Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Contact

           Pour un petit message perso, n'hésitez pas à laisser un commentaire à la fin des chapitres ou sur la

Page Facebook

Recherche

Mes liens favoris

39781310150485020867935

600px header fond kissofmagic.

Sans titre-1-copie-1

boutonlien

Sans titre

ban an10

Sans titre-copie-1

14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 17:28

Nous avions repris notre progression dans le tunnel souterrain. Le vampire qui nous guidait avait augmenté la distance qui nous séparait de plusieurs mètres et jetait, de temps en temps, des coups d’œil inquiets dans ma direction. J’étais en train de me demander si je parvenais réellement à effrayer une énorme créature assoiffée de sang à moi toute seule, quand la créature en question s’immobilisa brusquement devant une porte blanche à la poignée dorée. Alors que je m’approchais, « Terminator » fit quelques pas en arrière pour laisser de la distance entre nous. Bon c’était vraiment moi, mon mètre soixante et mes cinquante-huit petits kilos toute mouillée qui lui fichaient la frousse, et en toute honnêteté, je ne pus m’empêcher de sentir une certaine fierté s’emparer de moi, alors qu’il me passait en revue, sur le qui-vive.

Arrivée devant le seuil, j’interrogeai le vampire du regard et celui-ci me fit signe, d’un hochement de tête, que la porte était notre destination finale. Décidemment, notre guide n’était pas un bavard. Dommage, j’aurais pu payer cher pour l’entendre dire un « I’ll be back » au moment de nous quitter.

Je tournai la tête vers Thomas, qui me sourit pour m’encourager à accomplir ce pour quoi j’étais venue ici. Je frappai trois petits coups secs à la porte, ne sachant si ma patiente était consciente ou non.

- Entrez ! Me répondit une petite voix féminine, à peine audible de l’autre côté de la porte.

Le loup garou à ma suite, je pénétrai dans une pièce faiblement éclairée. Ça me changerait ! Mes yeux, déjà habitués à l’obscurité qui régnait partout dans le repaire des vampires, balayèrent ce qui semblait être une chambre de petite fille. Les tentures qui camouflaient les murs de pierre, étaient roses bonbon. Au sol, un large tapis qui recouvrait presque la totalité de la surface de la pièce, reprenait le ton rosé de la descente de lit. Celui-ci occupait la majeure partie de la chambre, mais même sans cette taille démesurée, il se serait fait remarqué par l’incongruité de sa présence en ces lieux. Couvert de coussins de la même couleur que celle qui prédominait dans la pièce, le lit était surplombé d’un baldaquin de taffetas auquel étaient accrochés des petits nœuds blancs raccordés entre eux par de longs et fins cordons dorés. De part et d’autre de l’immense sommier étaient disposées deux petites tables de chevet blanches qui accueillaient chacune un vase orné d’un splendide bouquet de rose rouge. Le parfum de ces dernières, parvenait à m’atteindre alors que j’avais à peine dépassé le seuil. Eparpillées un peu partout dans la chambre, des dizaines de petites bougies, donnaient à l’ensemble, une impression de scintillement comme si des petites étoiles s’étaient ajoutées à la partie. Dieu du ciel, j’étais dans la chambre merveilleuse de cendrillon !

M’attendant à découvrir un visage enfantin coiffé de petites couettes retenues par des rubans roses, je cherchai dans l’amas de coussins et de couvertures molletonnées, la maîtresse des lieux. Et je dus retenir la partie inférieure de ma mâchoire qui menaçait de se décrocher, lorsqu’une magnifique jeune femme à la peau pâle m’adressa un signe de la main, un sourire doux aux lèvres. Elle était sans nul doute, la plus belle personne qu’il m’ait été donné de voir. Son visage aux trait fins et aériens faisait penser à celui d’un ange, effet renforcé par une chevelure blonde dorée qui retombait sur ses épaules, devant sa poitrine parfaitement arrondie, et se terminait sous les lourdes couvertures qui la couvraient jusqu’à la taille. Ses grands yeux bleus, légèrement plissés, accompagnaient un sourire qui se dessinait sur ses lèvres pulpeuses.

Incapable de rester de glace devant tant de beauté, je lui rendis son sourire, à moitié hypnotisée par l’aura qu’elle dégageait.

- Mademoiselle Walker, je suis ravie que vous ayez accepté notre invitation. Me dit-elle de sa petite voix aux intonations délicates.

- Eh… eh bien, la demande a été tellement courtoise, je ne pouvais décemment pas refuser pour une ou deux étagères fracassées. Lui répondis-je, partagée entre l’émerveillement de la scène actuelle et l’agacement dû aux souvenirs de la nuit passée, alors que Michael et Noah s’en étaient donnés à cœur joie dans mon bureau.

La jeune fille émit un petit son discret que j’imaginai être un petit rire.

- J’ai, en effet, entendu parler des exploits de notre cher Noah, mademoiselle Walker. Continua-t-elle.

- Vous pouvez m’appeler Lucinda. M’entendis-je prononcer sans vraiment m’en rendre compte. Elle respirait la candeur et la fragilité. Tout en elle, me poussait irrémédiablement à vouloir la protéger. Mais qu’est-ce qu’elle faisait dans cet endroit, entourée de froufrous, telle une poupée de porcelaine conservée dans une vitrine ?

- Dans ce cas, appelez-moi Sorcha.

Sorcha; même son nom était délicat.

- Quelle coïncidence, s’écria-t-elle soudain très excitée, nos prénoms signifient tous les deux « lumière », vous en latin et moi en gaélique.

Le sourire qui venait de se former sur ses lèvres ressemblait à celui d’une enfant, et je ne pus m’empêcher de lui sourire, de nouveau, en retour.

- Ils possèdent peut-être le même sens mais le vôtre est beaucoup plus élégant que le mien, et vous le portez très bien, malgré le lieu dans lequel vous vivez. Ne pus-je m’empêcher d’ajouter. Son sourire se fit plus triste, à l’instant même où je prononçai ces derniers mots.

- Je suis désolée, si je vous parais un peu rude mais qu’est-ce qu’une humaine telle que vous fait ici ? Vous n’avez pas l’air d’une de ces fanatiques gothiques qui ne rêvent que d’être transformées sans connaître les conséquences d’un tel acte. Demandai-je à la jeune femme. Sorcha se mit à jouer avec ses doigts, l’air un peu gênée.

- Je suis son trésor. Commença-t-elle par répondre. Je ne peux pas sortir, je pourrais mourir.

L’air très affectée de la jeune fille me frappa tandis qu’elle prononçait ces mots. Elle paraissait si jeune, si fragile et je compris soudain ce qui m’avait échappé jusqu’à maintenant, malgré le décor qui s’étalait sous mes yeux. Une petite fille, elle était une petite fille dans le corps d’une femme.

- C’est le Maître qui vous a menacé de vous tuer si vous sortiez ? Vous êtes sa prisonnière ? Demandai-je, cherchant une explication.

- Mais non. Me répondit-elle en levant les yeux et en insistant exagérément sur le dernier mot. Mais si je sors, je peux rencontrer des choses dangereuses, des choses qui me veulent du mal, des choses comme… Elle s’interrompit puis regarda Thomas à côté de moi. Des choses comme lui.

Je regardai le loup. Celui-ci avait l’air perplexe et je le comprenais. Pensait-elle qu’il était dangereux parce que c’était un homme ou pensait-elle qu’il était dangereux parce qu’il était un loup garou ? Et dans ce cas, comment savait-elle qu’il en était un ? Mais avant de pouvoir lui poser la question, Sorcha reprit la parole.

- Mais l’autre soir, les étoiles m’ont appelée. Elles m’ont dit que je devais sortir pour pouvoir me parler.

Seigneur, elle était folle ! Une petite fille dans le corps d’une femme, prisonnière des vampires depuis je ne savais combien d’années. Pas étonnant !

Mais le loup ne semblait pas arriver à la même conclusion que moi. Les yeux grands ouverts comme s’il venait de réaliser quelque chose, il tourna sa tête vers moi.

- Lucinda, c’est une extralucide. Me chuchota-t-il à l’oreille. Et je pense qu’elle détient effectivement des réponses sur ton pouvoir.

Mon regard se reporta sur la jeune fille qui me regardait avec un air de triomphe comme pour confirmer ce que Thomas venait de me dire. Si comme le pensait le lycan, Sorcha était une voyante, alors ça expliquait que le Maitre la conserve auprès de lui, et en bonne santé.

- Et… Et que vous ont dit les étoiles ? L’interrogeai-je, pleine d’espoir.

- Chut. Fit-elle, plaçant son index devant sa bouche. Je n’ai le droit de vous le dire que si vous me soignez. Finit-elle avec un air de conspiratrice. Voilà qui me ramenait à la réalité. Je ne devais pas oublier que j’étais là pour accomplir une tâche particulière, et que, au-delà du long couloir qui nous avait mené ici, Michael et Van étaient en difficulté, sans doute aux prises avec le Maître. Je n’avais déjà perdu que trop de temps avec ma petite démonstration de force involontaire, un peu plus tôt, dans le couloir.

