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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 13:12

J’ignorais combien de minutes s’était écoulées depuis la déclaration de Michael, et en réalité ça n’avait pas grande importance. Je me sentais si bien que le temps me paraissait être une notion bien vague. Assise, sur les genoux de mon loup, sa main droite serrant les miennes, jointes, et sa main gauche me caressant la nuque, je ressentais les battements de son cœur contre mon flan, et j’étais bien, si bien.

Il ne m’avait pas demandée de répondre à ses sentiments, en tout cas pas dans l’immédiat. Il me laissait libre de faire mon choix, de lui donner mon cœur ou non. Il me donnait tout et ne me demandait rien. Et j’appréciais sa façon précautionneuse de prendre soin de moi. Bien sûr, j’étais toujours un peu agitée, mais doucement, les caresses de Michael m’amenaient au calme, et lorsque l’angoisse semblait me reprendre, ses yeux se tournaient vers moi et me communiquait l’apaisement dont j’avais besoin.

Ils étaient remplis de promesses muettes et de confiance.

Parfois, son visage se baissait pour regarder nos doigts entrelacés et le sourire ému qui se dessinait sur ses lèvres parfaites, me réchauffait de l’intérieur. Il ne voyait pas que je le regardais, et juste comme ça, il était heureux. Et ce qui me surprenait le plus, c’était que j’étais heureuse moi aussi. Juste un sourire, un simple sourire et mon cœur gonflait dans ma poitrine. Je devais être devenue folle mais je devais avouer qu’il s’agissait de la folie la plus douce que je n’avais jamais ressentie.

Au bout de quelques minutes de plus, il releva la tête et se rapprocha de moi, collant son front contre le mien, fixant son regard au mien, le bout de son nez vint toucher l’arête du mien, ses lèvres se posèrent doucement sur les miennes, de manière presque hésitante. Ce baiser tendre me bouleversa plus encore, et une larme coula du coin de mon œil à la commissure de mes lèvres. Sa langue vint la récupérer.

- Ne pleure pas mon amour. Ce que je t’offre ce soir ne doit pas te rendre triste. Murmura-t-il au creux de mon oreille.

- Je ne suis pas triste, je suis un peu perdue et j’ai peur aussi, mais je ne suis pas triste. Lui répondis-je doucement pour ne pas briser la magie du moment.

- Je sais. Me dit-il. Mais si tu es prête à essayer, tu ne le regretteras pas, je te promets que tu ne le regretteras pas, jamais.

Et je le croyais, comme je n’avais jamais rien cru de toute ma vie. Je lui souris, lui donnant ainsi ma réponse. Oui, j’allais essayer, j’allais devenir la compagne de Michael, j’allais me jeter dans la gueule du loup, en connaissance de cause, et j’allais tenter de lui donner ce qu’aucun autre avant lui, n’avait eu, mon cœur.

- Et tu prendras soin de moi ? Tu ne me trahiras jamais ? Tu me rendras heureuse ? Lui demandai-je, le cœur encore battant de la décision que je venais de prendre.

- Oui, oui, oui, et plus encore. Me répondit-il, les yeux emplis d’espoir.

Je m’étais voilée la face trop longtemps, reléguant mes sentiments en arrière-plan, trop effrayée à l’idée de souffrir, mais tout ça avait assez duré. Il était celui que j’avais choisi, et ce depuis le début. Je devais le lui dire, il méritait que je lui dise, parce que c’était lui, parce que ça ne pouvait être aucun autre que lui. Une dernière question, juste une toute petite chose que j’avais besoin d’entendre et je serai à lui, entièrement.

- Et je suis ce qui compte le plus pour toi ?

Voilà, j’allais lui dire, j’allais lui révéler ce qui était au plus profond de mon cœur, ce que j’avais tant besoin de lui avouer.

Mais son regard se fit fuyant et un silence lourd remplaça les mots qui auraient dût ouvrir la serrure de mon cœur.

Non ! Pas maintenant, ne fais pas marche arrière ! Pourquoi ? Pensai-je aussitôt.

- Lucy… Murmura-t-il

Non, non, non, pas ça ! Hurlait mon cœur, tandis que ma tête m’avertissait déjà que je ne devais pas être surprise.

Je me relevai et m’éloignai jusqu’au mur opposé, m’y adossant. Michael ne chercha pas à me retenir, et une douleur terrible s’insinua dans ma poitrine en le réalisant.

- Tu ne peux pas me demander ça. Continua-t-il.

Je ne répondais rien. Bien sûr que non, je ne pouvais pas lui demander ça, quelle idiote j’avais été. Comme si je pouvais être la personne la plus importante pour quelqu’un tel que lui ! C’était douloureux, blessant et humiliant. J’avais mal et je voulais m’enfuir.

- Je… je comprends. Bredouillai-je, avant de me précipiter vers la porte pour quitter la pièce. En réalité, je n’y comprenais rien mais je ne voulais pas y réfléchir maintenant, alors qu’il se tenait, désolé, dans cette même pièce. Je n’étais même pas en colère, tout ce que je voulais c’était partir.

- Non, tu ne comprends pas, laisse-moi t’expliquer. Me dit-il en me retenant par le bras alors que je passais à côté de lui.

Je tirai sur mon bras pour me dégager, sans me soucier de la douleur que je m’infligeais et au bout de quelques secondes, il me lâcha, ne voulant pas que je me blesse. Je me précipitai alors vers la porte mais son ton qui avait toujours été calme jusqu’alors, même lorsque moi-même j’avais été presque hystérique, se modifia totalement.

- Lucinda Walker, je t’interdis de t’enfuir comme tu l’as toujours fait. S’énerva-t-il.

Je me stoppai net, choquée par ce ton autoritaire que je lui connaissais si bien pourtant.

- Qu’as-tu dis ? Lui demandai-je en me retournant. Tu me l’interdis ?

- Oui je te l’interdis. Confirma-t-il. Cette fois tu vas m’écouter jusqu’au bout. Je ne te laisserai pas disparaitre une fois encore, alors que je tiens enfin ma chance d’être avec toi.

Je fermai les yeux pour tenter de calmer le trouble qui m’envahissait. Je ne savais pas sur quel pied danser, d’abord il ne m’appelait pas, puis il m’aimait, mais finalement je n’étais pas ce qui comptait le plus pour lui, et pourtant il voulait être avec moi. Est-ce que ça l’amusait de me faire tourner en bourrique ?

- Mais arrête enfin, qu’est-ce que tu veux de moi à la fin. Je n’y comprends rien. M’emportai-je.

Michael me fixait intensément et prit le temps de se calmer avant de me répondre.

- Lucy, je t’aime. Me répéta-t-il.

Je me pinçai l’arête du nez entre deux doigts.

- C’est un non-sens Michael. Tu ne peux pas me dire ça et espérer que je te crois juste ainsi. Répondis-je d’un ton plus calme.

- Je sais, et je comprends que tu aies besoin de garanties, mais… Il inspira profondément avant de reprendre. Ce genre de garanties, je ne peux pas te les donner.

- Bien, je comprends moi aussi. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, mon ami m’attend dans la pièce d’à côté et je pense l’avoir fait suffisamment attendre. Répondis-je doucement en tentant de paraitre le plus digne possible.

- Ne quitte pas cette chambre ! M’ordonna-t-il. Je n’ai pas fini.

- Très bien, alors dépêche-toi de me dire ce que tu veux me dire, que je puisse partir.

- Tu sais que je ne te laisserai pas faire ? Tu sais ce qui arrivera à ton ami si tu retournes près de lui ? Me demanda-t-il avec un regard meurtrier.

- Je sais que tu ne lui feras rien, parce que tu n’as pas envie de me faire souffrir, je suis sûre de ça au moins.

Pour toutes réponses Michael frappa le mur derrière lui, laissant un renfoncement là où sa main s’était trouvée une seconde plus tôt.

- Ne joue pas avec moi, ne me pousse pas à bout, tu n’as aucune idée de ce dont je suis capable pour protéger ce qui compte pour moi. M’expliqua-t-il, les dents serrées.

- Parfait, dans ce cas, je n’ai rien à craindre, je n’ai pas ce genre d’importance à tes yeux. Tu as gagné notre jeu Michael, tu m’as fait céder. A présent, tu peux retourner à ta vie d’avant et me laisser tranquille. M’exprimai-je avec lassitude. Je ne savais même pas comment j’étais capable d’utiliser ce ton blasé alors que la douleur se frayait une place de choix au fond de mon cœur, au moment même où je parlais.

- Comment peux-tu dire ça ? M’as-tu écouté au moins ? Je viens de te dire que je t’aime ! Est-ce que ça ne compte pas pour toi ? As-tu la moindre idée du nombre de femmes à qui j’ai dit ces mots, au cours de ma vie entière. S’insurgea-t-il.

- En effet, difficile à évaluer ! M’exclamai-je. Je dirais à toutes celles que tu as mises dans ton lit, mais comme je ne connais pas le nombre exact, je ne pourrais que donner une estimation.

Une vive douleur passa dans son regard, aussitôt suivie par la tristesse.

- Tu es la seule Lucy. Murmura-t-il. La seule à qui j’ai dit ces mots, la seule qui m’ait jamais fait cet effet, la seule que j’ai appelé mon amour, la seule pour qui je donnerais presque tout. Acheva-t-il dans un souffle.

Je ne répondais rien, le doute s’installait en moi, était-il sincère ?

- Quel âge me donnes-tu Lucy ? Reprit-il un peu plus fort.

- Qu’est-ce que c’est que ce petit jeu encore ? Tu n’en a pas assez de t’amuser avec moi ? Répondis-je, agacée.

- Réponds-moi !

- Je n’en sais rien, trente ans, trente-cinq ans. Lui dis-je finalement.

- J’ai cent-soixante-deux ans cette année, Lucy. Et je te cherche depuis tout ce temps.

Le choc dut s’inscrire sur mon visage parce que Michael se rapprocha très doucement de moi, les sourcils légèrement froncés.

- Tu… tu te moques de moi n’est-ce pas ?

- Lucy, je ne veux pas que tu aies peur de moi. Dit-il en se rapprochant toujours plus. J’ai passé les cent-quarante dernières années à rêver de la femme qui ferait battre mon cœur. Si je te dis ça, ce n’est pas pour t’effrayer mais pour que tu comprennes qu’il est hors de question que je te laisse t’échapper désormais.

Et en finissant sa phrase, il resserra ses bras autour de ma taille, tout doucement, précautionneusement, comme s’il avait peur qu’au moindre mouvement un peu trop brusque de sa part, je disparaisse comme par magie. En réalité, il y avait peu de chance que cela arrive, j’étais totalement paralysée par le choc dû à sa révélation. J’avais toujours su qu’il était plus vieux que ce que son apparence laissait supposer, mais là, ça dépassait de loin toutes mes estimations.

- Si je t’ai avoué mon âge, c’est aussi pour que tu réalises que je ne suis pas humain. Tu le sais déjà mais la question que tu m’as posée, me prouve que tu n’as pas réalisé quelque chose d’important. Je suis un loup garou, Lucinda, mais pas seulement, je suis un alpha. J’ai sous ma responsabilité une meute d’une quarantaine de lycans qui comptent tous sur moi pour les protéger. C’est ce que je suis, ni plus, ni moins. C’est ce qui me compose entièrement, et c’est ce que je veux que tu apprennes à aimer.

En disant ces mots, il resserra son étreinte, plus encore. Il ne me faisait pas mal, mais j’étais si proche de lui que je pouvais ressentir les battements de son cœur, à travers ma propre poitrine. Ils étaient forts et rapides, au moins autant que les miens et j’avais l’impression de commencer à comprendre quelque chose.

- Je ne peux pas te dire que tu es ce qui compte le plus pour moi. Reprit-il. Mais je ne peux pas dire non plus à ma meute, qu’elle est ce qui compte le plus, parce que tu es là, parce que mon cœur se remplit de toi à chaque seconde en ta compagnie, et parce que je préférerais mourir plutôt qu’il n’en soit pas ainsi. Il releva alors ma tête pour que je le regarde dans les yeux, et l’émotion qu’ils contenaient me transperça. C’est à moi de te demander ça à présent, Lucy, ne m’abandonne pas. Tu m’es devenue aussi nécessaire que l’air que je respire. Alors accepte-moi, entièrement, totalement, et je te donnerai ce qui t’a toujours manquée, mes loups sont ma famille et je veux qu’elle devienne la tienne. Mon amour, c’est maintenant que tu dois me donner une réponse, maintenant que tu dois faire un choix.

Tout un tas d’émotions s’entrechoquaient en moi, et me rendaient muette. Et pourtant je devais lui donner une réponse, je le savais, c’était maintenant ou jamais, il ne me donnerait pas d’autres chances, alors qu’il venait de se dévoiler complètement. Sa fierté mise de côté, il m’avait avouée ce qu’il ressentait pour moi et la place qu’il était prêt à m’accorder dans sa vie. J’avais encore beaucoup de questions à lui poser sur ce que tout cela pouvait impliquer mais je savais que si j’acceptais d’être sa compagne, j’allais devoir lui faire confiance pour certaines choses.

Et tout à coup je réalisai clairement quelque chose, j’en avais envie, j’en crevais d’envie. Je n’en pouvais plus de vouloir être sa compagne, me réveiller dans ses bras, comme cinq jours auparavant, pouvoir compter sur lui et qu’il puisse compter sur moi, considérer la meute comme ma famille et étendre le lien qui m’unissait à Van, à chacun des autres loups. Comment avais-je pu me voiler la face si longtemps ?

J’avais caché ces désirs derrière une fierté et un ego qui n’avaient pas lieu d’être. J’avais essayé de me protéger de quelque chose que je ne connaissais même pas, et en faisant ça, mon cœur s’était retranché derrière une carapace. Je savais que je n’arriverais pas à l’en faire sortir d’un claquement de doigt, mais je savais que je voulais essayer. Alors, souriant à Michael, j’entrepris d’ouvrir la bouche et de laisser sortir ce simple petit mot qui modifierait à jamais ma vie. C’est alors que la porte de la chambre s’ouvrit, laissant entrer la musique, le bruit des conversations, les parfums des invités, mais surtout, laissant entrer Ray.

Un instant la panique m’envahit, les bras de Michael se desserrèrent, anticipant le mouvement qu’il supposait arriver. Ce qui ne l’empêcha pas de protester.

- Merde, c’est pas vrai. Pas maintenant. Grogna-t-il.

Mais en réalité, l’arrivée de Ray allait me permettre de donner ma réponse. Je fis refluer, la panique qui s’était emparée de moi, vestige de mon ancien moi. Parce que non, je n’allais plus me laisser dominer par ces sentiments-là, la peur, la panique, l’angoisse, tout ça faisait partie de l’ancienne Lucinda. Alors je resserrai mes bras autour de la taille ferme du lycan et décochai un sourire à Ray.

- Je suis désolée Ray, mais je ne vais pas pouvoir revenir, j’ai encore à parler avec Michael. Puis tournant mon regard vers ce dernier je lui donnai ma réponse. Je risque d’en avoir pour longtemps, vraiment, vraiment très longtemps.

Le loup ouvrit de grands yeux ahuris, ses lèvres s’étirèrent en un large sourire de pur bonheur, il me souleva alors du sol, comme si je n’étais pas plus lourde qu’une plume et me fit tournoyer dans ses bras, dans un grand éclat de rire.

- Que… Qu’est-ce qui se passe ici ? Demanda Ray, légèrement choqué. J’ai peur de comprendre…

- Désolé docteur Trenton, mais ma Lucy n’est plus disponible. On dirait que vous avez loupé votre chance. Se moqua Michael. Je lui administrai une petite tape sur le torse.

- Michael, arrête de dire des bêtises. Ray est mon ami, il n’a jamais eu ce genre de sentiments pour moi. Je suis désolée, je t’ai laissé seul, mais des choses… eh bien, des choses se sont produites et… enfin tu peux voir le résultat. M’excusai-je auprès de mon ami, tout en adressant un sourire à Michael.

Ray se racla la gorge puis soupira longuement. Un petit rire amer s’échappa de sa gorge.

- Vous êtes un homme chanceux monsieur Madison, et perspicace avec ça. Dit Ray l’air un peu dépité. Vous vous êtes rendu compte de mes intentions envers Lucy, en à peine quelques minutes, alors qu’elle n’a jamais rien perçu en cinq ans.

Je tournai vivement la tête en direction de mon ami. Que venait-il de dire ?

- Tu… qu’est-ce que tu racontes ? Ray, tu plaisantes n’est-ce pas ?

- J’aurais préféré Lucy, j’aurais vraiment préféré. Tu ne t’es jamais doutée de rien ? Me demanda-t-il.

- Je… non. Fut la seule réponse qui me vint à l’esprit. Ray avait toujours été un ami très attentionné, toujours prêt à m’écouter, mais jamais il ne m’avait laissé supposer que son intérêt pour moi aurait pu être autre qu’amical.

- Hum… il faut dire que j’ai toujours cherché à être le plus discret possible. Dès l’instant où j’ai commencé à te voir comme une femme, j’ai senti que tu n’étais pas prête à accueillir un homme dans ta vie. Et j’ai toujours cru que le jour où tu serais enfin prête, tu te tournerais vers moi. M’expliqua-t-il. On dirait que j’avais tort. J’aurais dû être plus clair.

- Je suis désolée Ray, vraiment, j’ignorais…

- Tu n’y es pour rien, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même. M’avoua-t-il.

- Ray… commençai-je en essayant de me rapprocher de lui, mais Michael resserra son emprise sur moi, m’empêchant de le rejoindre.

- Ce n’est rien Lucy, je… je pense que je vais vous laisser à présent. Je suis sûr que monsieur Madison se fera un plaisir de te raccompagner. Dit-il en se tournant pour quitter la pièce. Tu étais vraiment splendide ce soir, j’aurais dû me douter que ce n’était pas pour moi. Me lança-t-il par-dessus son épaule avant de franchir le seuil de la chambre.

Une larme coula le long de ma joue alors que je réalisais que j’avais blessé mon ami. Michael l’essuya du pouce et me resserra contre lui pour me consoler.

- Il s’en remettra. Me chuchota-t-il au creux de l’oreille. Maintenant il va pouvoir tourner la page.

- Oui, tu as sans doute raison, mais je m’en veux quand même de ne m’être aperçue de rien. Lui répondis-je, dégoutée par moi-même.

- Si tu veux mon avis, tu es mieux sans lui, il est beaucoup trop vieux pour toi. Affirma-t-il d’un air très sérieux.

J’éclatai de rire, sa remarque avait eu le mérite de me changer les idées.

- Tu as cent-trente-sept ans de plus que moi. Répliquai-je en riant.

- Peut-être, mais moi, je fais beaucoup plus jeune que mon âge. Se justifia-t-il en me lançant un clin d’œil.

Mon dieu qu’il était beau, je fondais littéralement devant son clin d’œil.

- Hum… intéressant, on dirait que je te fais de l’effet. Ronronna-t-il en posant ses lèvres dans mon cou.

Bon cette histoire de ressenti du compagnon pour sa compagne allait me créer quelques problèmes, me dis-je. Mais la bouche de Michael sur ma peau, eu raison de ma concentration, et je décidai de me laisser aller à la douceur de sa caresse, j’aurais tout le temps de gérer les choses quand elles se présenteraient.

- Et si on rentrait à la maison. Murmura-t-il toujours contre mon cou, son souffle chaud me chatouillant. Tu es ravissante dans cette robe mais elle couvre encore un peu trop ton corps à mon goût.

Une bouffée de désir s’empara de moi, je lui redressai la tête et plongeai sur sa bouche. Mon « oui » fut avalé par ses lèvres tandis que nos langues se rencontraient, enfin, pour notre premier baiser en tant que couple officiel.

 

Suite>>

 

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 13:09

Je ne devais pas paniquer, je ne devais surtout pas paniquer. Je devais résumer la situation objectivement et en restant calme. Très bien, alors je me trouvais dans une soirée de gala, en compagnie d’un ami, et devant nous, mon voisin, qui se trouve aussi être mon employeur de temps en temps, sur une estrade,  remerciait chaleureusement les invités de s’être déplacés pour cette grande occasion. Si je ne souhaitais pas le voir, il me suffisait de faire demi-tour, prétexter un mal de tête et m’éclipser discrètement.

Mais qu’est-ce que tu racontes Lucinda ! Réagit bon sang, dans une minute l’enfer va se déchaîner sur toi ! Ton ami est un homme, et séduisant en plus. Pour l’accompagner, tu as mis une tenue que tu n’as jamais portée devant Michael. Et justement, en parlant de lui, il n’est pas seulement ton voisin ou ton employeur, mais c’est avant tout un loup garou alpha dont la vie privée se retrouve bizarrement entremêlée à la tienne. Et, si un loup garou c’est très jaloux et possessif, un alpha c’est bien pire. Pour lui, garder ce qui est en sa possession, c’est une question de survie. Bien sûr je ne me considérais pas comme la propriété de Michael, mais il ne faisait aucun doute que lui, ne voyait pas les choses de la même manière.

Je regardai Ray à côté de moi, souriant comme un bienheureux, ignorant qu’en se plaçant à mes côtés, il risquait sa vie plus encore que s’il était dans une voiture de course lancée à pleine vitesse, sur des petites routes de campagnes, et sans frein.

Je devais le sortir de là, mais je ne devais pas attirer son attention sur Michael, et je ne pouvais bien sûr pas lui révéler la vérité. Très peu d’humains connaissaient l’existence des loups garous, et ceux qui le découvraient se condamnaient à une mort certaine. Ray n’avait pas besoin de cette menace en plus de ce qui lui pendait déjà au nez.

Je devais agir vite, Michael allait bientôt finir son discours de remerciements et je devais nous faire sortir d’ici avant qu’il se rende compte de notre présence. Je n’étais pas idiote et je savais très bien que, même si son silence ces cinq derniers jours, signifiait qu’il ne voulait plus de moi, ça n’allait pas lui plaire que je sorte avec un autre homme, aussi peu de temps après ce qui s’était passé entre nous. Pour l’instant, j’avais encore le temps d’agir.

- Ray. Interpellai-je mon ami. Je ne me sens pas très bien.

Celui-ci se tourna vers moi et me dévisagea.

- C’est vrai que tu es bien pâle. Qu’est-ce qui ne va pas ? Me demanda-t-il.

Ce qui n’allait pas ? C’était que dans très peu de temps, il allait mourir dans des circonstances particulièrement douloureuses !

- Hum… J’ai très mal à la tête. Je pense que je préférerais rentrer, si ça ne t’embête pas. Lui répondis-je néanmoins.

- Attends, je te rappelle que nous sommes dans un hôpital, nous allons bien réussir à te dégotter de l’aspirine. Nous venons juste d’arriver, ce serait trop bête de repartir maintenant. Et puis j’ai tellement peu d’occasions de profiter de ta compagnie. Tu ne vas quand même pas m’abandonner maintenant. Décréta-t-il avec des yeux de chiens battus et en passant un bras autour de ma taille.

L’imbécile, c’était pire qu’avant. Je devais me dégager avant que Michael nous voit et… Trop tard !

Je n’avais pas quitté des yeux l’alpha, tandis que je cherchais un moyen de me libérer sans mettre la puce à l’oreille de Ray. J’avais vu un éclair de trouble passer dans le regard de Michael, alors que mon parfum était parvenu à ses narines, je l’avais vu relever la tête et scruter la foule, à ma recherche, et je l’avais vu crisper sa mâchoire tandis qu’il m’apercevait dans les bras de Ray.

Et à présent, sans terminer son discours, Michael descendait de l’estrade, fendant la foule qui continuait de l’applaudir, ne s’étant pas aperçut du danger de la situation. Il se dirigeait droit sur nous, avec un air menaçant, et je ne pus m’empêcher de penser qu’il était véritablement magnifique dans son smoking, ses longs cheveux noirs attachés en queue de cheval.

Mon regard ne cessait de passer de mon ami au lycan tandis que l’angoisse s’infiltrait en moi. Arrivé à quelques mètres de nous Michael ralentit le pas alors que Ray, le sourire aux lèvres avançait à présent dans sa direction, une main tendue en avant et l’autre toujours sur mes reins, m’invitant à me rapprocher en même temps que lui. Dieu du ciel, il allait gentiment se présenter à son bourreau. En voyant mon visage, sans doute décomposé, Michael eut un sourire carnassier qui ne me laissa que peu d’illusions sur ses intentions. A cette distance je pouvais voir d’infimes pépites bleutées dans l’émeraude de ses pupilles. La catastrophe allait se produire sous mes yeux si je ne réagissais pas rapidement. Alors j’accélérai le pas, devançant Ray, je me plaçai devant lui, transformant mon corps en bouclier. Michael ne me blesserait jamais, j’en avais la certitude, en tout cas pas physiquement, parce que sentimentalement c’était une autre histoire... Il brisa le silence le premier.

- Walker, en voilà une surprise.

Bon, j’étais de nouveau Walker, et au-delà du mauvais signe que ça représentait, j’en ressentais une profonde douleur dans la poitrine.

- En effet. Répondis-je. Bonsoir Michael.

Ray me rejoignit alors, toujours souriant et la main tendue en direction du lycan.

- Mr Madison, c’est un réel plaisir de faire votre connaissance. Dit-il en serrant la main de Michael. Je le vis retenir une grimace tandis que le loup comprimait les doigts de mon ami à l’intérieur d’une poigne musclée.

- Et à qui ai-je l’honneur ? Demanda-t-il en dévisageant Ray.

- Veuillez m’excuser, je ne me suis pas présenté, je suis le docteur Richard Trenton. Mais j’ignorais que vous connaissiez ma cavalière.

- Oh oui, je la connais Dr Trenton, je la connais même très bien. Affirma Michael d’un ton plein de sous-entendus.

Ray m’interrogea du regard, demandant une explication.

