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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 17:28

Nous avions repris notre progression dans le tunnel souterrain. Le vampire qui nous guidait avait augmenté la distance qui nous séparait de plusieurs mètres et jetait, de temps en temps, des coups d’œil inquiets dans ma direction. J’étais en train de me demander si je parvenais réellement à effrayer une énorme créature assoiffée de sang à moi toute seule, quand la créature en question s’immobilisa brusquement devant une porte blanche à la poignée dorée. Alors que je m’approchais, « Terminator » fit quelques pas en arrière pour laisser de la distance entre nous. Bon c’était vraiment moi, mon mètre soixante et mes cinquante-huit petits kilos toute mouillée qui lui fichaient la frousse, et en toute honnêteté, je ne pus m’empêcher de sentir une certaine fierté s’emparer de moi, alors qu’il me passait en revue, sur le qui-vive.

Arrivée devant le seuil, j’interrogeai le vampire du regard et celui-ci me fit signe, d’un hochement de tête, que la porte était notre destination finale. Décidemment, notre guide n’était pas un bavard. Dommage, j’aurais pu payer cher pour l’entendre dire un « I’ll be back » au moment de nous quitter.

Je tournai la tête vers Thomas, qui me sourit pour m’encourager à accomplir ce pour quoi j’étais venue ici. Je frappai trois petits coups secs à la porte, ne sachant si ma patiente était consciente ou non.

- Entrez ! Me répondit une petite voix féminine, à peine audible de l’autre côté de la porte.

Le loup garou à ma suite, je pénétrai dans une pièce faiblement éclairée. Ça me changerait ! Mes yeux, déjà habitués à l’obscurité qui régnait partout dans le repaire des vampires, balayèrent ce qui semblait être une chambre de petite fille. Les tentures qui camouflaient les murs de pierre, étaient roses bonbon. Au sol, un large tapis qui recouvrait presque la totalité de la surface de la pièce, reprenait le ton rosé de la descente de lit. Celui-ci occupait la majeure partie de la chambre, mais même sans cette taille démesurée, il se serait fait remarqué par l’incongruité de sa présence en ces lieux. Couvert de coussins de la même couleur que celle qui prédominait dans la pièce, le lit était surplombé d’un baldaquin de taffetas auquel étaient accrochés des petits nœuds blancs raccordés entre eux par de longs et fins cordons dorés. De part et d’autre de l’immense sommier étaient disposées deux petites tables de chevet blanches qui accueillaient chacune un vase orné d’un splendide bouquet de rose rouge. Le parfum de ces dernières, parvenait à m’atteindre alors que j’avais à peine dépassé le seuil. Eparpillées un peu partout dans la chambre, des dizaines de petites bougies, donnaient à l’ensemble, une impression de scintillement comme si des petites étoiles s’étaient ajoutées à la partie. Dieu du ciel, j’étais dans la chambre merveilleuse de cendrillon !

M’attendant à découvrir un visage enfantin coiffé de petites couettes retenues par des rubans roses, je cherchai dans l’amas de coussins et de couvertures molletonnées, la maîtresse des lieux. Et je dus retenir la partie inférieure de ma mâchoire qui menaçait de se décrocher, lorsqu’une magnifique jeune femme à la peau pâle m’adressa un signe de la main, un sourire doux aux lèvres. Elle était sans nul doute, la plus belle personne qu’il m’ait été donné de voir. Son visage aux trait fins et aériens faisait penser à celui d’un ange, effet renforcé par une chevelure blonde dorée qui retombait sur ses épaules, devant sa poitrine parfaitement arrondie, et se terminait sous les lourdes couvertures qui la couvraient jusqu’à la taille. Ses grands yeux bleus, légèrement plissés, accompagnaient un sourire qui se dessinait sur ses lèvres pulpeuses.

Incapable de rester de glace devant tant de beauté, je lui rendis son sourire, à moitié hypnotisée par l’aura qu’elle dégageait.

- Mademoiselle Walker, je suis ravie que vous ayez accepté notre invitation. Me dit-elle de sa petite voix aux intonations délicates.

- Eh… eh bien, la demande a été tellement courtoise, je ne pouvais décemment pas refuser pour une ou deux étagères fracassées. Lui répondis-je, partagée entre l’émerveillement de la scène actuelle et l’agacement dû aux souvenirs de la nuit passée, alors que Michael et Noah s’en étaient donnés à cœur joie dans mon bureau.