- Et où avez-vous mal, Sorcha ? Elle ne me semblait pas malade, son teint était peut-être un peu pâle mais pour une jeune fille condamnée à ne jamais voir la lumière du jour, il n’y avait rien d’étonnant.

- Quand je suis sortie parler aux étoiles, il y a soudain eu un grand choc, et quand je me suis réveillée, j’étais allongée dans mon lit et…

Encore une fois, elle ne finit pas sa phrase, mais à la place, souleva les couvertures qui lui couvrait les jambes jusqu’à la taille. Retenant un cri d’horreur, je portai ma main à ma bouche. Ce qui, à un moment, avait dû être de fines jambes d’un blanc pâle, ressemblaient à présent à un assemblage grossier de chair tuméfiée et de bouts d’os pointant dans toutes les directions. Malgré la faible luminosité apportée par les bougies, on pouvait parfaitement voir que pas un centimètre carré de peau n’était épargné par les ecchymoses, se déclinant en vert, bleu, orange et rouge.

Au cours de mes activités pour le compte de la meute, j’avais sans doute vu pire, mais ce genre de blessures n’a pas le même effet sur un loup fort et robuste, et sur une frêle humaine sans doute plus jeune que moi.

- Mais qu’est-ce qui s’est passé ? M’écriai-je sans pouvoir me contenir. Thomas me jeta un coup d’œil inquiet et Sorcha sursauta. Une douleur indescriptible s’inscrivit sur son visage. La pauvre devait souffrir le martyr.

- C’est une voiture. Comme je regardais le ciel, je n’ai pas vu la voiture foncer sur moi. Dit-elle après un moment. Je fronçai les sourcils.

- Vous en êtes sure ? Lui demandai-je. C’est bizarre.

Thomas m’adressa un regard interrogateur. Je me tournai vers lui pour lui expliquer le fond de ma pensée.

- As-tu déjà vu à quoi ressemblait une personne renversée par un véhicule ? Les blessures ne devraient pas se situer seulement au niveau de ses jambes mais sur tout son corps, hors elle ne semble blessée nulle part ailleurs. Expliquai-je.

- En effet, mademoiselle Walker. Résonna une voix derrière moi. Le Maître venait de faire son entrée dans la pièce et une vague de rage m’envahit en entendant sa voix. Thomas me prit la main pour m’aider à m’apaiser.

- Que faites-vous là ? Et qu’avez-vous fait à Michael et Van ? M’empressai-je de lui demander.

- Avant tout, sachez que je n’ai pas à me justifier quand à ma présence sur mon propre territoire. Quand à vos amis, ils n’ont rien, du moins pour l’instant. Nous avons eu une conversation des plus courtoise, quoique très intéressante. Répliqua-t-il en se rendant au chevet de Sorcha. Il lui prit délicatement la main et la jeune fille lui sourit doucement. Comment un être aussi abject, pouvait-il faire preuve de tant de bienveillance à l’égard d’autrui ? Me fis-je la remarque. Tournant son regard rouge sang vers moi, il me détailla des pieds à la tête.

- Vous avez décidé de changer de tenue, mademoiselle Walker ? C’est un style… hum… intéressant. Déclara-t-il tout en lorgnant mes jambes nues. J’imagine assez bien ce qui s’est produit sur le chemin de la chambre. En fait nous l’avons tous ressenti. C’était une vague de pouvoir particulièrement forte, et j’ai dû user de toute la persuasion dont j’étais capable pour empêcher votre alpha de vous rejoindre.

Ce fut au tour de Thomas d’intervenir.

- Que leur avez-vous fait ? Grogna-t-il.

Je resserrai ma main autour de la sienne dans l’espoir de lui apporter le réconfort qu’il m’avait transmis un peu plus tôt.

- Moi ? Rien du tout. En revanche je les ai laissés en bonne compagnie, aussi, peut-être devriez-vous vous dépêcher d’accomplir ce pour quoi vous êtes venue, et les rejoindre le plus tôt possible. Dit le Maître, un sourire manipulateur sur les lèvres.

- Bien, dans ce cas, je vais avoir besoin d’eau dès la fin de la guérison. Annonçai-je immédiatement.

- Il y a une petite salle de bain, derrière la tenture. M’indiqua-t-il en me montrant le mur opposé.

- Dans ce cas, veuillez tous sortir de la pièce, je vais devoir me concentrer.

- Je ne bougerai pas d’ici. L’occasion de vous voir à l’œuvre, est trop belle. Dit le Maître.

- Et dans ce cas, je ne te laisserai pas seul avec lui, Lucinda. Ajouta Thomas.

Bon, j’allais devoir faire avec. Je levai néanmoins les yeux aux ciel pour signifier mon irritation.

- Bien, reculez-vous au moins, que je puisse m’en occuper correctement.

Le Maître fit deux pas en arrière. Mouais, ça allait devoir suffire !

 

Je devais me concentrer deux fois plus lorsque je guérissais un humain que lorsque je guérissais un loup. Et pour cause, je devais envoyer une quantité de pouvoir beaucoup plus importante, n’étant pas aidée par la capacité récupératrice lycanthrope.

Je poussai donc un peu plus loin, un peu plus fort, le flux d’énergie si familier. Déjà, je sentais les cellules de Sorcha, se remplir de vie sous mon action, les os se reformaient petit à petit, et sa peau semblait déjà reprendre une couleur plus naturelle.

Mais soudain, un picotement, lui aussi familier, me parcourut le bout des doigts. Je me concentrai plus encore pour tenter de découvrir ce qui l’avait provoqué. Le courant guérisseur revenait en moi, tout doucement, alors que le rétablissement de Sorcha n’était pas complet. Je tentai de le renvoyer en elle, mais il me revenait avec plus de puissance à chaque fois. C’était la première fois que mon pouvoir agissait de la sorte et je ne comprenais pas ce qui se passait. Rouvrant les yeux, je vérifiai l’état des jambes de la jeune fille. Il restait encore quelques fractures, même si la plupart d’entre elles avaient été remises. Une profonde éraflure balafrait encore le mollet droit et des ecchymoses parsemaient encore, sporadiquement, l’une des cuisses. Non, la guérison, n’était définitivement pas achevée, alors pourquoi le flux d’énergie revenait-il en moi, comme si tout ce qu’il pouvait faire, était fait ?

Je poussai de nouveau le courant hors de moi, le renvoyant une énième fois en Sorcha, traquant la blessure de sa cuisse, je l’accompagnai de toute ma force, de toute ma volonté, et l’amenai bientôt au bord de la plaie ouverte. J’avais besoin de toute ma concentration pour le maintenir en place et l’empêcher de rebrousser chemin. Mais au lieu d’agir comme à son habitude, le flux demeurait inactif et se contentait de vouloir revenir vers moi. Bon sang, mais que m’arrivait-il ? D’abord la brûlure dans le couloir, et maintenant ça. Je n’y comprenais plus rien. J’étais perdue dans mes pensées quand une petite voix me fit sursauter.

- Tu n’es qu’un cachottier. Tu ne lui as pas tout dit. Chantonna Sorcha à côté de moi.

Je fixai la jeune femme, perplexe, puis reportai mon regard vers celui auquel elle s’était adressée, le Maître.

- Si vous me cachez quelque chose, c’est le moment ou jamais de me le dire, je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps.

Le vampire sembla hésiter puis ouvrit la bouche pour parler.

- Sorcha n’est pas qu’une simple humaine, elle est aussi ma fille.

Le choc que me provoqua cette révélation, me fit perdre toute emprise sur mon courant d’énergie, qui en profita pour se ruer à l’intérieur de moi. La douleur que me causa ce retour précipité de mon pouvoir chargé des blessures de la jeune femme, me fit pousser un cri étouffé.

Thomas prit le relais, n’étant pas capable de sortir un seul mot.

- Comment ça votre fille ? Vous… vous voulez dire qu’elle est à moitié vampire ? Mais c’est impossible. S’indigna-t-il. Un corps mort, ne peut pas donner la vie avec un vivant.

- La mère de Sorcha était une humaine mais son clan était depuis bien longtemps, dépositaire de pouvoirs extraordinaires. Grâce à cela, nous avons été capables de concevoir notre descendance. Expliqua le Maître.

- Mais… mais je ne… je ne peux pas ramener à la vie. Exposai-je à mon tour. La partie vampire de Sorcha… je ne peux pas la soigner.

- Vous le pouvez. Affirma cette dernière. S’il y a bien une personne qui puisse le faire, c’est vous, l’héritière de la messagère et du banni.

Je la fixai avec des yeux ronds, incapable de comprendre le sens de ses paroles.

- Qu’est-ce que… qu’est-ce que ça signifie ? Bafouillai-je, l’implorant presque du regard. La douleur me tiraillait de toute part et je devais me battre contre moi-même pour ne pas m’évanouir. Sorcha déposa sa main fragile sur ma joue.

- C’est ce que m’ont dit les étoiles ce soir-là. « L’héritière de la messagère et du banni se réveille au contact des loups, et bientôt son pouvoir apportera, soit la guérison des morts, soit la destruction des vivants. » Récita-t-elle comme si elle répétait une prière. Mais malheureusement, petite lumière perdue dans les ténèbres, je ne fais que répéter ce que me disent les étoiles, le sens de cette phrase, c’est vous qui devrez le trouver.