- Oui, en effet, Michael est… il est…

Nom d’un chien, qu’était-il justement ? Je n’avais aucune idée de la manière dont je devais le définir vis à vis de moi.

- Je suis son comp… commença Michael mais je le coupai au même instant.

- C’est mon voisin. Déclarai-je rapidement tandis que je tentai de me convaincre qu’il n’allait pas dire ce qu’il m’avait semblée entendre. Le visage du lycan se déforma légèrement, trop imperceptiblement pour qu’un inconnu s’en rende compte, en revanche, je savais ce que ça signifiait, il était en colère.

Michael inspira profondément avant de répondre.

- En effet, je suis aussi son voisin. Dit-il en insistant un peu trop sur le « aussi » mais Ray ne sembla pas relever. Et il y avait également autre chose que Ray ne relevait toujours pas, c’était l’aura menaçante qui entourait son interlocuteur. Et c’est sous mes yeux ébahis et catastrophés que je vis la colère monter d’un degré sur le visage de l’alpha alors que Ray vint de me serrer contre lui, tout en déposant un baiser sur ma tempe.

- C’est vrai qu’elle gagne à être connue notre Lucinda. Dit mon ami avec un grand sourire.

La mâchoire de Michael se crispa et le bleu envahit ses pupilles tandis qu’il murmura entre ses dents serrées :

- Ma Lucinda.

Mon cœur rata un battement.

- Je vous demande pardon, je n’ai pas bien compris ce que vous venez de dire. Demanda Ray.

Ok, là si je ne faisais pas quelque chose, toute cette histoire allait finir dans un bain de sang. Je me dégageai de l’étreinte de Ray pour venir prendre le bras du loup.

- Au fait Michael, j’aurais aimé te parler d’un problème de voie d’accès au niveau du quartier. Je suis sure que ton entreprise pourrait y faire quelque chose. Dis-je précipitamment en entraînant le lycan un peu à l’écart. Tu m’excuses un instant Ray, Michael est quelqu'un de très occupé, et j’ai rarement l’occasion de lui parler, surtout ces derniers temps, c’est un vrai fantôme, alors je voudrais en profiter ce soir.

- Euh… oui bien sûr… aucun problème. Me dit Ray qui semblait tout de même un peu troublé. J’ignorais si c’était à cause de ce qu’avait dit Michael et je n’avais pas le temps d’approfondir, de toute façon. J’entraînai le loup en direction d’une des chambres d’hôpital.

- N’imagine même pas retourner auprès de lui après ça Walker, tu rentres avec moi ce soir. Me glissa Michael à l’oreille sur le chemin. Je fis mine de ne pas réagir.

La chambre était un lieu parfaitement impersonnel, et c’était parfait pour la conversation que je voulais avoir. Je nous fis donc entrer tous les deux et refermait la porte derrière moi en priant pour que personne n’ait fait attention à nous.

- Ne t’en fais pas, personne ne nous a vu entrer ici. Me dis Michael avec un sourire charmeur. Mais si tu voulais m’emmener dans une chambre, il y a un petit hôtel à deux pas beaucoup plus confortable.

Je me sentis rougir comme une pivoine mais je me ressaisis bien vite.

- Tu lis dans mes pensées maintenant ? L’interrogeais-je, à peine surprise par ses capacités d’alpha.

- Non, mais il semblerait que je sois capable de ressentir les émotions de ma comp…

- Ne dis pas ça. Le coupai-je.

- Pourquoi ? Tu penses que parce que je ne prononce pas le mot, la réalité du fait s’en trouvera altérée ? Me nargua-t-il avec un sourire en coin. Oh non, pas ce sourire qui me faisait fondre à chaque fois !

- Premièrement, ça n’a rien à voir, tu as toujours pu sentir mes émotions, mais là tu es tombé étrangement juste. Et deuxièmement, tu ne m’as jamais demandé mon approbation pour m’appeler comme ça.  Tentai-je de me défendre.

- Alors trésor, premièrement, n’aies pas la présomption de penser pouvoir te mettre à ma place. Tu n’as aucune idée de ce que je perçois de toi, et il ne s’agit pas d’une fragrance mais bel et bien d’un ressenti. A l’instant où tu as craint qu’on nous ait vus, j’ai ressenti exactement la même chose. Ce qui m’amène à mon deuxièmement, je n’ai pas besoin de ton approbation pour savoir ce que tu es pour moi. Je le ressens au fond de moi, et même si ce n’est pas réciproque pour l’instant, sois bien assurée, que ça le deviendra. Je ferai tout ce qu’il faudra pour ça. M’avertit-il.

Et tandis qu’il finissait sa phrase, il vint se plaquer de tout son corps contre moi, me repoussant contre la porte, saisit ma nuque de sa main droite et m’inclina la tête avant de déposer des lèvres voraces sur les miennes. Sa langue s’infiltra rapidement, ma bouche ne lui opposant que peu de résistance. Mais qu’était-il ? De quoi était-il fait pour me mettre dans cet état-là ? Une image me vint en tête, il était un pyromane, aucun doute là-dessus. Partout où ses lèvres, sa langue, ses mains se posaient, il allumait un feu qui me ravageait totalement, moi, Lucinda Walker, la fière et indomptable Lucinda Walker. Faisant appel aux dernières bribes de volontés qui me restaient, je laissai glisser mon dos contre la porte et m’enfuyai par le côté. Un peu surpris, Michael essaya de m’attraper au passage mais j’arrivai à lui échapper et je m’empressai de passer de l’autre côté du lit d’hôpital, qui m’offrait une protection bien illusoire.

- Tu crois pouvoir m’échapper ? Tu oublies à qui tu as affaire. La chasse, c’est ma spécialité. Mais si tu veux être la proie je suis d’accord pour te montrer quel prédateur je suis. Me menaça Michael en s’appuyant sur le matelas.

Oh non, je n’oubliais pas à qui j’avais affaire, et j’étais très consciente que « jouer à loup » avec un lycan, n’était pas l’idée la plus judicieuse que j’avais eue, mais je ne pouvais pas le laisser faire ce qu’il voulait de moi.

- Bon, ok, tu te crois très malin. Tant mieux pour toi, mais moi ça ne m’amuse pas. Alors ne t’approche pas de moi. Dis-je en tentant de cacher mon trouble.

- Est-ce que je te fais peur ? Me demanda-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.

- Non, bien sûr que non. Répondis-je en détournant la tête. Je ne voulais pas lui montrer qu’au contraire, j’étais morte de trouille. Mais ce n’était pas une attaque physique que je craignais, je savais bien qu’il ne lèverait pas la main sur moi, j’en étais sûre depuis le moment, cinq jours auparavant, où il avait fait preuve d’un contrôle absolu de lui-même afin de ne pas me blesser. En revanche, la douleur qu’il pouvait m’infliger était de celle dont on ne se relevait pas si facilement, le genre de douleur que l’on ressent tout au long de sa vie, le genre de douleur qu’il avait commencé à m’infliger sans que je m’en rende compte. Quelque chose que je ne voulais pas ressentir, commençait à naitre au fond de mon cœur, et ça faisait mal, vraiment très mal. Alors oui, j’avais peur de lui, de ce qu’il représentait pour moi, de l’importance qu’il était en train de prendre dans ma vie, de la blessure sous-jacente qu’il réveillait en moi. Mais je n’avais pas encore fini de mettre de l’ordre dans toutes ces pensées confuses que, venus de nulle part, de puissants bras m’attirèrent dans une étreinte inflexible, plaquant ma tête d’une main, contre un torse tendu.

- Si, tu as peur, mon dieu, trésor, tu as tellement peur que je le ressens au plus profond de moi et que ça me fait mal. Me chuchota Michael. Dis-moi, mon ange, dis-moi ce que je dois faire pour que tu aies confiance en moi.

Je ne pouvais pas répondre à ça, j’en étais incapable, je ne le savais pas moi-même.

Au bout d’une minute, voyant que je ne répondais pas, Michael s’éloigna un tout petit peu de moi, me saisit le menton entre le pouce et l’index et plongea ses yeux dans les miens. Je sentais que ce qu’il s’apprêtait à me dire risquait de bouleverser notre relation à jamais. Une terreur prodigieuse s’empara de tout mon être et Michael accusa le coup en percevant la puissance de cette émotion. Il ferma brièvement les yeux et quand il les rouvrit, une douleur indescriptible avait fait place à son regard assuré de mâle alpha. Il inspira profondément et plaça sa main sur ma joue, le bout de ses doigts caressant la racine de mes cheveux, dans ma nuque.

- J’ignore si… si tu es prête pour ça. Bredouilla-t-il.

Non, non, non, pas ça, pensai-je. Une seule chose pouvait faire hésiter cet homme habituellement si sûr de lui.

- Trésor… Trésor, je… Je t’…

- Arrête, non, pas ça. L’interrompis-je en le repoussant de toutes mes forces. Il n’opposa pas de résistance, et je me dégageai donc, facilement, de son étreinte.

- Pourquoi? Pourquoi tu ne me laisses pas te le dire ? Qu’y a-t-il de si terrible à prononcer ces mots ? Me demanda-t-il néanmoins.

La colère que j’entendais dans son ton, mit le feu aux poudres.

- Mais c’est quoi ton problème à la fin ? Depuis le début, tu ne cesses de me faire des avances, ça a toujours été comme ça entre nous, et d’un coup tu changes complètement de cap. Tu deviens sérieux, tu me montres un côté de toi que je n’avais jamais vu, et tu me fais croire des choses. Tu me tentes, tu me fais miroiter des sentiments que je ne pensais jamais ressentir et pour finir tu me laisses tomber. Hurlai-je à quelques pas du loup. J’étais hors de moi et je ne contrôlais plus mes paroles. Il me semblait que mes émotions s’entrechoquaient en moi et que le tout débordait et m’envahissait complètement.

- Je ne t’ai pas laissée tomber Trésor. Dit le loup d’un ton parfaitement calme.

Sa maitrise parfaite m’exaspérait, comment pouvait-il se sentir aussi serein quand je me sentais aussi perdue.

- Bien sûr que tu m’as laissée tomber, je me souviens distinctement de t’avoir entendu me dire que tu m’appellerais. Renchéris-je encore plus fort.

- Je t’ai dit ça il y a cinq jours, Trésor, tu ne…

- Ne m’appelle pas comme ça. L’interrompis-je. Tu as perdu l’occasion de m’appeler comme ça.

- Lucy, calme-toi. Et écoute-moi. tenta-t-il de me raisonner tout en faisant un pas dans ma direction.

- Ne t’approche pas de moi. Le prévins-je.

Mais le lycan continua d’avancer dans ma direction.

- Lucy, je sais que tu es perdue et que tu ne comprends pas ce qui t’arrive, c’est la première fois que tu ressens ça pour un homme.

- N’approche pas.

- Pourquoi?

- N’approche pas.

- Dis-moi pourquoi.

Mais le loup se trouvait déjà à quelques centimètres de moi. Et sans comprendre réellement ce que je faisais, ma main se tendit en direction de son visage. La gifle s’abattit sur sa joue, sans que je sois consciente de mon acte, sa tête partit sur le côté, suivant l’impulsion de ma paume.

- Tu m’as abandonnée. Criai-je en même temps.

Michael reporta rapidement son regard sur mon visage parcouru de larmes, et ses yeux n’exprimaient aucune colère comme j’aurais pu le craindre, mais une infinie douceur. Mon cœur explosa littéralement dans ma poitrine tandis que mes jambes me lâchaient et que je commençais à m’effondrer. Mais l’alpha fut plus rapide que ma chute et me rattrapa pour m’étreindre une fois de plus contre son cœur.

- Jamais, tu m’entends, jamais je ne t’abandonnerai. Murmura-t-il au creux de mon oreille, la voix vibrante d’une émotion contenue. Je t’apprendrai à me faire confiance. Remets t’en à moi. Je te rendrai heureuse mon amour, vraiment heureuse.

Le choc, balaya tout le reste, il m’avait appelé « son amour ». En entendant ces deux petits mots, mon monde chavira. Je redressai la tête pour le regarder, et la conviction dans ses yeux, s’imprima dans mon cœur. Alors, tout doucement, il me lâcha, s’assurant que mes jambes me soutenaient à nouveau. Ses deux mains vinrent se placer de chaque côté de mon visage, et ses magnifiques yeux émeraudes plongèrent dans les miens.

- Lucinda Walker, je t’aime.

 

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 13:08

J’avais chaud, j’étais entièrement nue mais j’avais chaud, une douce lumière nimbait mon corps et je me sentais bien, si bien. Pourtant, en dehors de moi-même, il n’y avait aucune lueur, l’obscurité était toute autour de moi, mais je n’avais pas peur. Je me sentais en sécurité, exactement où je voulais être. Au bout d’un petit moment, un petit point lumineux commença à apparaître tout doucement devant moi. Tout d’abord minuscule, il se mit à briller de plus en plus et à avancer vers moi. Et plus la lueur avançait, plus elle grossissait. Mais je n’avais toujours pas peur, au contraire, je me sentais de mieux en mieux. La lueur se déforma, prit un aspect qui me semblait familier, et qui me rassurait d’autant plus, une silhouette. L’apparition était également nimbée de lumière, mais l’intensité de la sienne était sans commune mesure avec la mienne. J’étais obligée de plisser les yeux pour continuer à la regarder. A un mètre de moi, la silhouette cessa d’avancer et une voix claire en sorti.

- Lucinda, tu ne devrais pas être ici.

Pourtant, malgré ses mots, l’apparition leva d’abord une main, puis l’autre. Elle me tendait les bras. Je n’avais qu’une idée en tête, me blottir dans son giron et y rester pour toujours. Je sentais que seuls ses bras pourraient m’apaiser, et m’apporter ce qui me manquait. Mais tandis que j’avançais pour rejoindre cette étreinte rassurante, je m’éloignais de celle-ci, indéniablement et irrépressiblement. Je me mis à courir mais je m’éloignais toujours plus. Je ressentais un courant d’air sur ma poitrine, et une odeur de musc et d’eau de Cologne me chatouillait les narines. Alors je me mis à tomber, une sensation de chute incontrôlable s’empara de moi tandis que l’obscurité se refermait sur moi.

J’ouvris les yeux dans un sursaut qui me fit prendre une grande inspiration. Le visage de Michael au-dessus de moi, apparut en un éclair et emplit tout mon champ de vision. Il avait l’air un peu inquiet mais me souriait. Je lui rendis son sourire et tentai de comprendre ma situation. Je me souvenais parfaitement de ce qui s’était passé juste avant que je m’endorme, en revanche, j’ignorais comment je m’étais retrouvée sous les couvertures du lit de Michael, dans ses bras, serrée contre sa poitrine.

- Que… comment je… Bredouillai-je, encore toute ensommeillée.

Michael émit un petit rire charmant.

- Tu t’es endormies et je t’ai transportée sous les couvertures pour que tu n’aies pas froid. M’expliqua-t-il en me souriant. Je n’avais encore jamais vu un tel sourire sur le visage de Michael, à la fois détendu et véritablement amusé. A cet instant, il semblait plus humain que jamais. J’aurais pu rester ainsi indéfiniment, plongeant mon regard dans ses magnifiques yeux verts et me repaissant de ses traits fins à la beauté enchanteresse. Pourtant je me redressai, et ramenai le drap sur ma poitrine exposée. La déception se peignit sur le visage du loup.

- J’ai dormi longtemps ? Demandai-je.

- Hum… environ deux heures, mais tu peux te rendormir si tu veux. Tu dois être fatiguée et…

- Deux heures ? Mais quelle heure est-il ? Coupai-je Michael.

- Un peu plus de dix heures et demi, mais comme je le disais tu peux rester…

Mais il ne finit pas sa phrase, je venais de me lever en attrapant le drap et en m’enroulant dedans comme dans une toge.

- J’ai un client à onze heures, je dois me dépêcher de rentrer. Lui lançai-je en cherchant mon soutien-gorge.

- Tu as pris un client aujourd’hui malgré ce qu’on avait à faire hier soir ? Demanda-t-il, presque choqué. Je me tournai brièvement vers lui pour lui répondre.

- Je dois gagner ma vie, Michael.

Le lycan soupira bruyamment puis se redressa, avant de se pencher en avant, et de m’attirer à lui. Je basculai sur le lit et atterris dans ses bras, mon corps étendu sur le sien. Il m’embrassa et je ne cherchai pas à le repousser. Il me fit alors basculer sur le côté et se retrouva allongé à côté de moi, me surplombant, le menton appuyé sur une main.

- Tu pourrais annuler non ? Demanda-t-il.

- Il doit déjà être en route. Lui répondis-je avec un sourire.

- Tu lui diras que tu as oublié.

- Oui bien sûr, et je le perdrai comme client. Annonçai-je en levant les yeux au ciel.

L’alpha soupira de nouveau.

- Et à quoi il ressemble ce client ? Il est mignon ? Questionna-t-il, un peu contrarié.

Je pris le temps de la réflexion avant de lui répondre.

- Hum… oui, j’imagine qu’on peut dire qu’il est séduisant, enfin à condition d’aimer les poils et les coups de langues intempestifs.

Michael se redressa et me lança un regard d’incompréhension. J’éclatai de rire devant son air ahuri, avant de reprendre.

- C’est un chien, espèce d’idiot, et sa propriétaire est une femme.

Michael se jeta sur moi et m’arracha un éclat de rire en chatouillant mes côtes de ses doigts. Au bout de deux minutes de ce traitement je le suppliai d’arrêter et il mit fin à ma punition.

- Tu continues à soigner les animaux en plus des humains ? Pourquoi ? Demanda-t-il.

- Je dois gagner ma vie comme je te l’ai dit, et tous les clients sont bons à prendre, même s’ils ont quatre pattes et qu’ils te sautent dessus pour te dire bonjour. En plus, je ne vois pas ce qui t’étonne, j’ai ressuscité un loup pas plus tard qu’hier. Lui répondis-je avec un clin d’œil.

- Ce n’est pas drôle Lucy, nous ne sommes pas des animaux. Se vexa-t-il.

- Je sais, excuse-moi, ma plaisanterie n’étais pas drôle. M’empressai-je d’ajouter. Je ne les avais jamais considérés comme des bêtes et je ne voulais pas qu’il se méprenne sur ma façon de penser à lui.

Michael changea immédiatement de sujet, ne souhaitant pas ruiner l’ambiance.

- Si c’est un problème d’argent, je peux très bien y remédier. Reste au lit avec moi et je couvrirai tes frais.

- Ca porte un nom tu sais, ce que tu viens de me proposer. C’est de la prostitution. M’indignai-je faussement.

- Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, et tu le sais très bien. S’indigna-t-il à son tour. Je le savais très bien mais je ne pouvais pas me permettre de me faire entretenir, c’était hors de question. J’essayai alors de me redresser, mais d’une main, Michael me rallongea sur le lit.

- Reste.

- Je ne peux pas.

- Reste.

- Ça ne sert à rien Michael, je dois vraiment y aller.

- Reste.

Cette fois, le ton de l’alpha ne s’était pas fait autoritaire mais suppliant, ses sourcils légèrement plissés m’indiquaient qu’il ne me donnait pas un ordre. Ma détermination commença à flancher.

- Reste. Chuchota-t-il avant de m’embrasser à nouveau. Je me laissai aller contre lui, contre ses lèvres, contre son torse. Je n’étais qu’une chose sans force dans ses bras, incapable de rationalité. Cette pensée me donna la force nécessaire. Je mis fin au baiser, le repoussai gentiment, me levai et enfilai la robe chiffonnée au pied du lit avant de tourner la poignée et de franchir le seuil de la chambre.

 

Je tournais en rond dans mon salon, autour du téléphone, mes yeux fixant le petit appareil portable posé sur la table basse. Je m’assis un moment sur mon canapé en cuir mais me relevai aussitôt, l’immobilité m’énervait encore plus. Je me saisis du téléphone, décrochai et vérifiai la tonalité. C’était la douzième fois aujourd’hui. Merde, il se fichait vraiment de moi, crétin de Michael, il allait me le payer. Quand je pense que j’avais cru à ses belles paroles ! Je m’en voulais sûrement autant que je lui en voulais.

Après avoir quitté la chambre, l’alpha m’avait suivi dans la maison, faisant baisser les yeux aux quelques loups présents chez lui, qui nous avaient sûrement entendus, et qui s’apprêtaient à me faire une ou deux remarques graveleuses. Une fois à l’extérieur de la maison, je m’étais dirigée vers l’extérieur de la propriété. Je n’avais pas de temps à perdre, mon client n’allait pas tarder et je n’étais pas prête du tout à le recevoir. J’allais rentrer à pied, comme j’étais venue la veille, mon 4x4 étant en révision, de plus, je ne vivais pas très loin et il faisait jour. Mais Michael m’avait retenue par le bras en me disant d’attendre là où j’étais. Il s’était dirigé vers le garage et en était ressorti avec sa Lamborghini. Entièrement noire, la Gallardo possédait un je-ne-sais-quoi de racée qui convenait parfaitement à son conducteur. Je n’étais jamais montée dans un tel véhicule mais c’est avec plaisir que j’avais pris place sur le siège passager au côté de Michael.

Le trajet n’avait duré, en tout et pour tout, qu’une minute et j’avais été tellement reconnaissante envers mon chauffeur, de m’avoir fait gagner un temps précieux que je lui avais sauté au cou en l’embrassant à pleine bouche. Il avait d’abord été surpris mais s’était vite repris et m’avait rendu mon baiser en riant. J’allais alors sortir de la voiture mais Michael m’avait attrapée le menton pour que je le regarde. Il avait alors plongé ses yeux dans les miens et m’avait promis de m’appeler avant de planter un petit baiser sur mes lèvres. Et je l’avais cru, quelle idiote ! Et voilà que cinq jours plus tard j’attendais à côté de mon téléphone, comme une de ses conquêtes d’un soir, ce que j’étais, objectivement.

Qu’est-ce qui m’avait pris de croire qu’il pouvait finalement être différent de ce qu’il m’avait toujours montrée de lui, c'est-à-dire un macho autoritaire et dragueur. Je laissais couler une larme de frustration sur ma joue, tout du moins me convainquais-je qu’il s’agissait de frustration. C’était la dernière fois que je lui accordais ma confiance dans ce domaine, la dernière fois que je lui offrais mon corps, et la dernière fois que j’envisageais de lui offrir mon cœur. Je me promettais aussi de ne plus attendre désespérément ce foutu coup de fil, qui ne viendrait pas, j’en étais sûre à présent. Et pourtant lorsque le téléphone sonna, je me jetai dessus, pris une grande inspiration, attendis la troisième sonnerie, et prenant une voix blasée, répondis calmement.

- Allô.

- Allô Lucinda ? C’est Ray. Tu vas bien ?

- Oh… c’est toi ! Salut Ray. Répondis-je sans cacher ma déception.

- Ok… je vois que tu es contente de m’entendre. Si tu veux je raccroche. Me dit mon ami à l’autre bout du téléphone. En fait, j’avais effectivement été déçue, mais je ne lui avais pas parlé depuis plusieurs mois aussi m’empressai-je de me rattraper.

- Non Ray, excuse-moi, ne raccroche pas. Je suis un peu fatiguée ces temps-ci, mais je suis heureuse de t’entendre. Comment vas-tu ?

Ray était mon plus vieil ami, il était l’interne qui avait eu la présence d’esprit de me plonger dans l’eau après ma première expérience de guérisseuse alors que je souffrais le martyre. Aujourd’hui c’est un excellent chirurgien cardio-vasculaire et l’un de mes plus proches amis. Habituellement, nous correspondons par e-mail aussi étais-je un peu surprise de l’entendre au téléphone ?

- Je vais bien mais toi ça n’a pas l’air d’aller fort, par contre.

Ah oui, et il est aussi très perspicace.

- Si, si, je vais bien, un peu de surmenage c’est tout. Essayai-je de noyer le poisson. Bien qu’il soit au courant de mes capacités « particulières », comme la plupart des êtres humains, il n’était pas au courant de l’existence des créatures surnaturelles, alors je me voyais mal lui expliquer que j’avais ressuscité un loup garou et que j’avais des problèmes de cœur avec l’alpha de la meute locale.

- Hum… bon comme tu veux, tu n’es pas obligée d’en parler, mais tu sais que si tu en ressens le besoin, je suis là. Me dit-il. Bon il n’était pas dupe, ce qui ne m’étonnait pas beaucoup en réalité, il avait toujours su lire en moi comme dans un livre ouvert.

- Oui je sais ne t’en fais pas, ce n’est vraiment rien. Et sinon, qu’est-ce qui me vaut l’honneur d’entendre ta voix ? Lui demandai-je pour couper court à toutes questions supplémentaires.

- Ah oui, c’est vrai. Je voulais savoir si tu étais libre samedi soir ? M’expliqua-t-il.

Bon, nous étions jeudi et je n’avais rien de prévu pour le week-end, qui plus est, j’avais peu d’espoir que Michael m’inv… raaa si cet enfoiré pouvait arrêter, deux secondes, de s’infiltrer dans mon esprit, peut-être que je pourrais réfléchir correctement.

- Euh… oui… oui, je suis libre, pourquoi ? Répondis-je, en essayant de reprendre le court habituel de mes pensées.

- Eh bien, l’hôpital où je travaille inaugure son nouveau service pédiatrique en organisant une soirée de gala, et j’ai pensé à toi pour m’accompagner. Ray venait de m’énoncer son invitation comme s’il s’agissait d’une grande faveur qu’il m’accordait. J’imaginais tout à fait que cette invitation aurait pu être formulée par… Je me giflai intérieurement d’avoir encore pensé à lui.

- Tu as pensé à moi ? Tu veux dire que le grand Richard Trenton m’accorderait l’immense privilège de l’accompagner à une soirée de gala. Mais c’est trop d’honneur. M’exclamai-je en souriant et en employant le ton le plus ironique possible. Je savais que Ray n’était pas imbu de sa personne, et de son côté, il savait que son ton me ferait réagir. Il rit pendant cinq petites secondes, un rire clair et vraiment joyeux. Il s’amusait à me faire tourner en bourrique mais c’est comme ça que j’avais toujours connu mon ami, alors je l’acceptais et l’aimais ainsi.

