de m’emplir de lui, de son corps, de son odeur, de son touché. Il me disait qu’il avait besoin de moi, de sentir ma peau contre la sienne. Il me disait qu’il était heureux et qu’il ne savait pas, qu’il n’aurait jamais pu imaginer que ce fut possible. Il me demandait où j’avais été tout ce temps, alors qu’il m’avait cherché sans relâche, et je riais comme une idiote. Mais surtout, il me disait qu’il m’aimait, encore et encore, comme si tout ne se résumait qu’à ça. Et en vérité, c’était le cas.

 

Je me réveillai en sentant ses cheveux me chatouiller la poitrine. Sa langue léchait mon ventre et tournait autour de mon nombril comme un satellite autour de sa planète.

- Huuuum… Gémis-je à la fois de plaisir et de sommeil.

- Tu es fatiguée amour, tu devrais dormir un peu. Me dit-il, la voix éraillée.

- Mais je dormais. Qui m’a réveillé à ton avis ? L’accusai-je et riant faiblement. J’avais l’impression qu’il ne restait plus assez de force en moi pour mouvoir mes lèvres.

- Je suis désolé, je n’ai pas pu résister. Ta peau… c’est comme si j’en étais devenu dépendant.

- D’où tires-tu toute cette force ? Ne pus-je m’empêcher de lui demander.

Il me sourit et des crocs apparurent quelques secondes à la place de ses canines humaines.

- Je ne suis pas humain amour, ne l’oublie pas. Hum… Je pensais te l’avoir prouvé en te faisant l’amour comme un dieu.

Des spasmes de rire m’agitèrent faiblement et je vis son regard se braquer sur mes seins.

- En effet Ô mon Dieu ! Le gratifiai-je ironiquement. Mais ton humble compagne ici présente n’est qu’une simple petite humaine bien faible. Prends pitié d’elle et accorde-lui un sommeil bien mérité.

Il se mit à rire avec chaleur et le désir se fraya un chemin entre mes jambes. Seulement je n’étais réellement plus capable de bouger le moindre muscle et la fatigue eu finalement raison de ma concupiscence. Michael se hissa à mon niveau et me prit dans ses bras, contre son torse chaud et musclé.

- Je suis un dieu compatissant mon amour… Je laisse mon humaine adorée se reposer… Pour l’instant… Décida-t-il en riant toujours.

- Que tu te bénisses ! M’exclamai-je en riant moi aussi.

 

Je me réveillai à nouveau en sentant une main chaude me caresser le dos. Je m’étais endormie dans les bras de Michael et c’est dans cette position que je m’éveillai. Je relevai la tête pour le regarder. Son bras gauche replié sous la tête, il fixait le plafond avec un sourire heureux.

- J’ose espérer que ce n’est pas la perfection de ton plafond qui te rend si heureux ? Lui dis-je la voix encore ensommeillée.

Il me regarda et son sourire s’étendit encore.

- Est-ce que tu as déjà eu l’impression que tout était parfaitement à sa place ? Comme si tu étais exactement où tu devais être ? Me demanda-t-il en réponse à ma question.

Je plongeais mon visage contre son épaule, m’imprégnant de son parfum particulier. Un mélange de musc et de sucre. Une odeur réconfortante, comme un gouter pris au coin du feu en plein hiver. J’adorais ça ! Eau de Michael, le parfum le plus entêtant et réconfortant qui existait.

- Là tout de suite, je dirais que tout est parfait. Lui dis-je.

Son bras se resserra autour de moi, me plaquant un peu plus contre lui, sa joue se posant sur mes cheveux.

- Est-ce que je t’ai dit que je t’aimais ?

- Juste un bon millier de fois. Lui dis-je en riant. Mais je ne suis pas contre une fois de plus.

- Tant mieux parce que j’ai bien l’intention de te le répéter encore et encore.

- Ca me convient parfaitement. Lui dis-je en embrassant sa peau dorée. Et puis, tu n’as pas fait que me le dire, tu me l’as fait ressentir aussi.

Michael me sourit avec émotion.

- Tu l’as bien vu toi aussi n’est-ce pas ?

- Oui. Répondis-je en sentant mon cœur se gonfler au souvenir de ce que j’avais ressenti. C’était déroutant mais… incroyable.

- Je suis désolée amour, je ne voulais pas t’en parler avant, je n’étais pas sûr que ça se produise, comme tu n’es pas louve, mais… c’est ce qui arrive lorsqu’un mâle s’accouple avec sa compagne. M’expliqua-t-il, le regard un peu inquiet, guettant ma réaction.

Je levai les yeux au ciel.

- Les loups garous sont vraiment des créatures extraordinaires. Dis-je avec un sourire, le rassurant au passage. Et c’est pour ça que tu refusais de me faire l’amour ?

- Amour, je… j’avais besoin d’entendre que tu m’aimais, besoin de savoir que lorsque je serais touché par tes sentiments, je n’allais pas me heurter à un mur de doutes et de questions, besoin de savoir que tu n’allais pas t’enfuir en constatant l’ampleur de mes propres sentiments.

- Je sais. Lui dis-je en lui caressant la joue. Je l’ai compris, et tu as bien fait. J’avais besoin de me rendre compte que je t’aimais moi aussi. Tu me connais bien mon cœur, et tu as raison, j’aurais sans doute tenté de te fuir. Lui dis-je avec calme pour ne pas le braquer.

Ses yeux s’écarquillaient de plus en plus et je sentais la panique grandir en lui. Aussi me hâtai-je de finir.

- Mais ça, c’était avant ! L’ancienne Lucinda ! Michael, tu n’as plus rien à craindre, je ne suis plus la même, j’ai confiance en toi, en tes sentiments, et je sais que tu ne m’abandonneras jamais.

Les muscles de mon loup se détendirent instantanément et je me serrai plus encore contre lui.

- Jamais. Répéta-t-il.

Nous restâmes ainsi, en silence, de nombreuses minutes, mais l’envie d’entendre sa voix me fit entamer la conversation.

- Au fait j’ai dormis longtemps ?

- Hum… quelques heures.

- Et toi ? Tu as dormis un peu ? M’enquis-je.

- Ne t’inquiète pas pour ça, je n’ai pas besoin de beaucoup de sommeil, et puis j’avais mieux à faire.

- Ah oui ? Et quoi donc ?

- Regarder ma petite humaine dormir représente la distraction la plus passionnante pour le Dieu que je suis.

J’éclatai de rire mais avec l’esprit plus reposé, un évènement refit soudain surface dans ma mémoire, me faisant de nouveau m’interroger sur mon statut d’humaine. Je me redressais brusquement, m’appuyant sur son torse pour le regarder dans les yeux.

- Qu’est-ce que tu as voulu dire lorsque tu m’as dit que je brillais ? Demandai-je précipitamment.

Michael ne me répondit pas, son regard était soudain très concentré sur mes seins qui se balançaient doucement au-dessus de lui.

- Michael ! Hé ho ! Mes yeux sont plus hauts ! L’interpellai-je avec un sourire.

- Hein ?  Ah oui tu brillais et quoi ? Me répondit-il l’air nonchalant.

- Espèce de dieu pervers ! Le gratifiai-je. Et c’est tout ? Je brillais et ça ne te perturbe pas plus que ça ?

- Premièrement, aucun être au monde normalement constitué n’est capable de se concentrer quand il a une telle vue sous les yeux ? Et deuxièmement… Ça fait longtemps que je ne m’étonne plus de rien avec toi, mon amour. M’annonça-t-il avec un sourire.

- Donc j’en déduis que tu n’as pas dit ça métaphoriquement.

- C’est la première fois que ça t’arrive ? Me demanda-t-il avec un sourire lumineux.

- Bien sûr que oui ! Ça n’a rien de normal de briller et… Pourquoi as-tu l’air si fier de toi ? M’interrompis-je soudain. Son sourire était extatique et à la fois arrogant.

- J’ai réussi à te faire briller amour ! Tu te rends compte, je t’ai donné des orgasmes rayonnants. S’exclama-t-il en éclatant de rire. C’est le plus beau compliment que tu pouvais me faire.

- Comment ça « des » ? C’est arrivé plus d’une fois ?

- A chaque fois amour. Tu brillais à chaque fois que tu avais un or…

- Oui oui c’est bon on a compris. L’interrompis-je.

S’il prononçait encore une fois les mots « orgasme » et « rayonnant » j’allais me transformer en vierge rougissante et effarouchée.

- Tu es gênée ? Me demanda-t-il en retenant un rire. Après tout ce qui s’est passé cette nuit, après tout ce que je t’ai fait et ce que tu m’as… hum… fait, tu es gênée !

Il avait poussé un gémissement en fermant les yeux au moment où il avait revécu les évènements de la nuit. Et ça ! C’était très érotique ! Bon sang comment parvenait-il à réveiller mon désir avec un simple gémissement ?

Il rouvrit les yeux à demi et m’observa entre ses cils.

- Et c’est moi le pervers ? M’accusa-t-il en soulevant un sourcil.

Je n’avais pas bougé, n’avais pas même frémi, ce qui signifiait donc qu’il avait senti mon désir avec ses perceptions lycanes.

- Hummm… Ne me regarde pas. Grognai-je en me cachant de nouveau contre son épaule.

Michael éclata de rire. Je ne l’avais jamais tant entendu rire que depuis mon réveil, et c’était terriblement bon de l’entendre si heureux.

Il plongea sa main entre son épaule et ma peau et releva mon menton pour que je le regarde.

- Hé ! Avec moi tu n’as pas honte ! Jamais, tu m’entends ! Dit-il en pressant ses lèvres contre les miennes. Tout ce qui se passe dans ce lit est fait avec amour, et c’est pour ça que c’est si bon et qu’il n’y a aucune raison d’en avoir honte. Et si tu as envie de moi, ne me le cache pas.

Je pouffai involontairement.

- Comme si je le pouvais de toute façon.

- Non c’est vrai, raison de plus. Se vanta-t-il, visiblement très fier de lui. Bien, et maintenant, si on faisait quelque chose pour calmer ça.

En même temps qu’il parlait, il se tourna complètement vers moi, enfouit sa main sous le drap et la plaça entre mes jambes.

- Oh et d’après ce que je vois, il est plus que temps !

Bon d’accord, j’étais déjà trempée du simple fait de l’imaginer me faire toutes les choses qu’il m’avait fait cette nuit, mais en jetant un coup d’œil vers la région sud de son corps, je constatai qu’il n’était pas en reste niveau excitation. Je passai moi-même ma main sous le drap, me laissant guider par le chemin tracé par ses abdominaux contractés et la refermait sur sa hampe déjà gorgée de sang.

Michael planta son regard dans le mien tandis qu’il me caressait doucement sous le drap et que je faisais de même. J’appréciais sa retenue autant que ses caresses, pourtant s’il me savait fatiguée, je le savais toujours aussi en forme. Je me redressai alors et passai une jambe au-dessus de lui, le chevauchant et dévoilant entièrement mon corps à sa vue, et lui arrachant un gémissement par la même occasion.

- Hum… Amour ! Attends… tu es épuisée et… Oooooooh !!!! Cria-t-il alors que je m’empalais doucement sur son membre sans attendre la fin de sa phrase. Je pris une grande inspiration et attendis que mon corps se fasse à la taille toujours aussi impressionnante de mon amant. Je sentais ses hanches tressauter sous moi, impatientes de commencer leur mouvement oscillatoire.

Je me sentis finalement prête, plus rapidement que je ne l’aurais cru, mon corps gardant la mémoire de la nuit précédente. Je poussai sur mes jambes et me soulevai doucement, le faisant glisser en moi. Puis je redescendais avec autant de douceur que lors de mon ascension. Michael passa ses mains sur mon ventre et les remonta jusqu’à ma poitrine, caressant mes seins de ses grandes mains chaudes. Je me redressai totalement pour lui rendre l’accès plus facile le faisant s’enfoncer  un peu plus en moi par la même occasion. Je repris mes oscillations avec autant de douceur que précédemment, le mettant presque au supplice. Je voyais bien qu’il voulait que j’accélère le mouvement mais je me faisais un malin plaisir de le pousser dans ses retranchements.

-Amour… Tu es en train de me rendre fou…

Je lui souris d’un air entendu, les yeux à demi clos par le plaisir. Il me répondit par un sourire coquin qui me disait que je ne perdais rien pour attendre. J’adorais ça. Cette complicité entre nous, jusque dans notre lit. Tout était tellement parfait… que ça ne m’étonna pas quand quelqu’un frappa à la porte. Bien sûr, c’était trop parfait pour durer ! Je soupirai et me laissai retomber d’un coup sur son sexe, lui faisant se mordre les lèvres pour ne pas gémir.

- Bordel ! Qui que ce soit et à moins que tu sois en train d’y passer, je te conseille de te tirer et vite ! Hurla Michael pour se faire entendre de l’autre côté de la pièce.

- Et merde ! Vous avez eu toute la nuit et toute la journée ! Vous pourriez ramener vos culs en bas, tes loups sont en train d’arriver pour la réunion Boss ! Brailla Van de l’autre côté de la cloison en bois.

- J’arrive ! Dis leur de patienter encore… un peu ! Annonça Michael en s’étirant pour regarder l’heure sur sa montre posée sur la table de nuit. Il allait se redresser pour quitter le lit mais je me soulevai et m’empalai d’un coup sur toute sa longueur.

- Oooooh bordel !!!! S’écria-t-il. Visiblement il ne s’était pas attendu à ça et j’adorais le voir se tordre de plaisir en dessous de moi.

- Bon sang Lucy, je l’entends d’ici ! Vous voulez bien arrêter de copuler deux minutes et me rendre notre alpha ?

- Tire-toi Van ! Cria à nouveau Michael.