Visiblement inquiet, Thomas se rapprocha et me prit par les épaules.

- Lucinda, pour l’instant tu devrais filer sous l’eau. Tu as l’air de beaucoup souffrir.

Et accompagnant le geste à la parole, il me souleva de terre et me dirigea vers le mur opposé.

- Attends ! L’interrompis-je. Je veux essayer, encore.

Le loup fronça les sourcils de désapprobation, mais me redéposa aux côtés de Sorcha.

Faisant appel à toute la concentration qui me restait, je renvoyai le flux guérisseur vers ses jambes. La brûlure s’intensifiait de plus en plus et je sentais que je n’allais pas pouvoir continuer comme ça très longtemps. Je m’efforçais de faire stagner le courant où les blessures étaient les plus graves, mais je sentais que j’allais perdre pied très bientôt. Rassemblant mes dernières forces, je puisai au fond de moi le peu de pouvoir encore à ma disposition, et c’est alors que quelque chose se produisit en moi. Tandis que je tirais aussi fort que possible sur le fin filament qui rattachait mon pouvoir à mon corps, je le sentis s’effilocher, se déliter petit à petit. L’espace d’un instant, je crus que j’allais perdre tout ce qui me reliait à lui, mais de la fissure provoquée par le déracinement de mon pouvoir, jaillit une chaleur qui balaya tout sur son passage, la douleur, la brûlure, la fatigue. Elle se propageait dans tout mon corps et jusqu’à mes mains que je posais précipitamment sur les jambes de Sorcha, cherchant un réceptacle où pourrait s’écouler tant de puissance. En un éclair, la chaleur passa de mes mains à l’air les entourant, pour s’engouffrer presque immédiatement dans les interstices blessés des jambes de la jeune femme. Elle émit un hoquet bref au moment même où la chaleur l’envahit à son tour. Le spectacle qui s’offrait à nous était parfaitement hallucinant. Là où les plaies étaient béantes, une douce lumière jaillissait et l’instant d’après, la plaie se refermait, laissant la peau lisse et parfaitement saine. Puis la lumière s’attaquait à une autre blessure et ainsi de suite. Bientôt les jambes de Sorcha retrouvèrent une totale intégrité. Il n’y avait plus aucune trace de blessures ou de fractures, pas même une infime trace rosée comme celle qui restait lorsque je soignais les loups habituellement. Une fois son travail achevé, la chaleur lumineuse s’échappa de Sorcha par les pores de sa peau, et un instant, les jambes de la jeune fille luisirent dans l’obscurité ambiante. Cherchant à regagner mon corps, la chaleur se dirigea vers moi et je tendis les mains en avant pour la recevoir. J’attendais la morsure du feu qui n’allait pas tarder à me submerger, mais rien ne se produisit, rien, à part un grand calme, une sérénité que je n’avais jamais ressentie jusqu’alors.

Sorcha sauta sur ses jambes et se mit à sautiller partout dans sa longue chemise de nuit de dentelle blanche, telle une Nymphe dans un jardin en fleur.

- Regardez père, elle a réussi.

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 21:36

J’avançais prudemment dans le petit couloir que j’avais aperçu un peu plus tôt et par lequel était arrivé le Maître. Encore une fois, la lumière ne provenait que de quelques torches accrochées au mur et qui menaçait de mettre le feu à mes cheveux à chaque fois que je passais devant l’une d’elle. Et encore une fois, ne voyant pas mes pieds, Thomas était obligé de me rattraper à chaque fois que je trébuchais sur une aspérité du sol grossièrement taillé.

- Tu veux que je te porte sur mon dos ? Me demanda Thomas sans moquerie aucune dans le ton de sa voix. Il était sérieux et s’inquiétait vraiment pour moi, je le savais parfaitement.

- Non ça va aller, ne t’en fais pas. Mais merci pour la proposition et aussi pour ton aide, sans toi j’aurais déjà fini un nombre incalculable de fois le nez par terre. Lui répondis-je un peu honteuse de mon incapacité à rester sur mes pieds.

Le silence s’installa entre nous tandis que notre lente progression continuait. Mais la tension entre nous ne me plaisait pas. Je savais qu’il n’osait pas parler parce qu’il craignait que je l’interroge au sujet de ce qui avait été dit un peu plus tôt, mais n’y tenant plus je décidai de me lancer.

- Euh… tu… tu étais au courant pour Van ?

- Tu veux dire, que c’était un crétin ou qu’il descendait d’un héros de légende ? Me répondit-il, un sourire au coin des lèvres.

Je levai les yeux au ciel sans dissimuler le sourire que m’inspirait sa première hypothèse.

- En fait je le sais depuis le début, en tant que deuxième lieutenant, Michael m’a prévenu dès son arrivée parmi nous. M’annonça-t-il. Tu sais Lucinda, Van est loin d’être un jeune loup, alors quand il est arrivé, la plupart des loups les plus expérimentés de la meute ont ressenti la puissance qu’il dégageait et n’ont pas compris pourquoi il s’est contenté d’une place si basse dans la hiérarchie. Michael a eu besoin de nous, ses lieutenants, pour calmer les esprits de ceux qui prenaient ça pour une marque de faiblesse de la part de Van et qui l’accusait de ne pas prendre ses responsabilités et de profiter de la protection de la meute sans y apporter sa contribution.

- j’imagine, en effet, que ça n’a pas dû plaire à tout le monde. Mais dans ce cas, s’il était assez fort pour prendre une place plus élevée, pourquoi s’est-il contenté d’une place de dominé ? Excuse-moi Thomas mais ça me semble tellement être à l’opposé de son caractère. M’exclamai-je.

- Eh bien… hum… c’est-à-dire que ma réponse risque d’appeler une autre question et je ne sais pas si je peux t’en parler. La gêne dont faisait preuve Thomas me donnait envie d’en savoir plus.

- J’imagine que tu fais référence à ce qui s’est passé entre le Maître et Michael. Lui demandai-je légèrement irritée. Je ne sais pas ce qu’il y a de si inavouable entre eux mais si j’appartiens désormais à la meute, il me parait normal que je sois au courant de ce genre de choses non ?

Thomas poussa un long soupir et s’arrêta pour me faire face.

- J’imagine que tu as raison. Bon sang, je vais quand même me faire massacrer par le Boss mais bon, je pense que tu as le droit de savoir. Mais promets-moi de ne pas juger trop hâtivement Michael. M’avertit Thomas en me prenant par les épaules et en me regardant droit dans les yeux.

J’acquiesçai d’un hochement de tête.

- Très bien, dans ce cas, je vais te dire ce qui s’est passé à l’arrivé de Van dans la meute. Commença-t-il. Il y a dix ans, un loup blessé et affamé s’est présenté devant Michael et lui a demandé asile. C’était Van, il avait fui sa précédente meute qui voulait le vendre à des vampires en échange de leur protection. Sa généalogie l’a toujours forcé à éviter les vampires le plus possible. Il nous a appris un peu plus tard que c’était la septième meute qu’il fuyait à cause de ça. Il a bien essayé de vivre seul, mais comme tu le sais, les loups ne sont pas faits pour vivre en solitaire et il a failli devenir fou en quelques années. Quand il a senti que la solitude devenait dangereuse pour lui et les humains qu’il risquait d’attaquer, il a rejoint une meute. Mais comme les six précédentes avant elle, lorsque les vampires ont appris sa présence, ils sont venus le réclamer. Van Helsing a été maudit et ses descendants avec lui, les vampires se sont promis qu’ils ne leurs laisseraient aucun répits jusqu’à l’extermination totale de la lignée. A ce moment, Michael était…hum…comment dire… au service du Maître. Mais il n’a jamais refusé l’asile à un loup, et il a toujours pris le plus grand soin de chacun d’entre nous. Lucinda, tu dois bien comprendre que pour nous, notre alpha est presque érigé au rang de dieu, alors dans certaines meutes, le pouvoir monte à la tête du plus dominant, et c’est ce qui a valu à Van de se faire traquer durant quarante ans, mais c’est aussi ce qui fait que nous aimons et respectons tant Michael. Expliqua Thomas, une émotion qui semblait prête à le submerger à chaque instant, dans la voix.

J’étais pendue à ses lèvres et je n’en pouvais plus d’attendre la suite.

Après quelques secondes que Thomas employa pour se calmer, il reprit son explication.

- Alors il a pris Van sous son aile, en sachant les risques qu’il prenait et qu’il faisait prendre à Van. Mais ça ne l’a pas…

- Attends, une seconde, je ne comprends pas. L’interrompis-je. Depuis tout à l’heure vous tournez tous autour du pot, mais là, tu vas devoir me dire ce qui se passe exactement entre le Maître et Michael.

Thomas poussa un long soupir de découragement.