- N’est-ce pas ! Je savais que tu apprécierais l’offre à sa juste valeur. Commença-t-il. Alors que dis-tu de dix-neuf heures ?

- Dix-neuf heures ? Pour quoi faire ?

- Mais pour que je vienne te chercher pour la soirée bien sûr. Tu m’écoutes ou pas ?

- Hé, mais une minute, quand as-tu entendu que j’acceptais ton invitation ? Sans compter que je suis sure que beaucoup d’autres femmes seraient ravies d’accompagner un charmant chirurgien cardio-vasculaire à une telle soirée. M’indignai-je.

- Hum… Lucinda, à quand remonte ta dernière sortie pour autre chose que le boulot ? Me demanda-t-il.

Je ne répondis rien.

- Ouais, c’est bien ce que je pensais. Conclut-il.

Bon après tout, il n’avait pas tort, je n’étais pas sortie pour le plaisir depuis une éternité. En revanche, je m’inquiétais un peu de la réaction de Michael s’il apprenait que j’accompagnais un autre homme lors d’une soirée. Cette idée finit de me convaincre.

- Bon très bien, à dix-neuf heures c’est parfait. Dis-je finalement. Vu le silence radio auquel j’avais droit depuis cinq jours, je n’allais pas m’inquiéter de ce que sa majesté des loups allait en dire, surtout qu’il ne l’apprendrait sûrement jamais et puis de toute façon, il s’en fichait probablement.

- Formidable ! On se voit samedi alors. S’écria Ray, qui ne cachait pas sa joie. Mets une belle robe. Me lança-t-il avant de raccrocher.

Merde ! Je n’avais pas pensé à ça. Une soirée de gala signifiait forcément une robe de cocktail, or c’était exactement le genre de tenue qui brillait par son absence dans mes placards. Je récupérai donc le téléphone  et composai un numéro de tête.

- Allô chérie ? Me répondit la petite voix aigüe de Marli. Tu vas bien ?

- Bonjour Marli. Je vais bien mais j’ai un service à te demander.

 

Il était dix-huit heures trente, nous étions samedi et le reflet que me renvoyait la psyché de ma chambre me laissait totalement perplexe.

- Franchement Marli, tu veux bien me réexpliquer pourquoi je dois absolument porter des talons de dix centimètres ? Me plaignis-je. Un jour, j’aimerais qu’on m’explique pourquoi, nous, les femmes, ressentons le besoin de nous torturer de la sorte.

- Parce que tu as des jambes magnifiques, et que ce serait un sacrilège de ne pas les mettre en valeur, étant donné la robe que je t’ai choisie. Me répondit ma meilleure amie, le plus naturellement du monde, comme si c’était évident.

Je levai les yeux au ciel. Bon je devais avouer que j’étais pas mal. La robe que Marli me prêtait était vert anis et faisait ressortir la blancheur de ma peau et la flamboyance de mes cheveux roux. De fines bretelles retenaient un corsage brodé qui me comprimait la poitrine au point que ma respiration ne pouvait se faire que par de petites inspirations et d’aussi petites expirations. Qui plus est, le décolleté menaçait de laisser sortir mes seins à l’instant ou je me pencherais de plus de trente degrés. J’allais devoir faire attention à mes affaires ce soir, si je laissais tomber quelque chose, je ne pourrai pas le récupérer, allant être dans l’incapacité de me baisser pour le ramasser. De toute façon, avec mes talons de dix centimètres, il allait déjà falloir que je puisse avancer d’au moins un pas et ça, ce n’était pas gagné. Pourtant je devais avouer que mes jambes n’avaient jamais été si belles. A chaque fois que je bougeais, je pouvais les observer dans le miroir, et ce, grâce à l’incroyable fente de la robe, qui remontait jusqu’à la hauteur de ma cuisse. En fait c’était la première fois que je voyais une robe longue aussi indécente.

Marli m’avait aidée jusque pour le maquillage, qui restait très léger, et pour la coiffure, elle avait décidé que mes cheveux devaient rester détachés.

A dix-neuf heures, j’étais fin prête et j’avais même eu le temps de m’entraîner à marcher dans le couloir de l’entrée, quand la sonnette retentit. Je déposai un baiser de remerciement sur la joue de Marli, elle avait été une amie merveilleuse ce soir, ne m’avait pas jugée alors que je sortais avec un autre homme que son alpha, et m’avait même embellie pour l’occasion. Bien sûr il n’y avait pas ce genre de sentiments romantiques entre Ray et moi, mais Marli n’était pas censée le savoir, aussi étais-je vraiment heureuse de l’avoir pour meilleure amie à ce moment-là.

J’allais ouvrir la porte et fit un grand sourire à Ray lorsque je vis le choc s’inscrire sur son visage en découvrant ma tenue.

- Ben mince alors, mais… Lucinda tu es canon ! S’exclama-t-il comme s’il me voyait pour la première fois. Devant son incrédulité, j’éclatais de rire.

- Merci, tu es pas mal non plus. Dis-je en le pensant vraiment. Il était très beau dans son smoking parfaitement coupé, rasé de frais et les cheveux plaqués en arrière. A trente-cinq ans, Ray était l’exemple parfait du célibataire bien dans sa peau, et qui plaisait énormément aux femmes. J’en connaissais un autre comme lui, mais je secouai la tête pour ne pas y penser. La différence entre Michael et Ray était que ce dernier n’avait jamais profité de son physique pour séduire des quantités faramineuses de petites dindes, contrairement au premier. Et je recommençais à fulminer contre lui… concentre toi Lucinda ! Il ne vaut pas la peine que tu t’énerves.

- Bon, si nous y allions. M’invita-t-il en me tendant son bras comme un parfait gentleman, j’étais presque surprise que quelqu'un puisse se conduire de manière aussi courtoise avec moi. Décidemment je fréquentais beaucoup trop les loups et leurs manières de rustre.

Ray était passé me prendre dans sa Mercedes classe S grise métallisée et c’est tout naturellement qu’il m’ouvrit la portière du côté passager. Je lui souris et m’installai tant bien que mal, en essayant de ne pas trop exposer mes jambes qui se dévoilaient par la fente de ma robe. L’espace d’une seconde, je cru voir le regard de mon ami sur celle-ci mais je me trompais sans doute. Lorsqu’il démarra, il me sourit comme il l’avait toujours fait, avec gentillesse et bienveillance.

Le trajet dura quinze minutes, qui passèrent très rapidement, Ray avait une conversation très agréable et intéressante. Je sentais que j’allais passer une bonne soirée en sa compagnie aussi me sentais-je particulièrement détendue.

Lorsque nous arrivâmes aux abords de l’hôpital, Ray me fit faire le tour des différents bâtiments en m’indiquant la spécificité de chacun et en insistant bien sur l’aile dans laquelle il exerçait son art. Nous finîmes par nous garer sur un parking en face d’un bâtiment qui semblait plus récent que les autres et d’où s’échappait une douce musique de chambre. C’était sans nul doute, l’aile pédiatrique à inaugurer. Les véhicules à côté de la Mercedes de Ray, ne dénotaient pas, bien au contraire, on aurait dit une exhibition publicitaire pour Mercedes, BMW, Audi mais aussi des marques plus prestigieuse comme Ferrari, Porsche, Aston Martin, et il y avait même… Non, impossible, je devenais obsédée. Je secouai la tête et entrepris d’ouvrir la portière pour m’extirper le plus élégamment possible du confortable véhicule. Mais, une fois encore, mon cavalier me devança, m’ouvrit la portière et m’offrit son bras pour me faciliter l’extraction périlleuse. Une fois sur mes talons de dix centimètres, nous prîmes le chemin en direction du bâtiment. Et une fois à l’intérieur, je soupirai avec soulagement. Avec ma longue robe et mes talons hauts, j’étais parfaitement dans le ton de la soirée, qui, bien qu’elle se déroule dans un lieu où des fresques colorées aux thèmes enfantins, recouvraient les murs, prenait des allures de soirée de gala des plus chics. Les femmes portaient de magnifiques robes sans doute griffées et les hommes s’étaient parés de leur plus beau smoking taillé sur mesure. Visiblement, il s’agissait de LA soirée où il fallait se montrer. Personnellement, je m’en fichais un peu, je n’étais là que pour rendre service à mon ami. Celui-ci me quitta immédiatement après être entré dans la pièce, et revint quelques minutes plus tard avec deux coupes de champagne. Habituellement je ne buvais pas mais pour l’occasion, j’acceptai le verre qu’il me tendait.

- Ouf, nous sommes arrivés juste à temps. Se félicita-t-il. Le directeur ne va pas tarder à commencer son discours.

Et en effet, un homme d’une soixantaine d’année, les cheveux déjà blancs mais à la carrure impressionnante, s’avança sur une estrade au fond de la pièce, qui avait dut être montée pour l’occasion. Il s’approcha du pupitre muni d’un micro et se racla la gorge afin d’attirer l’attention de tous.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bienvenue à la soirée d’inauguration de notre nouvelle aile pédiatrique. Comme vous le savez sans doute, notre hôpital a toujours cruellement manqué d’un service pédiatrique de qualité, reléguant cet aspect de la médecine, en arrière-plan, le précédent directeur ayant placé l’accent sur la recherche et le soin des adultes. Aussi, je suis très heureux de vous faire part de la nouvelle politique de cet établissement, qui sera axée sur le développement des soins pour tous, en commençant par les enfants, notre avenir. Ainsi, le bâtiment laissé vacant par le service pédiatrique, sera prochainement transformé en dispensaire, où les plus démunis pourront se faire soigner gracieusement par nos médecins. C’est donc avec une grande fierté que je vous parle aujourd’hui, en tant que directeur, mais également en tant qu’instigateur de ce projet. Néanmoins, j’ai également le plaisir de vous présenter le généreux donateur sans qui tout ceci n’aurait pu être possible. Il nous a fournis les moyens ainsi que les hommes qui ont travaillés d’arrache-pied à la construction de ce bâtiment.

Alors le directeur tendit une main en direction d’un petit groupe de personnes au fond de la salle, et un homme en sorti, se dirigeant également vers l’estrade.

Ma coupe se porta automatiquement à mes lèvres et je bus la totalité de ce qu’elle contenait en quelques gorgées, mortifiée par ce à quoi j’assistais.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je vous prie de l’applaudir chaleureusement.

Michael Madison.

 

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 13:07

- C’est donc ici que tu te cachais. Retentit la voix de Michael en entrant dans la pièce.

Eh bien, il n’avait pas perdu de temps pour me retrouver.

Je fermai les yeux et me préparai à me retourner pour lui faire face, mais déjà, un doigt chaud se fraya un chemin entre mon épaule et la bretelle du soutien-gorge qu’il m’avait offert. Je sentais son souffle chaud dans ma nuque.

- Walker, je suis affamé. Soupira-t-il à mon oreille. Et plus tu me fais attendre, plus mon appétit aura du mal à être comblé.

- Tu devrais lui offrir son petit déjeuné Lucy, ça fait longtemps qu’il l’attend. Dit le loup convalescent en éclatant de rire. A moi non plus, l’allusion n’avait pas échappé. Je fusillai Van du regard pour lui signifier de se mêler de ses affaires, mais devant son air amusé, je ne pus retenir un sourire.

- Désolée mais moi, je n’ai pas encore assez faim. Il faut croire que ce que tu as à me proposer n’est pas assez alléchant. Dis-je en me retournant vers Michael. Tu aurais dû commencer sans moi. Qui peut savoir, si et quand je mangerai à ta table.

Van repartit d’un rire retentissant, tandis que, dans le regard de l’alpha, passait un éclair prédateur. Oups, je regrettais déjà ce que je venais de dire. Je devais vite changer de conversation, quelque chose, n’importe quoi, réfléchis Lucinda !

- Van. L’interpellai-je en me tournant de nouveau vers lui. Il y a quelque chose que je voulais te demander. Avant d’être blessé, et aussi juste avant de…de…enfin tu sais…

- De mourir. Finit le loup pour moi, l’air grave.

- Oui. Acquiesçai-je l’air tout aussi grave. Tu as voulu me dire quelque chose. Ça concernait le sang qui a été lancé au milieu des vampires pour les exciter. Tu te souviens de quoi il s’agissait ?

Michael se rapprocha davantage, lui aussi très intéressé. Son lieutenant soupira profondément.

- Je suis désolé, je ne comprends pas moi-même, j’imagine que c’était important, mais en toute honnêteté, je ne me souviens pas grand-chose de la soirée d’hier. Ce sont surtout des sensations qui me reviennent en mémoires. Les faits en eux-mêmes sont plutôt confus dans ma tête. Mais quand je dormais j’ai eu quelques flashes, alors j’espère vraiment que ça me reviendra. Nous dit le loup d’un air désespéré.

Michael se rapprocha du lit et posa sa main sur l’épaule de son lieutenant.

- Ne t’en fais pas pour ça. Tu as subis un sacré choc hier alors prends le temps de te remettre. J’imagine qu’on ne revient pas à la vie sans quelques séquelles. Je suis fier de toi Vanniel, alors n’y pense pas trop.

Entendre Michael appeler Van par son prénom complet, donnait un sens très solennel à ses paroles. L’alpha s’adressait au loup, et Van parut rasséréné par ces mots.

Pour ma part, la dernière phrase me fit penser à Julian.

- Au fait, pendant que tu dormais, Julian est passé voir comment tu allais. Annonçai-je au lieutenant. Michael retira sa main de son épaule et croisa les bras sur la poitrine.

- Je croyais que tu devais t’en occuper. S’adressa-t-il au loup, sur un air de reproche.

De nouveau, Van poussa un profond soupir.

- je l’ai fait, qu’est-ce que tu crois ? Pourquoi tu penses que Marco me soit tombé dessus l’autre jour ?

Je regardais alternativement les deux lycans. Apparemment, ils se comprenaient alors que, personnellement, je n’avais aucune idée du sens de la conversation.

- Oui et bien visiblement, tu n’as pas été assez clair. Je te le répète, je n’approuve pas. C’est encore un gamin, son attaque a été traumatisante et elle est encore trop récente pour qu’il ait les idées claires. Dit Michael sur un ton sans appel.

- Je n’ai jamais rien fait de répréhensible le concernant, boss. Tout ce que je voulais c’était l’aider. Se défendit Van.

- Je sais tout ça, mais tu dois sérieusement lui enlever ses illusions. Pour l’instant, tout est confus dans sa tête. Son arrivée ici, sa place dans la hiérarchie qui n’est pas encore définie et les sentiments qu’il a pour toi. Décréta Michael. Van tenta de parler mais l’alpha le fit taire d’un signe de la main. Je dois protéger mes loups, et ce, parfois contre eux-mêmes. Et même s’ils ne sont pas d’accords avec mes décisions, ils doivent m’obéir. Et dans ce cas, j’entends que Julian m’obéisse pour son propre bien, et en tant que mon troisième lieutenant, j’attends de toi que tu agisses en conséquence. Tu as pris le problème sous forme personnelle, à présent considère qu’il s’agit d’un problème de meute. Ton devoir est de mettre les choses au clair en tant que quatrième loup de la hiérarchie. Finit-il enfin, les bras toujours croisés sur la poitrine. Je ne comprenais toujours pas de quoi ils parlaient et en réalité, à cet instant, même s’ils m’avaient expliquée ce qui les préoccupait dans le détail, je ne suis pas sure que j’aurais compris. En fait, j’étais bien trop occupée à détailler la courbe des muscles que je devinais à travers les manches longues du T-shirt blanc de Michael, qui le moulait comme une seconde peau. Sa tenue, associée à son discours dominateur d’alpha rationnel, était en train de me mettre dans tous mes états. Je sentais une chaleur incroyable se développer au creux de mon ventre, mon cœur battait à tout rompre et ma respiration devenait de plus en plus erratique. Mais qu’est-ce qui m’arrivait ?

- Il finira par se méta… Mais Michael ne finit pas sa phrase et à la place, se tourna soudainement dans ma direction, en écarquillant les yeux. Je remontai mon regard le plus rapidement possible, en essayant de faire l’impasse sur l’effet encore plus moulant du T-shirt, sur ses pectoraux contractés par sa posture. Merde ! Merde ! Merde ! Il savait, je n’avais aucun doute là-dessus. Son petit discours autoritaire m’avait excitée et il le savait.

- Nom d’un chien, Lucy, mais préviens-moi quand tu es dans cet état, que je bloque les sensations qui viennent de toi. S’exclama Van. Je viens à peine de me calmer et maintenant je n’ai plus qu’à prendre une douche froide.

- Je… je suis désolée, je ne sais pas ce que… Mais ma phrase s’acheva là, tandis que l’alpha m’attrapait par le poignet et me tirait en quatrième vitesse hors de la pièce. J’eus tout juste le temps d’entendre Van marmonner une phrase à peine intelligible.

- Vous devriez baiser un coup, histoire de vous calmer tous les deux.

Michael me traînait hors de la pièce, dans le couloir, en me tenant toujours par le poignet, sans me regarder, ses pas étaient rapides et ses foulées larges, et j’étais obligée de trottiner derrière lui pour pouvoir suivre son rythme. Il nous fit prendre à gauche au coin du couloir, et je remarquai que son avant-bras, son biceps et même le haut de son épaule étaient contractés pour ne pas me faire mal. Les muscles saillaient sous le tissu blanc et une bouffée de désir me terrassa complètement.

- Lucy… Grogna le loup. Je paniquai un peu. Je venais de lui envoyer une autre effluve de mon désir et il n’avait pas l’air d’apprécier.

- Mais… je… je…att… Tentai-je de bredouiller pour me sortir de cette situation. Mais ma résistance ne le fit qu’accélérer un peu plus. Nous passâmes la porte de la salle de bain dans laquelle j’avais fait une toilette sommaire un peu plus tôt, puis celle de la chambre où j’avais dormis, et enfin, sans s’arrêter, Michael ouvrit la porte de sa propre chambre, m’y fit entrer sans ménagement et la claqua derrière moi, d’un coup de pied. Je me retrouvai plaquée contre le mur, un peu brutalement, et mon dos rebondit brièvement contre la surface dure. Mais je n’eus pas le temps de protester, son corps tout entier se plaqua contre le mien et ses lèvres se pressèrent fortement contre les miennes. Michael m’embrassait farouchement, avidement, impatiemment. Ça n’avait rien à voir avec le baiser passionné qui avait eu lieu chez moi et avec le baiser conquérant de la veille, au repaire des vampires. Cette fois, ses lèvres ne cherchaient pas à me plaire mais à assouvir un besoin impérieux, un besoin bestial. Et loin de me déplaire, cette urgence m’excitait de plus en plus. Ses yeux bleus saphir me fixaient intensément pendant qu’il m’embrassait et j’adorais ça. Ses mains se faufilèrent sous les bretelles de la robe et la descendit brutalement au niveau de ma taille, dévoilant ma poitrine prisonnière de la fine dentelle du soutien-gorge. Pendant ce temps, sa langue s’était frayée un passage au travers de mes lèvres. Elle jouait avec ma propre langue, la caressant, la titillant de la pointe, l’effleurant à peine, puis la caressant de nouveau. Je gémissais faiblement, totalement emportée dans ce tourbillon de sensations terriblement sensuelles. Mes bras étaient bloqués par les bretelles de la robe que le loup avait rabaissée mais ça m’était égal, je ne pensais même pas à m’échapper.

Ses mains passèrent sur mes seins, descendant le devant de ma lingerie en dessous de ceux-ci, pour venir les caresser à même la peau. Elles étaient chaudes et me procuraient un bien fou, tantôt malaxant fermement ma poitrine, tantôt pinçant les pointes dressée d’excitation de celle-ci. Sa langue quitta un moment ma bouche, pour descendre le long de ma gorge offerte. Mes gémissements redoublèrent, encourageant le loup à s’aventurer un peu plus loin. Il se rua alors sur le bout de mes seins, les suçant avidement et sans retenu. Ses mains libres passèrent sous ma robe, remontant le long de mes cuisses, empoignant fermement mes fesses, me faisant me mettre sur la pointe des pieds. Deux doigts de chaque main s’insinuèrent sous le fin tissus de ma petite culotte, de chaque côté de mes hanches, j’entendis un petit bruit de déchirure et la dentelle tomba au sol, entre mes jambes. Sa main droite glissa le long de ma jambe gauche et s’arrêta au creux de mon genou qu’il remonta d’un coup au niveau de sa taille. Son bassin se pressa sur mon intimité offerte et seul le tissu de son jean faisait obstacle à la formidable rigidité de son membre. Sa langue avait retrouvé sa place dans ma bouche, toujours aussi impatiente, et je goûtais avec délectation, le goût de ma propre peau dans sa bouche. Michael lâcha tout à coup mon genou et empoigna mes fesses à deux mains, me soulevant totalement de terre. Je nouai mes jambes autour de sa taille afin que le contact de nos deux bassins ne soit pas rompu. Il me porta comme ça, tout en continuant d’envahir ma bouche de sa langue chaude et sucrée. Arrivé au niveau du lit, il lâcha sa prise sur mes fesses et me jeta sur celui-ci. Un courant d’air froid remplaça la chaleur de son torse sur ma poitrine mais très vite, Michael enleva son T-shirt, le faisant passer par-dessus sa tête, et vint s’allonger sur mon corps, entre mes jambes. La sensation de sa peau brûlante sur mes seins me fit gémir de plaisir. Sa langue entreprit de m’arracher un peu plus de cris et descendit de ma bouche, en passant par l’arête de ma mâchoire, sur mon menton, et continua sa course sur mon cou que je lui offrais volontiers. L’alpha, glissa un peu plus bas et vint faire le tour de mon mamelon avec sa langue, une fois, deux fois, trois fois. Son souffle haletant me faisait frissonner là ou sa langue avait laissé une trace humide. Encouragé par mes tremblements, Michael pinça entre ses lèvres, la pointe érigée de mon sein droit, tandis qu’il l’agaçait du bout de la langue. C’était incroyablement enivrant, et une sorte d’engourdissement brumeux envahit mon esprit. Dieu que c’était bon ! L’alpha était manifestement un artiste de la sensualité lorsqu’il s’agissait de donner du plaisir aux femmes. Je n’en revenais pas d’être dans un tel état alors qu’il ne s’était même pas encore approché de la source brûlante et humide de ma jouissance.

Je sentis les lèvres de Michael, se retrousser légèrement et ses dents prirent le relais sur celle-ci, mordillant le bout de chair devenu rouge sombre, sous les assauts de sa bouche. La surprise m’arracha un cri et le loup laissa échapper un grognement. Ce son guttural, venue du tréfonds de sa poitrine me grisa totalement, la chaleur s’intensifia à l’intérieur de mon ventre, des spasmes commençaient à me secouer, une vague de délice arrivait, repartait, puis revenait, au creux de mon intimité, la forçant à se contracter par intermittence. Mon dieu, j’allais jouir d’un instant à l’autre, jouir de sentir Michael entre mes jambes, jouir de le sentir contre ma peau, jouir des traitements qu’il m’infligeait, et j’appelais cette jouissance de toute mon âme, de tout mon être. Je me préparais à ressentir le déferlement de plaisir qui était sur le point de s’emparer de mon corps, quand Michael, se redressa soudain et se mit à genoux entre mes jambes. Non, non, non, pas maintenant, avais-je envie de lui crier. Mais son regard bleu se faisant aussi dur que de l’acier, je sus qu’il s’était arrêté à dessein. La vague reflua doucement sans que je puisse la retenir, me laissant haletante et excitée au possible. Alors le loup caressa son sexe gonflé à travers le tissu de son jean, juste sous mes yeux, s’assurant que je ne perdais pas une seconde du spectacle qu’il m’offrait. Passant sa main droite sur la bosse impressionnante de son entrejambe, et sa main gauche sur son torse musclé, l’alpha me fixait droit dans les yeux, en se pourléchant les lèvres. Il se caressait devant moi, il s’offrait complètement à mon regard et mon excitation redoubla en un instant. Un éclair passa brièvement dans ses yeux de glace, et un autre grognement s’échappa de sa bouche, tandis qu’il sentait mon désir s’intensifier encore.

Il se laissa alors tomber entre mes jambes et sa langue vint se glisser au creux de mon nombril. Je me soulevai du matelas pour aller à la rencontre de cette chaleur humide qui me transcendait totalement. Ses mains se posèrent de chaque côté de mes hanches et me repoussèrent fermement contre le lit, m’intimant l’ordre de ne pas bouger. Il descendit alors doucement, en zigzaguant, traçant un chemin mouillé sur ma peau qui me mettait au supplice. Ses mains chaudes et puissantes glissèrent en même temps jusqu’à mes cuisses qu’il écarta un peu plus, sans ménagement. C’est alors qu’il plongea frénétiquement sur mon intimité parfaitement dévoilée et déjà prête à le recevoir, m’administrant, tantôt des petits coups de langue, tantôt de longues caresses humides et plus profonde. Je devenais complètement folle et mes cris redoublèrent, se répercutant contre les murs de la chambre. Mon esprit était complètement vide, plus rien n’avait d’importance à part le plaisir, le plaisir que me procurait cette incroyable dextérité sur la chair tendre de ma féminité. L’une de ses mains remonta tout le long de mon corps, caressant au passage mes hanches, s’attardant sur mon nombril, empoignant mon sein au téton toujours dressé et le pinçant légèrement au passage, glissant comme une plume le long de mon cou et s’insinuant sur ma mâchoire, jusqu’à la racine de mes cheveux dans ma nuque. Son pouce passa sur mes lèvres humides, j’entrouvris la bouche et il s’y engouffra, cherchant les caresses de ma langue, ressortant puis revenant à l’intérieur, dans un mouvement qui reproduisait à la perfection ce qu’il me faisait subir avec sa propre langue. Et pendant tout le temps que dura cet incroyable balai de nos langues en action, il me regardait, intensément, ne me quittant pas des yeux une seconde. Il m’observait me repaître de son doigt comme s’il s’était agi de la plus délectable partie de son corps, tandis que je le contemplais faire de même avec l’intérieur de mes cuisses. Je sentais la chaleur m’envahir à nouveau, s’étirant à l’infini de mon ventre au reste de mon corps, décuplant mon plaisir et mes sensations. La jouissance se présentait de nouveau à ma porte, et je contractais les muscles à l’intérieur de moi-même, pour recevoir la déferlante d’extase qui n’allait pas tarder à m’emporter. Mais Michael se redressa de nouveau, retira son pouce de ma bouche et me dévora des yeux en se léchant les lèvres. Un son rauque et entrecoupé s’en échappa.