Je réitérai le mouvement précèdent sans me soucier de Van, arrachant un nouveau gémissement à mon amant.

- Merde ! Vous faites chier tous les deux ! Faut apprendre à vous contrôler sérieux ! On dirait des lapins. Marmonna le lieutenant suffisamment fort pour qu’on l’entende.

- Van tu me gonfles vraiment là, alors casse-toi avant que je vienne te botter le cul ! Gémit Michael. Ce n’était pas du tout convaincant et je ris en même temps que je continuai mon mouvement, accélérant de plus en plus. C’était euphorisant de pouvoir contrôler son plaisir, et je ne me croyais pas capable de m’en lasser.

- Bordel ! Tu crois que ça me fait peur ? Viens là qu’on voit si tu en es capable ! Ça te ferait sortir de là au moins ! Pouffa le loup.

- Ok, chérie, je suis désolé mais, je ne crois pas que je vais réussir à me débarrasser de lui comme ça. Me dit gentiment Michael en tendant sa main pour caresser ma joue.

- Putain, c’est clair que non ! Maugréa Van.

J’écarquillai les yeux en songeant qu’il n’allait tout de même pas me laisser comme ça, dans cet état d’excitation proche d’un volcan en éruption. Mais alors que je commençai déjà à chercher un moyen de le faire rester, il prit une impulsion et me fit basculer sous lui, mais au lieu de s’en tenir là, il me saisit sous les fesses, tandis que je m’agrippais à son cou. Me soulevant totalement, il colla mon dos contre le mur en tête de lit, et s’enfonça férocement en moi. Son assaut puissant me coupa le souffle alors qu’il commençait des va-et-vient intenses, pénétrant presque entièrement mon intimité, et se retirant d’autant à chaque fois. Je mordais mes lèvres de toutes mes forces pour m’empêcher de hurler tant le plaisir était fort. Pourtant lorsque l’orgasme nous emporta, nos cris se répercutèrent contre les murs de la chambre et sans doute jusqu’aux oreilles de tous les loups de la maison.

Je glissai, épuisée, contre le mur, les bras de Michael accompagnant ma lente descente, et m’allongeai sur le dos, cherchant à retrouver mon souffle. Michael posa sa tête sur mon ventre et grogna.

- Ca y est ? C’est bon, c’est fini ? Appela Van.

- Mais merde ! T’es encore là toi ! Tire-toi bordel ! Où je t’enferme trois semaines dans une cellule. Le menaça Michael, exaspéré par son loup. Je ris légèrement, trop fatiguée pour laisser éclater le fou rire que m’inspirait la situation. Depuis quand étais-je devenue aussi libérée ? Me demandai-je en constatant que je n’avais pas réellement honte qu’on m’ait entendue. Après tout j’étais la femelle alpha, sa compagne, c’était officiel, je n’avais pas à avoir honte. Les choses se passaient dans notre chambre, si ça les dérangeait ils n’avaient qu’à pas écouter.

Je fis un clin d’œil à Michael puis tournai la tête vers la porte.

- Van, je te rends ton alpha dans cinq minutes. Ça ira pour cette fois, mais si tu reviens rôder autour de notre chambre, je te promets que je ferai la même chose quand Julian et toi vous…

- Oh bordel, mais tu vas te taire oui ! C’est bon je me casse ! Bande de dégénérés ! Ouais c’est ça, vous êtes des dégénérés ! Et Merde, je suis sûr qu’il a entendu ! Pleurnicha-t-il en s’éloignant finalement.

Michael éclata de rire contre mon ventre et c’était des plus agréable. Son rire chaud m’emplissait de bonheur.

- Merci. Me dit-il. Je ne savais plus comment m’en débarrasser.

Il se redressa légèrement, plantant son regard dans le mien. Ses yeux étaient rieurs, les petites rides d’expression au coin de ses yeux lui donnant un charme fou.

Je passai mon pouce sur les petits sillons avec tendresse.

- Non, c’est moi qui te remercie mon cœur. Merci de m’avoir acceptée telle que je suis, d’avoir été si patient avec moi. Tu me rends vraiment heureuse tu sais. Laissai-je échapper inconsciemment, me laissant envahir par la vague de bonheur que je ressentais.

Michael enfouit son visage contre mon ventre nu et commença à rire, doucement d’abord, puis de plus en plus fort, jusqu’à ce que l’hilarité le secoue totalement, me chatouillant la peau de son souffle saccadé.

- Qu’est-ce qui te fais tant rire ? Lui demandai-je, un peu vexée.

Je venais de lui dire ce que j’avais sur le cœur, des mots d’amour et de joie, un instantané du bonheur qu’il me donnait, et lui se tordait de rire comme si je venais de lui raconter la dernière blague obscène du moment. Charmant !

- Désolée amour… ce n’est pas… ce que tu viens de dire qui me fait rire… enfin si mais…

Les bribes de phrases s’intercalaient au milieu de son fou rire et je levai un sourcil, signe de mon incompréhension.

- Non attends, ne fais pas cette tête… Me dit-il en se reprenant tant bien que mal. C’est juste que je te l’aie fait dire.

- Hein ?

Je ne comprenais toujours pas où il voulait en venir.

- Tu l’as dit amour ! Tu m’as dit s’il te plait avant, encore pendant, et merci après ! M’annonça-t-il en repartant dans son fou rire.

Ma mâchoire se décrocha d’elle-même en comprenant le pourquoi de son hilarité et je sentis le sang affluer à mes joues sous l’effet de l’embarras.

Je me soulevai rapidement, envoyant Michael rouler sur le côté du lit et me jetai sur lui pour lui administrer une punition exemplaire − je savais bien que j’avais eu raison de garder cette information dans un coin de ma tête – laissant s’abattre sur lui une pluie de chatouillis qu’il avait bien mérité. 

 

Suite>>

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 15:42

Lorsque je retournai à la cuisine, les traces de notre petite assemblée avaient été nettoyées. Les verres, ainsi que mon mug, étaient posés dans l’évier et les chaises avaient retrouvé leur place sous la table. La pièce était vide, aucune trace de Michael non plus. Il avait dû sentir mon urgence à être seule avec Thomas et avait dû partir se coucher sans moi. Je montai donc les marches en repensant aux évènements de la journée, la confrontation avec le vampire, les révélations qu’il avait faites à mon ami, et celle, bien sûr, qu’il m’avait faites, même si elles apportaient plutôt leur lot de questions que de réponses. Bon sang dans quoi étais-je encore embarquée ? Et Michael parviendrait-il à me pardonner si je devenais un danger potentiel pour sa meute ?

Et puis il y avait cette histoire de guerre…

Est-ce que des loups garous, même une meute au complet, avait réellement ses chances face à une horde de vampires ? La réponse m’apparut négative quand je pénétrai dans la chambre et trouvai Michael assit sur le lit, face à la porte, la tête dans les mains. Il la redressa légèrement en entendant mon approche et gémit en me voyant, comme si ma seule vue le faisait souffrir, avant de reprendre sa position.

Ok ! Ce n’était pas exactement l’accueil auquel je m’était attendue !

- Tu veux que je te laisse seul un moment ? M’enquis-je d’un ton un peu plus tranchant que je ne l’avais souhaité.

Michael se redressa totalement et pencha légèrement sa tête sur le côté, m’offrant une ébauche de sourire.

- Non, viens là.

Il tendait sa main vers moi et je m’approchai pour la prendre, me remémorant les derniers mots de Thomas. Je ne voulais pas avoir de regret.

Je m’assis à côté de lui en croisant mes doigts aux siens.

- Tu vas bien ? Lui demandai-je avec inquiétude. Il semblait plus pâle que je ne l’avais jamais vu.

- Je n’en sais rien, en fait jamais je n’aurais cru que j’appréhenderais autant ce moment. Ça ne me ressemble pas. S’expliqua-t-il dans un souffle.

Je resserrai mes doigts autour des siens.

- Mon cœur, la guerre n’est pas une décision à prendre à la légère alors c’est normal que tu…

- La guerre ? Me coupa-t-il. La guerre est facile amour, deux armées et un seul vainqueur ! L’équation n’est pas plus compliquée que ça. Les règles sont simples, il n’y a qu’à les suivre.

Je n’étais pas sûre d’adhérer à sa vision des choses.

- Mais alors… ?

- La guerre est facile, mais l’amour…

- L’amour ? Tu veux dire que tu angoisses pour… ?

- Ça te surprend ? me demanda-t-il avec un regard de biais. Tu sais depuis quand j’attends ça ?

Ok, j’étais prête à parier à cet instant, qu’une colonie entière de papillons avait élu domicile dans mon estomac et visiblement, ce soir, c’était la fête.

- Quoi ? Le grand Michael Madison… L’homme aux milles conquêtes a peur d’une chose aussi triviale que l’amour ?

Bon je sais, ma réplique pouvait paraître déplacée mais à cet instant l’humour était le seul rempart qui m’empêchait de tomber dans le romantisme dégoulinant.

- Ça t’embête que mon expérience ne me soit d’aucun secours dans cette situation ? Parce que comme tu le sais, tu es la première à réellement compter.

- Non, là tout de suite, ce qui m’embête, c’est que tu ne réfutes pas le fait d’avoir eu un millier de conquêtes. Dis-je avec une moue renfrognée.

Michael éclata de rire et ce son m’envoya des décharges dans tout le corps.

- Tu es douée pour faire retomber la pression amour. Dit-il avec un sourire lumineux.

- Oui mais tu ne réfutes toujours pas là ! M’exclamai-je en commençant à la ressentir, cette pression. Bon sang, je savais que Michael avait connu un certains nombres de femmes avant moi, mais près d’un millier… Comment étais-je censée faire le poids face à ça ?

- Petite idiote ! Bien sûr que non je n’ai pas connu un millier de femmes. Dit-il en riant et en me tapotant le front du plat de la main.

Je soupirai de soulagement.

- Juste quelques centaines… Ajouta-t-il.

Ok, retour express de la pression !

- Hein ? Tu dis ça pour me taquiner n’est-ce pas ?

Mon compagnon me sourit et la chaleur qui s’alluma soudain dans ses yeux, fit battre mon cœur un peu plus vite.

- Si ça peut te rassurer, tu m’as apportée plus à toi seule qu’elles toutes réunies.

Je levai les yeux au ciel. Qu’elle idiote j’étais ! J’avais réussi à me mettre la pression toute seule et j’en avais oublié le plus important, il m’aimait, moi, et c’était tout ce qui comptait.

Lorsque je reposai les yeux sur mon compagnon, il s’était rapproché et son visage ne se trouvait qu’à quelques centimètres du mien, son regard émeraude plongeant dans le mien.

- Dit le moi ! Murmura-t-il, la voix rauque, contre mes lèvres.

- Que… Quoi ?

- Que tu m’aimes.

Bien sûr ! Quoi d’autre ? Je lui avais dit si peu de fois en comparaison de lui qui avait saisi toutes les occasions qui s’étaient présentées pour me faire part de ses sentiments.

- Je t’aime.

- Huuum… c’est si bon de t’entendre me le dire. Susurra-t-il avant de foncer sur mes lèvres comme un loup affamé.

Il m’embrassait avec ferveur et avec aussi peu de retenue que le matin même, avant que Nathan nous interrompe. Sa bouche était douce et sucrée, ses lèvres se plaquaient sur les miennes tandis que sa langue se frayait un passage jusqu’à la mienne, la caressant, la léchant, la suçotant parfois. Une telle stimulation, sans autre contact d’aucune partie de nos corps était déjà à la limite de l’endurable, alors j’ignorais comment j’allais pouvoir supporter la suite qui n’allait pas tarder à arriver. Il était déjà un expert dans l’art du baiser et s’il faisait l’amour ne serait-ce qu’à moitié aussi bien qu’il embrassait, mes cris allaient se répercuter jusqu’en Chine !

Je sentais bien que ce baiser portait avec lui une toute autre intensité que les baisers que nous avions déjà échangés. Il n’était pas plus passionné, ni plus ardent, il était doux et à la fois tendre, et pourtant il y avait quelque chose de différent. Il m’embrassait comme si rien d’autre au monde ne comptait que ma bouche, mes lèvres, ma langue, il ne cherchait pas à tricher avec des techniques compliquées, il me donnait un baiser au sens le plus strict du mot « donner », il me faisait ressentir ce baiser, il était le baiser.

Sa main plongea dans mes cheveux pour, un peu plus, plaquer ma bouche contre la sienne. Je ne savais plus ou commençait ses lèvres ni ou s’arrêtait les miennes, les limites de nos deux corps devenaient floues. Un moment, j’eus l’impression d’être perdue dans ce baiser, et cette sensation me fit un peu peur. Je déposai doucement mes mains sur son torse et le repoussai légèrement. Lorsqu’il interrompit le baiser, j’eus la sensation qu’on m’arrachait un organe vital.

Je le regardai à quelques centimètres de moi, haletante, les yeux grands ouverts pour essayer de récupérer mes cinq sens qui semblaient me faire défaut.

- Amour ça va ? Demanda-t-il l’air un peu inquiet.

- Je… oui, enfin… je ne sais pas trop… c’était quoi ça ?

Michael me sourit tendrement.

- Toi aussi tu l’as senti ? C’est notre lien qui se fortifie. M’expliqua-t-il.

- Oh ! Vraiment ? Tu es sûr ? Parce que on… on ne s’est qu’embrassé et je pensais qu’il fallait que…

Michael émit un petit rire amusé.

- Tu es trop pressée chérie, mais oui, ne t’inquiète pas, on y viendra.