- J’y viens justement. Il y a dix-huit ans un nouveau vampire est arrivé à la tête du clan. Jusque-là, nos rapports avec eux étaient presque inexistants, nous nous contentions de les éviter. Mais un jour, après l’accession au pouvoir de ce nouveau vampire, Michael a été convoqué par celui-ci, et il nous a emmenés avec lui, Nathan et moi. A ce moment, nous étions déjà ses deux premiers lieutenants.

Thomas s’adossa au mur derrière lui et baissa la tête à ce moment précis, « Terminator » nous attendait, en retrait, mais ça nous était égal. Parfois même ce qui est urgent nécessite d’être remis à plus tard.

- Le nouveau Maître, qui est, comme tu l’as déjà sans doute compris, le Maître actuel, nous a fait entrer dans sa chambre et nous a alors expliqué sa nouvelle position. Puis il… il a fait étalage de son pouvoir. Les yeux toujours baissé, Thomas serrait les poings de toutes ses forces et les veines de ses avant-bras saillirent sous sa peau.

- Ce que tu ignores, c’est qu’il a le pouvoir de plier à sa volonté les loups garous d’un simple mot. Il y a longtemps, nous étions les esclaves des sangsues et ce pouvoir, bien qu’il soit rare de nos jours, reste présent chez certains d’entre eux, chez les plus puissants. Mais ce pouvoir est désormais amoindrit par des siècles d’accouplement avec des vampires de moindre puissance. Néanmoins, le Maître est toujours capable de contrôler les jeunes loups ou les plus dominés d’entre nous. Et c’est la raison pour laquelle il avait convoqué Michael. Il voulait nous utiliser comme armée, Lucinda, mais il voulait aussi nous utiliser comme esclave et se servir de nous dans sa maison close. S’écria Thomas au bord de la suffocation. En le voyant perdre son sang-froid, lui si calme d’habitude, je prenais conscience de l’horreur de la situation dans laquelle le Maître avait placé les loups, et je commençais à comprendre l’aversion de ces derniers pour ceux-ci. Au fur et à mesure du récit de mon ami, une douleur sourde avait envahi ma poitrine, anticipant ce qui allait suivre. Néanmoins d’un hochement de tête, j’encourageai Thomas à poursuivre.

- Michael n’a bien évidemment pas accepté cette situation, certains de nos loups n’avaient même pas encore l’âge de boire de l’alcool alors il était hors de question qu’ils servent de… enfin tu vois ce que je veux dire. Mais d’un autre côté, il ne voulait pas nous jeter dans une guerre qu’il savait perdue d’avance alors il a tenté le tout pour le tout et il a proposé de faire tout ce que le Maître lui demanderait en échange de notre liberté à tous. Le pouvoir de contrôler les loups n’étant pas assez puissant pour asservir un alpha, le Maître y a vu une aubaine et a sauté sur l’occasion. Ils ont donc négocié leur accord… quinze ans de semi captivité pour notre leader. A ce moment j’imagine que Michael pensait devenir l’homme de main du Maître, peut-être même son assassin, mais ce qu’il lui a fait est bien pire. S’énerva Thomas en frappant le mur derrière lui. Des petits morceaux du plafond s’effritèrent et tombèrent sous le coup du loup.

Je portai une main à ma bouche en devinant ce qui avait tant de mal à sortir. La douleur dans ma poitrine explosa et des larmes brûlantes vinrent assombrir ma vision.

 - Il l’a utilisé comme jouet, pour assouvir sa concupiscence. Reprit-il en se redressant, le regard dur, empreint de toute la haine qu’il vouait au monstre qui avait fait subir des atrocités à son alpha. Et ce jour-là, il nous a forcés, Nathan et moi à regarder. Après ça, durant quinze ans et ce, deux fois par mois, Michael nous a protégé en se rendant chez les vampires et en se soumettant aux caprices du Maître. Puis, quand Van est arrivé, il lui a demandé de rester parmi les loups dominés, le temps que prenne fin son asservissement et a tenu secrète l’existence de Van jusqu’au bout.

La douleur dans ma poitrine s’étendait à tout mon corps, et bientôt, mes jambes ne purent plus soutenir mon poids. M’appuyant contre le mur, je me laissai glisser et me retrouvai accroupie, la tête entre les genoux. Mes larmes ne cessaient de couler sur mes joues et le bruit de mes pleurs se répercutait en échos contre les parois du tunnel. Je sentis alors deux bras forts et réconfortants m’enlacer et mes pleurs redoublèrent de plus belle. Une voix profonde me chuchota quelques mots mais j’étais trop choquée pour me rendre compte que cette voix appartenait à Thomas. Au bout de plusieurs minutes je commençai néanmoins à refaire surface et à distinguer le sens des mots qu’il me murmurait.

- Ne lui en veux pas Lucinda, il a fait ça pour nous protéger, je t’en supplie, ne lui en veut pas. Thomas prononçait cette phrase comme une litanie, la répétant encore et encore. Je redressai la tête et fixai mon regard dans les yeux embués de mon ami.

- Lui en vouloir, mais comment pourrais-je lui en vouloir ? Je suis choquée, je suis révoltée, je suis haineuse, mais pas à l’égard de Michael. Mon seul regret est de ne pas avoir décapité ce monstre quand il était à ma portée. Tandis que je finissais ma phrase, le loup se rejeta vivement en arrière me lâchant avec empressement. Je le regardai, abasourdie. Mes propos l’avaient-ils scandalisé ?

- Lu… Lucinda, tu es brûlante… et tes yeux…mon dieu… tes yeux se sont remplis de flammes à l’instant. Bafouilla Thomas, le regard paniqué.

Je regardai autour de moi, totalement perdue, encore sous le choc de ce que m’avait confié le loup et en même temps, inquiète par ce qui venait de se produire sur mon corps, en moi, et que je n’avais su contrôler. Des volutes de vapeurs chaudes s’élevaient de toutes parts autour de moi. J’essayai de voir d’où elles pouvaient provenir mais rien n’indiquait qu’une source de chaleur se trouvait à proximité. Alors que je baissais les yeux une fois de plus, à la recherche de l’origine des volutes, mon regard se posa sur mon bras droit. Le chemisier noir que je portais était parsemé de petites tâches beiges à peine plus large que des gouttes d’eau. Et tandis que je rapprochais mon bras de mon visage pour inspecter ces petites tâches, je m’aperçus qu’en fait de tâches, il s’agissait de petits trous laissant apparaitre ma peau. Aussitôt, je passai en revue le reste de ma tenue pour m’apercevoir que la totalité de mon chemisier, de mon jean mais aussi de mes bottes en cuir était marquetée de petites alvéoles beiges.

- Que… Qu’est-ce qui s’est passé ? Demandai-je à Thomas, complètement paniquée.

Le loup était assis par terre à l’opposé de moi et semblait se tenir le plus loin possible.

- C’est à moi que tu le demandes ? Tes vêtements ont pratiquement brulé sur toi mais il n’y avait aucune flamme à part celles dans tes yeux. Et tu étais brûlante, Lucinda, vraiment brûlante. Me dit Thomas en m’exposant ses mains, paumes en avant. La peau était rouge vif et semblait comme fondue par endroit.

- Oh mon dieu, Thomas, tes mains… qu’est-ce ce que… c’est moi qui t’ai fait ça ? Lui demandai-je horrifiée. Mais que m’arrivait-il, je n’y comprenais vraiment rien. Tous les événements de la soirée tournaient dans ma tête et la peur que m’inspirait le dernier en date ne m’aidait pas à me calmer. Ma vision devint soudain trouble tandis que la panique me submergeait et le monde autour de moi se teinta de rouge, une intense chaleur qui prenait naissance au fond de mon cœur, m’envahissait petit à petit et toutes pensées cohérentes semblaient déserter mon esprit.

- Lucinda !! Entendis-je alors hurler au loin. Lucinda, arrête-ça où on va tous y passer.

La voix ne m’était pas inconnue, en fait j’étais même sure de l’avoir déjà entendue. Au fond de moi, une petite voix me disait de m’y raccrocher, de revenir vers cette tonalité rassurante. Petit à petit, remontant le fil qui menait à ce son familier je recouvris l’usage de mes cinq sens et ma vision redevint claire. Le spectacle qui s’offrait à moi me laissa alors perplexe. Le vampire à l’air habituellement féroce s’était éloigné de vingt pas et me dévisageait, complètement terrifié. Quant à Thomas, les yeux plissés et la respiration haletante, il semblait se protéger de quelque chose, un bras placé contre son visage ruisselant de sueur. En pleine possession de mes moyens, je me redressai doucement et pris appui sur une main pour me relever. Une multitude de petits bouts de tissus et de cendre s’éparpillèrent autour de moi et je me retrouvai nue comme un ver en plein milieu du couloir. M’accroupissant précipitamment pour me dissimuler ne serait-ce qu’un peu, je poussai un cri de surprise mêlé d’effroi.

- Mais qu’est-ce qui se passe ? C’est… c’est pas possible, je n’y comprends rien. La panique revenait au galop. La brûlure, mes vêtements disparus, la sensation de ne rien maîtriser, et les yeux de mon ami… ces yeux emplis de frayeur, tout cela était en train de me rendre folle. Soudain, un choc brutal me fit perdre l’équilibre, me forçant à m’asseoir sur mes fesses. Thomas venait de se jeter sur moi, m’entourant de ses deux bras et me serrant fort, très fort.