- Si… Belle…

Je tendais la main dans sa direction, l’invitant à se replacer entre mes jambes mais il fit mine de ne pas la voir et continuait de passer en revue chaque parcelle de mon corps. J’en devenais d’autant plus folle, le manque de contact qu’il m’infligeait produisit bientôt son effet et fit refluer, de nouveau, l’orgasme qui avait menacé, une seconde plus tôt, de se déchaîner en moi. Je n’en pouvais plus, je voulais jouir, je devais jouir. Rapprochant ma main de mon sexe, j’allais me caresser jusqu’à la délivrance que je souhaitais tant. Mais tandis que mes doigts se posaient sur celui-ci, Michael vint récupérer ma main de la sienne et la porta à sa bouche. Sa langue s’enroulant autour de mes doigts, les léchant avidement tout en me fixant sans relâche. J’étais totalement hypnotisée par ce spectacle terriblement érotique, mon attention toute entière, rivée sur la langue du loup qui ressortait de sa bouche pour venir me caresser. Et tandis que ma concentration se fixait sur son acte sensuel, un de ses doigts s’enfonça  lentement au sein même de mon intimité, m’arrachant un cri de surprise mêlé de plaisir. Mes doigts dans sa bouche et le sien au creux de mon ventre, il allait et venait langoureusement en  moi. Je ressentais chaque parcelle de ma chair, caressée, excitée, agacée par sa présence en mon sein. Les mouvements de plus en plus rapides qu’il imprimait en moi m’accompagnaient doucement vers la libération. Je gémissais encore et encore, sous ses gestes précis, preuve de sa maîtrise parfaite du corps féminin. La jouissance revenait pour la troisième fois à la charge et j’appréhendais le moment ou Michael se retirerait, me privant une nouvelle fois de mon plaisir. Mais à la place, il exerça une nouvelle pression, et joignit un deuxième doigt au premier. Son pouce se plaça sur le bourgeon de chair gorgé de plaisir, et s’activa sur celui-ci, au rythme de ses va-et-vient à l’intérieur de moi. Le plaisir s’intensifia et la vague de délice commençait à se rappeler à moi. De nouveau mes muscles se contractèrent, emprisonnant cette fois-ci les doigts de Michael qui redoublèrent d’effort à ce moment précis. Et c’est lorsqu’il insinua un troisième doigt, sans douceur, avec précipitation et emportement, que l’orgasme s’abattit sur moi dans un déchaînement de sensations que je n’avais encore jamais ressenti auparavant. Une chaleur ahurissante se dispersa du creux de mon ventre au reste de mon corps, inondant chacune de mes extrémités, de picotements incontrôlables. Mon bassin s’était soulevé sous le plaisir incroyable qui m’avait entièrement imprégnée, cherchant à prolonger le contact de la main de l’alpha. Je retombai sur le matelas au bout d’une dizaine de secondes, qui me semblèrent durer une éternité, tremblant de tout mon corps, parcourue de spasme, et désespérément haletante.

Alors, Michael vint s’étendre à mes côtés et me prit dans ses bras forts et incroyablement durs, encore contracté sous l’effort qu’il continuait de produire pour se contrôler. Reprenant doucement ma respiration, je me faisais dorloter et caresser gentiment par la main tendre de mon alpha, dans le dos. Relevant les yeux vers lui, je m’étirai pour l’embrasser. Durant nos ébats, il ne s’était pas soucié une seule fois de son propre plaisir et j’étais persuadée que sa situation devait beaucoup le faire souffrir. Et après l’incroyable démonstration de ses talents dont il venait de me faire profiter, je voulais à mon tour, lui faire du bien, et lui procurer le plaisir dont je venais tout juste de me remettre. Mais Michael mit fin à notre baiser, de lui-même, et rabattit ma tête contre son torse.

- Pourquoi? Murmurai-je, la voix rauque d’avoir crié mon plaisir. Je ne comprenais pas pourquoi, alors que je le voulais enfin, il me repoussait à présent.

- Parce que je te veux trop, là, maintenant, et que si je relâche ne serait-ce qu’une seconde, mon contrôle, je pourrais te briser comme une brindille, et tu m’es trop précieuse pour que je te fasse du mal. Parce que je te veux, mais que je sais que tu ne m’offres que ton corps. Parce que mes sentiments pour toi sont sincères, quoi que tu en penses, et que profiter de ton corps, plus encore que je ne l’ai déjà fait, irait à l’encontre de mes convictions. Michael releva alors ma tête et plongea son regard redevenu vert émeraude, dans mes yeux. Parce que je veux t’entendre me dire que tu m’aimes, lorsque je m’enfoncerai doucement, enfin, en toi.

Ses lèvres se posèrent alors sur les miennes, dans un baiser aérien, et forte de mon engourdissement dû au plaisir intense que j’avais ressenti, je m’endormis dans les bras rassurants de Michael, bercée par sa chaleur, et me sentant véritablement aimée, pour la toute première fois de ma vie.

 

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 12:02

Je m’enfuyais, je le savais, j’en avais un peu honte, et pourtant je m’enfuyais quand même. J’étais incapable de faire face à Michael, pas maintenant, pas après ce que j’avais entendu. Je savais aussi que je ne serai pas capable d’oublier complètement la discussion que j’avais surprise dans la cuisine, alors j’allais la reléguer dans un petit coin de mon esprit, et imaginer que j’avais rêvé tout ça. Cette pensée me rasséréna un peu, et m’enleva la drôle de sensation d’appréhension qui s’était nichée au creux de mon ventre. C’était la meilleure solution, j’allais continuer à faire comme si j’ignorais tout des sentiments de Michael, comme si j’ignorais tout des miens.

Toute à ma réflexion, je ne m’étais pas aperçue que je n’étais plus seule en haut des marches.

- Il y a quelque chose qui ne va pas chérie ? Me demanda Marli en me faisant sursauter.

- Marli, tu m’as fait peur ! M’écriai-je. Non, non, ça va… je… je pensais aller voir comment se rétablissait Van avant de descendre.

- J’en viens, mais il dort. Tu veux que j’aille le réveiller ?

- Euh… non ça va aller, je vais juste jeter un coup d’œil et je m’en irais. Tu veux bien aller dire aux garçons que je descends un peu plus tard s’il te plait.

- Oui bien sûr, mais ne traine pas trop chérie. Dit-elle en passant à côté de moi pour descendre l’escalier.

J’acquiesçai d’un signe de tête et m’engageai dans le couloir menant à la chambre où devait se reposer Van. Je devais arriver au coin du couloir et bifurquer à droite pour atteindre cette dernière. Les loups ont le goût de la démesure, et Michael ne faisait pas exception à la règle. Sa maison, aux proportions hallucinantes, ressemblait parfois à un vrai labyrinthe. Alors que j’arrivais au coin du couloir, la porte de la chambre de Van s’ouvrit et c’est avec surprise que je découvris le jeune loup blond qui était, quelques jours plus tôt, dans la chambre de Marco, en compagnie de Thomas. Il sortait doucement, sans faire de bruit, et refermait la porte avec la plus grande précaution. Je m’avançai vers lui d’un pas bruyant pour lui signifier ma présence. L’adolescent releva la tête et rougit instantanément. Quel était son problème ? Et pourquoi se trouvait-il dans la chambre de celui qui avait agressé son ami. Je me méfiais légèrement, sachant que les loups garous pouvaient avoir des réactions étranges en face d’autres loups blessés, la faiblesse attirant la violence dans ce monde sans pitié.

- Bonjour. Commençai-je. Tu te souviens de moi ?

- Euh… je… oui, oui bien sûr, vous êtes la guérisseuse, mademoiselle Walker. Murmura-t-il en baissant les yeux. Mon dieu, il était beaucoup trop dominé pour un loup. Un jeune de son âge avec un tel caractère devait en voir de toutes les couleurs dans la meute. Cette pensée attira immédiatement ma sympathie sur lui.

- Tu peux m’appeler Lucy si tu veux. Annonçai-je avec un grand sourire.

- Mer… merci, madem… Euh… Lucy. Moi c’est Julian.

Bon je ne m’inquiétais plus, aucune chance qu’un loup aussi effacé puisse faire un quelconque mal à Van.

- Tu es venu voir comment va Van ? L’interrogeai-je, curieuse d’en savoir un peu plus.

- Oui, c’est ça.

Sa réponse avait été un peu trop rapide donc, non, ce n’était pas ça.

- Hum, je vois. En fait je suis là pour la même chose. Mais, excuse-moi d’être aussi directe avec toi, mais ça m’étonne un peu que tu t’inquiètes pour celui qui a mis ton ami en pièce.

Le jeune garçon rougit de plus belle.

- Eh bien… comment dire… Van et Marco, ils…ils sont mes amis tous les deux. Marco a été le premier à être gentil avec moi et à me protéger des autres. Mais Van… il… il m’apprend à me défendre par moi-même. Bégaya Julian.

C’était donc ça, Van avait pris ce gamin sous son aile, c’était sa façon à lui de défendre Julian, une façon qui lui ressemblait bien d’ailleurs, pensai-je en souriant.

C’était impressionnant de voir comme ma vision de Van avait évolué en quelques heures. J’ignorais si c’était le fait qu’il m’ait sauvé la vie, ou d’avoir ressenti son incroyable solitude quand je l’avais ramené à la vie, qui m’avait tant rapprochée de lui mais je voyais désormais le loup d’un œil nouveau.

- Tu veux dire qu’il t’apprend à te battre ? Demandai-je.

- Euh… oui… c’est ça, et… et aussi à répondre et à pas me laisser marcher sur les pieds. Répondit-il tout en relevant la tête sur ses derniers mots. Visiblement, il était fier d’être l’élève de Van et essayait de faire honneur à son professeur. Je lui souris avant de reprendre.

- Je suis sure que ton professeur est très fier de toi.

Puis j’entrai dans la chambre qui se trouvait derrière Julian, sans frapper, afin de ne pas réveiller le loup, sans doute, endormi.

 

La chambre ressemblait beaucoup à celle dans laquelle j’avais passé la nuit, des murs pastel et de la moquette mais le mobilier, en dehors du lit au milieu de la pièce, était inexistant. Pas étonnant ! Pensai-je. La chambre était l’une de celle utilisée pour la convalescence des lycans blessés et ceux-ci étant très irritables sous le coup de la douleur, les meubles auraient sans doute été fracassés à chaque fois.

Je me rapprochai du centre de la pièce, à pas feutré, en cherchant à faire le moins de bruit possible. Van gisait dans le lit, assoupi, un bras le long du corps et l’autre replié sous la tête, le drap fin, à peine remonté à hauteur de ses hanches. Mes yeux balayèrent involontairement ce corps magnifique, exposé sans pudeur aucune pour remonter jusqu’à son visage. Il avait de magnifiques cheveux, noirs et brillants, légèrement hirsutes, mais qui lui donnait un petit côté sauvage parfaitement adapté à son caractère. Ses yeux étaient fermés, me permettant d’admirer à loisir, la longueur de ses cils fins. Son nez à la droiture parfaite se combinait remarquablement à l’ossature marquée de son visage, et une petite barbe d’un jour commençait à poindre sur son menton. Ses lèvres entrouvertes étaient gourmandes, légèrement humides et brillantes, une vraie invitation aux baisers. Cette pensée me fit sourire, quelques heures plus tôt, je ne comprenais pas ce qui attirait tant de femmes chez ce macho prétentieux, mais maintenant que je savais ce qu’il y avait au fond de lui, et ce que cachait cette assurance affichée, je le voyais sous un œil nouveau. Je ne voulais pas trop m’attarder ici alors je passai en revue le reste de son corps, histoire de vérifier que tout était en ordre. Je n’avais jamais ressuscité personne jusque-là, aussi j’ignorais si de quelconques « effets secondaires » pouvaient apparaitre par la suite. Son cou puissant mena mon regard vers son torse glabre, légèrement asymétrique du fait de sa position. Sa peau était dorée, presque cuivrée, et ses muscles la faisaient vibrer au rythme de sa lente respiration. Une zone plus sombre que les autres au niveau de son biceps, attira mon regard. Un dessin à l’encre noire, encerclait son bras musclé. En regardant de plus près, je reconnus une lune, particulièrement bien représentée. Une lame transperçait celle-ci de part en part, à la verticale. Le pommeau de la lame s’étendait de chaque côté du large biceps, formant une sorte de croix dont les bras horizontaux devaient finir par se rejoindre à l’arrière du muscle, juste sous l’aisselle. Ces bras, justement, s’étiraient, en s’affinant, jusqu’à former une écriture fine et ancienne dont je ne comprenais pas le sens. Mais je distinguais les mots « kraften av månen » d’un côté, et « och min ära » de l’autre. C’était assez étrange mais n’en comprenant pas le sens, je ne m’attardai pas dessus. Je repris donc mon inspection minutieuse. Les pectoraux de Van, bien que parfaitement décontractés, gardaient une rondeur ferme très tentatrice. Un petit éclat d’argent attira mon attention et je concentrais mon regard sur le téton droit du lycan. Un petit anneau, sans doute en or blanc, le transperçait, et me fit rougir inconsciemment. Le loup savait parfaitement tirer profit des avantages de son sex-appeal et c’était sans compter sur les muscles vallonnés de son ventre, tellement bien dessinés que je pouvais les dénombrer. Trois paires d’abdominaux qui paraissaient aussi durs et tendus que ses pectoraux. Le drap descendant vraiment bas sur ses hanches, je constatai que la lune poignardée n’était pas son seul tatouage. A la lisière du tissu, juste en dessous de la dernière paire bosselée de son ventre ferme, se devinait une bande tatouée à l’encre noire qui s’étendait sur une dizaine de centimètre. Curieuse, et devinant que la marque incrustée s’étendait au-delà de ce que je pouvais voir, je tendis fébrilement la main pour redescendre un peu plus l’étoffe importune. Je manquai de gémir inopinément en découvrant la totalité de l’artistique dessin.

Les yeux écarquillés, je fixais ce petit enchevêtrement de lianes dessinées à l'encre noire. Le motif était complexe, tribal, et intégrait parfaitement la fine ligne de poil noir. Le tout, formant un triangle renversé, pointait vers le bas et était destiné à accompagner le regard vers une partie de l’anatomie qui ne semblait pourtant pas avoir besoin de ça pour attirer l’attention. En effet, à ce moment-là, le drap ne dissimulait plus que très sommairement la virilité du loup qui semblait bien plus en forme que je ne l’aurais cru. Dieu du ciel, il avait une impressionnante érection, qui menaçait de soulever le tissu, au risque de le dévoiler dans toute sa puissance.

- Le spectacle est à ton goût ? Résonna soudain la voix de Van, qui me fit sursauter en poussant un petit cri. Il n’y avait pas que la partie basse de son corps qui était réveillée. Je tentai de calmer les battements précipités de mon cœur, une main sur la poitrine avant de lui sourire gentiment.

- Il faut dire que le spectacle vaut le coup d’œil. Assénai-je en le regardant droit dans les yeux. Il parut surpris l’espace d’une seconde, puis m’envoya un clin d’œil.

- C’était donc ça, tu es venue me reluquer en douce pendant que je dormais, et si je ne m’étais pas réveillé à temps, tu aurais, sans doute, profité de moi dans mon sommeil. Dit-il, hilare de sa propre bêtise. En réalité, son humour me touchait beaucoup plus qu’auparavant, sachant désormais ce qu’il cachait. A cet instant je le trouvais drôle et j’avais envie de jouer dans son jeu, histoire de ne pas penser à ce qui me tourmentait vraiment, Michael.

- C’est trop bête, tu m’as percée à jour. Mais maintenant tout est tombé à l’eau malheureusement. Lui répondis-je avec un sourire en coin.

- Ca c’est ce que tu crois. Déclara-t-il en me prenant le poignet pour m’attirer sur le lit. Je perdais alors l’équilibre et Van ouvrit ses bras en grand pour m’accueillir dans son étreinte.

- Qu’est-ce que tu… Mais je m’arrêtai avant de finir ma phrase. Le visage du loup ne se trouvait plus qu’à quelques centimètres, ses yeux sombres plongeant dans les miens. Des petites rides d’expression à peine marquées en ciselaient le coin.

- Quoi ? Tu m’allumes et après tu fais marche arrière ? Tu penses que je peux accepter ça ? Me demanda-t-il très sérieux, en se rapprochant un peu plus de mes lèvres.

La surprise passée, je décidai de relever le défi qu’il me lançait. Il voulait voir jusqu’où notre petit jeu pouvait aller ? Très bien, j’allais lui montrer de quoi j’étais capable. Je sentais qu’une nouvelle relation était en train de s’établir entre nous, et que ma réaction allait en définir les règles. Il avait besoin de quelqu’un dans sa vie, il avait besoin d’une présence pour le soutenir, il avait besoin de quelqu’un qui connaisse ce qu’était la solitude, et je savais que je pouvais être cette personne. J’entrepris donc de chercher à tâtons, le catalyseur qui allait nous rapprocher. Arrivée au niveau de son bas ventre, je me saisis sans attendre et à pleine main, de son membre toujours dressé. Van sursauta et écarquilla les yeux. Puis un grand sourire me dévoilant de magnifiques dents blanches, illumina son visage, et ses lèvres vinrent se poser sur mon front, m’administrant un gros baiser sonore. Alors nous éclatâmes de rire tous les deux, en nous séparant un peu. Il n’y avait aucun désir entre nous deux, et chacun de nous le savait parfaitement, mais en lui prouvant que je pouvais jouer dans son jeu, nous nous étions un peu plus rapproché. Nous nous étendîmes tous les deux sur le dos, sans nous regarder, le lien qui nous unissait depuis la nuit passée ne nécessitait pas de contact visuel.

- Toi aussi tu le sens ? Me demanda-t-il après quelques minutes de silence.

- Tu parles encore de ton érection ? Le taquinai-je un peu.

- Mais non, espèce de coquine. Je te signale que je viens de me réveiller et que je ne peux pas contrôler cette partie de mon corps à cette heure du jour. M’indiqua-t-il en riant. Je veux parler de nous. Il y a quelque chose de changé non ?

- Tu veux dire que je ne t’agace plus autant ? Poussai-je encore un peu, toujours d’humeur badine. Mais son ton se fit très sérieux lorsqu’il répondit.

- Je veux dire que je t’aime. Comme une partie de moi, comme un membre de ma famille. Je ne te parle pas d’amour romantique, mais tu le sais déjà n’est-ce pas ?

- Oui je sais, je ressens la même chose. Je pense qu’à un moment, nos âmes se sont mélangées, j’ignore comment c’est arrivé, mais j’ai perçu tout ce que tu étais, tout ce qui te composait. Mais je ne savais pas que l’expérience avait été partagée.

- Et ça t’embête ? Demanda Van, un peu inquiet.

- Que la personne qui me connaisse désormais le mieux au monde, soit un macho prétentieux ? Je tournai la tête en souriant pour le regarder. Van semblait sérieusement anxieux aussi je m’empressai de rajouter la vérité.

- Pas le moins du monde. Et là-dessus, je lui plantai un baiser sur la joue, aussi sonore que celui qu’il m’avait donné sur le front un peu plus tôt.

- Et ça ne te pose pas de problèmes que je connaisse tes sentiments ?

- Van, si c’est le prix à payer pour que tu continues à vivre alors non, je m’en fiche, je n’ai rien à cacher. Lui répondis-je en le regardant droit dans les yeux.

Le loup sourit tout d’abord, puis se laissa aller à rire franchement.

- Rien à cacher ? Vraiment ? Alors quand Michael va débouler dans la chambre pour te chercher, c’est-à-dire dans une minute ou deux, ça ne te dérangera pas qu’il te trouve au lit à côté de moi, qui suis complètement nu ? Ricana-t-il.

- Je fais ce que je veux, je ne lui dois rien, et comment tu sais qu’il va arriver ? Demandai-je, curieuse.

- Je viens de l’entendre pester contre toi parce que tes toasts étaient en train de refroidir. Il n’a pas l’air de bonne humeur. Tu devrais peut-être y aller. M’indiqua-t-il en me poussant tout doucement de son épaule. D’autant que s’il nous trouve dans cette position, tu risques de devoir me ressusciter à nouveau.

Je levai les yeux au ciel.

- Je ne vois pas pourquoi je devrais accourir à chaque fois que sa majesté me l’ordonne. Ne lui donne pas plus d’importance qu’il n’en a, s’il te plait. Réprimandai-je le lycan. Celui-ci souleva un sourcil et me jeta un coup d’œil dubitatif.

- C’est à moi que tu veux faire avaler ça où c’est toi que tu essaies de convaincre. Non, parce que je te rappelle que je sais tout de toi maintenant.

J’allais lui couper la parole pour répondre, mais d’un doigt sur mes lèvres, le loup me fit taire.

- Tu te trompes de cible Lucy, et tu confonds les sentiments. Tu associes l’amour et l’abandon, mais tu ne tiens pas compte de la personne en face de toi. Michael ne t’abandonnera jamais, quoi que tu en penses, et je suis bien placé pour te le dire, il ne m’a jamais laissé tomber.

L’appréhension que j’avais ressentie dans le couloir, à côté de la cuisine, était en train de refaire son apparition au creux de mon ventre. Je ne voulais pas en parler, je ne voulais pas y penser. Je me redressai sur le lit et balançai mes jambes sur le bord pour me relever.

- Je ne suis pas encore prête pour ça Van, et j’apprécierais que tu n’en parles pas à ton alpha. J’ai besoin d’un peu de temps, juste un peu plus de temps.

- Comme tu veux, mais s’il découvre que je sais quelque chose et qu’il m’ordonne de lui dire, je ne pourrai pas lui cacher, et je ne ferai rien pour lui résister. Tu es prévenue.

Je le savais très bien, ça me faisait peur de ne plus être la seule à détenir mes propres secrets, mais je n’arrivais pas à le regretter. Partager ce qui me constituait avec quelqu’un d’autre, me donnait un sentiment de plénitude que je n’avais jamais ressenti jusqu’alors, et je me demandais si c’était cette impression que ressentaient parfois les jumeaux fusionnels. Les larmes emplirent mes yeux tandis que je réalisais que je venais de trouver ce qui m’avait toujours manqué, une famille, ma famille.

Van me prit la main et je sus qu’il ressentait la même chose. Il me sourit et ma vision acheva de se troubler, alors qu’à quelque pas de là j’entendais déjà Michael se rapprocher de la porte de la chambre.

 

Suite>>

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 12:01

- Je t’assure que ce n’est pas nécessaire. Lançai-je à Michael.

- Et moi je t’assure du contraire. Répliqua-t-il. Il est tard, nous sommes tous fatigués, alors on ne va pas faire un détour pour te ramener chez toi. Ce soir, tu dors à la maison.

Et voilà, encore et toujours le même schéma. Ce satané chef de meute lycane et son esprit de domination exacerbé, essayait de me donner un ordre, et il était hors de question que je m’y plie. La dispute avait commencé quelques minutes plus tôt, dans le Hummer, alors que je m’étais rendue compte que ce traître de chauffeur qu’était Thomas, avait pris la direction de la maison de son alpha, plutôt que la mienne. J’avais rappelé au deuxième lieutenant la meilleure route pour récupérer le bon chemin, et Michael m’avait signifiée de son ton le plus dictatorial, que j’allais passer la nuit chez lui, sans me donner un quelconque autre choix. Et nous voilà sur le perron de sa grande et moderne bâtisse, moi en bas des marches, refusant de les monter, et lui, à deux pas de moi, s’efforçant de m’imposer sa volonté.

- Je ne vis qu’à quelques centaines de mètres de chez toi. Lui répondis-je avec un air sceptique, tout en croisant les bras sur ma poitrine pour lui signifier que j’allais, de toute façon, camper sur mes positions. Michael releva le menton en signe de défi et laissa son regard dériver sur ma poitrine, comprimée par mon geste. J’y jetais un coup d’œil et m’aperçus que la veste de Thomas, trop grande pour moi, baillait, laissant le champ libre aux regards indiscrets. Je laissai immédiatement retomber mes bras.

- De toute façon, la question n’est pas là. S’exclama-t-il. Quand ton alpha te donne un ordre, tu obéis un point c’est tout.

- Oh mais votre majesté, je n’ai pas le souvenir d’avoir accepté d’intégrer la meute il me semble. M’écriai-je, la moutarde me montant au nez. Et puis je ne suis pas louve et ton pouvoir n’a donc aucun effet sur moi. Alors comment comptes-tu me faire obéir ? Ajoutai-je en plaquant mes mains sur mes hanches. Une nouvelle fois, ma poitrine attira le regard de Michael. Mon geste irréfléchi ayant eu pour effet d’écarter le haut de la veste, mes seins se trouvaient presque entièrement exposés. Saleté de veste trop grande pour moi ! Je laissai de nouveau retomber mes bras.