- Je ne suis pas spécialement pressée, c’est juste que je me pose des questions. Lui dis-je en faisant la moue et en croisant les bras sur ma poitrine. Qu’il me traite de nymphomane pendant qu’il y était…

- Ah bon ? Je pensais que mon baiser t’avait fait de l’effet, mais puisque ce n’est visiblement pas le cas… Puis il s’éloigna et prit appuie sur ses avant-bras comme pour se lever du lit.

- Non ! Attends ! M’exclamai-je en lui prenant le bras et… Bon sang, un avant-bras pouvait-il être aussi gros ? J’avais besoin de mes deux mains pour en faire le tour. Michael me jeta un regard de biais tout en souriant du coin de la bouche.

- Non ? Je reste où je suis alors ?

Je lui envoyai mon poing dans l’épaule.

- Arrête de faire le malin Michael Madison ! Il y a des choses que je ne comprends pas et je dois avouer que ça me fait un peu peur. Pourquoi crois-tu que je t’ai repoussé pendant trois ans ?

- Oui ! En voilà une bonne question ! Pourquoi en effet ? Comment tu as pu résister à ça ? Dit-il en agitant sa main de haut en bas pour mettre son corps en évidence. Son sourire coquin m’indiquait qu’il plaisantait mais je trouvais ce regain de confiance en soi rassurant. C’était bien Michael, mon Michael, je n’avais rien à craindre.

- Hum, tu sais, je ne suis pas vraiment ce qu’on peut appeler une humaine « normale » alors tomber amoureuse d’un loup garou ça n’était pas vraiment dans mes plans de banalité humaine. Mais du coup, lorsqu’il se produit quelque chose que je ne peux pas expliquer, une petite crainte se réveille en moi.

- Non c’est vrai, tu n’es pas une humaine « normale » comme tu le dis, mais si la banalité était ce que je recherchais, je n’aurais pas mis si longtemps à trouver ma compagne, tu sais. Ecoute Lucy. Dit-il en saisissant mon visage de ses grandes mains et en venant coller son front au mien. C’est toi que je veux, et personne d’autre, et je te veux quoi qu’il arrive, quoi qu’il m’en coûte, j’en ai tellement besoin que je deviens fou quand je ne suis pas avec toi. Ton parfum, ton goût, la douceur de ta peau, tes cheveux qui glissent entre mes doigts quand je les caresse, tes yeux verts qui me suivent partout où je vais… tout ça, ça m’est devenu tellement indispensable que je n’arrive pas à m’imaginer le perdre. Alors je te demande de me faire confiance, entièrement. Et si tu as peur, si tu t’inquiètes, je veux que tu penses à moi, à ce que je viens de te dire, à la façon dont je ne pourrais plus jamais vivre sans toi. Il ne t’arrivera rien de mal, parce que je ne te ferai jamais souffrir, tu m’entends ! Jamais !

J’inspirai profondément, capturant son parfum dans ma bouche, et l’embrassai timidement.

- Compris ! Répondis-je simplement.

- Très bien, maintenant laisse-moi te guider et ne te pose pas trop de question, ok ? Prends les choses comme elles viennent. Murmura-t-il en me repoussant doucement, me forçant à m’allonger sur le lit.

- Dis-moi, pour quelqu’un qui angoissait il y a quelques minutes, tu as plutôt bien repris le dessus je trouve. Le taquinai-je.

- Oui et bien parfois le désir l’emporte sur l’angoisse… dit-il rapidement avant de se pencher sur moi, ses longs cheveux de jais se répandant tout autour de son visage. Je ne pouvais pas m’empêcher de les fixer. Ils étaient si beaux, si brillants, et pourtant c’était un des attributs qui le rendait plus masculin encore.

- Tu aimes mes cheveux amour ? Ce n’est pas la première fois que tu les fixes comme ça.

- Oui, je dois avouer que je trouve ça vraiment sexy sur toi. Répondis-je sans gêne. La façon dont ils bougent, et la manière dont ils renvoient la lumière… c’est vraiment très beau…

Je tendais une main au-dessus de ma tête pour passer mes doigts dans la crinière noire. Alors que ma main redescendait finalement, il la saisit et la porta à sa bouche, l’embrassant tandis qu’il fermait les yeux. Sa langue darda hors de sa bouche et commença à lécher le tranchant. Il avait ouvert les yeux pour les fixer dans les miens. Ils luisaient doucement dans la pénombre de la chambre. Le spectacle était hypnotisant et je ne pouvais détourner mon regard.

- Tu ne vas plus faire marche arrière n’est-ce pas ? Lui demandai-je. Il n’y a plus de raisons qui t’empêche de me prendre ?

- Tu m’aimes n’est-ce pas ? Tu m’aimes vraiment ? Demanda-t-il à son tour.

- Oui je t’aime. Plus que tout au monde. Plus que je n’ai jamais aimé personne.

- Alors non, je ne ferai pas marche arrière.

Et avec ces simples mots, sa bouche se retrouva sur la mienne tandis qu’il retenait toujours ma main dans la sienne, la posant sur son cœur, m’en faisant sentir les battements erratiques et affolés.

Je ne pensais pas pouvoir ressentir de telles émotions avec un simple baiser, c’était intense, c’était trop, et une larme coula le long de ma joue sans que je puisse la retenir.

- Michael, Dis-moi que tu m’aimes.

J’avais besoin de l’entendre, maintenant, plus que jamais, alors que je sentais mon âme se connecter à la sienne.

- Je vais faire mieux que te le dire amour, je vais te le montrer.

Et juste comme ça, il se transforma sous mes yeux, passant de l’ami, de l’amoureux, à l’amant. Les yeux, la peau, les gestes, brûlants de désir, il se débarrassa de son haut et reposa ma main sur son torse, la guidant sur ses pectoraux, jusqu’à son cou puis sur sa mâchoire. Ses lèvres happèrent mon pouce qu’il suça langoureusement un instant. Sa bouche se déplaça ensuite vers mon poignet qu’il embrassa doucement. Il continua à descendre le long de mon bras faisant pleuvoir une pluie de baiser sur celui-ci  et arriva finalement à mon épaule, puis mon cou. Partout où sa bouche passait, un courant d’air froid m’électrisait au moment où il le quittait, conséquence de l’air ambiant sur la trace humide que sa langue laissait sur ma peau.

Je gémissais déjà sous ce feu d’artifice qu’il offrait à mes sens, la vision de son corps doré et magnifique, le parfum musqué de sa peau, le son de sa respiration de plus en plus rapide, le goût de ses lèvres encore présent sur les mienne, le touché de ses mains, de sa bouche sur mon corps. J’avais l’impression d’évoluer dans un univers composé entièrement et uniquement de Michael où, tout mon être n’existait que pour le recevoir.

Et puis un son de déchirure attira mon attention hors de cette bulle de Michael. Mon haut, ne passa pas par-dessus ma tête mais glissa sous mon dos alors que mon compagnon me le retirait complètement après avoir simplement déchiré les coutures sur tout un côté. La plénitude que j’avais ressentie jusque-là se transforma en chaleur, irradiant de mon ventre à chaque extrémité de mon corps, et je frémissais sans pouvoir m’en empêcher.

- Tu as froid ? Me demanda-t-il, la voix rauque et éraillée. Je vais te réchauffer.

Sa main brûlante se posa sur mon ventre nu et remonta jusqu’à mon sein qu’il libéra rapidement de son carcan de tissu. Sa bouche vint se poser sur le petit bout déjà érigé par l’excitation. Je poussai un gémissement incontrôlable lorsque sa langue s’aventura autour de celui-ci. Sa main se saisit de mon sein et le caressa tandis qu’il continuait de me titiller avec sa langue. Il allumait un feu au creux de mon ventre aussi surement qu’un brasier en plein cœur de l’hiver. Je me cambrai de plus en plus pour rentrer en contact avec sa bouche, sa langue et le reste de son corps, je voulais le sentir sur moi, sentir sa peau en contact avec la mienne. Il profita d’une de mes ruades pour passer son autre main sous mon dos et dégrafer le soutien-gorge qui n’était devenu qu’une gêne entre mon épiderme hyper sensible et le sien. Il se redressa pour me le retirer et se plaça à genoux entre mes jambes. Et sans quitter mes yeux, il défit lentement le bouton de mon pantalon, remonta mes jambes sur ses épaules et retira tout ce qui me restait de vêtements. Je me laissai faire, plaçant ma confiance dans ses gestes sûrs, devenant poupée de chiffon entre ses mains. Il quitta mes yeux pour balayer mon corps entièrement nu de son regard. Je su avec certitude qu’il allait grogner en voyant le frémissement de sa peau au niveau de sa poitrine avant même que le son ne sorte de sa gorge. Il me regardait moi, et il grognait, devenant bête à la vue de ma nudité, il était le désir lui-même, il était le sexe lui-même, il était tout ce que j’avais toujours voulu. Lorsque ses yeux remontèrent jusqu’aux miens, ils avaient changé de couleur, et le bleu profond de ses pupilles semblait me transpercer. Il ne regardait pas mon corps, il regardait mon âme. Jamais je n’avais eu, au cours de ma vie, le sentiment d’être à ce point mise à nue, et ça n’avait rien à voir avec l’absence de vêtements sur ma peau. Qu’importe, je lui donnais tout, sans restriction, sans retenue, il pouvait tout prendre, j’étais à lui.

- Tu es si belle amour ! Et tu es à moi ! Je n’en reviens pas. Tu es à moi, enfin. Gronda-t-il comme s’il venait de lire dans mes pensées.

Je tendis les mains vers lui, l’invitant à m’étreindre.

- Viens ! Et prends ce qui t’appartient ! Lui chuchotai-je lorsqu’il répondit à mon appel.

Il n’en fallut pas plus. Il glissa de mon cou à mon ventre, s’attardant sur mon nombril, laissant un chemin incandescent de ses baisers sur ma peau. Mes jambes s’écartèrent d’elle-même lorsqu’arrivé à hauteur de mon bas-ventre, il se lécha les lèvres avec convoitise.

- C’est ce que tu veux ? Tu en as envie n’est-ce pas ? Me dit-il de sa voix profonde et chaude. Ce n’était pas réellement une question, il le savait, il connaissait déjà la réponse. Aussi sans attendre, il se pencha et enfouit sa langue dans les replis humides de mon sexe déjà prêt à l’accueillir. Sa bouche se posant sur celui-ci, il me lécha, me suça, s’attardant sur le petit bouton de chair déjà gonflé d’excitation. Je me cambrai de plus en plus, incapable de retenir les mouvements de mon corps qui semblait avoir sa vie propre. J’allais à la rencontre de ses lèvres, soulevant mon bassin de plus en plus, l’invitant à se fondre en moi plus profondément à chaque fois. Ses mains se posèrent sous mes fesses et il me souleva de lui-même, m’élevant jusqu’à sa bouche, et me maintenant fermement en place, je ne pouvais plus bouger, j’étais totalement à sa merci, clouée à ses mains et à sa bouche par les décharges de plaisir qu’il m’infligeait. Je tentai désespérément de ne pas me laisser envahir par toutes ces sensations, et il fallait que je me concentre pour ne pas jouir dans la seconde. Il maniait sa langue avec une dextérité incroyable et je ne voulais pas exploser sans lui, je le voulais en moi, désespérément, et je voulais le sentir jouir au moment où enfin, je me laisserais aller. Heureusement, cette douce torture prit bientôt fin lorsqu’avec un dernier coup de langue, il me laissa retomber sur le matelas, à peine capable d’utiliser une fonction aussi basique que la respiration. Son sourire était extatique alors qu’il m’observait me tordre sur le lit, empoigner les draps, tandis que mes hanches se soulevaient et descendaient d’elle-même, anticipant le mouvement millénaire qui nous lierait bientôt. Je voulais moi aussi lui donner ce plaisir intense qu’il venait de m’offrir et je tendais mes mains dans sa direction.

- Moi aussi… Gémis-je doucement.

Mais il plaqua mes mains au-dessus de ma tête, les enfermant dans une poigne de fer.

- Tout à l’heure amour. Là maintenant, je vais te prendre et te faire crier mon nom.

Oh seigneur, cette voix chaude et grave ! Plus grognement que parole ! Personne ne pouvait m’exciter comme lui.

De sa main restante, il défit sa ceinture, la tirant jusqu’à ce qu’elle soit sortie de tous les passants de son jean. Deux doigts lui suffirent à détacher le bouton et la fermeture éclair descendit toute seule sous la pression de son sexe rigide qui ne demandait qu’à se libérer de sa prison de tissu. Lorsque le gland luisant apparut, je constatai qu’il ne portait rien d’autre que le pantalon. Mon dieu, il avait été nu sous le tissu, pendant tout ce temps ! Je déglutis péniblement, très concentrée sur le spectacle de se sexe énorme, jaillissant petit à petit de sa cachette.

C’en était trop, je pouvais conserver un semblant de contrôle sur moi tant que son corps n’était pas entièrement exposé à ma vue, mais dès lors qu’il se présentait à moi, dans le plus simple appareil, sa nudité triomphante, je ressentais un vide intolérable et douloureux entre mes cuisses, que seul lui et son sexe tumescent parviendraient à soulager. Je me tortillai pour échapper à sa prise sur mes mains, tentant de me rapprocher de lui, mais rien n’y faisait, je restais désespérément bloquée. Et Michael ne faisait rien pour me soulager, bien au contraire, il se contentait de me regarder, un petit sourire satisfait aux lèvres.

- Michael… Gémis-je faiblement.

- Tu es belle amour… si belle… laisse-moi te regarder encore.

- Non Michael ! Maintenant ! Je n’en peux plus… Le suppliai-je.

- Qu’est-ce que tu veux ? Dis le moi. Insista-t-il.

- Touche-moi ! Michael touche-moi, je t’en prie… Criai-je plus que je ne parlais.