La jeune fille émit un petit son discret que j’imaginai être un petit rire.

- J’ai, en effet, entendu parler des exploits de notre cher Noah, mademoiselle Walker. Continua-t-elle.

- Vous pouvez m’appeler Lucinda. M’entendis-je prononcer sans vraiment m’en rendre compte. Elle respirait la candeur et la fragilité. Tout en elle, me poussait irrémédiablement à vouloir la protéger. Mais qu’est-ce qu’elle faisait dans cet endroit, entourée de froufrous, telle une poupée de porcelaine conservée dans une vitrine ?

- Dans ce cas, appelez-moi Sorcha.

Sorcha; même son nom était délicat.

- Quelle coïncidence, s’écria-t-elle soudain très excitée, nos prénoms signifient tous les deux « lumière », vous en latin et moi en gaélique.

Le sourire qui venait de se former sur ses lèvres ressemblait à celui d’une enfant, et je ne pus m’empêcher de lui sourire, de nouveau, en retour.

- Ils possèdent peut-être le même sens mais le vôtre est beaucoup plus élégant que le mien, et vous le portez très bien, malgré le lieu dans lequel vous vivez. Ne pus-je m’empêcher d’ajouter. Son sourire se fit plus triste, à l’instant même où je prononçai ces derniers mots.

- Je suis désolée, si je vous parais un peu rude mais qu’est-ce qu’une humaine telle que vous fait ici ? Vous n’avez pas l’air d’une de ces fanatiques gothiques qui ne rêvent que d’être transformées sans connaître les conséquences d’un tel acte. Demandai-je à la jeune femme. Sorcha se mit à jouer avec ses doigts, l’air un peu gênée.

- Je suis son trésor. Commença-t-elle par répondre. Je ne peux pas sortir, je pourrais mourir.

L’air très affectée de la jeune fille me frappa tandis qu’elle prononçait ces mots. Elle paraissait si jeune, si fragile et je compris soudain ce qui m’avait échappé jusqu’à maintenant, malgré le décor qui s’étalait sous mes yeux. Une petite fille, elle était une petite fille dans le corps d’une femme.

- C’est le Maître qui vous a menacé de vous tuer si vous sortiez ? Vous êtes sa prisonnière ? Demandai-je, cherchant une explication.

- Mais non. Me répondit-elle en levant les yeux et en insistant exagérément sur le dernier mot. Mais si je sors, je peux rencontrer des choses dangereuses, des choses qui me veulent du mal, des choses comme… Elle s’interrompit puis regarda Thomas à côté de moi. Des choses comme lui.

Je regardai le loup. Celui-ci avait l’air perplexe et je le comprenais. Pensait-elle qu’il était dangereux parce que c’était un homme ou pensait-elle qu’il était dangereux parce qu’il était un loup garou ? Et dans ce cas, comment savait-elle qu’il en était un ? Mais avant de pouvoir lui poser la question, Sorcha reprit la parole.

- Mais l’autre soir, les étoiles m’ont appelée. Elles m’ont dit que je devais sortir pour pouvoir me parler.

Seigneur, elle était folle ! Une petite fille dans le corps d’une femme, prisonnière des vampires depuis je ne savais combien d’années. Pas étonnant !

Mais le loup ne semblait pas arriver à la même conclusion que moi. Les yeux grands ouverts comme s’il venait de réaliser quelque chose, il tourna sa tête vers moi.

- Lucinda, c’est une extralucide. Me chuchota-t-il à l’oreille. Et je pense qu’elle détient effectivement des réponses sur ton pouvoir.

Mon regard se reporta sur la jeune fille qui me regardait avec un air de triomphe comme pour confirmer ce que Thomas venait de me dire. Si comme le pensait le lycan, Sorcha était une voyante, alors ça expliquait que le Maitre la conserve auprès de lui, et en bonne santé.

- Et… Et que vous ont dit les étoiles ? L’interrogeai-je, pleine d’espoir.

- Chut. Fit-elle, plaçant son index devant sa bouche. Je n’ai le droit de vous le dire que si vous me soignez. Finit-elle avec un air de conspiratrice. Voilà qui me ramenait à la réalité. Je ne devais pas oublier que j’étais là pour accomplir une tâche particulière, et que, au-delà du long couloir qui nous avait mené ici, Michael et Van étaient en difficulté, sans doute aux prises avec le Maître. Je n’avais déjà perdu que trop de temps avec ma petite démonstration de force involontaire, un peu plus tôt, dans le couloir.