- Lucinda, arrête-ça et reprends-toi. Me dit-il dans le creux de l’oreille. Je sais que c’est dur mais tu dois te contrôler, pour moi, pour Michael. A ce rythme tu vas tout consumer et toi aussi par la même occasion. Je ne veux pas te perdre.

Ces six derniers mots eurent, sur moi, l’effet d’une douche froide. Je devais me reprendre et vite. Les paroles du loup résonnaient à mes oreilles comme une bouée de sauvetage. Petit à petit, la panique fit place au calme et je me promettais de rester dans cet état d’esprit à partir de maintenant, et quel que soit les découvertes à venir.

- Je… je vais bien Thomas. Ca va aller maintenant, tu peux me lâcher. Lui dis-je, à moitié étouffée par son étreinte.

- Tu es sure ? Tu ne vas pas te remettre à paniquer ? Me demanda-t-il d’une voix sincèrement inquiète.

- Non c’est bon, j’ai retrouvé mes esprits, et maintenant j’ai besoin que tu me dises ce qui vient de se passer. Lui expliquai-je toujours écrasée contre son torse puissant. Tout doucement, comme s’il craignait que je me remette à paniquer, Thomas desserra sa prise sur moi, me permettant d’inspirer profondément, ce qui eut pour effet de m’éclaircir un peu plus les idées.

- Merci Thomas, sans toi je… Nom d’un chien mais je suis nue ! M’écriai-je, tentant de recouvrir ma poitrine de mes bras.

Le loup se détourna aussitôt, me laissant le peu d’intimité que je pouvais espérer, en revanche, je notais que « Terminator » n’en perdait pas une miette.

- Tiens, prends-ça. Me dit le lycan en me tendant sa veste de costume qu’il venait de retirer. Je m’empressai de l’enfiler, bloquant au passage la vue que le vampire semblait trouver intéressante. La veste n’était pas du tout à ma taille et me recouvrait les cuisses jusqu’au haut des genoux. Je remerciai le ciel que Thomas soit si grand et moi si petite.

Quelques secondes plus tard, je signifiais à mon ami qu’il pouvait se retourner et l’exhortais à me raconter la scène qui venait de se produire et dont je ne gardais pas de réel souvenir.

- Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé, mais tout à coup tu t’es mise à irradier une telle chaleur que le couloir dans lequel nous nous trouvons est devenu quasiment irrespirable, la température est montée d’un coup et tes vêtements se sont entièrement consumés sur toi. M’annonçât-il, visiblement très impressionné par la situation. Même tes bottes y sont passées.

Accompagnant l’action à la parole, le loup me tendit un petit bout de cuir encore fumant.

- Je ne comprends pas vraiment mais dernièrement j’ai eu l’impression que mon pouvoir s’intensifiait. Tu crois qu’il y a un rapport avec ça ? Lui demandai-je, pourtant consciente que si je n’avais pas la réponse à cette question, il y avait peu de chance que lui, la détienne.

- Je l’ignore, mais ça semble assez probable. En tout cas, ce qui est sûr c’est que cette crise a été provoquée par tes sentiments, alors je ne saurais trop te conseiller de garder ton calme jusqu’à ce qu’on en sache plus. Et tandis qu’il finissait sa phrase, Thomas reporta son regard vers les profondeurs sombres du couloir, vers les réponses qui nous manquaient.

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 17:29

- C’est ici que nous allons le rencontrer ? Demandai-je à Noah, alors qu’il s’était arrêté au fond de la grotte. Le tapis sur lequel nous nous trouvions s’étalait jusqu’au mur du fond, et la tenture rouge qui le recouvrait semblait l’avaler comme si le vide s’étendait au-delà. De chaque côté du chemin tracé, dominant tout le reste, deux fauteuils en pierre, ornés de décorations complexes, nous faisaient face sur de petites estrades. Je m’étais attendu à quelque chose de plus majestueux. Aux dires de Michael, le maître des vampires aimait l’extravagance, et pourtant, qu’il s’agisse de la décoration de la maison à la surface ou de ce que je supposais être son trône, la simplicité paraissait être de mise.

- Oui, le Maître ne va plus tarder à présent. Dit Noah avec de la déférence dans les yeux. Ce n’était pas la première fois que je voyais le vampire avec une telle expression. En fait, à chaque fois qu’il mentionnait celui qu’il appelait « le Maitre » ses yeux se teintaient d’une chaleur qu’ils ne possédaient pas en temps normal.

Je me demandai qui pouvait être cet homme qui inspirait tant de respect à une créature aussi féroce qu’un vampire. A mes côtés, Michael, le regard sombre, ne semblait pas aussi curieux que moi, de le rencontrer. Mais je n’aurais pas été étonnée qu’il le connaisse déjà, étant donné tous les conseils qu’il m’avait donnés quant à la conduite à tenir en face de lui. Thomas, lui, ne cessait de donner des coups d’œil inquiets aux alentours. Quant à Van… Oh mon dieu… lui ne quittait pas des yeux le dernier box qui nous offrait un spectacle très animé. Les poings serrés, le loup donnait l’impression de vouloir, soit participer, soit leur sauter à la gorge. Dans le box, un homme à la peau d’albâtre se tenait à genou, un collier relié à une chaine, autour du cou. La femme en face de lui, avachie sur une méridienne, s’amusait à tirer sur la chaine par à-coups, l’invitant à se rapprocher de son intimité qu’elle lui offrait sans pudeur aucune. L’homme finit par se pencher et posa les lèvres sur le sexe humide de désir de la femme. Je ramenai mon regard vers Van, qui m’observait le sourire aux lèvres. Il m’envoya un clin d’œil aguicheur et d’agacement, je levais les yeux au ciel. Pendant ce temps, la femme dans le box avait rejeté sa tête en arrière, se convulsant presque sous les coups de langue répétés de son amant. Celui-ci releva alors la tête, et des canines à la blancheur immaculée pointèrent hors de sa bouche en moins d’une seconde. Se ruant sur la cuisse de sa partenaire, il planta ses crocs dans l’artère fémorale et resserra sa prise sur sa victime, enfonçant ses ongles dans la peau frémissante. Horrifiée, je reportai mon intérêt sur Van, cherchant à savoir quel effet lui faisait le dernier acte de cette scène. Les yeux toujours fixé sur le couple, Van les regardait d’un air sérieux, presque contrarié, que je ne lui avais jamais vu auparavant, et tandis que sa vision dérivait vers Michael, son expression quasi solennel se transforma, je l’aurais juré, en tristesse.

Michael, sentant sans doute, le regard de Van sur lui, se retourna vers celui-ci. Avec un sourire doux sur les lèvres, il remua discrètement la tête de droite à gauche, comme pour lui signifier qu’il le comprenait mais qu’il ne devait pas s’inquiéter. Je me sentis soudain très seule, complètement exclue de leur échange silencieux.

C’est à ce moment qu’un mouvement de la tenture, derrière les fauteuils de pierre, attira mon attention. Par une fente que je n’avais pas encore aperçue, apparut un gigantesque vampire d’au moins deux mètres, tout en muscle et le regard cruel.

Nom d’un chien, si c’était lui le maitre, j’allais faire demi-tour et prendre les jambes à mon cou. Il semblait aussi subtil qu’un Terminator devant une armée de Sarah Connor, et son air de brute laissait même planer un doute quant à son aptitude à construire une phrase composée d’un sujet, d’un verbe et d’un complément.

Noah lui fit un signe de tête, destiné à le saluer et l’absence de cérémonie dans ce geste m’apprit qu’il n’était pas celui que j’attendais, pour mon plus grand soulagement.

De nouveau, un petit mouvement troubla l’intégrité de la tenture. Cette fois-ci, m’y attendant, je scrutai ce qui s’étendait au-delà de la fente entrouverte qui séparait les deux pans du lourd tissu écarlate. Une sorte de tunnel étroit semblait s’enfoncer encore plus dans les profondeurs de la terre. Mais est-ce que ce repaire avait une fin ?

Tout en estimant la superficie de la propriété vampirique, je reportai mon attention sur ce qui avait provoqué cette nouvelle oscillation de l’étoffe.

Une créature entièrement dissimulée par une tunique de velours violette s’avança avec lenteur à la suite de « Terminator » et prit place sur le fauteuil de droite en face de nous. La tête baissée, sa capuche nous empêchait de distinguer ses traits. A ma gauche, Noah posa un genou à terre et la main sur son cœur.

- Maître, comme vous me l’aviez demandé, je vous ai ramené la guérisseuse. S’exprima Noah d’une voix pleine de solennité. Bon, techniquement, j’étais là parce que je l’avais bien voulu, mais je n’allais pas l’ouvrir maintenant, j’avais peur que ça fasse mauvais effet.

Une voix claire et mélodieuse mais néanmoins profonde, s’éleva de la capuche.

- En effet, mon cher Noah, tu as fait du bon travail et tu seras récompensé pour ta peine. Qui plus est, tu ne nous as pas ramenés uniquement la guérisseuse. Michael, je ne pensais pas te revoir un jour ici. Déclara le Maître en relevant finalement la tête, nous exposant un visage à la beauté inhumaine et des yeux rouges sang qui fixaient intensément l’alpha à mes côtés.