- C’est ce que tu veux ? Que je te touche ? Comme ça ? Demanda-t-il, les yeux pétillant en déposant sa large paume sur mon sexe humide.

Je me tortillai de plus belle, cherchant à me frotter à sa main, ne supportant plus de ne pas le sentir sur moi, en moi.

- Michael… ! L’implorai-je encore une fois. Pas comme ça ! Michael touche-moi vraiment !

- Alors demande-le-moi gentiment. 

Aaaah il allait me rendre folle. Il fallait que je trouve quelque chose, n’importe quoi pour qu’il apaise le feu qu’il avait allumé en moi.

- Mon cœur… Gémissai-je langoureusement. Mon cœur, je t’aime, je t’en supplie, touche-moi…

Des éclairs s’allumèrent soudain dans ses yeux bleus nuit et un grognement bestial s’échappa de sa gorge. Alors sa main se déplaça et ses doigts s’insinuèrent en moi, m’arrachant un cri d’extase tandis qu’il commençait à les bouger. Non, c’était trop bon, comment allais-je parvenir à retenir la vague de jouissance qui montait en moi comme une déferlante implacable ?

C’était si bon que je ne pouvais m’empêcher de me mordre les lèvres. Un goût de sang m’emplit même la bouche et pourtant ça n’avait aucune importance. Rien ne comptait plus que cette main sur mes poignets, m’empêchant de bouger, ces yeux irréels, braqués sur moi, ce parfum entêtant, dégagé par le corps de Michael, et ces doigts… en moi et sur moi, caressant chaque cellule de mon intimité, m’amenant doucement mais implacablement vers l’orgasme.

Michael se pencha et recueillit de sa langue, les quelques gouttes de sang sur mes lèvres.

- Doucement amour, si tu te blesses, je ne pourrai pas continuer. Murmura-t-il contre ma bouche.

Je m’en fichais, son visage se trouvait très près du mien et mes lèvres cherchaient à tout prix à capturer les siennes. Il se fit un malin plaisir de s’éloigner juste assez pour être hors de portée. Je l’atteignis tout juste avec le bout de ma langue et la passait sur ses lèvres dans l’espoir de le tenter. Ce ne fut pas en vain.  Il plongea sur moi avec violence, m’arrachant un cri lorsque ses doigts pénétrèrent plus profondément en moi. Son baiser était agressif, dévorant. Sa langue ne rencontra aucune résistance, ma reddition était totale. Il me voulait tellement qu’il ne se contrôlait pour ainsi dire plus. Et je le voulais au moins autant que lui. Je profitai de la seconde où il se sépara de moi pour reprendre sa respiration, pour plonger mes yeux dans les siens.

- Michael, maintenant ! S’il te plait, prends-moi !

Il se figea totalement avant de trembler de tout son corps, son regard encré dans le mien.

- Je vais te prendre amour, je vais te faire l’amour mais tu dois savoir… Tu es ma compagne… Il se peut que… Murmura-t-il fébrilement, alors qu’une crainte s’allumait dans ses yeux.

- Chut… Tout va bien. Le rassurai-je. Je sais, tu me l’as dit, ce sera spécial entre nous. Mais je n’ai pas peur. Je sais que tu ne me feras jamais aucun mal alors maintenant prends-moi. Je te veux tellement, tu n’imagines pas à quel point je me sens vide sans toi.

Il me sourit tendrement, m’embrassa doucement, puis retirant ses doigts, se guida à l’intérieur de moi.

Dieu du ciel, il était vraiment énorme. Je me sentais presque écartelée par tant de pression. Mais ses yeux ne quittèrent pas les miens durant toute sa progression et me faisaient oublier tout le reste. Lorsque je le sentis tout au fond de moi, il ferma les yeux une minute, savourant la sensation de mes chairs autour de son membre, et il relâcha mes poignets. Je m’agrippai à son dos, plantant mes ongles dans sa peau, au-dessus de ses omoplates. Il me laissa le temps de m’habituer à sa taille et attendait avec toute la patience du monde, de sentir que je me détendais. Il m’avait bien préparée et mon excitation n’avait jamais été si puissante de toute ma vie, aussi mes muscles, mon corps, se relâchèrent rapidement et je sentis bientôt ses hanches se soulever doucement dans un mouvement ample, avant de venir se replacer entre mes cuisses. Mon dieu, Michael était en moi et il me faisait l’amour, enfin. Il bougeait doucement, accompagnant chaque mouvement de prudence et de retenue. Il semblait se calquer sur le rythme de mes gémissements, ou peut-être était-ce le contraire, je ne savais pas, je ne savais plus rien, à part que je le sentais tout au fond de moi et que cette sensation était la meilleure que j’avais ressentie de toute ma vie.

Michael fermait et ouvrait les yeux au même rythme que ses oscillations, les fermant lorsqu’il s’enfonçait en moi, et les ouvrant lorsqu’il se retirait. Sa concentration me semblait intense pour se contrôler et ne pas me faire mal mais je ne voulais pas de ce contrôle, ça ne me suffisait plus… j’en voulais plus.

- Michael… Encore… Plus fort… Gémis-je, mise au supplice par tant de retenue et de plaisir mélangé.

Ses yeux se zébrèrent de plus d’éclairs encore lorsqu’il me regarda, avant de s’enfoncer en moi d’un coup, presque avec sauvagerie. Je criai sous cette invasion brutale et mon compagnon reprit son oscillation lente. Non ! Je ne voulais pas, mon cri n’avait pas été un cri de douleur mais de plaisir.

- Non mon cœur… Je t’en prie… Plus fort… Plus vite…

- Oh Lucy… Mon amour… Je t’aime tant… Gémit-il à son tour en balançant ses reins en avant pour me prendre brutalement.

Je criai sans pouvoir m’en empêcher mais Michael ne s’arrêta pas, le mouvement devenait de plus en plus rapide, de plus en plus fort, répondant à mon désir de le sentir plus profondément encore. J’accompagnai chaque poussée de mon loup de mon bassin, intensifiant la connexion entre nos deux corps. De nouveau, la sensation que j’avais ressentie un peu plus tôt se forma en moi. Je ne savais plus où finissait mon corps ni où commençait le sien. C’était bon, si bon que c’en était choquant, un tel plaisir était-il possible ? Je n’étais pas capable de répondre à cette question. Réfléchir me semblait au-delà de mes capacités à cet instant-là. Je n’étais plus que sensation, impression et perception, mon corps ne connaissant plus de limites physiques. Et puis tout s’intensifia. Michael accéléra encore, son membre palpitant furieusement en moi et mes cris emplissant toute la chambre, peut-être même toute la maison. Une vague électrique partit de mes reins, se propagea à mon bassin et vint se nicher entre mes cuisses au moment même où Michael se glissait en moi, et j’explosai en un orgasme fulgurant, balayant tout sur son passage et remplaçant le sang dans mes veines par du plaisir liquide. Je rejetai la tête en arrière, cherchant à me distendre, à faire perdurer les sensations incroyables qui se propageaient à chacune des extrémités de mon corps.

Entrainé par les crispations de mon sexe sur le sien, Michael me suivit l’instant d’après, jouissant dans un rugissement incroyable, qui résonna à mes oreilles durant plusieurs secondes. Et puis tout devint blanc…

 

Je clignai des yeux plusieurs fois, cherchant à faire partir ce voile qui m’empêchait de regarder mon amant. Je me sentais bien, au chaud, sereine, mais quelque chose manquait. Je tentai de regarder mon corps mais partout où je posai les yeux, tout n’était que blancheur immaculée. Et puis je me rendis compte que non seulement je ne sentais plus mon corps, mais je ne sentais plus celui de Michael sur moi, non plus. La panique me saisit. Où était-il ? Je me fichais bien de ne plus exister mais je n’imaginais pas un monde sans mon amour. Je voulais parler, l’appeler, hurler son nom mais aucun son ne sortait. Et puis soudainement, une image se forma devant moi. Je sentis de nouveau les limites de mon corps, je pouvais me voir, je pouvais sentir, je pouvais toucher. Je me trouvai grande, plus grande que je ne l’avais jamais été. Je secouai la tête pour reprendre mes esprits et de longues mèches de cheveux noirs de jais apparurent au coin de mes yeux. Devant moi, une porte apparut et je me mis à tambouriner dessus. J’étais énervée. Mes mains étaient grandes et mes bras puissants. La porte s’ouvrit avec force et un petit brin de femme aux longs cheveux roux me regarda de haut en bas avec un regard outré. Mon dieu, cette femme, c’était moi ! C’était moi, il y avait trois ans, lors de ma rencontre avec Michael, et si j’en jugeais par la place que j’occupais, alors… J’étais Michael, du moins, j’étais dans son corps.

En la voyant je me calmai, j’avais décidé de faire savoir à mon nouveau voisin, ce que je pensais de sa manière de se garer mais elle était si petite, si frêle, j’aurais pu la briser entre deux doigts. Les pensées de Michael m’arrivaient comme s’il s’agissait des miennes, en même temps que tout ce qu’il ressentait. La sensation était étrange mais je voulais en savoir plus.

La jeune femme venait de me claquer la porte au nez, à moi, Michael Madison, un alpha ! J’aurais dû être hors de moi, j’aurais dû défoncer cette porte et détruire la petite maison ridicule de cette gamine, et pourtant je restais planté là, devant la porte, les yeux ronds. Elle était… intéressante.

L’image se modifia et j’étais dans mon salon, la jeune femme assise sur mon canapé blanc, elle n’avait pas l’air rassurée et j’aimais lui faire cet effet. Elle venait de comprendre qu’elle allait devenir la guérisseuse de ma meute et que je ne lui laissais pas le choix. Ca n’avait pas l’air de lui plaire mais ça m’était égal, j’avais besoin d’une raison pour la revoir et mes loups avaient besoin qu’on les soigne quand ils étaient blessés. Pourquoi fallait-il que je la vois encore et encore ? Je l’ignorais, mais il le fallait. L’image changea encore.

J’étais un idiot ! Qu’est-ce que je faisais dans ces taillis, à moitié enseveli sous les feuilles et la verdure ? Je n’avais pas froid parce que mon pelage d’argent me protégeait contre les intempéries mais quand même, si l’un des gars apprenait ça, j’allais en entendre parler pendant des lustres. Un 4x4 arrivait. Enfin ! Elle rentrait chez elle et je la vis retirer des paquets de son coffre. Peut-être que je pouvais prétexter l’aider pour aller lui parler. Non, j’étais sous forme de loup, si je me retransformais pour aller l’aider, je serais entièrement nu et je risquais de la faire fuir. Mais bon sang, qu’est-ce que je faisais là ?

L’image changea de nouveau. Elle arrivait chez moi comme un petit chat sur le qui-vive. Ses longs cheveux roux étaient attachés en tresse. Elle les attachait toujours lorsqu’elle venait. Peut-être le faisait-elle pour me contrarier, elle devait savoir à quel point j’aimais ses cheveux détachés. Elle me repoussait encore. Chaque fois c’était la même chose, elle ne voulait pas s’approcher de moi alors que je devais lutter pour ne pas la toucher, pour ne pas l’embrasser. Elle me tentait de plus en plus avec sa peau laiteuse, ses grands yeux verts qui me donnaient envie de me perdre en eux. Je savais qu’elle était là pour soigner un de mes loups mais en cet instant, juste pour sentir ses mains sur moi, je me serais infligé les pires blessures. Elle me défiait du regard et j’étais prêt à le relever quand elle voulait, même si c’était un tout autre genre de combat que j’imaginais dans ma tête. Je la voulais ! Et l’image se modifia encore.

Elle m’avait fait peur, elle avait invité un vampire chez elle, une de ces sangsues à qui on ne pouvait pas faire confiance. Elle l’avait fait pour m’énerver, j’en étais sure. Peu importait, un jour j’arriverai à la faire changer d’avis et tout ce qu’elle ferait alors ne serait plus pour m’agacer mais pour me plaire. Et là, elle me narguait, elle me provoquait sans savoir ce dont j’étais capable. J’allais lui montrer, j’allais la faire plier, j’allais la punir de m’avoir fait craindre pour sa vie, petite humaine insignifiante qui ne méritait pas le quart de l’attention que je lui portais. Mais bordel, pourquoi j’étais si attentif à sa présence, si conscient d’elle en permanence. Cette fois-ci je ne lui laisserais pas le choix, j’allais la faire mienne, sur le sol de son bureau s’il le fallait. Je l’embrassais enfin, elle voulait me repousser mais c’était hors de question. Elle… elle… Qu’est-ce que c’était que ça ? Mon cœur battait fort, plus fort qu’il n’avait jamais battu. Mes jambes me soutenaient difficilement. Sa langue était chaude, son goût exquis. Je la voulais, je la voulais tellement. Alors pourquoi je n’arrivais pas à la prendre, comme ça, sans plus de questions ? Pourquoi cherchais-je à ce qu’elle m’accepte entièrement avant de la faire mienne ? Elle me suppliait de la laisser et ça me faisait mal, comme un coup de poignard en plein cœur. Merde ! Je l’aimais !

Le sentiment suivant me frappa avant même que l’image apparaisse. J’avais peur, comme jamais je n’avais eu peur de toute ma vie. Les vampires m’encerclaient mais ça m’était égal. Je la voyais, à plusieurs mètres de moi, terrifiée, et sa terreur était plus que je ne pouvais en supporter. Je devais la rejoindre, je devais la protéger. Elle était à moi, à moi, à moi ! C’était mon rôle, pas celui de cette sangsue qui avait osé la toucher. J’allais le tuer de mes mains ! Ne la touchez pas ! Ne lui faites pas de mal ! Elle est à moi ! Je l’aime !