- Et où avez-vous mal, Sorcha ? Elle ne me semblait pas malade, son teint était peut-être un peu pâle mais pour une jeune fille condamnée à ne jamais voir la lumière du jour, il n’y avait rien d’étonnant.

- Quand je suis sortie parler aux étoiles, il y a soudain eu un grand choc, et quand je me suis réveillée, j’étais allongée dans mon lit et…

Encore une fois, elle ne finit pas sa phrase, mais à la place, souleva les couvertures qui lui couvrait les jambes jusqu’à la taille. Retenant un cri d’horreur, je portai ma main à ma bouche. Ce qui, à un moment, avait dû être de fines jambes d’un blanc pâle, ressemblaient à présent à un assemblage grossier de chair tuméfiée et de bouts d’os pointant dans toutes les directions. Malgré la faible luminosité apportée par les bougies, on pouvait parfaitement voir que pas un centimètre carré de peau n’était épargné par les ecchymoses, se déclinant en vert, bleu, orange et rouge.

Au cours de mes activités pour le compte de la meute, j’avais sans doute vu pire, mais ce genre de blessures n’a pas le même effet sur un loup fort et robuste, et sur une frêle humaine sans doute plus jeune que moi.

- Mais qu’est-ce qui s’est passé ? M’écriai-je sans pouvoir me contenir. Thomas me jeta un coup d’œil inquiet et Sorcha sursauta. Une douleur indescriptible s’inscrivit sur son visage. La pauvre devait souffrir le martyr.

- C’est une voiture. Comme je regardais le ciel, je n’ai pas vu la voiture foncer sur moi. Dit-elle après un moment. Je fronçai les sourcils.

- Vous en êtes sure ? Lui demandai-je. C’est bizarre.

Thomas m’adressa un regard interrogateur. Je me tournai vers lui pour lui expliquer le fond de ma pensée.

- As-tu déjà vu à quoi ressemblait une personne renversée par un véhicule ? Les blessures ne devraient pas se situer seulement au niveau de ses jambes mais sur tout son corps, hors elle ne semble blessée nulle part ailleurs. Expliquai-je.

- En effet, mademoiselle Walker. Résonna une voix derrière moi. Le Maître venait de faire son entrée dans la pièce et une vague de rage m’envahit en entendant sa voix. Thomas me prit la main pour m’aider à m’apaiser.

- Que faites-vous là ? Et qu’avez-vous fait à Michael et Van ? M’empressai-je de lui demander.

- Avant tout, sachez que je n’ai pas à me justifier quand à ma présence sur mon propre territoire. Quand à vos amis, ils n’ont rien, du moins pour l’instant. Nous avons eu une conversation des plus courtoise, quoique très intéressante. Répliqua-t-il en se rendant au chevet de Sorcha. Il lui prit délicatement la main et la jeune fille lui sourit doucement. Comment un être aussi abject, pouvait-il faire preuve de tant de bienveillance à l’égard d’autrui ? Me fis-je la remarque. Tournant son regard rouge sang vers moi, il me détailla des pieds à la tête.

- Vous avez décidé de changer de tenue, mademoiselle Walker ? C’est un style… hum… intéressant. Déclara-t-il tout en lorgnant mes jambes nues. J’imagine assez bien ce qui s’est produit sur le chemin de la chambre. En fait nous l’avons tous ressenti. C’était une vague de pouvoir particulièrement forte, et j’ai dû user de toute la persuasion dont j’étais capable pour empêcher votre alpha de vous rejoindre.

Ce fut au tour de Thomas d’intervenir.

- Que leur avez-vous fait ? Grogna-t-il.

Je resserrai ma main autour de la sienne dans l’espoir de lui apporter le réconfort qu’il m’avait transmis un peu plus tôt.

- Moi ? Rien du tout. En revanche je les ai laissés en bonne compagnie, aussi, peut-être devriez-vous vous dépêcher d’accomplir ce pour quoi vous êtes venue, et les rejoindre le plus tôt possible. Dit le Maître, un sourire manipulateur sur les lèvres.