- Je ne pensais pas remettre les pieds ici un jour, moi non plus, Maître. Le ton de Michael se faisait dur et la tension de son corps en disait long sur son état d’esprit.

Encore une fois j’avais la désagréable impression d’être mise à l’écart. Je me demandai quelle pouvait bien être la relation entre le Maître et Michael. Si, comme l’avais dit Noah, Michael était un habitué de cet endroit, ça expliquait qu’ils se soient rencontrés, en revanche, je ne comprenais pas pourquoi leur échange était si froid. Mais la haine du loup pour les vampires n’était sans doute pas étrangère à la raison de cet ostracisme.

- Et pourtant, tu te tiens devant moi, au sein même de mon territoire. Aurais-tu la nostalgie du temps passé mon cher loup ? Demanda le Maître, un sourire au coin des lèvres. Retirant le bout de tissu qui lui couvrait le crâne, le leadeur du clan des vampires semblait amusé par la situation. Au contraire, la pression ambiante ne m’aidait pas à me détendre et je craignais que les choses n’aillent en s’empirant.

Je cherchai un peu de réconfort en la personne de Michael qui ne me prêtait aucune attention à ce moment-là, les yeux totalement rivés sur l’homme en face de lui.

Je reportai donc mon regard dans la même direction et profitai du fait qu’il se soit dévoilé pour l’observer plus attentivement. Appuyé sur un coude, le Maitre attendait la réponse de l’alpha qui tardait à venir. Son visage était vraiment fin, presque féminin, et ses traits parfaitement dessinés, lui donnaient l’air d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence, effet renforcé par la pâleur de sa peau et de ses cheveux d’un blond presque blanc, qui cascadaient dans son dos. Pourtant, il ne faisait pas l’ombre d’un doute qu’il était ancien, sans doute même plus ancien que tous les vampires présents dans cette pièce, ses yeux rouges vifs trahissant le poids des années.

- Je me tiens devant vous en qualité de protecteur de la guérisseuse, il n’est aucunement question de moi. Répondit Michael, la voix à peine plus rauque qu’à l’accoutumé.

- Hum… je vois. Soupira le Maitre. Voici déjà trois ans que je nourris le fol espoir que tu reviennes sur notre accord, que tu reviennes auprès de moi.

- J’ai déjà payé le prix que vous exigiez en échange de cet accord, et je ne doute pas que vous continuerez à respecter votre part du contrat. A ce titre, j’aimerais d’ailleurs faire valoir… Mais le loup n’eut pas le temps de finir sa phrase.

Le Maître s’était levé d’un bond et une aura sombre l’entourait entièrement. Je ne parle pas ici, d’une impression, et je n’emploie pas ce terme sous forme métaphorique. Non, un véritable halo, presque noir, et absorbant le peu de lumière qui entrait en contact avec celui-ci, s’étendait des pieds à sa tête.

Descendant de l’estrade sur laquelle était disposé le trône, le vampire blond s’approcha de nous, la démarche tellement fluide qu’il semblait presque léviter. S’arrêtant devant Michael, le Maître leva une main avec une lenteur exagérée.

Du coin de l’œil, je vis Van et Thomas se raidir, prêts à défendre leur alpha, mais celui-ci, sans se retourner, leurs fit signe de ne pas bouger.

- Tu me connais bien, cher Michael. S’exclama le vampire d’une voix calme, tout en déposant tendrement sa main sur la joue du lycan. Pourtant, sache que je n’apprécie pas tes allusions quant à la promesse que je t’ai faite. Ma parole ne peut être remise en doute par qui que ce soit, et surement pas par toi.

La proximité de leurs deux corps me permit de m’apercevoir que le loup dépassait de plus d’une tête, la créature aux cheveux dorés. Et pourtant, l’immobilité dont il faisait preuve, alors que ce qu’il détestait le plus au monde, était en train de le toucher, en disait long sur la puissance de cette chose.

- Je ne cherchais pas à remettre votre parole en doute mais à vous rappeler les termes de notre accord. Dit Michael, les dents serrées.

- Dans ce cas, peut-être me crois-tu sénile si tu penses que je ne me souviens pas de ce qui m’a fait perdre mon jouet favori ? Répondit le Maitre. Je comprenais maintenant pourquoi Michael m’avait fait jurer de choisir les mots que je prononcerai, avec soin. Le Maitre semblait prendre un malin plaisir à réutiliser les paroles de son interlocuteur pour les retourner contre lui.

- Bien sûr que non, je connais la vivacité de votre esprit et je n’en ai pas douté une seule seconde, mais j’aimerais néanmoins rappeler à votre souvenir, que vous ne pouvez attenter à l’intégrité physique ou morale des membres de ma meute, et ce, tant qu’ils n’ont pas eux-mêmes, tenté d’actions belliqueuses à votre encontre. Rappela le loup, évitant toujours de regarder le vampire qui lui pourtant, ne le quittait pas des yeux.

- Je me souviens parfaitement de cet accord.

- Parfait, dans ce cas, j’aimerais porter à votre connaissance, la récente admission de la guérisseuse au sein de ma meute.

J’ouvris des yeux ronds, aussi surprise par ce qui venait d’être dit que semblait l’être le vampire.

- Mais elle n’est pas louve ! S’exclama ce dernier. Essaierais-tu de te moquer de moi ? Tu accepterais une simple humaine dans ta meute ? Quelle est donc cette folie ? A moins que tu en saches plus sur elle et sur son pouvoir que tu ne veuilles me le faire croire. Finit-il, plissant les yeux de suspicion.

- Lucinda n’est pas qu’une simple humaine. Elle est ma guérisseuse, et il m’appartient, ainsi qu’aux quatre loups me faisant suite dans la hiérarchie, de décider de la composition des membres de ma meute. Répondit l’alpha, dévisageant pour la première fois depuis leur échange, le Maître.

- Je connais les règles qui régissent ta race. Ainsi, tu prétends que sur les cinq loups les plus forts, dont tu fais partie, au moins trois d’entre eux ont donné leur accord pour que cette femelle appartienne à ta meute. Est-ce la vérité ? Demanda le vampire en se tournant vers Van et Thomas. Ce dernier répondit immédiatement.

- Oui, c’est la vérité, en tant que troisième loup, j’accède à cette requête.

Van m’observa longuement puis se tourna vers son alpha qui, d’un signe de tête, lui signifia la fin de son obligation de mutisme.

- Et en tant que quatrième loup, j’accède également à cette requête.

- Avec moi, nous sommes donc trois des cinq loups de tête, à accéder à la requête concernant la nouvelle position de Lucinda Walker au sein de la meute.

Je n’en revenais pas,  je venais d’assister à ma propre intronisation parmi les loups garous et ma tête tournait légèrement, j’étais comme prise de vertige. Bien sûr, on ne m’avait pas demandé mon avis, mais j’étais incapable de leur en tenir rigueur. Comprenez-moi bien, j’allais sans doute faire une remarque là-dessus à Michael, si nous sortions d’ici, mais pour l’instant j’étais très consciente de ce qu’il venait d’accomplir. Une humaine dans une meute de loups garous, à ma connaissance c’était sans précédent. Même lorsqu’un loup épousait une humaine, ce qui arrivait rarement, son statut dans la meute n’était pas modifié. Je comprenais maintenant pourquoi Michael avait tant insisté pour venir avec Thomas et Van, s’il préparait ce coup depuis le début, les deux loups à sa suite lui étaient nécessaires.

Il avait donc tenu sa promesse et avait trouvé un moyen de me protéger. Il savait pertinemment que la force ne lui serait d’aucune aide dans cette situation et il s’était donc tourné vers l’un de ses autres points forts: sa ruse.

Il me venait une quantité impressionnante de questions à l’esprit, comme par exemple ma place au sein même de la meute, en tant que faible humaine, allais-je devoir supporter la domination de tous les autres membres ? Et dans ce cas, pouvais-je quitter la meute une fois que j’avais été acceptée à l’intérieur, ou me faudrait-il me battre pour gagner une position respectée ? Et concernant l’effet que pouvait avoir la présence d’une humaine dans la meute, est-ce que la puissance de celle-ci n’allait pas être remise en question par les autres ? Si elle était attaquée par une autre meute par ma faute, j’ignorais si je pourrais me regarder en face à nouveau. Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête, mais je décidai de les poser à un moment plus propice.

Le Maître venait de se tourner vers moi pour la première fois depuis son arrivée.

- Ainsi, c’est donc toi la guérisseuse qui provoque tant d’émoi au sein de notre communauté. Sais-tu au moins que tu viens d’effectuer un tour de force dont aucun humain, jusqu’à présent, ne peut se vanter ? Me demanda le Maître. Tu es vraiment unique en ton genre.

- Je suis consciente de ce qui vient d’être dit, mais je ne pense pas être exceptionnelle pour autant. Répondis-je au vampire en tentant de ne pas m’attarder sur ses yeux écarlate. L’expérience d’hypnose dont Noah m’avait fait profiter me suffisait largement et je n’avais pas envie de retenter le coup.