- Premièrement, il me semble que ça ne t’a pas dérangé d’intégrer la meute quand c’était pour te protéger. Deuxièmement, tu n’es peut-être pas louve mais mes décisions sont incontestables. Et troisièmement, je n’ai besoin d’aucun pouvoir particulier pour te faire obéir à mon ordre. Enuméra-t-il en me fixant droit dans les yeux, ses prunelles virant petit à petit au bleu. Merde ! Je lui avais lancé un défi sans m’en rendre compte, mon esprit trop embué par la fatigue et la colère. Parfait, si c’était ce qu’il voulait, il allait être servi, je ne bougerais pas d’un iota quoi qu’il fasse, je m’en faisais la promesse.

- Vraiment ? J’aimerais bien voir ça. Lui lançai-je, le poussant un peu plus dans ses retranchements. Un sourire se dessina sur les lèvres de Michael tandis qu’une lueur inquiétante s’alluma dans ses yeux. En une fraction de seconde, il était là, devant moi. Il se pencha légèrement et me fit basculer vers l’avant, en me chargeant sur son épaule gauche, comme un vulgaire sac de patates. L’intégralité de la scène lui prit au bas mot, une seconde et demi, et je ne me rendais compte de ma position, qu’une fois que je me retrouvais maintenue au-dessus du sol, les fesses en l’air, tandis que Michael se dirigeait déjà vers la porte d’entrée. Je battais férocement des pieds, lui administrant plusieurs coups au passage, mais ma force ne me permettait pas de le ralentir un tant soit peu.

Je me souvenais alors que je ne portais toujours pas de sous-vêtements et tentais de rabattre les pans de la veste sur mes fesses, exposées aux regards de tous. Michael éclata de rire en s’arrêtant devant la porte. Il me reposa alors sur le sol et me prit le menton entre le pouce et l’index.

- Trésor, frappe moi, insulte-moi si ça te chante. Commença-t-il. Mais fais-moi confiance, un jour je te ferai dire « s’il te plait » avant, « encore » pendant, et « merci » à la fin. Puis, me chargeant de nouveau sur son épaule, il m’administra une claque magistrale sur la fesse gauche, tourna la poignée et me fit rentrer dans sa maison, me laissant étourdie et rougissante.

 

Les rayons du soleil matinal m’éblouissaient sous mes paupières closes. J’ouvrais les yeux doucement mais la luminosité de la pièce m’envoya une décharge de douleur dans la tête. Me redressant doucement, j’inspectai la chambre dans laquelle je me trouvais. Petite et confortable, elle me semblait conçue pour accueillir une femme. Les murs pastels, la moquette moelleuse, le petit fauteuil, dans le coin, près de la fenêtre qui donnait sur le jardin en fleur, la petite coiffeuse blanche et son miroir ovale, et le grand lit douillet, participaient à donner cette impression. La veille, Michael m’avait transportée sur son épaule jusqu’au premier étage en ne me laissant d’autres choix que de subir cette ascension forcée. Un instant, le voyant gravir les marches de l’escalier et s’arrêter au premier étage, j’avais craint qu’il ne me mène tout droit à sa chambre à coucher, mais non, il avait dépassé la porte de celle-ci et m’avait fait pénétrer dans la petite chambre pastelle, juste à côté de la sienne. Si vous vous demandez comment je connais l’emplacement de sa chambre, eh bien c’est parce que durant les trois dernières années, Michael n’avait pas manqué une occasion de m’indiquer sa position dans la maison. A chaque fois j’avais dévié la conversation, faisant mine de ne pas y prêter attention, mais en réalité, dès la première mention de la pièce en question, la conversation s’était gravée dans mon esprit.

Je m’étais attendue à ce qu’il me dépose enfin au sol une fois le seuil dépassé, mais il n’en fit rien, et à la place, s’était dirigé directement vers le lit, sur lequel il m’avait littéralement balancée. A la fois paniquée et excitée par ce qu’il avait prévu pour la suite, j’avais rapidement relevé la tête pour vérifier quel allait être son prochain mouvement. Debout devant moi, Michael ne m’avait jamais paru si grand qu’à cet instant. Impressionnant, dans son jean qui lui moulait des cuisses fermes et musclées, il détaillait le galbé de mes jambes dénudées. Je n’en perdais pas une miette moi non plus, les faibles rayons de lune entraient par la fenêtre et nimbaient les muscles saillants de son torse musculeux d’une aura quasi mystique. Le spectacle de ses longs cheveux retombant en fines mèches brunes sur ses épaules fermes, de ses bras puissants et bronzés qui m’avaient portée comme un rien quelques minutes plus tôt, de ses mains serrées en poing comme pour garder un contrôle qui avait de plus en plus de mal à conserver, de ce V formé par des abdominaux musclés juste au-dessus de sa ceinture, étaient hypnotisant. Je m’étais rendue compte à cet instant, que quel que soit ce qu’il avait l’intention de me faire, je n’aurais pas la force de lui résister, même si je devais le regretter le lendemain.

Et nous voilà justement à ce lendemain. Je jetai un coup d’œil à la place à côté de moi, celle-ci était vide. Un soupir de déception s’échappa de mes lèvres. En réalité, après quelques secondes de silence, Michael semblait s’être repris et m’avait dit de me reposer, puis tournant les talons, il avait quitté la pièce sans un regard en arrière, me laissant pantelante et frustrée des promesses que j’avais lu dans ses yeux et sur son corps.

Je décidai de me reprendre, tentant de me remémorer les raisons qui me poussaient à le rejeter, quand la porte s’ouvrit en grand et qu’une furie à l’air ahuri se précipita sur moi en me serrant fort dans ses bras.

- Dieu merci, ma chérie, tu es saine et sauve. Dit-elle visiblement très soulagée. Je me suis fait un sang d’encre toute la nuit.

- Oula… Marli… je…n’arrive plus à respirer. L’informai-je en tentant désespérément de prendre une inspiration, écrasée dans son étreinte de louve. Ah, ça y est, je me souvenais pourquoi je ne voulais pas céder à Michael, pensai-je, parce que je ne voulais pas finir à l’hôpital !

- Oh désolée chérie. S’excusa-t-elle en me relâchant rapidement. Comment tu te sens ?

- Ca va ne t’en fais pas, je suis encore un peu fatiguée mais dans l’ensemble je me sens mieux. La rassurai-je. Tu sais ce qui s’est passé ?

- Oui Thomas est dans la cuisine en ce moment même, il m’a tout racontée quand je suis arrivée et je me suis précipitée ici. M’expliqua-t-elle. La nuit a été chargée en émotions, on dirait.

- Oui tu peux le dire, en effet. Où est Michael ? Demandai-je en tentant de paraitre détachée.

Un sourire s’inscrivit sur les lèvres de Marli qui m’avait sans doute percée à jour. Merde !

- Il est dans la cuisine avec Thomas mais je te préviens, ne le cherche pas aujourd’hui, il est d’une humeur massacrante. M’avertit-elle. J’ai cru qu’il allait m’écharper au téléphone, ce matin, alors qu’il ne me demandait que de t’amener des fringues. Dit-elle en me tendant un petit amas de vêtements que je n’avais pas remarqué jusqu’à maintenant.

- Oh, super merci. Dis-je en dépliant une petite robe qui allait à coup sûr, être beaucoup trop courte à mon goût. Il y avait aussi un ensemble de lingerie fine à ma taille, très sexy. Le genre de sous-vêtements que je ne portais jamais.

- Tu sais, commença-t-elle, quand Michael m’a dit que tu avais dormi à l’étage, je pensais que tu serais dans sa chambre. Surtout que la lingerie vient de lui…

- Quoi ? C’est pas toi qui me l’as ramenée ? Lui demandai-je, interloquée. Mais c’est exactement ma taille !

Marli pouffa puis me gratifia d’un sourire rayonnant.

- Mais notre alpha à l’œil pour ce genre de chose ma petite Lucinda. A mon avis, il l’a acheté en prévision de votre rendez-vous. Me confia-t-elle. Je crois que tu ne peux plus te retrancher derrière l’excuse que tu ne l’intéresses pas vraiment.

Je levais les yeux au ciel mais ne pus cacher le début d’un sourire. Bon d’accord, je n’allais plus me dire que je n’attirais pas physiquement le loup. De toute façon, j’avais bien vu son regard sur moi dans la voiture, sur le chemin du retour et il y avait aussi ce qu’il m’avait dit sur le pas de sa porte, la veille. Néanmoins je ne voulais pas me faire d’illusions, nos caractères étaient beaucoup trop incompatibles pour entamer une relation qui serait autre chose que physique.

- Au fait, me rappelai-je, comment tu sais que je dois sortir avec sa majesté des loups ? Je n’ai pas encore eu le temps de te le dire.

- En effet, tu ne m’as rien dit, à moi, ta meilleure amie qui désespère de te voir un jour avec l’homme en question. Dit-elle, faussement vexée. Mais bon heureusement, Michael n’est pas aussi cachottier, il l’a raconté à Nathan qui me l’a dit hier au téléphone.

Ceci expliquait donc cela, le mari de Marli, Nathan, était très proche de Michael étant son premier lieutenant, et sans doute son meilleur ami.

- Et quand revient ton époux d’ailleurs ? En profitai-je pour lui demander.

Le deuxième loup de la meute avait dû s’absenter quelques jours pour rendre une petite visite diplomatique à la meute voisine, concernant une obscure affaire de territorialité. Mais je ne m’en inquiétais pas vraiment, d’abord parce que les affaires de la meute ne me concernaient pas vraiment, et ensuite parce que je connaissais très bien Nathan et que je savais qu’il serait capable de régler le problème, quel qu’il soit, pacifiquement. C’était pour ça que Michael le laissait se charger de ce genre d’ennui, il était plus à même de garder son calme et de faire preuve de sang-froid.

- Hum… Il risque d’en avoir pour quelques jours encore, apparemment, tout ne se passe pas comme il l’avait prévu, mais bon je suis sure que ça va finir par s’arranger. S’il a réussi à me faire l’épouser, il peut convaincre absolument n’importe qui de faire ce qu’il veut. M’annonça-t-elle, visiblement très fière de son époux. Et il y avait de quoi, Marli l’avait pratiquement fait tourner en bourrique pendant trois ans, avant de consentir à convoler. Les loups continuaient même à en parler entre eux, se racontant les péripéties de la vie amoureuse de leur premier lieutenant comme ils raconteraient des exploits de batailles.

- Oui je n’en doute pas. Lui répondis-je en souriant. Bon, je vais m’habiller maintenant, je descends dans cinq minutes.

- Parfait, je t’attends en bas mais dépêche-toi, j’ai bien l’impression que notre cher alpha va rester grognon jusqu’à ce qu’il ait vu sa petite Walker adorée.

Et sur ces mots, elle quitta le chambre, tandis que je lui lançais un oreiller, qui atterrit sur la porte qu’elle venait juste de refermer derrière elle.

 

Comme promis, je descendais donc les escaliers cinq minutes plus tard, après m’être habillée de la petite robe, qui m’arrivait effectivement en haut des cuisses. En fait de robe, je l’aurais plutôt utilisée comme une tunique mais Marli n’avait pas jugé utile de m’amener un pantalon et j’étais persuadée qu’elle l’avait fait exprès, ne cessant de me répéter que je ne mettais pas assez mon corps en valeur. Mouais !

J’avais fait une toilette sommaire dans la petite salle de bain attenante à la chambre pastelle et je me sentais assez rafraichie, presque à mon avantage en fait. Mais je soupçonnais aussi les sous-vêtements de dentelle que je portais sous la robe, d’en être responsable. Je n’avais vraiment pas l’habitude de ce genre de lingerie, préférant en général, le confortable au sexy. Après tout, ma vie amoureuse était d’un calme plat depuis plusieurs années, en grande partie parce que je ne voulais pas rajouter un homme à mes problèmes déjà bien présents grâce aux loups garous. Néanmoins, je devais bien avouer que porter ce petit ensemble me faisait me sentir plus féminine que jamais.

La grande cuisine, ouverte sur le jardin à l’arrière de la maison, par de grandes baies vitrées qui faisaient le tour du rez-de-chaussée, se trouvait au bout d’un petit couloir sur lequel donnaient les escaliers. Marli ne m’avait pas apporté de chaussures où les avait laissées à l’entrée de la maison, et c’était donc pieds nus que je m’approchais de la pièce de laquelle s’échappait l’agréable parfum de café fraichement préparé.

La voix de Michael se fit entendre, ce qui me stoppa net dans le couloir, à un mètre à peine de la porte de la cuisine.

- Tu crois que ça lui conviendra ? Je ne sais pas ce qu’elle prend le matin.

- Michael, tu lui as préparé tout ce que tu avais dans ton frigo, je pense qu’elle trouvera son bonheur dans tout ça. Répondit Thomas sur le ton de la moquerie.

- Hum… J’espère…Soupira-t-il alors que j’entendais le bruit d’une chaise que l’on tirait sur le sol. D’ailleurs qu’est-ce qu’elle fiche ? Je croyais qu’elle en avait pour cinq minutes. C’est bien ce que nous a dit Marli, non ?

Oui moi aussi je me demandais ce que je fichais, juste à côté de l’entrée de la cuisine, à épier leur conversation.

- Hé mais mec, c’est de l’inquiétude que je vois dans tes yeux ? Demanda Thomas.

- Et alors ? Si c’était le cas ? Dit Michael, sur la défensive.

- Je sais pas, c’est juste que j’ai pas l’habitude de te voir dans cet état, surtout lorsque ça concerne une femme.

En entendant Thomas donner cette réponse à son alpha, je sentis soudain une grande vague d’appréhension m’envahir. Seulement j’ignorais si ce qui me faisait si peur c’était que je sois spéciale aux yeux de Michael ou bien le contraire.

- Eh bien, on ne parle pas de n’importe quelle femme, là. Lucinda Walker est tout sauf banale, et elle ne ressemble en rien aux autres femmes avec lesquelles je m’affiche.

Un bon point pour lui, il avait au moins remarqué ça.

- Et je peux savoir ce qui te fait sourire ? Poursuivit Michael en grognant presque. En effet, il était d’une humeur massacrante.

- Ne t’énerve pas, je ne me moque pas, c’est juste qu’à ton âge, t’inquiéter autant de ce que pense une femme de toi, c’est…

Je tendais un peu plus l’oreille, le sujet de l’âge de Michael m’intéressant énormément.

- C’est quoi ?

- Eh bien c’est inattendu.

Mince, il s’éloignait du sujet. Et surtout la suite de la conversation m’inquiétait de plus en plus. Le terrain était glissant et il en aurait fallu peu pour dériver sur ce à quoi je ne voulais surtout pas penser… les sentiments. Alors pourquoi je restais planter là à écouter en douce, alors qu’il m’aurait été très facile de feindre une arrivée inopinée, et couper, ainsi, court à la discussion ?

- J’en conviens en effet. En fait, pour te dire la vérité, je ne me reconnais pas moi-même. Michael poussa alors un long soupir. Je ne sais pas pourquoi mais quand je suis avec elle, c’est comme si… Mais il ne finit pas sa phrase.

C’est comme si quoi ? C’est comme si quoi ? L’urgence de connaitre la réponse à cette question me mettait littéralement au supplice.

- Oui, je comprends, intervint Thomas comme pour soulager Michael de l’embarras qui semblait le tenailler.

Merde ! J’adorais le loup mais, à ce moment, je lui aurais bien tordu le cou.

- Bon sang, quand je pense à elle, ma tête devient vide. J’ai beau me répéter qu’elle n’est qu’une femelle et qu’elle n’est pas différente des autres, je ne peux pas m’empêcher de penser à la meilleure façon de l’avoir. S’expliqua l’alpha.

Oh mon dieu, comment allais-je pouvoir m’enlever cette discussion de l’esprit ?

- Mince Michael, je savais qu’elle t’intéressait mais là, c’est différent. Compatit le lieutenant.

Mon cœur accélérait ses battements. C’était mauvais, très mauvais.

- Je sais, crois-moi, je sais mieux que personne ce que tu vas me dire. C’est une humaine et je suis un loup. Il n’y a aucune chance que ça puisse fonctionner entre nous. Et je suis le premier à faire la morale à mes loups qui s’éprennent d’une humaine. Je sais que c’est de la folie, que quand sa vie touchera à sa fin, j’aurai toujours la même apparence qu’aujourd’hui. Je sais que je pourrais la blesser facilement, bien trop facilement. Et je sais que ma position d’alpha n’arrange pas la situation, mais… je n’ai aucun contrôle là-dessus.

Michael semblait s’être levé de sa chaise et parcourait la cuisine de long en large. Quant à moi, mes jambes ne me portant plus, je m’étais laissée glisser le long du mur pour m’assoir sur le sol froid. La tête entre les genoux, je respirais difficilement, tentant de calmer les battements erratiques de mon cœur affolé. Je devais partir d’ici, et vite. Mais Michael reprit son monologue et mon corps refusa de bouger.

- Lorsque ce foutu suceur de sang lui a demandé de l’embrasser pour nous sauver, j’ai cru devenir fou. Il allait la forcer à le faire, pour nous, et la seule chose à laquelle je pensais, c’était qu’elle allait subir la même chose que moi avec le Maitre. Je n’ai jamais perdu le contrôle comme à cet instant. Tout ce qui comptait pour moi, c’était de démembrer ce sombre connard jusqu’à ce qu’il ne reste plus de lui qu’un petit tas de vêtements déchirés.

Un bruit de métal que l’on tordait se fit entendre.

- Michael… Murmura Thomas dont l’inquiétude pointait dans la voix.

- Et c’est pire quand je sens qu’elle me désire. D’habitude j’arrive à bloquer les sensations des autres, mais avec elle, rien n’y fait. J’ai failli craquer hier soir, Thomas. Elle me regardait avec ses grands yeux verts et je sentais qu’elle me voulait, qu’elle me voulait vraiment. Mais je ne veux pas ça, pas comme ça.

- Michael… tu… tu es sûr d’avoir envisagé toutes les options ? Je veux dire… tu la prends pour une humaine mais… es-tu sûr qu’elle en est une ? Tu as vu ce qu’elle pouvait faire non ? Intervint Thomas.

- Je sais tout ça. Tu crois que je n’y ai pas déjà pensé ? S’indigna Michael. En fait, plus j’y pense et plus je me dis que tout nous pousse l’un vers l’autre Mais elle reste aussi fragile qu’une humaine.

- Tu ne parles pas que de son corps là n’est-ce pas ? Remarqua Thomas.

- Eh bien… elle est forte. Commença l’alpha. Elle me le prouve à chaque fois que l’on a une discussion. Son caractère emporté… elle a sans conteste le tempérament d’une alpha, et je sais que c’est aussi ce qui m’attire chez elle. Michael partit d’un petit rire étouffé.

- Dans ma tête, nos conversations sont toujours courtoises et agréables, mais dès qu’on commence à parler, elle a le don pour appuyer là où ça fait mal et ça finit toujours par un « Fais ce que je te dis, obéis-moi ». Pourtant je sais qu’elle a peur, peur de moi, peur de ce qu’elle pourrait ressentir pour moi.

Je relevai la tête de mes genoux tandis que Michael faisait une longue pause avant de reprendre.

- Elle a peur que je l’abandonne je crois. Comme ses parents l’ont abandonnée bébé. Alors, oui, en effet, elle est forte, mais même si elle n’est pas totalement humaine, elle n’est pas louve non plus. Et pourtant… tout ce que je sais, c’est que je la veux, un peu plus à chaque fois, et que chaque rejet de sa part ne fait qu’accroitre mon… mon besoin d’elle. Finit l’alpha.

Je tremblais comme une feuille. Comment pouvait-il me connaitre aussi bien ? Comment cette partie de moi, terrifiée d’être abandonnée, avait-elle put être aussi facile à lire pour lui ? J’étais pourtant persuadée de l’avoir enfouie tout au fond de moi, et je ne la laissais ressortir qu’en de rares occasions. En fait, elle n’était ressortie que lorsque j’avais quitté les hommes qui avaient partagé ma vie, les uns après les autres. J’ai toujours préféré abandonner plutôt qu’être abandonnée. Mais Michael m’avait percée à jour, et les coins de mes yeux commençaient déjà à se remplir de larmes à cette simple pensée. Je n’allais pas pouvoir en supporter beaucoup plus.

- Michael, tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? Demanda Thomas, clairement interloqué. Tu as dit que tu avais besoin d’elle. Tu sais ce que ça signifie ?

- Bien sûr que je le sais. Dit Michael d’un ton résigné. Un alpha n’a besoin de personne sauf… Sauf de sa femelle alpha.

- Michael… tu…

Je me relevai doucement, toute étourdie par ce que l’alpha venait de dire, je savais aussi ce que ça signifiait. J’allais entrer dans la pièce, me plaquer contre le loup et l’embrasser comme jamais avant. Oui j’allais… je devais le faire, j’en avais envie… Mais dans ce cas, pourquoi étais-je en train de reculer ? Mes jambes refusaient d’avancer et au contraire se déplaçaient dans la direction opposée. Je n’étais pas prête pour ça, pas encore. Je me dirigeai donc vers les escaliers et entamai les premières marches de mon ascension, tandis qu’au fond du couloir, j’entendais la voix faible de Michael répondre:

- Oui… je l’aime.

 

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 11:59

C’est un cauchemar. Oui, bien sûr, ça ne peut être que ça, un cauchemar. Me répétai-je encore et encore en serrant fort quelque chose contre ma poitrine. J’avais l’impression de naviguer en plein brouillard. Tout était sombre autour de moi. Je me souvenais vaguement de ce qui s’était passé mais je n’en étais pas très sure. La seule chose dont j’étais certaine, c’est que j’avais mal, oui, très mal. Ma poitrine toute entière me faisait souffrir le martyr, mais je ne savais plus vraiment pourquoi. Cette douleur lancinante me rattachait à quelque chose, mais une fois encore je ne savais pas à quoi. Des sons étranges parvenaient à mes oreilles mais là aussi, je n’en comprenais pas l’origine. Ce son avait quelque chose de familier. J’essayai de me concentrer pour en comprendre la nature. Une voix, oui, on aurait dit une voix, mais pas seulement. C’était fort, agressif, dangereux… oui, ce son m’inspirait de la crainte. Je me concentrai d’avantage dans l’espoir d’en savoir un peu plus. Des cris ! Ce son qui me ramenait à la réalité, c’était des cris, et autre chose aussi.

- Vous êtes responsable de ce massacre. Vociférait quelqu'un. Vous n’avez pas respecté votre promesse.

- Cet incident est déplorable mon cher loup, mais je n’ai pas brisé ma promesse, en aucune façon. Répondait une autre voix sur un ton plus calme. Je ne peux être tenu responsable, mes ordres étaient clairs, tu les as entendus toi-même.

- Lucinda… Lucinda…

- Un de mes loups est mort. S’égosilla de nouveau la première voix. J’exige réparation.

Alors tout me revins en un instant, la guérison de Sorcha, notre arrivée dans la grande salle, l’attaque des vampires, et… Oui, en effet, un loup était mort, Van était mort.

- Lucinda…

- Tu exiges réparation ? Mais regarde autour de toi mon cher loup. Tu l’as déjà obtenue, un de tes loups, contre une dizaine de mes vampires, la voilà ta réparation. Mon clan ne souffrira plus d’aucune perte.

- Ne m’appelez pas ainsi, plus jamais. Menaça Michael.

De nouveau, je comprenais ce qui se passait, Michael s’en prenait au Maître pour la mort de Van. Je voulais hurler, dire quelque chose pour les empêcher de crier si près du cadavre du lycan. Mais aucun son ne sortait, et je n’arrivais pas à bouger non plus. J’étais en état de choc.

-Lucinda… Lu…

- Michael, ne me menace pas, ma patience a des limites, et tes accusations ne sont pas du tout à mon goût. S’exclama le Maître, emplit d’une rage contenue. Je respecte toujours mes promesses et le sang qui a été versé ce soir n’est pas de mon fait.

- Et il n’est sûrement pas du notre non plus. Mais dans ce cas, j’attends votre explication. J’exige de savoir comment du sang de loup garou est apparu de nulle part.

J’entendis des pas derrière moi, comme si le Maître se déplaçait. Néanmoins, je ne pouvais toujours pas faire obéir mon corps et de ce fait je n’étais sure de rien.

- C’est sans conteste du sang de loup garou, en effet, il en a l’odeur comme le goût, mais ce n’est pas le sang d’un de ceux qui sont présents ici. Confirma le Maître. J’ignore encore comment tout ceci a pu se produire, mais je trouverai, sois en assurer, mon… hum… Michael. Et avec ceci, nous serons quittes.

- Lucinda…

Encore ce bruit, un nom prononcé, encore et encore, parasitant le fil de mes pensées et la conversation que j’écoutais. Mais je ne voulais pas me concentrer dessus. Je savais que c’était important mais je voulais rester encore un peu dans le brouillard, là où j’avais mal. Je voulais que cette douleur, m’enchaîne, me retienne et me dévore. Mais de nouveau, le son parasite retentit, à côté de moi, mais cette fois-ci pour appeler un autre nom.

- Michael… C’est Lucinda, il y a quelque chose qui cloche.

Mais laissez-moi, pensai-je, je ne veux pas revenir, je veux rester où je suis, je veux embrasser cette douleur dans mon cœur et ne rien ressentir d’autre.

Mais les loups ne semblaient pas l’entendre de cette oreille. Une main aussi chaude qu’un brasier se posa sur mon épaule, du moins, j’imaginai qu’il s’agissait de mon épaule, ne sentant pas réellement les contours de mon corps, perdue dans mes propres ténèbres intérieurs.

- Lucy… arrête… Lucy, calme-toi. La voix de Michael n’était plus du tout effrayante mais cherchait à me réconforter.

- Michael, pourquoi elle n’arrête pas ? Demanda Thomas que je reconnaissais à présent, c’était lui qui n’avait cessé de m’appeler jusqu’à maintenant.

- Elle est en état de choc. Répondit l’alpha. Lucy, s’il te plait, écoute-moi, s’il te plait entends-moi. Desserre tes doigts, il est parti, tu dois le lâcher maintenant.