- Bien, dans ce cas, je vais avoir besoin d’eau dès la fin de la guérison. Annonçai-je immédiatement.

- Il y a une petite salle de bain, derrière la tenture. M’indiqua-t-il en me montrant le mur opposé.

- Dans ce cas, veuillez tous sortir de la pièce, je vais devoir me concentrer.

- Je ne bougerai pas d’ici. L’occasion de vous voir à l’œuvre, est trop belle. Dit le Maître.

- Et dans ce cas, je ne te laisserai pas seul avec lui, Lucinda. Ajouta Thomas.

Bon, j’allais devoir faire avec. Je levai néanmoins les yeux aux ciel pour signifier mon irritation.

- Bien, reculez-vous au moins, que je puisse m’en occuper correctement.

Le Maître fit deux pas en arrière. Mouais, ça allait devoir suffire !

 

Je devais me concentrer deux fois plus lorsque je guérissais un humain que lorsque je guérissais un loup. Et pour cause, je devais envoyer une quantité de pouvoir beaucoup plus importante, n’étant pas aidée par la capacité récupératrice lycanthrope.

Je poussai donc un peu plus loin, un peu plus fort, le flux d’énergie si familier. Déjà, je sentais les cellules de Sorcha, se remplir de vie sous mon action, les os se reformaient petit à petit, et sa peau semblait déjà reprendre une couleur plus naturelle.

Mais soudain, un picotement, lui aussi familier, me parcourut le bout des doigts. Je me concentrai plus encore pour tenter de découvrir ce qui l’avait provoqué. Le courant guérisseur revenait en moi, tout doucement, alors que le rétablissement de Sorcha n’était pas complet. Je tentai de le renvoyer en elle, mais il me revenait avec plus de puissance à chaque fois. C’était la première fois que mon pouvoir agissait de la sorte et je ne comprenais pas ce qui se passait. Rouvrant les yeux, je vérifiai l’état des jambes de la jeune fille. Il restait encore quelques fractures, même si la plupart d’entre elles avaient été remises. Une profonde éraflure balafrait encore le mollet droit et des ecchymoses parsemaient encore, sporadiquement, l’une des cuisses. Non, la guérison, n’était définitivement pas achevée, alors pourquoi le flux d’énergie revenait-il en moi, comme si tout ce qu’il pouvait faire, était fait ?

Je poussai de nouveau le courant hors de moi, le renvoyant une énième fois en Sorcha, traquant la blessure de sa cuisse, je l’accompagnai de toute ma force, de toute ma volonté, et l’amenai bientôt au bord de la plaie ouverte. J’avais besoin de toute ma concentration pour le maintenir en place et l’empêcher de rebrousser chemin. Mais au lieu d’agir comme à son habitude, le flux demeurait inactif et se contentait de vouloir revenir vers moi. Bon sang, mais que m’arrivait-il ? D’abord la brûlure dans le couloir, et maintenant ça. Je n’y comprenais plus rien. J’étais perdue dans mes pensées quand une petite voix me fit sursauter.

- Tu n’es qu’un cachottier. Tu ne lui as pas tout dit. Chantonna Sorcha à côté de moi.

Je fixai la jeune femme, perplexe, puis reportai mon regard vers celui auquel elle s’était adressée, le Maître.

- Si vous me cachez quelque chose, c’est le moment ou jamais de me le dire, je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps.

Le vampire sembla hésiter puis ouvrit la bouche pour parler.

- Sorcha n’est pas qu’une simple humaine, elle est aussi ma fille.

Le choc que me provoqua cette révélation, me fit perdre toute emprise sur mon courant d’énergie, qui en profita pour se ruer à l’intérieur de moi. La douleur que me causa ce retour précipité de mon pouvoir chargé des blessures de la jeune femme, me fit pousser un cri étouffé.

Thomas prit le relais, n’étant pas capable de sortir un seul mot.

- Comment ça votre fille ? Vous… vous voulez dire qu’elle est à moitié vampire ? Mais c’est impossible. S’indigna-t-il. Un corps mort, ne peut pas donner la vie avec un vivant.

- La mère de Sorcha était une humaine mais son clan était depuis bien longtemps, dépositaire de pouvoirs extraordinaires. Grâce à cela, nous avons été capables de concevoir notre descendance. Expliqua le Maître.