Et puis soudain, un tourbillon d’images se superposa devant mes yeux, retraçant ma relation avec Michael en même tant que les émotions m’assaillaient. « Les » émotions ? Non, le terme n’était pas exact. Une seule revenait en fait. Un seul sentiment qui ne me quittait pas, qui faisait battre mon cœur de plus en plus vite.

Elle faisait revenir Van à la vie.

Je l’aime !

Elle dormait dans ma maison.

Je l’aime !

Elle me laissait la toucher, la combler pour la première fois.

Je l’aime !

Elle était au bras d’un autre mais dans cette robe verte qui la rendait si belle.

Je l’aime !

Elle m’acceptait enfin, je pouvais l’appeler ma compagne et la serrer dans mes bras.

Je l’aime ! Je l’aime ! Je l’aime !

Elle voulait vivre avec moi.

Je l’aime !

Elle me disait qu’elle m’aimait.

Mon dieu, je l’aime tellement.

Elle était sous mon corps, gémissant alors que je lui faisais l’amour. Je n’en revenais pas, elle était si belle, si parfaite. Elle était faite pour moi. Elle m’appartenait, à moi et moi seul.

Je l’aime tant, je pourrais mourir de tant l’aimer.

 

La blancheur revint soudainement, me faisant cligner des yeux plusieurs fois. Je n’étais plus en Michael. J’étais redevenue cette entité sans corps, sans limite physique. Et pourtant je tremblais, j’en étais certaine, je tremblais de tout mon corps inexistant. Mon dieu, un tel amour ! Un tel amour pour moi ! Etait-ce vraiment possible ? Moi qu’on avait abandonné, tout au long de ma vie. Moi qui m’étais forgée une carapace pour empêcher quiconque de s’approcher d’un peu trop près. Je ne pouvais pas réaliser ce que ça signifiait, c’était trop, c’était si intense. Michael m’aimait, m’aimait réellement, de tout son être, de toute son âme, et je l’avais ressenti, au plus profond de moi-même. J’étais aimée plus qu’aucun être au monde.

Mon cœur battait la chamade, ma gorge était si serrée qu’il en était difficile de déglutir, les larmes perlaient sur mes joues déjà si humides. Il m’aimait.

Et puis je réalisai que toutes ces sensations étaient celles d’un corps physique. J’étais revenue dans mon propre corps, la pénombre de la chambre m’entourait et Michael… Michael se tenait à genoux, entre mes jambes, les yeux grands ouverts et les deux mains sur la bouche. Je m’inquiétai immédiatement. Que s’était-il passé dans cette réalité pour qu’il fasse cette tête-là ? Je me redressai rapidement et tendis mes mains vers lui. Il les saisit dans la seconde.

- Michael ? Mon cœur, ça va ? M’enquis-je alors.

- Tu… Tu brillais… Comme une étoile… Et… Tu m’aimes… Tu m’aimes vraiment… Bafouilla-t-il péniblement.

 

Suite>>

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 15:38

Je resserrai les mains sur le mug de café bien chaud que Michael venait de me servir. Savourant la chaleur qui s’en dégageait je m’aperçus que mes mains étaient gelées.

- Alors ? Commença Nathan. On peut parler librement ?

Mon compagnon se concentra un instant, les yeux fermés, et acquiesça d’un signe de la tête.

- Oui, ils sont tous rentrés chez eux. Ajouta-t-il.

Michael avait fait place libre ce soir, intimant à tous les loups présents dans sa demeure de rentrer chez eux. Ne restait plus que ses plus proches partisans, ainsi que moi et Julian. Il souhaitait discuter de ce qui venait de se passer mais uniquement avec ceux en qui il avait une entière confiance, ce qui comprenait Nathan, Thomas, Van, moi-même et Julian qui, à l’instar de son nouveau rôle de dominant, bien que pas encore officialisé, avait pris du grade au moins dans l’estime de Michael.

Ce qui expliquait donc que nous nous retrouvions attablés dans la cuisine, autour d’une tasse de café pour moi et de quelque chose de plus fort pour les loups. Ils semblaient tous en avoir besoin, quant à moi j’ignorais à quoi je ressemblais, mais étant donné le soin tout particulier qu’apportaient les loups à me rendre les choses plus faciles, j’imaginais assez aisément que je ne devais pas être l’image même de la sérénité.

- Bon alors c’était quoi ce bordel ? Dit Van, démarrant les hostilités. Et qu’est-ce qu’on fait ici au lieu de casser du vampire ?

Il était clairement énervé ce que je comprenais. On en avait tous pris pour notre grade, et chacun de nous abordait la révélation de ce soir à sa manière. Visiblement pour Van c’était la colère.

- Calme-toi Vanniel. Lui ordonna Michael. Il faut… Il faut que j’y réfléchisse. C’est pour ça que je veux savoir ce que vous en pensez. J’ai pas passé quinze ans de ma putain de vie à obéir aux petits jeux pervers du Maître pour lancer mes loups dans une guerre ouverte à peine 3 ans après ça.

Je réprimai un frisson à ces mots. Mon dieu, si j’étais vraiment la cause de tout ça… Michael ne me le pardonnerait jamais.

- Il y a aussi la possibilité qu’il nous ait mentis. Déclara calmement Nathan.

Thomas releva brusquement la tête de dessus son verre de scotch.

- Je ne crois pas. Je veux dire… il était fou mais… il a dit la vérité, j’en suis certain. Les… les détails qu’il a donné sur la mort de Bellinda, ils étaient tous exacts.

- Ca ne veut pas dire qu’il n’a pas mentis pour le reste. Ajouta néanmoins Michael.

-Et… Ça te parait plausible à toi ? Demanda Nathan à mon compagnon.

Michael soupira profondément avant de répondre.

- Je ne sais pas, j’ai du mal à le concevoir. Durant ces quinze ans, j’ai eu le temps de comprendre comment fonctionnait le Maitre. C’est une enflure c’est clair mais… bordel, l’honneur est tout pour lui. Je ne le vois pas briser un serment sous prétexte d’une potentielle menace. Et je n’arrive toujours pas à comprendre en quoi le fait que j’ai pris Lucy pour compagne puisse être si dangereux. D’accord, ils ont l’air de savoir des choses qu’on ne sait pas nous-même, mais bordel, c’est une guérisseuse ! Qui plus est même avant ça, elle était déjà de notre côté alors je ne comprends rien.

J’avais moi-même une petite idée différente des raisons du Maître mais je n’osai pas l’exposer comme ça, devant Michael, devant tout le monde. Mais c’était sans compter sur le lien qui me liait à mon loup.

- Lucy ? Tu as quelque chose à dire ?

Tous les loups se tournèrent vers moi dans un même mouvement. Je relevai les yeux, le nez encore plongé dans ma tasse. Je soupirai moi aussi, mon souffle formant de petite vaguelette sur la surface ébène du liquide amer.

- Est-ce que… Tu as envisagé la possibilité que… Enfin Michael, si le Maître envoie une formation pour attaquer ta meute juste après que tu m’aies prise pour compagne, et au vu de votre passé ensemble… ce n’est peut-être pas une coïncidence.

Bon je n’avais peut-être pas choisi les meilleurs termes, me dis-je en constatant la tension qui saisit le corps de Michael à l’écoute des mots « passé ensemble ». Ok, ça évoquait un consentement d’un côté comme de l’autre, ce qui n’était clairement pas le cas, je le savais bien. J’avais foiré dès ma première intervention ! Bravo Lucy ! Dix sur dix ! Si ça continue comme ça, on va te décerner le prix de la plus grande gaffeuse de tous les temps.

- Lucy, c’était…

- Non attends, je sais, je n’aurais pas dû dire ça, ce n’était pas ce que je voulais dire. Mais tu dois avouer que c’est quand même une drôle de coïncidence. Je sais bien que de ton côté, c’est le devoir envers ta meute qui a dicté tes actes, mais… de son côté à lui… ? As-tu déjà réfléchi à ce qui l’a poussé à poser cette condition ?

- Je ne vois pas où tu veux en venir. Me dit mon compagnon, de plus en plus perplexe.

Je regardai Nathan, Thomas et Van, qui semblaient tout aussi gênés que moi. Aucun doute là-dessus, eux avaient compris où je voulais en venir.

- Vous l’avez remarqué vous aussi n’est-ce pas les gars ? Et pas seulement la dernière fois, ça remonte à plus longtemps que ça puisque même toi Nathan, tu t’en aies rendu compte. Et pourtant, vous n’avez pas envisagé cette hypothèse une seule fois ? Je ne vous comprends pas.

Le sujet m’agaçait sans que je puisse m’en empêcher.

- Bon, j’aimerais comprendre de quoi vous parlez, une bonne fois pour toute. Reprit Michael qui s’impatientait visiblement.

- Lucy pense que ce qui a pu pousser les vampires à nous attaquer, sous couvert d’une potentielle menace, serait en fait, les sentiments du Maître… pour toi. Expliqua alors Nathan, d’une voix sans intonation.

- Les quoi ? S’étouffa presque mon compagnon.

- Il est dingue de toi Michael, ça crève les yeux, même pour moi ! Lui répondis-je. Quand je l’ai rencontré j’ai directement ressenti une certaine antipathie à son égard. A l’époque j’ai mis ça sur le compte de sa nature de vampire, mais ça va bien plus loin que ça. Je ne peux pas m’empêcher de le haïr, et pas seulement pour ce qu’il t’a fait. Je crois que je me suis immédiatement rendue compte qu’il ne laisserait jamais tomber, qu’il ne t’abandonnera pas aux mains de quiconque.

Michael écarquilla les yeux et déglutit plusieurs fois, péniblement.

- Attendez, je crois que vous n’avez pas cerné le personnage. Nous dit-il. Il n’agit pas par amour où je ne sais quoi. Je veux dire… Il n’est pas capable d’un tel sentiment, ça j’en suis certain. Ce qui le pousse c’est le pouvoir et la concupiscence, comme tous les vampires un peu puissants.

- Non Michael, Lucy a raison, je l’ai ressenti de la même manière. Intervint Van. C’est toi qui es aveuglé par ta haine. Son comportement avec toi… ce n’était pas de la concupiscence… enfin pas seulement.

L’alpha se passa lentement la main sur le visage avant de nous observer, les yeux hantés.

- Et vous pensez qu’il a agi par quoi ? Jalousie, c’est ça ?

- Ca a du sens Michael, quoi que tu en dises. Il t’a eu à sa merci pendant quinze ans, il pensait sans doute t’avoir brisé. En me mettant à sa place je me dis qu’il a dû penser que s’il ne pouvait plus t’avoir alors, il serait heureux que personne ne t’ait non plus. Et voilà que tu trouves ta compagne ! Bon sang, moi ça m’aurait rendue folle… tu… tu es le genre de mecs qui déclenche ce genre de réaction chez les autres. Expliquai-je fébrilement.

Michael ne bougeait plus à la fin de mon explication, je me demandai même s’il respirait, les yeux obstinément fixé au fond de son verre, le liquide ambré se reflétant dans son regard émeraude. Il finit par relever la tête au bout de nombreuses secondes de silence.

- Vous avez raison, c’est… plausible. Il en serait capable… oui je pense qu’il en serait capable.

Je sentis soudain le besoin pressant d’aller m’aérer, de sentir de l’air frais sur mon visage, de respirer à plein poumon, d’expulser le poids énorme dont je n’arrivais pas à me débarrasser et qui comprimait ma poitrine, enserrant ma gorge par la même occasion. Et puis je réalisai que ce poids n’était pas le mien, il était trop ancien, teinté de rancœur et de dégout. Je rapprochai ma chaise de celle de Michael et posai ma tête sur son épaule. Et comme ça, sans rien dire de plus, le poids s’en alla comme il était venu, ne laissant que mon propre sentiment de culpabilité, avec toute la place disponible pour s’épanouir.

- Ce n’est qu’une hypothèse. Finis-je néanmoins par briser le silence. Il y a aussi la possibilité que le vampire ait dit la vérité.

Prononcer ces mots à voix haute ne m’apaisa aucunement, contrairement à la croyance populaire. Enoncer quelque chose que l’on garde pour soit n’a pas toujours pour effet le soulagement, et dans ce cas, ça ne faisait que rendre un peu plus réel, le cauchemar dans lequel j’étais.

Les loups me regardèrent tous avec inquiétude et Michael me saisit la main.

- Dans ce cas, on fera ce qu’il faudra pour qu’ils ne puissent pas t’atteindre. On te protègera quoi qu’il nous en coute. Me promit Michael. Les loups acquiescèrent tous en silence mais avec détermination.

Merde ! Voilà qui ne me consolait pas, mais alors pas du tout. Il faisait une grosse erreur en pensant que ce qui m’effrayait était qu’on s’en prenne à moi, non, ça je pouvais faire avec, mais provoquer la mort d’autres loups… ça me serait insoutenable.

- De toute façon, on ne peut rien dire tant que nous n’en savons pas plus, et les propos du vampire peuvent aussi bien être sans fondement, alors je refuse de m’inquiéter de ça pour l’instant. Dit Van en croisant les bras d’un air buté sur la poitrine.

Je savais qu’il tentait de détourner le fil de mes pensées, m’incitant à ne pas trop m’attarder sur le sujet, aussi, je lui adressai un sourire timide, reconnaissante.

- Et puis nous avons un autre problème. Dit alors Nathan, prenant la parole d’un air solennel. J’en ai déjà parlé avec Michael, et c’est aussi pour cette raison que nous sommes en aussi petit comité.

Chacun de nous se concentra sur les mots du lieutenant, inquiet de la tournure que prenait le ton de sa voix. Qu’allait-il encore nous tomber dessus ? Michael avala le contenu restant de son verre d’une seule gorgée et serra les dents, sa mâchoire frémissant de spasmes inconscients.