Le lâcher ? Non ! Hors de question ! Je ne voulais pas. Tout ce que je souhaitais c’était souffrir, encore, un peu plus.

Mais à la place de la douleur que j’appelais de tout mon être, une douce chaleur s’installa autour de moi, puis six mots, à peine prononcés, à peine chuchotés, mais qui me rendirent ma lucidité.

- Ce n’est pas ta faute.

Alors j’éclatai en sanglot, me jetant au cou de Michael qui me tenait tout contre lui. La peau brûlante du loup, me réconfortait, et son parfum, dans son cou, tout contre mon nez, m’emplissait d’un bien-être que je ne méritais pas de ressentir. J’essayai de m’échapper de ses bras, mais son étreinte se fit plus serrée. Une main derrière ma tête, et l’autre dans le creux de mes reins, Michael m’entourait de toute sa force, de toute sa puissance. Il m’offrait tout ce qu’il était capable de me donner à cet instant, une épaule pour pleurer.

- Ce n’est pas ta faute, ce n’est pas ta faute. Me répétait-il. Arrête de te faire du mal, tu n’y es pour rien.

Relevant la tête, je le fixai dans les yeux, et son expression se fit douloureuse, comme s’il voyait quelque chose qui lui était intolérable

- Ma douce, je ne supporte pas de voir tant de douleur dans tes yeux. Je trouverai le responsable, je te le promets, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour venger mon ami et t’enlever le sentiment de culpabilité qui te ronge. Dit Michael, le regard lointain.

- Mais, si je n’avais pas insisté pour venir… et si j’avais été plus forte… il s’est sacrifié pour moi, il m’a sauvé et ça lui a coûté la vie. Murmurai-je entre deux sanglots, la voix cassée d’avoir tant pleuré et crié.

- Chut… se contenta-t-il de me dire en me resserrant contre lui, reposant ma tête contre son cou.

Je fermai les yeux, soudain épuisée, je voulais dormir, peu m’importait le lieu où je me trouvais, les bras de Michael étaient le seul endroit où je me sentais en sécurité à cet instant.

« L’héritière de la messagère et du banni se réveille au contact des loups, et bientôt son pouvoir apportera soit la guérison des morts, soit la destruction des vivants. » La voix de Sorcha résonna dans ma tête. Je me redressai tout à coup, surprenant le loup qui me tenait contre lui. Mes larmes s’étaient taries tandis que je fixais le corps meurtri et sans vie de Van.

« son pouvoir apportera soit la guérison des morts… »

Mon dieu, comment n’y avais-je pas pensé avant ? Me dégageant complètement des bras de Michael, je me tournai vers le cadavre du lycan et déposai mes deux mains sur la plaie sanglante qui transperçait sa poitrine. Je devais essayer, je devais à tous prix vérifier ma théorie, je le devais à Van.

- Lucy, arrête, ce n’est plus la peine. Soupira l’alpha en me saisissant un poignet. Je me dégageai aussitôt et reposai ma main sur la blessure.

- Mais, arrête enfin ! Il est mort, tu entends, mort ! S’exclama le loup, au bord de la rupture. Tu ne peux plus rien faire, tu ne ramènes pas les morts à la vie !

- En effet, il est mort. M’exclamai-je, l’espoir, qui transparaissait dans ma voix donnant un effet étrange à ma phrase. Je vis les yeux de Thomas s’agrandir tandis qu’il comprenait ce que j’avais l’intention de tenter.

- Lucin…

- Laisse-la faire. L’interrompit Thomas. Laisse-la essayer, on t’expliquera plus tard.

Michael nous fixait tour à tour, comme si nous avion perdu l’esprit, et en réalité c’était peut-être le cas, mais en cet instant, peu importait. Tout ce qui comptait, c’est que j’allais essayer de ramener Van à la vie, à l’aide de mon nouveau pouvoir de guérison.

Faisant abstraction de tout ce qui m’entourait, je partais à la recherche du flux d’énergie familier, en moi. Je n’allais même pas tenter de l’utiliser, je savais qu’il ne fonctionnerait pas, mais je savais aussi que le pouvoir dont j’avais besoin, se trouvait à sa base. Je remontai donc le fin filament, replié sur lui-même mais bel et bien présent. J’arrivai enfin à l’extrémité rattachée à mon être et je cherchai le meilleur moyen de procéder. N’en trouvant aucun, en dehors de celui que j’avais utilisé pour guérir Sorcha, je tirai, de toutes mes forces mentales, sur le filament, encore et encore, un peu plus fort et je sentis bientôt la brèche se rouvrir. La chaleur s’insinua immédiatement en moi, gonflant dans ma poitrine, parcourant chaque cellule de mon corps et se regroupant dans mes membres supérieurs. Mes mains étaient déjà posées sur le réceptacle dont la chaleur avait besoin pour s’écouler hors de moi, la blessure mortelle de Van. Une douce lumière rayonnante s’échappa de mes mains et pénétra aussitôt la plaie. J’entendis un hoquet étouffé à côté de moi. Cette fois-ci, préparée à ce qui allait arriver, j’accompagnai de ma volonté l’entité guérisseuse, tout en la laissant agir à sa guise. Les sensations m’étaient familières, je reconnaissais cette impression de naviguer le long les vaisseaux, parcourant les cellules, m’infiltrant dans chaque brin d’ADN, traquant les lésions.

La lumière se regroupait, se condensait au niveau du trou béant qui perforait le torse imberbe du lycan. Jaillissant dans l’obscurité, elle entreprit son action, raccordant les artères et les veines, reconstituant les fibres musculaires, refermant les chairs déchirées. Une pulsation fit sursauter ma conscience. Insufflant la vie dans chaque partie du corps de Van, le sang faisait vibrer les vaisseaux qui le parcouraient, le cœur battait de nouveau. Mais je sentais que ça ne suffisait pas, il manquait quelque chose. Un cœur qui bat ne suffit pas à rendre quelqu'un vivant. Un corps vivant n’est pas une personne vivante. Je cherchais une sensation, une présence, quelque chose de rattaché à son corps, et je le trouvai. C’était faible, c’était diffus, c’était sous-jacent, mais c’était là. Je le sentais, tout ce qui composait Van, son insouciance, sa désinvolture, son humour, et sa moquerie, mais aussi sa gentillesse, sa loyauté, et ses blessures du passé, sa solitude si longtemps ressentie, qui avait été telle, qu’elle s’était inscrite dans son âme. Oui, c’était là, c’était lui.

Je me concentrai sur cette infime partie, presque totalement disparue, de lui et je l’appelai de toutes mes forces.

« Reviens »

La présence frémit mais resta où elle se trouvait.

« Reviens »

De nouveau, un sursaut secoua la délicate incarnation de ce qu’avait été le loup.

« Reviens, Van, REVIENS ! »

Alors, un déferlement de sentiments s’abattit sur moi, remplissant tout mon être et celui de Van ; d’abord la peur, puis la tristesse, et l’épuisement, très vite remplacées par le soulagement, la joie, et même l’hilarité. Les sensations affluaient de toutes parts et j’avais l’impression de sentir les sous-bois et l’humus de la forêt, et aussi le vent qui fouettait mon visage, tandis que je courrais plus vite, toujours plus vite. Ces émotions n’étaient pas humaines. Van était de retour, et son loup aussi.

Au moment même où cette certitude me frappait, un spasme parcourut l’intégralité du corps ressuscité, Van ouvrit d’un coup les yeux et prit une telle inspiration que son dos se cambra, le faisant presque décoller du sol.

Michael, accroupi à côté de moi, bascula en arrière et atterrit sur son séant.

- Bordel de merde ! L’entendis-je jurer.

Je souris intérieurement devant la grossièreté de ces mots que je ne l’avais jamais entendu prononcer.

Mais ce n’était pas encore fini, du moins en ce qui me concernait. Je devais encore réintégrer la lumière chaleureuse. Je la rappelai à moi et le torse du lycan luisit, sous le regard halluciné de l’alpha à mes côtés. Je tendis les mains au-dessus de la lumière et la chaleur m’envahit à nouveau, puis s’engouffra dans la brèche au fond de moi, qui se referma aussitôt. Je ne ressentais aucune douleur, aucune brûlure, juste du bien-être.

La fatigue me submergea alors, un épuisement total, physique et mental, comme je n’en avais jamais ressenti jusqu’ici, ma vision devint trouble et je me sentais partir petit à petit, accueillant avec soulagement, le repos qui m’était enfin accordé. Des bras salutaires m’empêchèrent de m’affaler sur le sol dur, et m’attirèrent contre un torse brûlant. Je fermai les yeux en soupirant d’aise, tandis que deux petits mots accompagnèrent ma perte de connaissance.

- Merci Lucy.

 

Un léger vrombissement me tira de mon sommeil. Je profitai des derniers instants de détente que me procurait cet état de semi-conscience. J’appréciai la légèreté d’un balancement qui s’exerçait sur mon corps, la souplesse du cuir sur ma peau nu, le long de mes jambes, la caresse d’une main chaude, dans mes cheveux, le long de mon cou, jusqu’à la naissance de ma poitrine.

- Hummm… Gémis-je doucement.

Hein ? Comment ça une main chaude ? Je réalisai soudain qu’on me caressait. A cette idée, mes yeux s’ouvrirent en grand, achevant de me réveiller complètement. Les dernières heures me revinrent brusquement à l’esprit et je me redressai machinalement en regardant tout autour de moi. Je me trouvais sur la banquette arrière du Hummer, Michael assis à côté de moi, le regard ahuri.

- J’ai réussi ? J’ai réussi n’est-ce pas ? M’exclamai-je en lui sautant presque dessus. Van, il va bien ? Michael ? Il va bien, hein ?

- Chut… calme-toi. Il va bien, Lucy, tu l’as sauvé, tu as réussi. Maintenant rallonge toi, tu as besoin de te reposer. M’expliqua-t-il en chuchotant et en m’attirant d’un bras passé autour de mon buste. Je basculai en arrière, n’ayant pas la force de lui résister, et je me rallongeai, la tête posée sur ses genoux.

- Où est-il ? Demandai-je, inquiète de ne pas le voir.

- Si on m’avait dit que le seul moyen d’attirer ta sympathie, c’était de mourir, alors j’aurais foncé dans un chêne depuis longtemps. Me répondit une voix faible et fatiguée sur le siège avant passager. Van se retourna vers moi et me lança un clin d’œil. Il avait les traits tirés, des cernes sous les yeux et le teint affreusement pâle, mais il était vivant et me souriait. Je ne pus m’empêcher de lui rendre son sourire, tandis que des larmes perlaient aux coins de mes yeux. Il me tendit une main tremblante et je la serrai fort dans la mienne, savourant sa chaleur, preuve que son cœur battait toujours.

- Un chêne ne t’aurait pas tué, idiot, c’est toi qui aurais tué le chêne, et du coup la sympathie de Lucinda serait allée à l’arbre. S’esclaffa Thomas, derrière le volant. Il était heureux, et je me sentais moi aussi extatique. Je commençai à rire sans savoir vraiment pourquoi, la blague de Thomas n’étant même pas drôle.

La pression qui me tenaillait depuis la veille était en train de retomber et je me retournai sur le dos pour pousser un soupir de contentement. Dans l’obscurité de l’habitacle, deux émeraudes lumineuses m’observaient au-dessus de moi. Un sourire appréciateur aux lèvres, Michael me détaillait de haut en bas, s’attardant sur mes seins. Me souvenant que je ne portais que la veste de Thomas, je rougis en vérifiant qu’aucune partie sensible de mon corps, n’était exposée à la vue du loup, qui n’en perdrait pas une miette, j’en étais sure. Par association d’idée, je réalisai alors, que Michael s’était totalement métamorphosé pour combattre les vampires et que la dernière fois que j’y avais assisté, il m’avait fait profiter d’une vue imprenable sur sa parfaite nudité alors qu’il s’était retransformé en humain. Or, ma tête était posée sur ses genoux, et je n’avais qu’à légèrement l’incliner pour vérifier si oui ou non, la partie virile de son anatomie se trouvait exposée, à proximité de… Pourquoi tous les mots qui me venaient à l’esprit se situaient au niveau de ma bouche ?

Par pur réflexe, je me redressai à l’aide d’un bras pour observer l’objet de mon questionnement et fixai directement l’entrejambe de Michael. Un peu déçue, je m’aperçus qu’il portait un jean, et, prenant en même temps, conscience de mon geste, je sentis le rouge me monter une fois de plus aux joues.

- Il y a quelque chose qui t’embête trésor ? Me demanda l’alpha.

Ne pouvant y échapper, je relevai doucement la tête, remontant le long de son torse resté nu. La pénombre ne parvenait à dissimuler ni le cuivré de sa peau, ni les ondulations parfaites de ses abdominaux, ni la dureté de ses pectoraux. Tentant de chasser les pensées sensuelles que m’inspirait son corps, je relevai les yeux d’un coup et soutins son regard. Un sourcil levé et un sourire au coin des lèvres, Michael avait déjà vu clair dans mon petit jeu, je le voyais à son air narquois.

- Heu… je… je… non… c’est juste que… Bafouillai-je sans pouvoir m’en empêcher. Espèce d’idiote, reprends-toi ! M’admonestai-je intérieurement.

- C’est juste que tu as cru que j’étais nu et que tu as voulu te rincer l’œil. M’expliqua-t-il avec un sourire à damner un saint.

- Mais non, pas du tout, je… il y avait quelque chose de dur qui me gênait… au niveau du cou et… et j’ai voulu vérifier de quoi il s’agissait.

Au moment où les mots traversèrent mes lèvres, je me rendis compte de l’énormité de ce que je venais de dire.

Les trois loups éclatèrent d’un rire retentissant qui se répercuta sur les parois de l’habitacle.

- Désolée trésor mais je ne le fais pas exprès. S’esclaffa Michael. Ta tenue est un peu trop provocante pour me laisser de glace. D’ailleurs, non pas qu’elle me déplaise, mais je serais curieux de savoir où sont passés tes vêtements ?

- Eh bien, c’est une longue histoire.

- Une histoire intéressante, à en juger par le fait que même tes sous-vêtements ont disparu. Dit-il en fixant son regard sur la courbe de mes fesses à moitié dénudées.

- C’est vraiment une très longue histoire. Confirmai-je en tirant prestement sur la veste pour la faire descendre au niveau de mes cuisses, mais le haut de celle-ci, ne se boutonnant qu’à hauteur du ventre, dévoila un peu plus les rondeurs de mes seins.

Alors, dans un geste lent, Michael déposa son avant-bras sur ma poitrine, la dissimulant ainsi à son regard.

- Pour toi trésor, j’ai tout mon temps. 

 

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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 13:35

- Lucinda, arrête de ronchonner dans ta barbe et vois le bon côté des choses. Me réprimanda Thomas, tandis que nous parcourrions le tunnel et revenions sur nos pas.

- Que je vois le bon côté des choses, tu plaisantes ! M’indignai-je. D’abord je ne sais presque rien de plus sur mon pouvoir, à part cette phrase sans queue ni tête que m’a donnée Sorcha, ensuite sous prétexte que Michael lui a caché Van toutes ces années, le Maître refuse de me dire comment il savait que l’hypnose des vampires ne fonctionnerait pas sur moi. Et puis qu’est-ce que ça signifie ça ? « En tant que fille d’un banni, il n’y avait aucune chance que ce pouvoir vampirique fonctionne sur vous ». Répétai-je, en tentant d’imiter la voix profonde du Maître. Est-ce que je sais ce que c’est, moi, un banni ? Et pour finir, il nous chasse comme ça. Est-ce que c’est une manière de recevoir des invités ? J’ai tout de même soigné sa fille, il aurait pu être un peu plus reconnaissant.

- Déjà tu te trompes de voie si tu attends une quelconque reconnaissance de la part d’un vampire. Ensuite, je te signale que nous sommes en vie, ce qui n’était pas forcément quelque chose d’évident au début, et puis tu as tort, tu en sais plus sur ton pouvoir. Me rappela le loup. D’abord, tu sais que si tu t’énerves tu peux carboniser tes vêtements, ce qui est une aptitude intéressante, tu en conviendras.

Je le regardais bêtement, sans comprendre de quoi il parlait, j’avais manqué de peu d’incinérer l’un de mes meilleurs amis parce que je n’avais pas su contrôler mes sentiments, et c’était censé constituer une aptitude intéressante.

- Eh bien au vue de tes rapports avec Michael, soit sure que tu vas gagner vos petites querelles à tous les coups maintenant. Me dit-il, très sérieux. Vous vous disputez, tu t’énerves, tu te transformes en torche humaine, tes vêtements disparaissent, et tu cloues le bec à Michael. M’énuméra-t-il en comptant sur ses doigts.

Je lançai un coup de coude dans les côtes du loup, qui ne fit même pas mine de l’avoir senti.

- C’est pas drôle Thomas, j’ai presque failli te tuer, et si tu ne m’avais pas aidé à me contrôler… Je ne finissai pas ma phrase, je n’en voyais pas l’utilité.

- Allez, allez, ma belle, pas de panique, tu ne m’as fait aucun mal. Me rassura-t-il en me prenant par les épaules. Et pour ce qui est du contrôle, ne t’en fais pas, on t’apprendra. Le contrôle, c’est notre spécialité.

Je le regardai du coin de l’œil, boudant presque.

- Et tes mains alors ? Je ne t’ai pas brûlé les mains peut-être !

- Quoi ? Qu’est-ce qu’elles ont mes mains ? Fit-il semblant d’ignorer, tandis qu’il me les montrait, paumes en avant. En effet, toutes traces de brûlure avaient disparu mais je n’en étais pas étonnée, je savais à quelle vitesse ce genre de blessure pouvait disparaître chez un loup garou. Dommage que mon sentiment de culpabilité ne puisse pas s’effacer aussi facilement.

- Allez Lucinda, sourit ! Tu as quand même découvert que tu pouvais soigner les vampires, et ça c’est… heu… enfin… une bonne nouvelle…je crois.

Je lui lançai un regard lui indiquant que j’étais dubitative quant à la bonne nouvelle que ça représentait. Néanmoins je savais ce que Thomas essayait de faire. Depuis que nous étions sortis de la chambre rose, le loup ne cessait de me jeter des coups d’œil en coin. Il me connaissait bien et avait dû se rendre compte de mon trouble. Deux nouveaux pouvoirs en à peine une heure, ça faisait beaucoup à avaler, même pour moi, et je soupçonnais le lycan de vouloir dédramatiser la situation. Et pour dire la vérité, son ton léger fonctionnait assez bien, sa dernière remarque m’avait presque fait sourire. Tout en parlant, nous avancions d’un pas pressé, impatients de retrouver Michael et Van et de sortir d’ici. Si bien que nous étions arrivés au bout du tunnel, et la lourde tenture rouge était le seul obstacle à notre retour dans la grande salle.

- Non mais sérieusement, ma belle, ça aurait pu être bien pire. On aurait pu se faire encercler par les vam… Thomas ne finit pas sa phrase, tandis qu’il repoussait d’un bras le pesant rideau de tissus et qu’il posait ses yeux sur ce qui nous attendait dans la pièce.

- …pires. Finissais-je à sa place, alors que moi aussi, je découvrais ce qui l’avait empêché de prononcer le dernier mot.

Devant nous, se jouait une scène, que chacun d’entre nous, avait redoutée, sans vraiment l’exprimer à voix haute. Enfin, sauf Thomas, qui venait de le faire.

En effet, comme vous l’avez sans doute déjà compris, mes loups, restés en arrière, étaient dans une situation très délicate. Au centre d’un attroupement, Michael et Van, se tenaient dos à dos, chacun protégeant les arrières de l’autre, tandis que des dizaines de vampires pour la plupart dans le plus simple appareil, formaient un cercle autour d’eux. En faisant plus attention, je pouvais même distinguer « mademoiselle-j’aime-torturer-à-la-cire-de-bougie » et « monsieur-je-m’éclate-attaché-à-une-laisse ». Mais quelque chose d’autre me dérangeait, et je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Quand soudain, observant l’intérieur des derniers box de chaque côté du tapis, je m’aperçus qu’ils étaient complètement vides, laissés à l’abandon, les bougies toujours allumées, les verres de vin à moitié plein, du moins je préférais penser qu’il s’agissait de vin, comme si les lieux attendaient le retour de leurs précédents occupants. Et je compris ce qui m’avait échappé jusqu’ici. Ce soir-là, il n’y avait eu aucun client dans le bordel, uniquement des vampires, prêts à défendre leur territoire au moindre mot du Maître. Le silence quasi-absolu remplaçant les gémissements de plaisir qui s’élevaient de toute part, un peu plus tôt, en attestait. Il n’y avait plus que les vampires, et nous.

Le cercle se refermait de plus en plus sur Michael et Van, qui, en position d’attaque, se tenaient prêts à parer les coups. L’un des vampires, un grand blond qui portait une paire de menotte attachée à l’un de ses poignets, se détacha du groupe et envoya sa main rétractée telle une patte griffue, en direction du visage de Michael, qui l’esquiva de justesse, d’un petit mouvement de la tête. Cette attaque m’arracha un hoquet et les vampires tournèrent leurs regards vers moi, dans un ensemble parfait. Génial ! Je venais d’attirer leur attention sur nous !

- Walker, bouge ton cul de là et retourne d’où tu viens. Me lança Michael par-dessus les sifflements perçants des vampires.

- Mais… mais je ne vais pas vous laisser comme ça. Répliquai-je.

- C’est bon, ils ne vont rien nous faire, ils n’en ont pas le droit, on ne craint rien ne t’en fais pas. Tenta-t-il de se justifier. Je vis Van tourner la tête en direction de son alpha et lui jeter un coup d’œil dubitatif.

- Dans ce cas, pourquoi tu veux que je m’en aille ? Ripostai-je. Je n’allais tout de même pas les laisser dans cette situation sans rien tenter.

- Walker, ce n’est pas le moment de discuter mes ordres. Tu décarres de là, et plus vite que ça. Il avait hurlé les derniers mots, pensant sans doute que ça leurs donnerait plus de poids. Non mais est-ce qu’il se souvenait à qui il s’adressait ?

Bien décidée à ne pas bouger d’un poil, j’encrai plus profondément mes pieds au sol. C’était parfait, il m’avait donné la force dont j’avais besoin ; la colère. Cherchant une solution, je balayai la pièce du regard. Les vampires ne s’intéressaient pas à nous, le Maître leur avait sans doute ordonné de retenir Michael et Van, mais sans nous mentionner, Thomas et moi. Soudain, un peu en retrait, j’aperçus un visage familier. Noah se tenait dos au mur, les bras croisés sur la poitrine, un petit sourire au coin des lèvres. Il avait l’air d’apprécier le spectacle, et ne faisait pas mine de réagir pour aider les loups. Néanmoins, il était sûrement notre unique chance de sortir d’ici en un seul morceau.

- Noah, l’interpellai-je, mais faites quelque chose bon sang !

Tournant la tête vers moi, le vampire me sourit de toutes ses dents, dévoilant au passage, les canines proéminentes qui avaient doublées de longueur. Visiblement, il était aussi excité que les autres membres de sa horde, par la scène qu’il avait sous les yeux. Retenant mon envie de l’insulter de tous les noms, je tentai une autre approche.

- Vous nous avez promis de nous protéger. Est-ce là, tout le crédit que je pouvais accorder à votre promesse ? Où est passé votre honneur ?

Je devais absolument le faire réagir, sans quoi, les deux lycans de plus en plus acculés, n’auraient aucune chance.

- Walker, mais tu fais quoi là ? C’est un vampire lui aussi, ne lui fais pas confiance. Thomas, prends Lucy et cassez-vous d’ici. Ordonna Michael. Mais le loup à mes côtés n’eut pas le temps d’agir. En réaction à mes provocations, Noah s’était déplacé en un clin d’œil, d’un bout à l’autre de la pièce, et se tenait à quelques centimètres de moi, les bras toujours croisé sur la poitrine, la tête haute et le regard meurtrier. Thomas tenta de se placer entre lui et moi mais d’une seule main, le vampire se saisit du col de sa chemise et l’envoya rejoindre les deux autres loups, fauchant au passage trois ou quatre sangsues qui se trouvaient sur le chemin. Thomas se releva aussitôt et se plaça aux côtés de son Alpha, ne pouvant plus me rejoindre, coincé par des dizaines de vampires qui avaient rebouchés la brèche à l’instant où elle s’était formée. Sans même accorder un regard aux autres membres de son espèce, Noah s’adressa à moi.

- Je n’ai nullement promis de protéger les loups garous. Cette promesse ne s’adressait qu’à vous et à vous seule, et vous ne me semblez pas être en quelconque danger, enfin, si on oublie le risque de prendre froid. M’assena-t-il, un petit sourire appréciateur aux lèvres, tandis qu’il détaillait ma tenue atypique.

Non seulement il me reluquait ouvertement, mais en plus il jouait sur les mots. J’étais de plus en plus énervée, du coup je poussai ma chance un peu plus loin.

- Est-ce de la peur, que je vois dans vos yeux ? Peut-être êtes-vous trop lâche pour vous opposer aux vôtres. Arguai-je en essayant de le provoquer.

Le vampire partit d’un rire tonitruant.

- Ne confondez pas la peur et le désir, Lucinda. Je ne ressentirai jamais la première, face aux miens, tandis que je ressentirai toujours le second face à vous, surtout si vous continuez à me fixer de la sorte, tout en exhibant vos charmes avec des tenues de ce genre.

Le regard emplit de lubricité avec lequel il me déshabillait, me donnait envie de vomir, de préférence sur ses chaussures en cuir italiennes, à trois mille dollars.

- Ces loups sont mes protecteurs et mes compagnons de meute, si vous ne faites rien pour les sauver alors je pourrais être tentée de les sauver moi-même, et là, je serai en danger. Argumentai-je.

- Hum… je vois… dit Noah en prenant un air pensif. Ils sont très importants pour vous n’est-ce pas ?