- Mais… mais je ne… je ne peux pas ramener à la vie. Exposai-je à mon tour. La partie vampire de Sorcha… je ne peux pas la soigner.

- Vous le pouvez. Affirma cette dernière. S’il y a bien une personne qui puisse le faire, c’est vous, l’héritière de la messagère et du banni.

Je la fixai avec des yeux ronds, incapable de comprendre le sens de ses paroles.

- Qu’est-ce que… qu’est-ce que ça signifie ? Bafouillai-je, l’implorant presque du regard. La douleur me tiraillait de toute part et je devais me battre contre moi-même pour ne pas m’évanouir. Sorcha déposa sa main fragile sur ma joue.

- C’est ce que m’ont dit les étoiles ce soir-là. « L’héritière de la messagère et du banni se réveille au contact des loups, et bientôt son pouvoir apportera, soit la guérison des morts, soit la destruction des vivants. » Récita-t-elle comme si elle répétait une prière. Mais malheureusement, petite lumière perdue dans les ténèbres, je ne fais que répéter ce que me disent les étoiles, le sens de cette phrase, c’est vous qui devrez le trouver.

Visiblement inquiet, Thomas se rapprocha et me prit par les épaules.

- Lucinda, pour l’instant tu devrais filer sous l’eau. Tu as l’air de beaucoup souffrir.

Et accompagnant le geste à la parole, il me souleva de terre et me dirigea vers le mur opposé.

- Attends ! L’interrompis-je. Je veux essayer, encore.

Le loup fronça les sourcils de désapprobation, mais me redéposa aux côtés de Sorcha.

Faisant appel à toute la concentration qui me restait, je renvoyai le flux guérisseur vers ses jambes. La brûlure s’intensifiait de plus en plus et je sentais que je n’allais pas pouvoir continuer comme ça très longtemps. Je m’efforçais de faire stagner le courant où les blessures étaient les plus graves, mais je sentais que j’allais perdre pied très bientôt. Rassemblant mes dernières forces, je puisai au fond de moi le peu de pouvoir encore à ma disposition, et c’est alors que quelque chose se produisit en moi. Tandis que je tirais aussi fort que possible sur le fin filament qui rattachait mon pouvoir à mon corps, je le sentis s’effilocher, se déliter petit à petit. L’espace d’un instant, je crus que j’allais perdre tout ce qui me reliait à lui, mais de la fissure provoquée par le déracinement de mon pouvoir, jaillit une chaleur qui balaya tout sur son passage, la douleur, la brûlure, la fatigue. Elle se propageait dans tout mon corps et jusqu’à mes mains que je posais précipitamment sur les jambes de Sorcha, cherchant un réceptacle où pourrait s’écouler tant de puissance. En un éclair, la chaleur passa de mes mains à l’air les entourant, pour s’engouffrer presque immédiatement dans les interstices blessés des jambes de la jeune femme. Elle émit un hoquet bref au moment même où la chaleur l’envahit à son tour. Le spectacle qui s’offrait à nous était parfaitement hallucinant. Là où les plaies étaient béantes, une douce lumière jaillissait et l’instant d’après, la plaie se refermait, laissant la peau lisse et parfaitement saine. Puis la lumière s’attaquait à une autre blessure et ainsi de suite. Bientôt les jambes de Sorcha retrouvèrent une totale intégrité. Il n’y avait plus aucune trace de blessures ou de fractures, pas même une infime trace rosée comme celle qui restait lorsque je soignais les loups habituellement. Une fois son travail achevé, la chaleur lumineuse s’échappa de Sorcha par les pores de sa peau, et un instant, les jambes de la jeune fille luisirent dans l’obscurité ambiante. Cherchant à regagner mon corps, la chaleur se dirigea vers moi et je tendis les mains en avant pour la recevoir. J’attendais la morsure du feu qui n’allait pas tarder à me submerger, mais rien ne se produisit, rien, à part un grand calme, une sérénité que je n’avais jamais ressentie jusqu’alors.

Sorcha sauta sur ses jambes et se mit à sautiller partout dans sa longue chemise de nuit de dentelle blanche, telle une Nymphe dans un jardin en fleur.

- Regardez père, elle a réussi.

 

Suite>>

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commentaires

Y
Troooooooop bien ma Camille !!!!! Mais... mais.... le prochain... je vais mourir !!!
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C
<br /> <br /> courage<br /> <br /> <br /> <br />