- Il y a sans doute une taupe dans la meute.

Le coup qui venait d’être asséné était tel qu’un silence de plomb retomba sur la pièce. Pendant de longue secondes, personne n’osa prononcer le moindre mot. Et puis Van craqua.

- Mais bordel ! Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? Une taupe ? Et puis quoi encore ? Merde Michael, dis quelque chose ! Tu ne peux pas croire que l’un d’entre nous pourrait te trahir ! C’est impossible ! Je n’arrive pas à y croire !

- Calme-toi Van. Lui ordonna son alpha. Tu crois que je ne dis rien de gaité de cœur ? J’ai entièrement confiance en chacun de mes loups. Mon instinct ne m’a jamais trahi concernant ma meute mais là, je dois avouer que les faits…

- Les faits ? Mais quels faits bordel ? Qu’est-ce qui justifie que tu doutes de l’un d’entre nous ?

- ça suffit ! S’emporta Michael en tapant sur la table. Rassis-toi et écoute bon sang ! Tu crois que j’ai besoin de tes leçons de morale ? Tu crois que je ne ressens rien quand je t’annonce qu’un de mes loups me trahit sans doute en ce moment même ? Tu me demandes quels faits ? Je vais te le dire ! Nos six frères morts dans l’attaque, voilà les faits en question. Merde ! Quand j’y pense ça me rend malade ! Les évènements se sont enchainés et je comprends que pas un de vous n’y ait pensé mais putain, des vampires dans ma maison, Van ! Dans ma maison ! Tu expliques ça comment toi ?

Le choc s’inscrivit sur les traits de Van qui retomba sur sa chaise telle une masse sans force.

- Quelqu’un les a laissé entrer. Murmura Thomas à bout de souffle.

- Mais qui ? Qui ferait ça, et pourquoi ? Demanda Julian qui osait enfin prendre la parole.

Tous les loups se tournèrent vers Michael en quête de réponses.

- C’est là qu’il y a un autre problème. Je n’en sais rien et je ne comprends pas comment c’est possible. Si l’un de mes loups décide de me trahir, le sentiment engendré est si puissant que je devrais le ressentir, à travers mon lien avec la meute. Expliqua-t-il à mon adresse. Or, je ne sens rien, rien du tout. Même en me concentrant sur chacun de vous, tout ce que je sens c’est de la loyauté et je n’arrive pas à m’imaginer que l’un de vous puisse…

Michael ne finit pas sa phrase, les mots devenant trop douloureux à prononcer.

- Bien sûr que non ! Si tu ne sens pas la trahison chez l’un de nous, c’est parce qu’il n’y a pas de traitre, un point c’est tout. Trancha Van.

Michael regarda son lieutenant, si certain de la loyauté de ses compagnons et une lueur d’espoir s’alluma dans ses yeux. Or, il fallait se rendre à l’évidence, l’espoir n’était pas permis, au regard des évènements la conclusion logique était qu’il y avait effectivement une taupe dans la meute.

- Et comment tu expliques que les vampires aient pu entrer dans la maison ? Tu penses vraiment que l’un des loups les a laissé entrer par mégarde ? Dis-je d’un ton sec. Bon sang, on n’avait plus la possibilité de tergiverser. Si l’un des loups était un traître, nous étions tous en danger.

- Je n’en sais rien, mais je sais que tous autant qu’ils sont, aucun des loups de cette meute ne trahirait Michael ! Jamais ! Même pas pour tout l’or du monde.

- Je suis assez d’accord avec Van sur ce point Lucy. Ajouta Thomas. Ils ont de nombreux défauts mais la duplicité n’en fait pas partie. Je sais que c’est un peu difficile à appréhender pour toi qui n’est pas louve mais tu dois comprendre que le lien qui unit chaque membre de la meute à l’alpha pousserait la majeure partie d’entre eux à se couper un bras plutôt qu’à trahir leur chef.

- Et en ce qui concerne l’infime partie que tu n’inclus pas dans cette catégorie ? Demandai-je en pensant tenir un argument.

- Les autres loups, ce sont nous, ceux autour de cette table, ceux qui ne donneraient pas leur bras mais leur vie pour Michael. Dit Van, l’air solennel. Thomas acquiesça.

- Dans ce cas, comment expliquer la réaction de Farkas ? Michael tiqua au nom du loup qui s’était retourné contre lui en voulant m’attaquer, et qu’il avait dû tuer.

- Farkas a toujours évolué un peu en marge de la meute, il n’aurait jamais dû devenir loup pour commencer. Son caractère profond était trop fluctuant pour avoir le contrôle nécessaire. Qui plus est, il n’a jamais cherché à se mêler à nous, je pense que son intégration dans la meute n’était essentielle pour lui que pour assurer sa protection. Ça arrive parfois, certains loups sont trop… indépendants. M’expliqua Michael.

- Très bien, mais dans ce cas, comment expliquer le sang, chez les vampires, celui qui a mis le feu aux poudres ? Parce que la théorie de la taupe expliquerait la présence de ce sang chez les vampires, il aurait pu leur en donner un peu pour provoquer le désastre qui a suivi. Arguai-je, bien décidée à leur faire ouvrir les yeux.

Je n’avais pas songé qu’un traitre puisse se cacher dans la meute mais à partir du moment où l’idée avait été lancée, plus j’y avais réfléchi et plus ça m’avait semblé plausible.

- Le sang ne provient pas forcément d’un des loups de cette meute, ils auraient pu se le procurer n’importe où ! Répondit Thomas.

J’observais Van à la dérobée. Celui-ci fixait son verre avec silence, les sourcils froncés.

- Je ne crois pas, non ! Au moment où tu t’es fait transpercer… Dis-je à Van. Tu voulais me dire quelque chose sur ce sang, et je suis quasi-certaine que tu l’avais reconnu.

- Raison de plus Lucy. Annonça le lieutenant. J’ai déjà vécu longtemps, et dans de nombreuses meutes, alors que je ne suis ici que depuis une dizaine d’années. Il se peut tout à fait que j’ai rencontré le propriétaire de ce sang ailleurs qu’ici.

Ok, ça je pouvais le concevoir.

- Et… Tu ne te souviens toujours pas ?

Van soupira avant de lever les yeux vers moi.

- j’ai essayé Lucy, j’ai vraiment essayé mais… c’est comme si un barrage bloquait mes souvenirs de ces moments-là, et les rêves que je faisais se sont arrêtés il y a plusieurs jours.

- Je vois. Dis-je, un peu déçue. Mais vous ne m’enlèverez pas l’idée qu’un traitre se cache dans la meute. Je veux dire… c’est la conclusion la plus logique. Sans compter que… Vous ne trouvez pas ça étrange que les vampires aient choisi ce soir-là en particulier pour attaquer ? Justement le soir où l’alpha s’est absenté, laissant la meute sans protection ?

- Et tu supposes que le traitre les aurait informés de votre soirée ? Demanda Nathan.

- Eh bien ça se tient. Conclus-je

- Mais bordel, pourquoi tiens-tu tant que ça à ce que l’un de nous soit une taupe ? S’insurgea soudain Van en bondissant de sa chaise.

Michael gronda une fois, et le loup se rassit immédiatement.

- Je n’y tiens pas, loin de là mais… si j’ai raison, nous sommes peut-être en danger et il y a déjà eu assez de morts. Et si l’un de vous était blessé ou pire… La suite de la phrase resta coincée dans ma gorge.

Van se renfrogna dans sa chaise en maugréant quelques obscénités.

- Ecoute Je sais que je donne l’impression de vouloir me disculper mais crois-moi, ce n’est vraiment pas le cas. Je sais bien que ce qui s’est produit est sans doute de ma faute mais je voudrais vraiment essayer de comprendre le pourquoi du comment.

Les loups se mirent tous à me fixer avec un air perplexe.

- Qu’est-ce que tu veux dire par « ta faute » amour ? S’inquiéta Michael.

- C’est bon, je veux dire, vous l’avez tous entendu comme moi. Il y a quelque chose chez moi qui a provoqué toutes ces catastrophes. Mais ça va. Je veux dire… vous y avez surement pensé aussi mais c’est normal… J’arrive et les tragédies s’enchainent… ça ne peut pas être une coïncidence.

- Oh merde ! Lucy ! Tu nous fais quoi là ? S’exclama Van en se levant précipitamment, pour venir s’accroupir à côté de moi, posant sa grande main sur mon genou. Dans le même temps, les trois mains de Nathan, Thomas et Julian, se tendirent dans ma direction, saisissant mes propres mains et mon bras. Michael passa son bras autour de mes épaules, m’attirant à lui dans une étreinte d’ours.

- Lucy ! Jamais nous n’avons pensé ça enfin. S’exclama Thomas.

- Il a raison amour. Quoi que cette sangsue ait dit, il ne l’a fait que pour te blesser, ne lui donne pas tant de crédits et ne te laisse pas avoir par un tel subterfuge. Me chuchota doucement Michael. Peu importe ce que tu es, moi je sais qui tu es pour moi, et pour mes loups, et c’est tout ce que nous avons besoin de savoir.

Bon sang ! C’était dans ces moments-là que la définition du mot « mignon » prenait pour moi, l’image de centaines de kilos de muscles gonflés à la testostérone.

- Tu fais partie de la famille, et on protège notre famille. Déclara Nathan, m’arrachant un sourire, lorsque je constatais que cette réplique aurait eu une place de choix dans la trilogie du « Parrain ».

- Merci. Leur dis-je en serrant les mains qu’ils avaient tendues vers moi et en embrassant Michael sur la joue. Mais ça ne fait pas avancer nos hypothèses. Van je sais que c’est difficile à concevoir pour toi mais en tant que « non-louve » justement, je pense que mon jugement n’est pas faussé par ce lien qui vous unit à Michael, puisque celui que je partage avec lui est d’un tout autre ordre.

- C’est aussi exacte Van, tu ne peux pas le nier. Insista Michael.

- Je suis d’accord sur ce point mais si je trouve cette hypothèse si inconcevable justement, c’est parce que je ne vois pas quelles raisons un loup aurait de s’allier aux vampires.

- Et si… Ce n’est qu’une idée mais… si c’était pour le pouvoir ? Après tout, dans l’état actuel des choses, y’a-t-il un loup susceptible d’être assez puissant pour défier Michael en duel ? Demandai-je. Les loups me fixèrent avec intérêt, comme si j’avais mis le doigt sur quelque chose. Peut-être qu’un loup de la meute s’est associé aux vampires qui cherchaient un moyen de m’atteindre. Si on y réfléchit, avec l’absence de Michael, ils devaient penser pouvoir nettoyer le terrain facilement et nous attirer par la même occasion. Ensuite ils n’auraient eu qu’à nous tomber dessus à eux cinq et le tour était joué, plus de couple alpha, plus de problème !

- Sauf qu’ils ne s’attendaient pas à trouver les trois lieutenants sur place. Intervint Michael. Quand on y pense, toi Van, tu n’aurais pas dû revenir si vite après avoir déposé Lucy, quand à toi Thomas, c’est un jour de la semaine où tu n’es jamais présent normalement. Reste Nathan, mais ils ont dû penser qu’avec ta femelle à protéger, tu ne les traquerais pas, ils n’avaient pas imaginé que Marli parviendrait à s’échapper. Bon sang, ça commence à prendre forme !

- D’accord, donc si on part de ce principe… quel loup est le plus susceptible de vouloir le statut d’alpha ? Demandai-je.

- Aucun je dirais. Répondit Thomas. Je ne vois pas un seul loup souhaiter cette responsabilité où être assez dominant pour le vouloir.

- eh bien… pas tout à fait… Murmura Julian.

Il avait été tellement silencieux que nous semblions tous avoir oublié sa présence.

- Si tu sais quelque chose, parle loup. Ordonna Michael, voyant que le jeune lycan hésitait.

- En fait… J’ai entendu Vadim, une fois, qui parlait de créer sa propre meute. C’était avant ma transformation et personne ne faisait attention à moi alors.

- Vadim ? Mais c’est l’un de ceux qui a été tué ce soir-là ! M’exclamai-je.

- Oui je sais, c’est pour ça que je ne voulais pas en parler, c’est idiot ! Dit Julian.

- Non attends. Le reprit Van. C’est pas si idiot que ça. Après tout, Vadim arrivait juste en dessous de moi dans la hiérarchie, et s’il voulait créer sa meute, il a peut-être voulu emmener certains loups de celle-ci avec lui, mais il savait que tu ne le laisserais pas faire aussi, il avait besoin que tu sortes du champ. Ça se tient ! Et ça expliquerait aussi pourquoi tu ne sens aucun loups sur le point de te trahir… parce qu’il n’y en a plus ! Il a très bien pu faire entrer les vampires, être retourné s’assoir au salon pour que personne ne se doute de rien et attendre bien gentiment que le carnage se produise.

- C’est bien beau comme hypothèse, mais je vous rappelle qu’il a été tué lui aussi, tu crois que ça faisait aussi partie de son plan ? Lui rétorqua Nathan.

- Attends, si c’est bien le cas, ses alliés étaient des vampires. Ils ont peut-être fait une erreur, où alors ils n’avaient pas l’intention de le laisser vivant une fois dans la place. Après tout, ils se moquent éperdument de ces histoires de pouvoir, leurs cibles étant Lucy et Michael.

- Ca tient la route en effet. Décida Michael. Merde! Vadim! Jamais je ne l’aurais cru capable de ça! Et je n’étais même pas au courant pour cette histoire de vouloir créer sa meute !