J’acquiesçai une fois.

- Parfait, mais que vaut la vie de vos chers loups, à vos yeux ? Me demanda-t-il.

J’inspirai profondément, le chemin sur lequel tentait de me mener Noah ne m’étonnait pas vraiment, réalisai-je. Et le plus important était de sauver Michael, Van, et désormais Thomas. Soudain, une voix s’éleva derrière le vampire.

- Lucy, non, ne réponds pas. S’écria Michael. Je décidai de ne pas en tenir compte.

- Une vie n’a pas de prix, Noah, et encore moins la vie de mes amis. Lui répondis-je en levant le menton et en plissant les yeux pour lui signifier mon indignation.

- Votre réponse est comme une douce mélodie à mon oreille, Lucinda, et si vous voulez que je sauve vos amis, comme vous les appelez, je serais ravi de vous rendre ce service. Néanmoins…

- …Néanmoins, repris-je, ce ne sera pas gratuit, n’est-ce pas ?

- Vous comprenez vite, en effet. Dit Noah, un sourire triomphant aux lèvres.

- Dans ce cas, quel est le prix ? Demandai-je.

De nouveau une voix retentit dans la salle.

- Lucy, non, ne fais pas ça, quoi qu’il te demande, ne le fais pas ! Rugit Michael

Le vampire ne tint pas compte de ce dernier.

- Un baiser. Embrassez-moi, embrassez-moi comme vous l’embrasseriez, lui.

Je n’eus pas le temps de réagir à la déclaration du vampire. Un terrible grognement résonna dans toute la salle, tandis que Michael se métamorphosait, en une fraction de seconde, en un terrible loup argenté aux yeux saphir.

Ne s’attendant visiblement pas à ce déchaînement de pouvoir, le vampire se retourna pour la première fois depuis qu’il m’avait rejoint. Au centre du rassemblement Michael, sous sa forme lupine, tentait désespérément de percer une brèche pour s’y infiltrer et m’atteindre. Mais les vampires ne l’entendaient pas de cette oreille, et à chaque fois que le loup parvenait à envoyer l’un d’entre eux dans le décor, deux autres prenaient sa place. Pourtant, les sangsues n’attaquaient pas, ils se contentaient de retenir le loup, obéissant aveuglément aux ordres que leur avait, sans doute, donné le Maître.

- Et bien voilà qui nous met dans une situation inconfortable. S’exclama Noah en se tournant vers moi. Si j’accepte de le sauver, il me sautera assurément dessus, mais si je décide de le laisser se débrouiller avec mes frères et sœurs, vous refuserez de m’embrasser.

- Oui c’est dommage n’est-ce pas ? Lui dis-je en battant des paupières de manière ingénue. En attendant, le petit tour de force de Michael, n’arrangeait vraiment pas mes affaires, comment allais-je le sortir de là si lui-même ne souhaitait qu’une chose : étriper celui qui était censé le sauver.

J’essayais de trouver une solution à ce problème épineux, tandis que Michael faisait voler de toute part, des corps de vampires, qui se relevaient aussitôt et venaient se replacer dans le cercle, grossissant de ce fait, un peu plus, les rangs.

Je ne perçus pas immédiatement qu’un changement venait de se produire, en fait tout ce dont je me rendis compte, c’est qu’un bruit de verre brisé venait de retentir. Mais tout à coup, le temps sembla se figer, plus personne ne bougeait, Michael n’attaquait plus, les vampires, immobiles, semblait hypnotisés par une petite tache rouge au sol, parsemée d’innombrables bouts de verres cassés. Soudain, la pièce se vida, toutes les sangsues disparurent à l’exception de Noah. Je le dévisageai, cherchant à comprendre ce qui s’était passé.

- Ne bougez surtout pas. Nous ordonna-t-il. C’est du sang, et pas n’importe lequel, le sang le plus délectable pour un vampire, le seul vraiment capable de nous faire perdre la tête, du sang de loup garou.

Michael gronda mais ne bougea pas, Thomas et Van l’imitèrent, mais ce dernier semblait perturbé par quelque chose. Je veux dire, par quelque chose d’autre qu’une horde de suceurs de sang, cachés dans les moindres recoins sombres de la pièce, assoiffés, et prêts à se jeter sur nous au moindre mouvement.

- Dans ce cas, pourquoi n’êtes-vous pas affecté ? Demandai-je à Noah en me tournant vers lui.

- Je vous ai dit de ne pas bouger. Ordonna-t-il à nouveau. Vous avez vraiment un problème avec l’autorité Lucinda, même quand il s’agit de sauver vos jolies petites fesses -- Serait-il possible à mon entourage masculin de cesser de parler de mes fesses, de mes seins où de toutes autres parties de mon corps, quand je suis dans les parages ? Pensai-je pour moi-même.

- Mais pour répondre à votre question, je fais déjà preuve de contrôle depuis que j’ai senti le sang de l’autre loup, qui plus est, je suis plus âgé que tous les membres de mon clan ici présent, alors je résiste plus facilement. Ce qui ne veut pas dire pour autant, que ce n’est pas dur. M’expliqua-t-il en tournant ses yeux rouges sangs dans ma direction, les yeux du Maître, les yeux de la soif.

- Puis-je vous faire confiance ? Lui demandai-je. Michael grogna son mécontentement.

- Avez-vous le choix ? Me répondit-il.

Bonne question, en effet. Nous étions quatre, contre toute une horde de vampires et je ne voyais pas bien ce que pouvait apporter ma contribution de toute façon, alors un allié de sa puissance, de plus dans nos rangs n’allait pas faire de mal.

Et c’est sur cette pensée que l’enfer se déchaîna sur nous.

Des dizaines de vampires se ruèrent sur nous de toutes parts. Il en arrivait de gauche, de droite mais aussi d’en haut, accrochés aux tentures, escaladant le plafond. Les loups s’étaient déjà jetés dans la bataille, et pour cause, la plupart des assaillants en avaient après eux, mais Noah se retrouvait obligé d’en repousser certains qui tentaient de m’attaquer, complètement aveuglé par le parfum du sang. De là où j’étais, je pouvais voir Michael, terrifiant sous sa forme de loup argenté, les yeux brillants de haine, le museau ensanglanté, et je priais pour que ce sang ne lui appartienne pas. Thomas et Van, sous leur forme de semi-loup, avaient été contraints de s’éloigner de leur alpha, tandis que les vampires tentaient de les isoler chacun de leur côté. Thomas, réceptionna l’un de ses agresseurs par le cou, alors que celui-ci lui fonçait dessus tête la première. Le faisant décoller du sol, il se mit à le faire tourner de plus en plus vite autour de lui, fauchant au passage les quelques vampires assez audacieux pour se rapprocher d’un peu trop près. Il le lâcha tout à coup, et la force centrifuge l’envoya culbuter dans un groupe qui se rapprochait à l’arrière de son alpha. Van, de son côté, semblait s’en donner à cœur joie, frappant, cognant, griffant et mordant tout ce qui était à sa portée. Je vis même ce qui me semblait être un bras, s’envoler sous ses coups de griffes et de crocs acérés. Et pendant tout ce temps, il ne cessait de vociférer, insultes et provocations, enjoignant les vampires à s’attaquer à lui.

Seuls quelques sons me parvenaient au milieu des cris, des sifflements et des grognements, mais je compris tout de même certains mots comme « démons, sangsues, occire, et ancêtre » mais aussi une phrase entrecoupée «  comment ce sang… arrivé à vous ? »

J’étais impressionnée, les loups s’en sortaient plutôt bien. Evidemment, les vampires étaient plus puissants en nombre et en force mais les lycans les surpassaient clairement en termes de vitesse, et réussissaient à éviter les coups les plus dangereux. Seulement j’ignorais combien de temps allait pouvoir durer leur endurance. Si on ne trouvait pas rapidement une solution de fuite, nous allions nous faire submerger et Noah aussi commençait à présenter quelques signes de faiblesse. Au moment où j’en prenais conscience, un des vampires atterrit sur le dos de mon garde du corps momentané, qui était déjà aux prises avec l’un de ses semblables. Travaillant de concert, les deux assaillants l’éloignèrent de moi et je me retrouvai seule, acculée contre l’un des murs de pierre. C’est alors qu’un autre vampire voulut profiter de la situation et se propulsa dans ma direction. Un long hurlement se fit entendre, résonnant et se répercutant contre les murs, pourtant couvert des tentures, de la salle.

Michael avait perçu le danger que je courrais et tentait de prévenir ses lieutenants, tandis que lui, se débattait au milieu de trois sangsues qui le retenait. Je vis Van, le plus proche de moi, s’élancer de tout son poids sur la créature qui se rapprochait à une vitesse folle. L’empoignant par la taille, il l’envoya se briser contre l’un des murs. Puis se relevant prestement, il me fit face et me lança un clin d’œil.

- Besoin d’un chevalier servant ? J’accours, belle princesse en détresse.

Dieu du ciel, il ne changerait donc jamais, même dans une telle situation, il n’arrivait pas à être sérieux. Pourtant je ne lui en voulais pas, oh non, loin de là ! En fait à cet instant je me serais volontiers jetée à son cou, même si j’aurais préféré mourir plutôt que l’avouer. Se rapprochant de moi, ses yeux se firent soudain graves.

- Lucinda, il y a quelque chose qui cloche. Commença-t-il. Le sang qui a tout déclenché, c’est celui de… Mais il n’eut pas le temps d’achever sa phrase. Me saisissant par les épaules, il me fit pivoter sur la droite et me repoussa fortement. J’atterris sur les fesses et je relevai rapidement la tête pour tenter de comprendre ce qui venait de se passer.  Van m’observait, les yeux exorbités, tandis qu’une main griffue ressortait de sa poitrine. Un mince filet de sang coulait le long de son menton tandis que sa bouche, grande ouverte, semblait chercher l’oxygène qui ne parvenait pas à atteindre ses poumons. Je compris alors, ce qui venait de se passer. Un vampire allait m’attaquer sur le côté et Van, l’ayant aperçu trop tard, s’était placé entre moi et celui-ci. Il avait pris le coup qui m’était destinée, il m’avait protégée au péril de sa vie, il avait fait de son corps, mon bouclier. Noah qui avait fini par se libérer, se précipita sur le vampire et l’envoya sur un groupe de sangsues qui se rapprochaient de nous, d’un revers de la main. Van s’effondra sur le sol, tandis qu’une mare de sang se formait sous lui. De nouveau, un hurlement perça le vacarme ambiant, bientôt accompagné par celui de Thomas, qui avait fini par se transformer complètement. Alors, une vague de puissance comme je n’en avais jamais ressentie encore, déferla dans toute la grande salle. Une voix tonitruante s’éleva du fond de celle-ci.

- Assez ! Quelle est cette folie ? Disparaissez immédiatement ! S’époumona le Maître qui venait de faire son entrée.

Tous les vampires à l’exception de Noah, s’enfuirent par les deux issues de chaque côté de la salle.

Profitant du calme retrouvé, je me précipitai, à quatre pattes, vers Van qui avait récupéré sa forme humaine. Les larmes brouillaient ma vue et le sol de pierre blessait mes mains et mes genoux. Allongé sur le dos, le lycan me dévisageait, le regard trouble. Tendant une main vers moi, il me sourit. Je la saisis dès que j’étais assez près.

- Tu n’as… tu n’as rien ? Me demanda-t-il entre deux toussotements humides. Les larmes s’écoulaient sans discontinuer, de mes yeux. Il m’avait sauvée la vie alors qu’il ne m’avait jamais vraiment appréciée.

- pourquoi… pourquoi tu m’as poussée ? Ça aurait dû être moi… m’étranglai-je dans un sanglot. Michael et Thomas venaient d’arriver à nos côtés, et plaquèrent leurs truffes sur le cou de Van, qui sourit faiblement.

- Le boss… il ne m’aurait jamais pardonné… si tu étais… Mais il ne put finir sa phrase, une quinte de toux le secoua et lui fit cracher du sang.

- Chut, ne dis plus rien… je… je vais te soigner…oui, laisse-moi faire… je vais… Mais tandis que je me concentrais sur le flux d’énergie que j’essayais de faire passer dans le corps mutilé de Van, rien ne se produisait, mon pouvoir refusait de me répondre et je frappai le sol de dégoût et de frustration. Pourquoi maintenant ? Pourquoi fallait-il que ça se produise maintenant ?

Le loup comprenant sans doute que sa fin était proche et que je n’arrivais pas à le soigner, déposa sa main libre sur ma joue pour attirer mon attention.

- Le… le sang… le sang dans la grande salle… c’est celui de…

Mais le dernier mot mourut sur les lèvres de Van, tandis que la lumière qui avait, depuis toujours, fait pétiller ses yeux sombres, s’éteignait, et que sa main sur ma joue, retombait lourdement sur le sol.

Les loups hurlèrent ensemble leur désespoir, et je les accompagnais de mes cris de détresse.

- Van…Van ! Criai-je. Mais il n’était déjà plus là.

 

Suite>>

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 17:28

Nous avions repris notre progression dans le tunnel souterrain. Le vampire qui nous guidait avait augmenté la distance qui nous séparait de plusieurs mètres et jetait, de temps en temps, des coups d’œil inquiets dans ma direction. J’étais en train de me demander si je parvenais réellement à effrayer une énorme créature assoiffée de sang à moi toute seule, quand la créature en question s’immobilisa brusquement devant une porte blanche à la poignée dorée. Alors que je m’approchais, « Terminator » fit quelques pas en arrière pour laisser de la distance entre nous. Bon c’était vraiment moi, mon mètre soixante et mes cinquante-huit petits kilos toute mouillée qui lui fichaient la frousse, et en toute honnêteté, je ne pus m’empêcher de sentir une certaine fierté s’emparer de moi, alors qu’il me passait en revue, sur le qui-vive.

Arrivée devant le seuil, j’interrogeai le vampire du regard et celui-ci me fit signe, d’un hochement de tête, que la porte était notre destination finale. Décidemment, notre guide n’était pas un bavard. Dommage, j’aurais pu payer cher pour l’entendre dire un « I’ll be back » au moment de nous quitter.

Je tournai la tête vers Thomas, qui me sourit pour m’encourager à accomplir ce pour quoi j’étais venue ici. Je frappai trois petits coups secs à la porte, ne sachant si ma patiente était consciente ou non.

- Entrez ! Me répondit une petite voix féminine, à peine audible de l’autre côté de la porte.

Le loup garou à ma suite, je pénétrai dans une pièce faiblement éclairée. Ça me changerait ! Mes yeux, déjà habitués à l’obscurité qui régnait partout dans le repaire des vampires, balayèrent ce qui semblait être une chambre de petite fille. Les tentures qui camouflaient les murs de pierre, étaient roses bonbon. Au sol, un large tapis qui recouvrait presque la totalité de la surface de la pièce, reprenait le ton rosé de la descente de lit. Celui-ci occupait la majeure partie de la chambre, mais même sans cette taille démesurée, il se serait fait remarqué par l’incongruité de sa présence en ces lieux. Couvert de coussins de la même couleur que celle qui prédominait dans la pièce, le lit était surplombé d’un baldaquin de taffetas auquel étaient accrochés des petits nœuds blancs raccordés entre eux par de longs et fins cordons dorés. De part et d’autre de l’immense sommier étaient disposées deux petites tables de chevet blanches qui accueillaient chacune un vase orné d’un splendide bouquet de rose rouge. Le parfum de ces dernières, parvenait à m’atteindre alors que j’avais à peine dépassé le seuil. Eparpillées un peu partout dans la chambre, des dizaines de petites bougies, donnaient à l’ensemble, une impression de scintillement comme si des petites étoiles s’étaient ajoutées à la partie. Dieu du ciel, j’étais dans la chambre merveilleuse de cendrillon !

M’attendant à découvrir un visage enfantin coiffé de petites couettes retenues par des rubans roses, je cherchai dans l’amas de coussins et de couvertures molletonnées, la maîtresse des lieux. Et je dus retenir la partie inférieure de ma mâchoire qui menaçait de se décrocher, lorsqu’une magnifique jeune femme à la peau pâle m’adressa un signe de la main, un sourire doux aux lèvres. Elle était sans nul doute, la plus belle personne qu’il m’ait été donné de voir. Son visage aux trait fins et aériens faisait penser à celui d’un ange, effet renforcé par une chevelure blonde dorée qui retombait sur ses épaules, devant sa poitrine parfaitement arrondie, et se terminait sous les lourdes couvertures qui la couvraient jusqu’à la taille. Ses grands yeux bleus, légèrement plissés, accompagnaient un sourire qui se dessinait sur ses lèvres pulpeuses.

Incapable de rester de glace devant tant de beauté, je lui rendis son sourire, à moitié hypnotisée par l’aura qu’elle dégageait.

- Mademoiselle Walker, je suis ravie que vous ayez accepté notre invitation. Me dit-elle de sa petite voix aux intonations délicates.

- Eh… eh bien, la demande a été tellement courtoise, je ne pouvais décemment pas refuser pour une ou deux étagères fracassées. Lui répondis-je, partagée entre l’émerveillement de la scène actuelle et l’agacement dû aux souvenirs de la nuit passée, alors que Michael et Noah s’en étaient donnés à cœur joie dans mon bureau.

La jeune fille émit un petit son discret que j’imaginai être un petit rire.

- J’ai, en effet, entendu parler des exploits de notre cher Noah, mademoiselle Walker. Continua-t-elle.

- Vous pouvez m’appeler Lucinda. M’entendis-je prononcer sans vraiment m’en rendre compte. Elle respirait la candeur et la fragilité. Tout en elle, me poussait irrémédiablement à vouloir la protéger. Mais qu’est-ce qu’elle faisait dans cet endroit, entourée de froufrous, telle une poupée de porcelaine conservée dans une vitrine ?

- Dans ce cas, appelez-moi Sorcha.

Sorcha; même son nom était délicat.

- Quelle coïncidence, s’écria-t-elle soudain très excitée, nos prénoms signifient tous les deux « lumière », vous en latin et moi en gaélique.

Le sourire qui venait de se former sur ses lèvres ressemblait à celui d’une enfant, et je ne pus m’empêcher de lui sourire, de nouveau, en retour.

- Ils possèdent peut-être le même sens mais le vôtre est beaucoup plus élégant que le mien, et vous le portez très bien, malgré le lieu dans lequel vous vivez. Ne pus-je m’empêcher d’ajouter. Son sourire se fit plus triste, à l’instant même où je prononçai ces derniers mots.

- Je suis désolée, si je vous parais un peu rude mais qu’est-ce qu’une humaine telle que vous fait ici ? Vous n’avez pas l’air d’une de ces fanatiques gothiques qui ne rêvent que d’être transformées sans connaître les conséquences d’un tel acte. Demandai-je à la jeune femme. Sorcha se mit à jouer avec ses doigts, l’air un peu gênée.

- Je suis son trésor. Commença-t-elle par répondre. Je ne peux pas sortir, je pourrais mourir.

L’air très affectée de la jeune fille me frappa tandis qu’elle prononçait ces mots. Elle paraissait si jeune, si fragile et je compris soudain ce qui m’avait échappé jusqu’à maintenant, malgré le décor qui s’étalait sous mes yeux. Une petite fille, elle était une petite fille dans le corps d’une femme.

- C’est le Maître qui vous a menacé de vous tuer si vous sortiez ? Vous êtes sa prisonnière ? Demandai-je, cherchant une explication.

- Mais non. Me répondit-elle en levant les yeux et en insistant exagérément sur le dernier mot. Mais si je sors, je peux rencontrer des choses dangereuses, des choses qui me veulent du mal, des choses comme… Elle s’interrompit puis regarda Thomas à côté de moi. Des choses comme lui.

Je regardai le loup. Celui-ci avait l’air perplexe et je le comprenais. Pensait-elle qu’il était dangereux parce que c’était un homme ou pensait-elle qu’il était dangereux parce qu’il était un loup garou ? Et dans ce cas, comment savait-elle qu’il en était un ? Mais avant de pouvoir lui poser la question, Sorcha reprit la parole.

- Mais l’autre soir, les étoiles m’ont appelée. Elles m’ont dit que je devais sortir pour pouvoir me parler.

Seigneur, elle était folle ! Une petite fille dans le corps d’une femme, prisonnière des vampires depuis je ne savais combien d’années. Pas étonnant !

Mais le loup ne semblait pas arriver à la même conclusion que moi. Les yeux grands ouverts comme s’il venait de réaliser quelque chose, il tourna sa tête vers moi.

- Lucinda, c’est une extralucide. Me chuchota-t-il à l’oreille. Et je pense qu’elle détient effectivement des réponses sur ton pouvoir.

Mon regard se reporta sur la jeune fille qui me regardait avec un air de triomphe comme pour confirmer ce que Thomas venait de me dire. Si comme le pensait le lycan, Sorcha était une voyante, alors ça expliquait que le Maitre la conserve auprès de lui, et en bonne santé.

- Et… Et que vous ont dit les étoiles ? L’interrogeai-je, pleine d’espoir.

- Chut. Fit-elle, plaçant son index devant sa bouche. Je n’ai le droit de vous le dire que si vous me soignez. Finit-elle avec un air de conspiratrice. Voilà qui me ramenait à la réalité. Je ne devais pas oublier que j’étais là pour accomplir une tâche particulière, et que, au-delà du long couloir qui nous avait mené ici, Michael et Van étaient en difficulté, sans doute aux prises avec le Maître. Je n’avais déjà perdu que trop de temps avec ma petite démonstration de force involontaire, un peu plus tôt, dans le couloir.

- Et où avez-vous mal, Sorcha ? Elle ne me semblait pas malade, son teint était peut-être un peu pâle mais pour une jeune fille condamnée à ne jamais voir la lumière du jour, il n’y avait rien d’étonnant.

- Quand je suis sortie parler aux étoiles, il y a soudain eu un grand choc, et quand je me suis réveillée, j’étais allongée dans mon lit et…

Encore une fois, elle ne finit pas sa phrase, mais à la place, souleva les couvertures qui lui couvrait les jambes jusqu’à la taille. Retenant un cri d’horreur, je portai ma main à ma bouche. Ce qui, à un moment, avait dû être de fines jambes d’un blanc pâle, ressemblaient à présent à un assemblage grossier de chair tuméfiée et de bouts d’os pointant dans toutes les directions. Malgré la faible luminosité apportée par les bougies, on pouvait parfaitement voir que pas un centimètre carré de peau n’était épargné par les ecchymoses, se déclinant en vert, bleu, orange et rouge.

Au cours de mes activités pour le compte de la meute, j’avais sans doute vu pire, mais ce genre de blessures n’a pas le même effet sur un loup fort et robuste, et sur une frêle humaine sans doute plus jeune que moi.

- Mais qu’est-ce qui s’est passé ? M’écriai-je sans pouvoir me contenir. Thomas me jeta un coup d’œil inquiet et Sorcha sursauta. Une douleur indescriptible s’inscrivit sur son visage. La pauvre devait souffrir le martyr.

- C’est une voiture. Comme je regardais le ciel, je n’ai pas vu la voiture foncer sur moi. Dit-elle après un moment. Je fronçai les sourcils.

- Vous en êtes sure ? Lui demandai-je. C’est bizarre.

Thomas m’adressa un regard interrogateur. Je me tournai vers lui pour lui expliquer le fond de ma pensée.

- As-tu déjà vu à quoi ressemblait une personne renversée par un véhicule ? Les blessures ne devraient pas se situer seulement au niveau de ses jambes mais sur tout son corps, hors elle ne semble blessée nulle part ailleurs. Expliquai-je.

- En effet, mademoiselle Walker. Résonna une voix derrière moi. Le Maître venait de faire son entrée dans la pièce et une vague de rage m’envahit en entendant sa voix. Thomas me prit la main pour m’aider à m’apaiser.

- Que faites-vous là ? Et qu’avez-vous fait à Michael et Van ? M’empressai-je de lui demander.

- Avant tout, sachez que je n’ai pas à me justifier quand à ma présence sur mon propre territoire. Quand à vos amis, ils n’ont rien, du moins pour l’instant. Nous avons eu une conversation des plus courtoise, quoique très intéressante. Répliqua-t-il en se rendant au chevet de Sorcha. Il lui prit délicatement la main et la jeune fille lui sourit doucement. Comment un être aussi abject, pouvait-il faire preuve de tant de bienveillance à l’égard d’autrui ? Me fis-je la remarque. Tournant son regard rouge sang vers moi, il me détailla des pieds à la tête.

- Vous avez décidé de changer de tenue, mademoiselle Walker ? C’est un style… hum… intéressant. Déclara-t-il tout en lorgnant mes jambes nues. J’imagine assez bien ce qui s’est produit sur le chemin de la chambre. En fait nous l’avons tous ressenti. C’était une vague de pouvoir particulièrement forte, et j’ai dû user de toute la persuasion dont j’étais capable pour empêcher votre alpha de vous rejoindre.

Ce fut au tour de Thomas d’intervenir.

- Que leur avez-vous fait ? Grogna-t-il.

Je resserrai ma main autour de la sienne dans l’espoir de lui apporter le réconfort qu’il m’avait transmis un peu plus tôt.

- Moi ? Rien du tout. En revanche je les ai laissés en bonne compagnie, aussi, peut-être devriez-vous vous dépêcher d’accomplir ce pour quoi vous êtes venue, et les rejoindre le plus tôt possible. Dit le Maître, un sourire manipulateur sur les lèvres.

- Bien, dans ce cas, je vais avoir besoin d’eau dès la fin de la guérison. Annonçai-je immédiatement.

- Il y a une petite salle de bain, derrière la tenture. M’indiqua-t-il en me montrant le mur opposé.

- Dans ce cas, veuillez tous sortir de la pièce, je vais devoir me concentrer.

- Je ne bougerai pas d’ici. L’occasion de vous voir à l’œuvre, est trop belle. Dit le Maître.