Mon interlocuteur partit d’un rire sardonique, rejetant la tête en arrière, ses longs cheveux blonds se balançant au rythme de ses sursauts d’hilarité.

- Ta modestie t’honore mais elle n’a pas lieu d’être, les loups ne perdent pas au change en t’incluant parmi eux, mais il semble que tu l’ignores réellement. Me gratifia le Maître après s’être calmé. Je suppose que c’est pour cette raison que tu as accepté mon offre.

- Je suis ici pour en apprendre plus sur mon pouvoir, et vous semblez connaitre des réponses que je ne possède pas. Mais je suis aussi ici pour rattraper les débordements de votre clan sur une pauvre humaine que vous avez blessée. Ne pus-je m’empêcher d’ajouter.

- Walker ! Me rappela à l’ordre Michael, qui m’avait pourtant prévenue de bien me tenir. Je sais, ce n’était pas très malin mais j’étais effrayée et je devais exorciser cette peur d’une manière ou d’une autre, et faire ma maligne était l’une de mes manières préférées.

Le Maître pencha la tête sur le côté, m’observant de son regard de sang qui semblait me transpercer de toute part.

- Est-ce ce que Noah t’a dit ? Que nous avions blessé l’humaine que tu dois soigner ?

- Eh bien non mais…

- Tes suppositions sont donc déplacées ne crois-tu pas ? Et dans ce cas, je ne saurais trop te conseiller de suivre à la lettre ce qu’a, sans nul doute, préconisé ton désormais alpha, avant de venir ici. M’asséna-t-il, d’un ton glacial. Du coin de l’œil je vis Michael se rasséréner et je compris que ma réplique aurait pu me valoir plus cher qu’une simple rebuffade.

Le silence qui s’en suivit alourdit encore un peu plus l’atmosphère. L’usage aurait voulu que je sois celle qui prenne la parole, ne serait-ce que pour m’excuser, mais il était absolument hors de question que je présente des excuses à qui que ce soit. Je me surprenais à souhaiter que Van nous fasse part d’une de ses répliques inspirées qui nous agaceraient surement mais qui auraient au moins le don de dédramatiser la situation.

- Bon… et maintenant, on attend le déluge ?

Que dieu bénisse Van !

Le Maitre se tourna vers lui et lui sourit, dévoilant ses canines au passage.

- Et qui es-tu donc ? Si je me souviens bien, tu t’es présenté comme le quatrième loup de la meute et pourtant tu n’es pas le même que dans mon souvenir ?

C’est Michael qui prit la parole.

- Il s’agit bien de mon troisième lieutenant. Vanniel Helsungen.

Ecarquillant les yeux, le Maitre se tourna vivement vers Michael puis vers Van.

- Est-ce une plaisanterie de mauvais goût ? Tous les descendants de la lignée ont été exterminés, ça ne se peut ! S’exclama-t-il de plus en plus agité. Depuis quand possèdes-tu un fils d’Helsing parmi tes rangs ?

Une seconde, que venait-il de dire ? Un fils d’Helsing ? Je ne m’étais jamais interrogée sur le nom de famille de Van et de toute façon je doutais d’avoir fait le rapprochement si j’avais su, mais maintenant que le Maître le mettait en évidence, tout paraissait clair. Son prénom était sans doute un hommage à son lointain ancêtre de légende, Vanniel Helsungen était un descendant du célèbre chasseur de vampires Van Helsing.

Tout ça faisait beaucoup à avaler en aussi peu de temps et le besoin de m’assoir ou plutôt, même, de m’allonger se faisait de plus en plus sentir.

Van adressa un sourire carnassier au Maitre et lui fit une révérence théâtrale.

- Je suis bien un descendant de Van Helsing, et bien que votre race ait en effet exterminé la majeure partie de mes ancêtres vous avez oublié une petite branche de ma famille en suède.

La stupeur se lisait sur le visage du vampire qui ne cessait de passer de Michael à Van.

- Et depuis quand est-il un membre de ta meute ? Interrogea le Maître, dangereusement proche de la rupture au vue de la couleur écarlate de son visage, en s’arrêtant sur Michael.

- Depuis dix ans maintenant. Répondit celui-ci calmement.

- Mensonge ! Affirma le vampire fulminant littéralement. Tu prétends que ta meute compte un tel membre sans que j’en sois au courant. Tu prétends que sa force le place au quatrième rang de celle-ci. Et tu prétends qu’il t’appartient depuis dix ans sans que tu me l’aies annoncé.

- Van n’était qu’un loup parmi d’autre durant le temps que j’ai passé sous votre emprise. Je n’avais donc aucune raison de vous en parler, et il n’est devenu mon troisième lieutenant qu’il y a trois ans, lorsque vous m’avez libéré. Protesta l’alpha d’une voix calme et toujours posée. Et aujourd’hui vous êtes tenu par votre serment, de ne pas le toucher.

A ces mots, le Maitre sembla se calmer un peu. J’en profitais pour essayer de détourner la conversation qui risquait de nous mener à une issue des plus déplaisante.

- J’ignore tout de cette histoire, mais ce que je sais, c’est que j’ai une tâche à accomplir ici et que vous devez encore me donnez des réponses à mes questions. Aussi, peut-être devrions-nous accélérer un peu le mouvement. Me risquais-je à déclarer.

Se tournant de nouveau vers moi, le Maître me fusilla du regard, visiblement mécontent de cette interruption.

- L’impatience de la jeunesse m’exaspère au plus haut point mademoiselle Walker. Cette phrase semblait complètement déplacée dans la bouche d’un être qui ressemblait à un jeune homme à peine pubère. Néanmoins, je suis d’accord avec vous, votre tâche ne doit pas attendre plus longtemps. Suivez mon garde, il vous mènera à votre patiente mais aussi aux réponses à vos questions. Dit-il en désignant « Terminator » du menton.

Tous les loups et moi-même nous dirigeâmes vers le gigantesque vampire.

- Une seconde, je n’ai autorisé que mademoiselle Walker à quitter cette pièce. Nous interrompit le Maître.

- Il est hors de question qu’elle quitte la protection de la meute sur votre territoire. Répliqua Michael.

- Soit. Dans ce cas, que ton deuxième lieutenant l’accompagne. Quant à nous, nous n’avons pas encore fini notre discussion.

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 16:48

La descente était périlleuse, les marches taillées grossièrement dans la pierre ne facilitaient pas ma progression et l’escalier de plus en plus étroit ne nous permettait toujours pas d’évoluer côte à côte. La lueur blafarde du couloir semblait déjà lointaine tandis que nous nous enfoncions dans l’obscurité ambiante. Ce qui était un problème pour moi qui n’y voyait rien, ne semblait pas affecter les loups qui, grâce à la vision nocturne exceptionnelle qu’octroyait la lycanthropie, se déplaçaient avec une facilité déconcertante. Au final, je passai mon temps à trébucher, glisser, manquer des marches et Thomas, qui avait retrouvé sa place derrière moi, passait son temps à me retenir et à m’empêcher de tomber.

Au bout d’un moment qui me sembla interminable, nous débouchâmes sur un petit palier juste assez large pour nous accueillir tous les cinq et éclairé par deux torches de chaque côté d’une large porte. L’ambiance gothique moyenâgeuse commençait à me taper sur les nerfs et le besoin de modernité se faisait de plus en plus sentir. A ce moment-là, que n’aurais-je donné pour une bonne vieille lampe électrique, de celle qui fait apparaitre tous vos défauts dans une cabine d’essayage d’un grand magasin mais qui éclaire tellement bien.

 Noah nous attendait depuis un moment et la contrariété se lisait sur son visage tandis que nous descendions les dernières marches.

- Je ne voudrais pas vous sembler impolie Lucinda, mais je serais plus que satisfait si vous pouviez me suivre de près, j’ai promis d’assurer votre protection en ces lieux mais si vous ne restez pas à mes côtés, je ne peux rien vous garantir. M’annonça-t-il alors qu’il ne semblait pas dans les meilleures dispositions.

Je me demandai à quel moment entre mon arrivée dans le repère des vampires et l’instant présent, j’étais devenue Lucinda au lieu de mademoiselle Walker, qui plus est, le ton qu’il avait employé ne me plaisait pas. Il avait beau évoquer ma protection le sens de ses paroles était limpide. En d’autres mots j’allais devoir magner mes fesses si je ne voulais pas qu’il m’arrive des bricoles.

- Puis-je savoir ce qui vous a retenus si longt… ? Les derniers mots moururent sur ses lèvres tandis qu’il tournait son regard vers Van, les prunelles complètement dilatées. Noah, dans un mouvement qui m’évoquait celui d’un félin, se faufila entre nous et se rapprocha ostensiblement du dernier arrivé. Le visage à quelques centimètres de celui de Van, le vampire émit un son guttural entre le grognement et le ronronnement.

- Ok, elle me veut quoi la sangsue ? Nous demanda Van qui semblait plus irrité qu’effrayé.