Il secouait la tête d’un air de dépit et je voyais bien que cette histoire l’affectait plus qu’il ne le laissait paraitre devant ses plus proches loups. Nathan lui posa une main sur l’épaule et la serra un peu, en un geste de soutien purement masculin. Ça ne m’étonnait pas que le premier lieutenant ait lui aussi discerné l’agitation cachée de mon compagnon. Il était capable d’une telle empathie envers lui que je me demandai, comme je l’avais déjà fait plus d’une fois, comment ces deux-là s’étaient rencontrés. En tout cas je ne m’étonnais plus depuis longtemps de l’amitié qu’ils partageaient et qui leur permettait aussi de dépasser parfois les bornes, sans que l’autre n’en tienne jamais rigueur au premier.

Je souris brièvement au premier lieutenant pour lui communiquer l’estime que je lui portais.

- Et maintenant ? Demanda Julian. Que va-t-il se passer ? Parce que même si nos hypothèses sont justes… hum… qu’est-ce qu’on est censé en faire ?

Michael soupira bruyamment. Et voilà nous en étions à la question cruciale, celle qu’il savait devoir aborder, celle qu’induisait son statut d’alpha. Et je comprenais rapidement que les deux choix s’ouvrant à lui n’étaient plaisants dans aucun des deux cas.

- Ils ont pénétré dans ma maison, ils ont assassiné mes loups, ils s’en sont pris à ma compagne… Je ne peux pas laisser passer ça. Il en va de l’honneur de la meute. Néanmoins je ne peux prendre une telle décision sans l’avis de mes lieutenants et de ma femelle, et c’est aussi pour ça que vous êtes ici ce soir. Aussi je vous le demande,

Que choisissons-nous ? Le retrait… ou la guerre ?

Les trois lieutenants se levèrent d’un même mouvement, posant les mains sur la table devant eux, se penchant en avant.

- La guerre ! Clamèrent-ils d’une même voix.

Je me reculai sur ma chaise pour accuser le choc ! Ainsi donc la décision était prise, et la guerre contre les vampires était déclarée. Et dans mon esprit, ça n’impliquait pas seulement la vengeance et l’honneur de la meute, mais surtout des morts… beaucoup de morts.

- Lucy ? Tu es la femelle alpha, j’ai besoin de ton assentiment. Déclara solennellement Michael.

Je pris le temps d’inspirer et d’expirer deux fois avant de répondre.

- Je n’ai sans doute pas encore intégré toutes les implications de mon rôle dans la meute mais s’il y a une chose que j’ai comprise, parce que je la ressens, c’est que j’occupe la place de… comment le dire… la mère. Je ne sais pas si l’honneur est plus important que la vie des membres de cette meute, et si je devais un jour faire ce choix, j’ignore si vous seriez d’accord avec ma réponse. Ce que je sais en revanche, c’est l’importance de cet honneur pour vous, et je comprends aussi que si un tel acte ne connait pas de répercutions, toutes les créatures un tant soit peu puissantes, vont penser qu’attaquer notre meute est un acte anodin. Alors en tant que votre amie, votre sœur, et ta compagne… Dis-je en observant chacun leur tour, Nathan, Thomas, Van puis Michael. Je suis contre les morts que va forcément engendrer cette guerre, mais en tant que femelle alpha… Je ferai tout ce qui est nécessaire pour protéger mes loups, aussi j’ajoute mon vote à celui des lieutenants. Je dis, la guerre !

- Très bien ! La guerre est déclarée ! Prévenez tous les loups qu’une session est prévue demain soir dans le gymnase pour déterminer d’un plan.

- Demain soir ? Demandai-je. Si tôt ?

- Nous n’avons plus de temps à perdre amour, notre réponse à l’attaque n’a déjà que trop tardée et je ne souffrirai pas plus longtemps que nos loups soient morts en vain. Mais pour l’heure, rentrez chez vous, la journée a été longue et j’ai besoin de mes lieutenants en pleine forme demain. Les congédia Michael.

Les quatre loups se levèrent, et finirent leurs verres d’une seule traite avant de nous saluer d’un mouvement de la tête et de se diriger vers la sortie sans dire un mot.

Je me tassai sur moi-même en regrettant déjà le choix que j’avais fait. Lorsqu’ils eurent tous passé le coin du couloir menant au salon puis à la porte d’entrée, un sentiment de panique m’assaillit. Et s’il s’agissait d’une des dernières fois où je les voyais, et si l’un d’entre eux, ou même plusieurs, était mortellement blessé… comment arriverais-je à le supporter ? La vengeance était-elle si importante qu’ils devaient risquer leur vie ? Et puis soudain certains mots du vampire me revinrent en mémoire. Je me levai à mon tour et fonçai en direction de la porte. Bon sang, tellement engluée dans mon auto-apitoiement, j’avais oublié Thomas.

Heureusement, celui-ci se tenait encore dans l’entrée lorsque j’arrivais en trombe pour lui saisir le bras et le retenir.

- Thomas ! Attends ! M’écriai-je en agrippant sa manche. Je me rendis alors compte qu’il tremblait de tout son corps. Merde ! Pourquoi avais-je tant tardé à m’inquiéter pour lui ?

- Qu’est-ce qu’il y a Lucy ? Me demanda-t-il. Son ton était dur et cassant et je comprenais qu’il parlait avec les dents serrées.

- Si… Si tu veux parler je suis là. Lui dis-je gentiment. S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire… Tu dois être un peu confus alors…

- Confus ? Me coupa-t-il. Il n’y a pas une décision qui a été plus facile à prendre de toute ma vie. Les choses sont simples. Le chasseur qui a tué Bellinda devrait être mort et il ne l’est pas. Je ne vois pas ce qui devrait me rendre confus. Je vais le traquer et je vais le tuer.

Seigneur je n’en revenais pas, ses beaux yeux bleus clair venaient de se colorer du noir le plus profond, des yeux de son loup. Et puis un son humide parvint à mes oreilles, un bruit de gouttes s’écrasant sur le sol. Je baissai les yeux et constatai que du sang dégouttait des mains du lycan. Je me saisis rapidement de celle-ci avec inquiétude. Pourquoi était-il blessé ? Ma gorge se serra en constatant que les ongles de thomas s’étaient allongés en de griffes redoutables pendant qu’il m’avait parlée, et que celles-ci lui transperçait la peau alors qu’il avait serré ses poings le plus fort possible.

- Oh Thomas… Gémis-je.

Il me regarda puis fixa ses mains comme s’il les voyait pour la première fois. Il ne s’était visiblement pas rendu compte de son geste. Cette réalisation eut pour effet de le calmer instantanément, ses yeux reprenant la couleur azure d’un lagon du pacifique.

Ses traits se détendirent et il arracha ses mains blessées à ma prise avant d’entourer ses bras autour de moi.

Et puis il me chuchota des mots qui s’implantèrent au fond de moi aussi surement que s’il les avait cloués sur mon cœur.

- Je ferai tout pour que jamais, tu n’aies à souffrir de la même douleur que moi Lucy. Mais ce soir je ne dois pas être ta priorité. Tu as la chance de pouvoir être auprès de ton compagnon cette nuit. Alors va ! Et profite de lui et de tout ce que cette nuit a à t’offrir… Parce que s’il arrive un malheur, tout c’à quoi tu seras en mesure de penser sera le temps perdu que tu n’auras pas passé avec lui.

Je lui rendais à mon tour son étreinte. Ces moments qu’il avait perdus, il y pensait donc encore.

- Lucy. Me dit-il en plongeant ses yeux dans les miens. Les regrets… C’est ce qu’il y a de pire dans la vie… Alors va le rejoindre et sois heureuse ! Sois heureuse cette nuit, pour toute une vie ! Sois heureuse pour moi qui ne le serai jamais plus ! Et aime-le ! Parce qu’il n’y a pas un homme au monde qui mérite plus ce don que Michael.

Et sans attendre de réponses de ma part, il se tourna et sortit de la maison, s’enfonçant dans les profondeurs de la nuit.

Il n’eut pas même le temps d’entendre ce que je m’étais apprêtée à dire.

- Si ! Il y a toi !

 

Suite>>

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 14:35

Je suis une fille forte ! Je suis une fille courageuse et je… Bordel mais à qui j’allais faire croire ça ? Ok, en fait j’étais morte de trouille. Ma dernière rencontre avec les vampires ne m’avait pas laissée le plus charmant des souvenirs, celle d’avant non plus d’ailleurs. Et là, encastrée entre Michael devant moi, Van sur mes pas, Julian à ma droite, et Thomas à ma gauche, je me sentais toute petite et très très faible. J’avais peur de ce sur quoi j’allais tomber en entrant dans la cellule, et le sourire inquiet de Julian ne me rassurait pas, mais alors pas du tout.

Les loups avaient été partagés quant à ma décision d’affronter le prisonnier et Van, le plus véhément de tous, avait tout fait pour me dissuader de mettre un pied dans la geôle. Mais j’avais tenu bon, je ne m’étais pas laissée démonter et là, maintenant, je commençais vraiment à le regretter. Bon sang mais comment j’étais censée être sereine quand je sentais mes gardes du corps, près de six cent kilos de muscles et de testostérone, plus tendus qu’un cardiaque qui doit subir son troisième pontage coronarien.

Dans quoi je m’étais encore fourrée ? Et surtout, pourquoi ça devait toujours tomber sur moi ?

Quand Nathan, en dehors de notre petite procession, tourna la clé du verrou de la porte qui menait à l’intérieur de la cellule, j’eus soudain l’impression de comprendre ce que ressentait l’agneau qu’on emmène à l’abattoir.

En entrant dans la pièce, je me concentrai sur ce qui me parvenait de ma vision périphérique, la vue étant totalement bloquée par le large dos de Michael devant moi. Il me dissimulait totalement, à dessein d’ailleurs. Il n’avait pas douté que le vampire ressentirait ma présence à l’instant où j’allais poser un pied dans la pièce mais il souhaitait retarder le contact visuel le plus longtemps possible.

La cellule était sombre, les murs de béton était brut, le sol ne présentait aucun revêtement et se composait du même matériau que les murs. Une odeur de saleté, de sueur et de sang planait dans l’air.

- Vous me l’avez amenée ? Entendis-je une voix inconnue s’élever. Elle avait l’intonation de la folie, à la fois mielleuse et empressée. Que se passe-t-il quand la petite souris entre dans l’antre du chat ? Dit-il à nouveau.

Je me recroquevillai sur moi-même, cette voix me glaçait le sang. Mon instinct me hurlait de prendre mes jambes à mon cou, et pourtant je restai là, sans bouger. Qu’est-ce qui n’allait pas avec moi ?

Un grognement terrifiant, chargé de menace, s’éleva de la poitrine de Michael.

Mon compagnon n’appréciait visiblement pas la comparaison imagée que le vampire venait de faire.

- Allez petite souris, sors de ta cachette que je puisse te voir. Minauda le vampire.

Michael se tourna vers moi un instant pour vérifier si j’étais prête, et j’aperçus finalement le prisonnier qui se dévissait le cou pour me voir.

- Tu te souviens amour ? Pas les yeux ! Ne le regarde jamais dans les yeux.

J’acquiesçai rapidement en déglutissant difficilement. Alors Michael se décala, très légèrement, d’à peine un pas, mais c’était suffisant pour dégager mon champ de vision. Je me trouvais à quatre ou cinq mètres du vampire mais c’était encore trop proche pour moi. Je voulais me reculer mais Van m’en empêchait et lui-même était déjà dos à la porte.

Pour obéir à la mise en garde de l’alpha, j’évitai consciencieusement de croiser le regard du prisonnier. Celui-ci, attaché par de gros anneaux sur une chaise en métal forgé, fixée au sol, gigotait comme un beau diable pour s’extirper de sa prison.

- Hum… petite souris. Geignit-il en inspirant bruyamment. Tu sens si bon, si bon pour une petite souris. Je veux te gouter, je suis sûr que tu es sucrée. Je veux te lécher et te sentir sous ma langue. Je veux te cajoler et te sentir sous mes doigts. Ton sang est comme un phare dans la nuit pour moi, il m’appelle, il m’invite, tu ne le sens pas ? Moi je ne sens que ça. Je veux te saigner, je veux te saigner, je veux te saigner. Chantonna-t-il finalement.

Il était définitivement fou, à moins qu’un vampire saint d’esprit ressemble à ça, après tout, il représentait parfaitement l’image démoniaque que je me faisais d’eux.

Pour ne pas me laisser aller à la panique, je me concentrai sur les liens qui empêchaient le vampire de s’approcher de moi. Les charnières de la chaise ne grinçaient même pas, c’était plutôt bon signe, il ne pourrait pas s’échapper.

- Ça suffit ! Tonna Michael en me faisant sursauter. Ne t’adresse pas à elle !

- Oh, le grand méchant loup est vilain avec moi petite souris, il ne veut pas me laisser me nourrir sur toi. Se plaignit de nouveau le vampire.

- Ca suffit j’ai dit ! S’emporta Michael qui s’approcha rapidement du détenu pour lui envoyer un magistral crochet du droit.

Le vampire éclata de rire et le son se répercuta dans ma tête longtemps après qu’il se fut tu.

- Tu protèges ta putain sale chien dégénéré ! Mais elle n’est que la putain d’une putain, es-tu bien sûr qu’elle le mérite ? Siffla-t-il entre ses dents.

Des tremblements de rage semblèrent agiter tout le corps de Michael et je m’attendais à le voir se transformer d’une seconde à l’autre mais Nathan intervint presque immédiatement.

- Dis-nous ce qu’on veut savoir et tu mourras sans souffrance. Lui promit-il.