- Et dans ce cas, je ne te laisserai pas seul avec lui, Lucinda. Ajouta Thomas.

Bon, j’allais devoir faire avec. Je levai néanmoins les yeux aux ciel pour signifier mon irritation.

- Bien, reculez-vous au moins, que je puisse m’en occuper correctement.

Le Maître fit deux pas en arrière. Mouais, ça allait devoir suffire !

 

Je devais me concentrer deux fois plus lorsque je guérissais un humain que lorsque je guérissais un loup. Et pour cause, je devais envoyer une quantité de pouvoir beaucoup plus importante, n’étant pas aidée par la capacité récupératrice lycanthrope.

Je poussai donc un peu plus loin, un peu plus fort, le flux d’énergie si familier. Déjà, je sentais les cellules de Sorcha, se remplir de vie sous mon action, les os se reformaient petit à petit, et sa peau semblait déjà reprendre une couleur plus naturelle.

Mais soudain, un picotement, lui aussi familier, me parcourut le bout des doigts. Je me concentrai plus encore pour tenter de découvrir ce qui l’avait provoqué. Le courant guérisseur revenait en moi, tout doucement, alors que le rétablissement de Sorcha n’était pas complet. Je tentai de le renvoyer en elle, mais il me revenait avec plus de puissance à chaque fois. C’était la première fois que mon pouvoir agissait de la sorte et je ne comprenais pas ce qui se passait. Rouvrant les yeux, je vérifiai l’état des jambes de la jeune fille. Il restait encore quelques fractures, même si la plupart d’entre elles avaient été remises. Une profonde éraflure balafrait encore le mollet droit et des ecchymoses parsemaient encore, sporadiquement, l’une des cuisses. Non, la guérison, n’était définitivement pas achevée, alors pourquoi le flux d’énergie revenait-il en moi, comme si tout ce qu’il pouvait faire, était fait ?

Je poussai de nouveau le courant hors de moi, le renvoyant une énième fois en Sorcha, traquant la blessure de sa cuisse, je l’accompagnai de toute ma force, de toute ma volonté, et l’amenai bientôt au bord de la plaie ouverte. J’avais besoin de toute ma concentration pour le maintenir en place et l’empêcher de rebrousser chemin. Mais au lieu d’agir comme à son habitude, le flux demeurait inactif et se contentait de vouloir revenir vers moi. Bon sang, mais que m’arrivait-il ? D’abord la brûlure dans le couloir, et maintenant ça. Je n’y comprenais plus rien. J’étais perdue dans mes pensées quand une petite voix me fit sursauter.

- Tu n’es qu’un cachottier. Tu ne lui as pas tout dit. Chantonna Sorcha à côté de moi.

Je fixai la jeune femme, perplexe, puis reportai mon regard vers celui auquel elle s’était adressée, le Maître.

- Si vous me cachez quelque chose, c’est le moment ou jamais de me le dire, je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps.

Le vampire sembla hésiter puis ouvrit la bouche pour parler.

- Sorcha n’est pas qu’une simple humaine, elle est aussi ma fille.

Le choc que me provoqua cette révélation, me fit perdre toute emprise sur mon courant d’énergie, qui en profita pour se ruer à l’intérieur de moi. La douleur que me causa ce retour précipité de mon pouvoir chargé des blessures de la jeune femme, me fit pousser un cri étouffé.

Thomas prit le relais, n’étant pas capable de sortir un seul mot.

- Comment ça votre fille ? Vous… vous voulez dire qu’elle est à moitié vampire ? Mais c’est impossible. S’indigna-t-il. Un corps mort, ne peut pas donner la vie avec un vivant.

- La mère de Sorcha était une humaine mais son clan était depuis bien longtemps, dépositaire de pouvoirs extraordinaires. Grâce à cela, nous avons été capables de concevoir notre descendance. Expliqua le Maître.

- Mais… mais je ne… je ne peux pas ramener à la vie. Exposai-je à mon tour. La partie vampire de Sorcha… je ne peux pas la soigner.

- Vous le pouvez. Affirma cette dernière. S’il y a bien une personne qui puisse le faire, c’est vous, l’héritière de la messagère et du banni.

Je la fixai avec des yeux ronds, incapable de comprendre le sens de ses paroles.

- Qu’est-ce que… qu’est-ce que ça signifie ? Bafouillai-je, l’implorant presque du regard. La douleur me tiraillait de toute part et je devais me battre contre moi-même pour ne pas m’évanouir. Sorcha déposa sa main fragile sur ma joue.

- C’est ce que m’ont dit les étoiles ce soir-là. « L’héritière de la messagère et du banni se réveille au contact des loups, et bientôt son pouvoir apportera, soit la guérison des morts, soit la destruction des vivants. » Récita-t-elle comme si elle répétait une prière. Mais malheureusement, petite lumière perdue dans les ténèbres, je ne fais que répéter ce que me disent les étoiles, le sens de cette phrase, c’est vous qui devrez le trouver.

Visiblement inquiet, Thomas se rapprocha et me prit par les épaules.

- Lucinda, pour l’instant tu devrais filer sous l’eau. Tu as l’air de beaucoup souffrir.

Et accompagnant le geste à la parole, il me souleva de terre et me dirigea vers le mur opposé.

- Attends ! L’interrompis-je. Je veux essayer, encore.

Le loup fronça les sourcils de désapprobation, mais me redéposa aux côtés de Sorcha.

Faisant appel à toute la concentration qui me restait, je renvoyai le flux guérisseur vers ses jambes. La brûlure s’intensifiait de plus en plus et je sentais que je n’allais pas pouvoir continuer comme ça très longtemps. Je m’efforçais de faire stagner le courant où les blessures étaient les plus graves, mais je sentais que j’allais perdre pied très bientôt. Rassemblant mes dernières forces, je puisai au fond de moi le peu de pouvoir encore à ma disposition, et c’est alors que quelque chose se produisit en moi. Tandis que je tirais aussi fort que possible sur le fin filament qui rattachait mon pouvoir à mon corps, je le sentis s’effilocher, se déliter petit à petit. L’espace d’un instant, je crus que j’allais perdre tout ce qui me reliait à lui, mais de la fissure provoquée par le déracinement de mon pouvoir, jaillit une chaleur qui balaya tout sur son passage, la douleur, la brûlure, la fatigue. Elle se propageait dans tout mon corps et jusqu’à mes mains que je posais précipitamment sur les jambes de Sorcha, cherchant un réceptacle où pourrait s’écouler tant de puissance. En un éclair, la chaleur passa de mes mains à l’air les entourant, pour s’engouffrer presque immédiatement dans les interstices blessés des jambes de la jeune femme. Elle émit un hoquet bref au moment même où la chaleur l’envahit à son tour. Le spectacle qui s’offrait à nous était parfaitement hallucinant. Là où les plaies étaient béantes, une douce lumière jaillissait et l’instant d’après, la plaie se refermait, laissant la peau lisse et parfaitement saine. Puis la lumière s’attaquait à une autre blessure et ainsi de suite. Bientôt les jambes de Sorcha retrouvèrent une totale intégrité. Il n’y avait plus aucune trace de blessures ou de fractures, pas même une infime trace rosée comme celle qui restait lorsque je soignais les loups habituellement. Une fois son travail achevé, la chaleur lumineuse s’échappa de Sorcha par les pores de sa peau, et un instant, les jambes de la jeune fille luisirent dans l’obscurité ambiante. Cherchant à regagner mon corps, la chaleur se dirigea vers moi et je tendis les mains en avant pour la recevoir. J’attendais la morsure du feu qui n’allait pas tarder à me submerger, mais rien ne se produisit, rien, à part un grand calme, une sérénité que je n’avais jamais ressentie jusqu’alors.

Sorcha sauta sur ses jambes et se mit à sautiller partout dans sa longue chemise de nuit de dentelle blanche, telle une Nymphe dans un jardin en fleur.

- Regardez père, elle a réussi.

 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 21:36

J’avançais prudemment dans le petit couloir que j’avais aperçu un peu plus tôt et par lequel était arrivé le Maître. Encore une fois, la lumière ne provenait que de quelques torches accrochées au mur et qui menaçait de mettre le feu à mes cheveux à chaque fois que je passais devant l’une d’elle. Et encore une fois, ne voyant pas mes pieds, Thomas était obligé de me rattraper à chaque fois que je trébuchais sur une aspérité du sol grossièrement taillé.

- Tu veux que je te porte sur mon dos ? Me demanda Thomas sans moquerie aucune dans le ton de sa voix. Il était sérieux et s’inquiétait vraiment pour moi, je le savais parfaitement.

- Non ça va aller, ne t’en fais pas. Mais merci pour la proposition et aussi pour ton aide, sans toi j’aurais déjà fini un nombre incalculable de fois le nez par terre. Lui répondis-je un peu honteuse de mon incapacité à rester sur mes pieds.

Le silence s’installa entre nous tandis que notre lente progression continuait. Mais la tension entre nous ne me plaisait pas. Je savais qu’il n’osait pas parler parce qu’il craignait que je l’interroge au sujet de ce qui avait été dit un peu plus tôt, mais n’y tenant plus je décidai de me lancer.

- Euh… tu… tu étais au courant pour Van ?

- Tu veux dire, que c’était un crétin ou qu’il descendait d’un héros de légende ? Me répondit-il, un sourire au coin des lèvres.

Je levai les yeux au ciel sans dissimuler le sourire que m’inspirait sa première hypothèse.

- En fait je le sais depuis le début, en tant que deuxième lieutenant, Michael m’a prévenu dès son arrivée parmi nous. M’annonça-t-il. Tu sais Lucinda, Van est loin d’être un jeune loup, alors quand il est arrivé, la plupart des loups les plus expérimentés de la meute ont ressenti la puissance qu’il dégageait et n’ont pas compris pourquoi il s’est contenté d’une place si basse dans la hiérarchie. Michael a eu besoin de nous, ses lieutenants, pour calmer les esprits de ceux qui prenaient ça pour une marque de faiblesse de la part de Van et qui l’accusait de ne pas prendre ses responsabilités et de profiter de la protection de la meute sans y apporter sa contribution.

- j’imagine, en effet, que ça n’a pas dû plaire à tout le monde. Mais dans ce cas, s’il était assez fort pour prendre une place plus élevée, pourquoi s’est-il contenté d’une place de dominé ? Excuse-moi Thomas mais ça me semble tellement être à l’opposé de son caractère. M’exclamai-je.

- Eh bien… hum… c’est-à-dire que ma réponse risque d’appeler une autre question et je ne sais pas si je peux t’en parler. La gêne dont faisait preuve Thomas me donnait envie d’en savoir plus.

- J’imagine que tu fais référence à ce qui s’est passé entre le Maître et Michael. Lui demandai-je légèrement irritée. Je ne sais pas ce qu’il y a de si inavouable entre eux mais si j’appartiens désormais à la meute, il me parait normal que je sois au courant de ce genre de choses non ?

Thomas poussa un long soupir et s’arrêta pour me faire face.

- J’imagine que tu as raison. Bon sang, je vais quand même me faire massacrer par le Boss mais bon, je pense que tu as le droit de savoir. Mais promets-moi de ne pas juger trop hâtivement Michael. M’avertit Thomas en me prenant par les épaules et en me regardant droit dans les yeux.

J’acquiesçai d’un hochement de tête.

- Très bien, dans ce cas, je vais te dire ce qui s’est passé à l’arrivé de Van dans la meute. Commença-t-il. Il y a dix ans, un loup blessé et affamé s’est présenté devant Michael et lui a demandé asile. C’était Van, il avait fui sa précédente meute qui voulait le vendre à des vampires en échange de leur protection. Sa généalogie l’a toujours forcé à éviter les vampires le plus possible. Il nous a appris un peu plus tard que c’était la septième meute qu’il fuyait à cause de ça. Il a bien essayé de vivre seul, mais comme tu le sais, les loups ne sont pas faits pour vivre en solitaire et il a failli devenir fou en quelques années. Quand il a senti que la solitude devenait dangereuse pour lui et les humains qu’il risquait d’attaquer, il a rejoint une meute. Mais comme les six précédentes avant elle, lorsque les vampires ont appris sa présence, ils sont venus le réclamer. Van Helsing a été maudit et ses descendants avec lui, les vampires se sont promis qu’ils ne leurs laisseraient aucun répits jusqu’à l’extermination totale de la lignée. A ce moment, Michael était…hum…comment dire… au service du Maître. Mais il n’a jamais refusé l’asile à un loup, et il a toujours pris le plus grand soin de chacun d’entre nous. Lucinda, tu dois bien comprendre que pour nous, notre alpha est presque érigé au rang de dieu, alors dans certaines meutes, le pouvoir monte à la tête du plus dominant, et c’est ce qui a valu à Van de se faire traquer durant quarante ans, mais c’est aussi ce qui fait que nous aimons et respectons tant Michael. Expliqua Thomas, une émotion qui semblait prête à le submerger à chaque instant, dans la voix.

J’étais pendue à ses lèvres et je n’en pouvais plus d’attendre la suite.

Après quelques secondes que Thomas employa pour se calmer, il reprit son explication.

- Alors il a pris Van sous son aile, en sachant les risques qu’il prenait et qu’il faisait prendre à Van. Mais ça ne l’a pas…

- Attends, une seconde, je ne comprends pas. L’interrompis-je. Depuis tout à l’heure vous tournez tous autour du pot, mais là, tu vas devoir me dire ce qui se passe exactement entre le Maître et Michael.

Thomas poussa un long soupir de découragement.

- J’y viens justement. Il y a dix-huit ans un nouveau vampire est arrivé à la tête du clan. Jusque-là, nos rapports avec eux étaient presque inexistants, nous nous contentions de les éviter. Mais un jour, après l’accession au pouvoir de ce nouveau vampire, Michael a été convoqué par celui-ci, et il nous a emmenés avec lui, Nathan et moi. A ce moment, nous étions déjà ses deux premiers lieutenants.

Thomas s’adossa au mur derrière lui et baissa la tête à ce moment précis, « Terminator » nous attendait, en retrait, mais ça nous était égal. Parfois même ce qui est urgent nécessite d’être remis à plus tard.

- Le nouveau Maître, qui est, comme tu l’as déjà sans doute compris, le Maître actuel, nous a fait entrer dans sa chambre et nous a alors expliqué sa nouvelle position. Puis il… il a fait étalage de son pouvoir. Les yeux toujours baissé, Thomas serrait les poings de toutes ses forces et les veines de ses avant-bras saillirent sous sa peau.

- Ce que tu ignores, c’est qu’il a le pouvoir de plier à sa volonté les loups garous d’un simple mot. Il y a longtemps, nous étions les esclaves des sangsues et ce pouvoir, bien qu’il soit rare de nos jours, reste présent chez certains d’entre eux, chez les plus puissants. Mais ce pouvoir est désormais amoindrit par des siècles d’accouplement avec des vampires de moindre puissance. Néanmoins, le Maître est toujours capable de contrôler les jeunes loups ou les plus dominés d’entre nous. Et c’est la raison pour laquelle il avait convoqué Michael. Il voulait nous utiliser comme armée, Lucinda, mais il voulait aussi nous utiliser comme esclave et se servir de nous dans sa maison close. S’écria Thomas au bord de la suffocation. En le voyant perdre son sang-froid, lui si calme d’habitude, je prenais conscience de l’horreur de la situation dans laquelle le Maître avait placé les loups, et je commençais à comprendre l’aversion de ces derniers pour ceux-ci. Au fur et à mesure du récit de mon ami, une douleur sourde avait envahi ma poitrine, anticipant ce qui allait suivre. Néanmoins d’un hochement de tête, j’encourageai Thomas à poursuivre.

- Michael n’a bien évidemment pas accepté cette situation, certains de nos loups n’avaient même pas encore l’âge de boire de l’alcool alors il était hors de question qu’ils servent de… enfin tu vois ce que je veux dire. Mais d’un autre côté, il ne voulait pas nous jeter dans une guerre qu’il savait perdue d’avance alors il a tenté le tout pour le tout et il a proposé de faire tout ce que le Maître lui demanderait en échange de notre liberté à tous. Le pouvoir de contrôler les loups n’étant pas assez puissant pour asservir un alpha, le Maître y a vu une aubaine et a sauté sur l’occasion. Ils ont donc négocié leur accord… quinze ans de semi captivité pour notre leader. A ce moment j’imagine que Michael pensait devenir l’homme de main du Maître, peut-être même son assassin, mais ce qu’il lui a fait est bien pire. S’énerva Thomas en frappant le mur derrière lui. Des petits morceaux du plafond s’effritèrent et tombèrent sous le coup du loup.

Je portai une main à ma bouche en devinant ce qui avait tant de mal à sortir. La douleur dans ma poitrine explosa et des larmes brûlantes vinrent assombrir ma vision.

 - Il l’a utilisé comme jouet, pour assouvir sa concupiscence. Reprit-il en se redressant, le regard dur, empreint de toute la haine qu’il vouait au monstre qui avait fait subir des atrocités à son alpha. Et ce jour-là, il nous a forcés, Nathan et moi à regarder. Après ça, durant quinze ans et ce, deux fois par mois, Michael nous a protégé en se rendant chez les vampires et en se soumettant aux caprices du Maître. Puis, quand Van est arrivé, il lui a demandé de rester parmi les loups dominés, le temps que prenne fin son asservissement et a tenu secrète l’existence de Van jusqu’au bout.

La douleur dans ma poitrine s’étendait à tout mon corps, et bientôt, mes jambes ne purent plus soutenir mon poids. M’appuyant contre le mur, je me laissai glisser et me retrouvai accroupie, la tête entre les genoux. Mes larmes ne cessaient de couler sur mes joues et le bruit de mes pleurs se répercutait en échos contre les parois du tunnel. Je sentis alors deux bras forts et réconfortants m’enlacer et mes pleurs redoublèrent de plus belle. Une voix profonde me chuchota quelques mots mais j’étais trop choquée pour me rendre compte que cette voix appartenait à Thomas. Au bout de plusieurs minutes je commençai néanmoins à refaire surface et à distinguer le sens des mots qu’il me murmurait.

- Ne lui en veux pas Lucinda, il a fait ça pour nous protéger, je t’en supplie, ne lui en veut pas. Thomas prononçait cette phrase comme une litanie, la répétant encore et encore. Je redressai la tête et fixai mon regard dans les yeux embués de mon ami.

- Lui en vouloir, mais comment pourrais-je lui en vouloir ? Je suis choquée, je suis révoltée, je suis haineuse, mais pas à l’égard de Michael. Mon seul regret est de ne pas avoir décapité ce monstre quand il était à ma portée. Tandis que je finissais ma phrase, le loup se rejeta vivement en arrière me lâchant avec empressement. Je le regardai, abasourdie. Mes propos l’avaient-ils scandalisé ?

- Lu… Lucinda, tu es brûlante… et tes yeux…mon dieu… tes yeux se sont remplis de flammes à l’instant. Bafouilla Thomas, le regard paniqué.

Je regardai autour de moi, totalement perdue, encore sous le choc de ce que m’avait confié le loup et en même temps, inquiète par ce qui venait de se produire sur mon corps, en moi, et que je n’avais su contrôler. Des volutes de vapeurs chaudes s’élevaient de toutes parts autour de moi. J’essayai de voir d’où elles pouvaient provenir mais rien n’indiquait qu’une source de chaleur se trouvait à proximité. Alors que je baissais les yeux une fois de plus, à la recherche de l’origine des volutes, mon regard se posa sur mon bras droit. Le chemisier noir que je portais était parsemé de petites tâches beiges à peine plus large que des gouttes d’eau. Et tandis que je rapprochais mon bras de mon visage pour inspecter ces petites tâches, je m’aperçus qu’en fait de tâches, il s’agissait de petits trous laissant apparaitre ma peau. Aussitôt, je passai en revue le reste de ma tenue pour m’apercevoir que la totalité de mon chemisier, de mon jean mais aussi de mes bottes en cuir était marquetée de petites alvéoles beiges.

- Que… Qu’est-ce qui s’est passé ? Demandai-je à Thomas, complètement paniquée.

Le loup était assis par terre à l’opposé de moi et semblait se tenir le plus loin possible.

- C’est à moi que tu le demandes ? Tes vêtements ont pratiquement brulé sur toi mais il n’y avait aucune flamme à part celles dans tes yeux. Et tu étais brûlante, Lucinda, vraiment brûlante. Me dit Thomas en m’exposant ses mains, paumes en avant. La peau était rouge vif et semblait comme fondue par endroit.

- Oh mon dieu, Thomas, tes mains… qu’est-ce ce que… c’est moi qui t’ai fait ça ? Lui demandai-je horrifiée. Mais que m’arrivait-il, je n’y comprenais vraiment rien. Tous les événements de la soirée tournaient dans ma tête et la peur que m’inspirait le dernier en date ne m’aidait pas à me calmer. Ma vision devint soudain trouble tandis que la panique me submergeait et le monde autour de moi se teinta de rouge, une intense chaleur qui prenait naissance au fond de mon cœur, m’envahissait petit à petit et toutes pensées cohérentes semblaient déserter mon esprit.

- Lucinda !! Entendis-je alors hurler au loin. Lucinda, arrête-ça où on va tous y passer.

La voix ne m’était pas inconnue, en fait j’étais même sure de l’avoir déjà entendue. Au fond de moi, une petite voix me disait de m’y raccrocher, de revenir vers cette tonalité rassurante. Petit à petit, remontant le fil qui menait à ce son familier je recouvris l’usage de mes cinq sens et ma vision redevint claire. Le spectacle qui s’offrait à moi me laissa alors perplexe. Le vampire à l’air habituellement féroce s’était éloigné de vingt pas et me dévisageait, complètement terrifié. Quant à Thomas, les yeux plissés et la respiration haletante, il semblait se protéger de quelque chose, un bras placé contre son visage ruisselant de sueur. En pleine possession de mes moyens, je me redressai doucement et pris appui sur une main pour me relever. Une multitude de petits bouts de tissus et de cendre s’éparpillèrent autour de moi et je me retrouvai nue comme un ver en plein milieu du couloir. M’accroupissant précipitamment pour me dissimuler ne serait-ce qu’un peu, je poussai un cri de surprise mêlé d’effroi.

- Mais qu’est-ce qui se passe ? C’est… c’est pas possible, je n’y comprends rien. La panique revenait au galop. La brûlure, mes vêtements disparus, la sensation de ne rien maîtriser, et les yeux de mon ami… ces yeux emplis de frayeur, tout cela était en train de me rendre folle. Soudain, un choc brutal me fit perdre l’équilibre, me forçant à m’asseoir sur mes fesses. Thomas venait de se jeter sur moi, m’entourant de ses deux bras et me serrant fort, très fort.

- Lucinda, arrête-ça et reprends-toi. Me dit-il dans le creux de l’oreille. Je sais que c’est dur mais tu dois te contrôler, pour moi, pour Michael. A ce rythme tu vas tout consumer et toi aussi par la même occasion. Je ne veux pas te perdre.

Ces six derniers mots eurent, sur moi, l’effet d’une douche froide. Je devais me reprendre et vite. Les paroles du loup résonnaient à mes oreilles comme une bouée de sauvetage. Petit à petit, la panique fit place au calme et je me promettais de rester dans cet état d’esprit à partir de maintenant, et quel que soit les découvertes à venir.

- Je… je vais bien Thomas. Ca va aller maintenant, tu peux me lâcher. Lui dis-je, à moitié étouffée par son étreinte.

- Tu es sure ? Tu ne vas pas te remettre à paniquer ? Me demanda-t-il d’une voix sincèrement inquiète.

- Non c’est bon, j’ai retrouvé mes esprits, et maintenant j’ai besoin que tu me dises ce qui vient de se passer. Lui expliquai-je toujours écrasée contre son torse puissant. Tout doucement, comme s’il craignait que je me remette à paniquer, Thomas desserra sa prise sur moi, me permettant d’inspirer profondément, ce qui eut pour effet de m’éclaircir un peu plus les idées.

- Merci Thomas, sans toi je… Nom d’un chien mais je suis nue ! M’écriai-je, tentant de recouvrir ma poitrine de mes bras.

Le loup se détourna aussitôt, me laissant le peu d’intimité que je pouvais espérer, en revanche, je notais que « Terminator » n’en perdait pas une miette.

- Tiens, prends-ça. Me dit le lycan en me tendant sa veste de costume qu’il venait de retirer. Je m’empressai de l’enfiler, bloquant au passage la vue que le vampire semblait trouver intéressante. La veste n’était pas du tout à ma taille et me recouvrait les cuisses jusqu’au haut des genoux. Je remerciai le ciel que Thomas soit si grand et moi si petite.

Quelques secondes plus tard, je signifiais à mon ami qu’il pouvait se retourner et l’exhortais à me raconter la scène qui venait de se produire et dont je ne gardais pas de réel souvenir.

- Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé, mais tout à coup tu t’es mise à irradier une telle chaleur que le couloir dans lequel nous nous trouvons est devenu quasiment irrespirable, la température est montée d’un coup et tes vêtements se sont entièrement consumés sur toi. M’annonçât-il, visiblement très impressionné par la situation. Même tes bottes y sont passées.

Accompagnant l’action à la parole, le loup me tendit un petit bout de cuir encore fumant.

- Je ne comprends pas vraiment mais dernièrement j’ai eu l’impression que mon pouvoir s’intensifiait. Tu crois qu’il y a un rapport avec ça ? Lui demandai-je, pourtant consciente que si je n’avais pas la réponse à cette question, il y avait peu de chance que lui, la détienne.

- Je l’ignore, mais ça semble assez probable. En tout cas, ce qui est sûr c’est que cette crise a été provoquée par tes sentiments, alors je ne saurais trop te conseiller de garder ton calme jusqu’à ce qu’on en sache plus. Et tandis qu’il finissait sa phrase, Thomas reporta son regard vers les profondeurs sombres du couloir, vers les réponses qui nous manquaient.

 

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