- Non non non, mon petit toutou, je ne parlerai qu’à la petite souris. Chantonna-t-il de nouveau. Approche-toi donc de moi ma petite souris, approche ton oreille et je te révèlerai des mystères dont tu n’as pas idée. Approche-toi de moi et je te dirai pourquoi quand tu es en colère, tu deviens plus puissante que toutes les créatures de cette pièce réunies, approche-toi de moi et je te dirai pourquoi je dois te tuer. Dit-il avant d’éclater d’un rire aigu, d’un rire de fou.

- Elle ne s’approchera pas, ni maintenant, ni jamais. Se crispa Michael. Elle est dans la même pièce que toi, et c’est déjà beaucoup trop. N’imagine même pas pouvoir te rapprocher d’un centimètre de plus de ma compagne.

Le vampire cessa de rire à la seconde où il entendit le mot « compagne ». Il fusilla Michael du regard avant de cracher dans sa direction. Mon loup ne cilla même pas.

- Tu blasphèmes ! Tu insultes mon maître ! Tu l’offenses ! Tes outrages ne resteront pas impunis sale clébard. Hurla-t-il soudain, avant de se recroqueviller sur lui-même la seconde d’après.

- Tu as été son préféré si longtemps. Continua-t-il d’une voix plaintive, à la limite de l’agonie. Il n’avait même plus l’envie de jouer avec nous. Et c’est comme ça que tu le remercies pour sa bienveillance ?

Ses changements d’humeur étaient impressionnants, je n’avais jamais vu personne passer de l’amusement à la colère à la lamentation en si peu de temps.

Michael ne se démontait pas et accusait les reproches avec stoïcisme.

- Je n’ai rien fait qui ait pu contrarier le Maître. Dit-il d’une voix calme qui dénotait avec la tension de son corps. J’ai respecté les termes du contrat, c’est vous qui nous avez attaqués sans raison aucune.

- Lalalala ! Fredonna le vampire en dodelinant de la tête. C’est une belle musique que tu me chantes là ! Mais je ne peux pas l’écouter plus d’une fois, mes oreilles me font déjà mal d’avoir entendu tant de mensonges.

- Je ne mens pas et tu le sais bien.

- Tu mens ! Tu mens, tu mens, tu mens, tu mens ! Hurla-t-il de nouveau. Ta petite meute ridicule a accueilli le descendant des Hellsing, ce sale assassin de ma race. L’affront était déjà suffisant pour que ta meute entière soit exterminée. Mais non ! Le Maître, dans sa grande clémence, t’a accordé son pardon, il t’a choisi toi, avant de choisir les siens, encore une fois ! Inadmissible ! Cria-t-il de plus belle.

- Est-ce pour ça que vous nous avez attaqués ? Demanda Thomas.

- Oh, un nouveau participant à la discussion. S’exclama le vampire qui semblait jubiler à présent, eut-il eu les mains détachées, qu’il les aurait sans doute frappées l’une contre l’autre pour applaudir comme un gamin. Tu es le gentil petit chienchien incapable de protéger sa chienne, c’est bien ça ?

Le corps de Thomas se tendit comme un câble en entendant ces mots.

- Tu veux que je te révèle quelque chose d’amusant ? Mais de vraiment très drôle hein ! Continua la sangsue qui semblait prendre un malin plaisir à torturer mon ami. Le chasseur qui a tué ta compagne a été transformé en vampire quelques temps après. N’est-ce pas ironique ?

- Tu mens ! Je l’ai tué de mes propres mains. Affirma Thomas d’une voix tremblante.

- Ah ! C’est pour ça que les basses besognes ne devraient pas être confiées à des novices en la matière. Vous les loups ne savez pas ce que tuer veut dire. Expliqua le vampire d’un ton sarcastique. Alors laisse-moi t’expliquer quelque chose. Si tu ne coupes pas la tête, n’importe quel humain peut être transformé en vampire plusieurs heures après la mort. Alors, tu es toujours aussi sûr de toi ?

Mon ami tremblait de plus en plus à côté de moi, la rage qu’il contenait se bataillait avec le besoin de faire ravaler ses mensonges au vampire.

- C’est… c’est impossible ! Je suis certain qu’il n’a pas pu survivre, je l’ai laissé se vider de son sang entièrement… c’est impossible ! Mais le ton de Thomas n’était plus aussi catégorique.

- Alors laisse-moi te dire une chose petit loup effrayé. Il m’a raconté comment il a fait mouche sur ta femelle… quatre fois, en plein cœur, avant qu’elle ne s’effondre pitoyablement dans la boue. Il m’a raconté comment elle l’a supplié de ne pas la tuer alors qu’il allait lui tirer sa cinquième balle dans la tête… et il m’a raconté comment, tétanisé par la peur, tu l’as supplié d’en finir avec toi une fois que tu as compris qu’elle ne reviendrait pas. Tu étais pathétique et ça le faisait beaucoup rire, tu sais. Et si un autre loup n’était pas arrivé pour te tirer de là, il l’aurait fait tu sais, il aurait exaucé ton souhait.

Thomas, les yeux exorbités, le corps parcouru de frissons, semblait revivre en direct le cauchemar qu’il avait vécu des années auparavant. Mon dieu, comment le vampire pouvait-il connaitre ce genre de détail ? Disait-il vrai ? L’assassin de Belinda était-il toujours sur cette terre, quelque part, à profiter d’une non-vie offerte par les vampires ?

Je me saisis de la main de Thomas et la serrait le plus fort possible. Mon ami s’y accrocha comme à une bouée de sauvetage, faisant craquer les os de mes phalanges. Aucune importance, la douleur que je ressentais n’était rien en comparaison de celle qu’il devait supporter.

Le vampire éclata de nouveau, de son rire sardonique, très fier qu’il était de son petit effet. Michael lui envoya encore une fois son poing dans la figure, ce qui ne fit qu’accroitre son hilarité.

- Tu vas la fermer maintenant !

- Il faudrait savoir, tu voulais que je parle et maintenant que je me taise. Décide-toi mon petit loup.

J’avais la nausée. Comment une créature pouvait avoir autant de cruauté en elle ? C’était abominable, plus démoniaque encore que je ne l’avais imaginé et je portais ma main à ma bouche par reflexe et par dégout.

- Petite souris, je t’ai choquée ? Tu ne devrais pas pourtant. Tu es tellement pire que moi !

Cette fois, les mains de Michael se refermèrent sur le cou du vampire pour tenter de l’étrangler, dans l’espoir sans doute qu’il cesse enfin de prononcer toutes ces abominations. J’entendais un « crac » significatif et je sus que Michael venait de lui briser la nuque, mais alors, horreur, Nathan s’interposa afin que mon compagnon ne finisse pas son œuvre en arrachant la tête du prisonnier qui avait encore des choses à révéler, et sans le soutien des mains de l’alpha sur son cou, la tête du vampire s’affaissa mollement sur le côté, tandis qu’il continuait à nous sourire. Mon dieu c’était si atroce que je ne pus en supporter d’avantage et détournai les yeux le plus vite possible. Malgré tout, l’image de cette tête pendante, souriante et qui clignait encore des yeux, s’incrusta dans ma rétine avant d’avoir pu m’en détourner.

- Sombre enfoiré, dis-nous pourquoi vous nous avez attaqués une bonne fois pour toute. Hurla Michael, au bord de la transformation.

Mais comme il ne se passait rien, je reportai finalement mon regard sur la scène. Le vampire, souriant comme un bienheureux, me fixait de ses prunelles ardentes et j’eus la sensation d’un courant glacé me parcourant tout le corps.

- A cause d’elle ! Assena-t-il enfin, sa voix rendue si gutturale qu’elle en était presque incompréhensible. C’est une erreur de la nature. Elle est la créature la plus abominable qui soit ! Et tu l’as prise pour compagne ! Tu pensais vraiment que le Maître laisserait passer une telle menace ? Vous les loups, êtes si stupides, inconscients des conséquences de vos actes… Vous ne méritez rien de mieux que l’extermination, comme on élimine des cafards.

- Vous faites erreurs bordel ! Elle est humaine ! S’écria Julian qui s’exprimait pour la première fois, son cri résonnant comme un appel de détresse.

- Humaine ? Et moi je suis le Christ réincarné alors ! S’étouffa presque de rire le vampire. Celle que vous avez choisi pour femelle alpha n’est ni plus ni moins que la créature la plus recherchée par les instances supérieures. Et oui, mon petit loup chéri ! Ta putain est l’ennemi public numéro un chez les êtres de notre genre, la cible à abattre si tu préfères. Tu comprends, petite souris ? Tu comprends que tu es la cause de leur malheur ? Tu comprends que ton existence met tous ceux que tu aimes en danger ?

Le vampire ne jubilait plus, il exultait littéralement ! Trop heureux de lâcher la bombe qui laisserait sans aucun doute possible, le reste de ma vie en lambeau. Mais je ne pouvais pas en rester là ! Je devais savoir, absolument ! Aussi m’avançai-je de quelques pas, le regard braqué sur lui, sur son cou difforme, sur cette masse molle qu’il était devenu. Un vide abyssal, un vide qui avait commencé à se creuser au moment où ce monstre avait ouvert la bouche, s’était ouvert en moi. Je devais savoir, alors… je lui posai la question.

- Que suis-je ?

Le regard du vampire devint plus fou qu’il ne l’avait jamais été, ses prunelles virèrent au rouge sang tandis qu’il siffla dans ma direction. Il chercha à s’agiter, mais son corps ne répondait plus aux ordres de son cerveau et il poussa un hurlement strident de frustration.

- Ce que tu es ? Petite souris ignorante, ce que tu es, je vais te le dire, et ce seront là mes derniers mots. Expliqua-t-il d’un air qui se voulait solennel mais qui apparut comme caricatural de par sa position. Et alors, comme un poème, le vampire se mit à réciter.

- « Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, »

Michael se jeta alors sur moi, tandis que des flammes jaillissaient de nulle part, enflammant le vampire.

- « les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent. »

- Qu’est-ce qui se passe ? Hurlai-je par-dessus les psalmodies du vampire et le crépitement du feu.

- « Alors Dieu dit : Mon esprit ne jugera plus l'homme pour ses fautes, car l’homme est fait de chair, et ses jours seront de cent vingt ans. »

- Il cite la bible ! S’écria Michael pour se faire entendre. Il se suicide si tu préfères, il ne va pas tarder à…

Mais Michael ne put même pas finir sa phrase, j’entendis une courte détonation, prompte, mais assourdissante, et Michael se plaqua contre moi, faisant barrage de son corps, me protégeant du feu.

Quelques secondes s’écoulèrent sans qu’aucun son ne parvienne à mes oreilles, puis enfin, un appel lancinant se fraya un chemin jusqu’à mes tympans.

- Lucy, ça va ? Dis-moi que tu n’as rien ?

C’était mon compagnon qui s’inquiétait pour moi.

- Non ça va, grâce à toi. Lui répondis-je au bout d’un moment. Qu’est-ce qui s’est passé ? Je n’ai rien compris.

- Je crois que… enfin…

- Il a cité un passage de la bible. Intervint Nathan qui, dans un coin de la pièce, époussetait ses vêtements rendus blanchâtre par de la cendre, cendre qui s’était éparpillée partout dans la cellule et qui recouvrait complètement le fauteuil de métal au centre de la pièce. Et bien entendu, le vampire avait disparu.

- Que… Je n’y comprends rien du tout ! M’exclamai-je.

- Les vampires sont des entités démoniaques Lucy. Reprit-il. Le mal fait partie intégrante de leur être, et la bible… comme tous les livres saints d’ailleurs sont à l’opposé de ce qu’ils sont. C’est pour ça que les croix et l’eau bénite les repoussent. En prononçant lui-même ces mots, il s’est donné la mort par la même occasion.

- Il a dû se dire qu’il n’avait plus d’autres choix, il était déjà condamné de toute façon, et il ne pouvait plus se défendre. Présuma Michael.

- Mais… Ce qu’il a dit… quelqu’un sait ce que ça signifiait ? M’enquis-je aussitôt.

- Lucy, amour, n’y accorde pas trop de crédits s’il te plait. Se dépêcha d’ajouter mon loup. Tu l’as vu comme nous, il était fou, et je pense qu’il a voulu nous faire du mal, nous faire douter avant de mourir. C’était sans doute une ruse ou un piège dans lequel il a voulu nous faire tomber.

- Je… oui… Tu as peut-être raison mais… au cas où… est-ce que quelqu’un dans cette pièce a reconnu ces mots ? Est-ce que vous avez déjà lu la bible ? Est-ce que vous savez de quoi parlait ce passage ?

Je comprenais que Michael veuille me protéger, pourtant je ne pouvais m’empêcher de vouloir en savoir plus. Il avait l’air de savoir quelque chose que j’ignorais. C’était peut-être un piège, mais dans le cas contraire… je devais savoir ! Les implications n’en étaient que trop importantes, surtout si je mettais véritablement la meute en danger… surtout si je mettais véritablement Michael en danger.

Les loups s’entreregardèrent pendant un moment, mais aucun d’eux ne put me donner la réponse que j’attendais.

- Je vais faire quelques recherches. Me promit alors Thomas. Mais ses yeux hantés m’apprenaient qu’il était aussi ébranlé que moi par les révélations du vampire et je ne pouvais pas l’en blâmer. Si le meurtrier de Belinda était encore en vie, les conséquences sur le futur de mon ami allaient être catastrophiques.

- Il a dit quelque chose sur les fils de Dieu et les filles des hommes c’est bien ça ? S’enquit Van. Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?

Personne ne répondit, la formulation était aussi énigmatique que la prophétie de Sorcha et j’espérais que des réponses à mes questions se profileraient bientôt. Parce que ça n’engageait plus seulement ma nature à présent, non, il devenait impératif de comprendre ce que j’étais vraiment. Il en allait de la vie de ma meute et de l’homme que j’aimais.

 

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