- Hum… vous sentez si bon. Laissa échapper Noah qui semblait comme envouté. Les yeux clos, le vampire humait l’air autour du loup qui reculait de plus en plus, pour finir par butter contre la dernière marche de l’escalier.

- Bon ça suffit maintenant. Se plaignit le loup en agrippant le vampire par les épaules et en le repoussant violemment. La secousse sembla lui rendre ses esprits. Il se détourna dans notre direction et son front si pale se plissa tandis qu’il s’adressait à nous.

- Il a saigné. Les choses pourraient se compliquer. Affirma Noah. Je vous demande de ne pas vous éloigner de moi. Ne vous arrêtez pas, ne vous retournez pas et ne regardez personne dans les yeux. Il en va de votre sécurité à tous.

- Hein ? Tu veux dire qu’on a fait tout ce chemin et qu’on va même pas pouvoir reluquer un peu. S’exclama Van visiblement déçu.

- Van !! Intervint Michael, tu la fermes maintenant, tu t’es assez fait remarquer pour ce soir, et tu nous mets encore dans une position inconfortable alors je te conseille de t’écraser à partir de maintenant. Le ton était implacable et n’admettait pas la réplique.

Mais croire que ça suffirait à le faire taire, c’était mal connaitre Van.

- Est-ce que c’est un ordre Boss ? Non parce que là, c’est pas très clair. Et je suis sûr que Thomas aussi avait envie de se rincer l’œil. On a pas tous une vie privée aussi chargée que la tienne je te signale, et j’ai déjà maté toute ta collection de pornos, alors je comptais un peu sur cette petite visite de courtoisie pour en profiter. Débita-t-il avant que Michael puisse le couper. Je me tournai vers l’alpha qui suffoquait presque, les lèvres pincées et les narines frémissantes. Ses yeux écarquillés semblaient signifier à Van qu’il ne s’en tirerait pas aussi facilement. Mais celui-ci afficha un petit air satisfait. Il savourait sa vengeance suite à l’ordre donné un peu plus tôt par l’alpha, et qui lui avait valu un crochet du droit alors qu’il était dans l’incapacité de se défendre.

- Bon allez les mecs, on a compris, vous êtes tous les deux des exemples de virilité et de puissance. On peut passer à autre chose maintenant ? Il était hors de question de s’attarder sur le sujet des nombreuses conquêtes et de la collection de pornos de Michael. Comme je l’ai déjà dit, mon seuil de tolérance est bas et mes nerfs étaient déjà mis à rude épreuve par l’environnement glauque dans lequel nous nous trouvions.

- Boss je l’aime de plus en plus ta femelle. Cru bon d’ajouter Van.

Mais merde, il me cherchait vraiment, ça commençait à bien faire.

- Alors que moi, tu vois, je ne t’aimais déjà pas beaucoup avant mais plus je passe de temps à tes cotés et plus j’ai du mal à te supporter. Lui répondis-je d’un ton mauvais.

- Vraiment ? C’est dommage, moi qui pensais qu’on allait repartir sur de bonnes bases et que tu allais finir par m’apprécier à ma juste valeur. Me lança-t-il avec un clin d’œil et le sourire aux lèvres.

- Bon ça suffit maintenant tous les deux. Vous avez oublié pourquoi on était là ? Alors Van tu n’ouvres plus la bouche à moins d’y être invité, et c’est un ordre. Quand à toi, Walker tu… tu serais gentille d’arrêter d’asticoter l’un de mes loups.

J’avais remarqué qu’il s’était repris et le tact dont il venait d’essayer de faire preuve me désarçonna complètement. C’était tellement loin de sa personnalité et de nos petits jeux habituels. Je lui lançai un regard méfiant. Depuis trois ans que je le connaissais, j’avais appris que Michael ne faisait jamais rien sans une arrière-pensée et j’attendais la contrepartie de sa prévenance.

- Très bien, si vous êtes disposés à m’accorder votre attention, laissez-moi vous conduire à présent auprès de mon maitre. Si vous respectez mes instructions précédentes, je pense être en mesure de garantir votre sécurité. Lança Noah une fois que nos petites querelles avaient fait place au silence. Lucinda, peut-être pourriez-vous vous tenir à mes cotés. Les yeux dorés du vampire brillaient un peu trop à mon goût dans la lueur des torches alors qu’il me proposait de me rapprocher. Son charme à cet instant était indéniable, et mon regard qui n’avait, jusque-là, pas quitté ses canines lorsqu’il s’adressait à nous, commença à dériver un peu plus bas. En constatant ce que j’avais sous les yeux, un frisson qui n’était pas dû à la température, parcouru ma colonne vertébrale. Comment n’avais-je pas pu m’en rendre compte avant. Dans son costume noir qu’il portait sans chemise et qui permettait de voir le dessin parfait de ses pectoraux, le charme de Noah  me frappait de plein fouet, et j’ignorais si c’était dû à la lueur des flammes dansant sur son visage pâle, à sa tenue qui mettait son corps fin mais puissant en valeur ou à la posture qu’il venait d’adopter en sentant mon regard sur lui. Le dos appuyé contre la porte, les bras croisés sur la poitrine, un sourire qui ne dévoilait pas ses canines, aux lèvres, et l’un de ses sourcils levé, le vampire au regard ardent me laissait peser le pour et le contre quant à sa proposition. Et en toute honnêteté, mon corps me disait d’accepter et de me rapprocher plus encore de lui mais ma raison m’envoyait le signal opposé, et mon cœur… mon cœur m’envoyait encore dans une autre direction. Je m’empressai d’éliminer cette pensée de mon esprit et décidai d’accepter la proposition de Noah. Je voulais en apprendre plus sur les vampires et l’occasion était trop belle. Je fis un premier pas en direction du beau brun à la peau pâle quand un bras puissant me retint par les épaules.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, je ne veux pas que Walker soit associée à toi. Elle est la guérisseuse de ma meute et ton clan ne fait que me l’emprunter. N’oublie pas ça, sangsue. Michael resserrait son emprise sur moi, s’assurant que je n’avance pas en direction de Noah.

Je me dévissai le cou pour observer l’alpha qui semblait déterminé à éviter mon regard, sans doute à cause de sa réplique destinée à s’approprier ma personne une fois de plus.

- Peut-être que tu pourrais la laisser décider de ce qui est mieux pour elle. Déclara le vampire qui ne semblait pas prêt à lâcher.

- Il était décidé depuis le début que je venais avec elle pour la protéger, et il n’est pas nécessaire de revenir là-dessus. Contra le loup.

- Sans vouloir t’offenser, si je n’étais pas là, vous ne pourriez probablement même pas poser un pied dans la grande salle sans vous retrouver au menu du clan tout entier, alors ne viens pas me parler de sa protection. Affirma Noah.

Thomas et Van qui étaient restés en arrière durant l’échange, se placèrent de part et d’autre de notre duo et grognèrent, soutenant leur meneur par cet acte.

La réaction du vampire ne se fit pas attendre. Un sifflement strident s’échappa de ses lèvres et ses canines s’allongèrent ostensiblement tandis que les traits de son visage semblaient se déformer sous l’action de la colère. Le choc que me produisit cette vision d’horreur me fit me blottir un peu plus dans l’étreinte rassurante de mon protecteur. J’avais déjà assisté à de nombreuses transformations de loup-garou, le remodelage quasi-instantané du squelette, l’apparition de la fourrure, et l’émergence d’une mâchoire pleine de crocs démesurés, pourtant jamais je n’avais ressenti ce dégoût qui m’envahissait à ce moment précis. Et ce sentiment fut vite remplacé par la peur. Peur que je ressentais pour moi mais aussi et surtout pour mes loups qui ne me laisserait jamais tomber, j’en étais sure à cette instant. Sans doute, Michael sentit ma panique parce que, soudain, ce n’était plus un bras passé autour de mes épaules que je sentais, mais bel et bien deux bras puissants et apaisants qui m’enlaçaient complètement. Il posa son menton sur mon épaule droite, puis tourna la tête et me chuchota un « merci »  dans le creux de l’oreille. Sans me lâcher, il se redressa et dévisagea le vampire qui avait déjà retrouvé son apparence normale.

- Tu l’as senti toi aussi, le parfum âpre de la peur. Elle t’a donné elle-même sa réponse, Lucy reste avec moi. La voix de Michael était calme tandis qu’il ne laissait pas d’autre choix au vampire que de battre en retraite.

- Qu’il en soit ainsi, mais suivez-moi de près dans ce cas. Répondit le vampire, les dents serrées, en se tournant vers la large porte.

Mon cœur battait la chamade et ce n’était pas dû à la peur qu’il m’avait inspirée un peu plus tôt. J’avais l’impression de sentir encore, le souffle chaud de Michael dans mon oreille, et son étreinte et la proximité de son corps dont j’étais très consciente me troublaient au plus haut point. Je reprenais petit à petit mes esprits, ce n’était ni le moment, ni l’endroit pour de tels débordements d’émotions, aussi décidai-je qu’il était temps  de me dégager de son giron. Je me tortillai, tentant de me dégager, mais Michael semblait prendre un malin plaisir à me bloquer contre lui.

- Trésor, si tu continues à gesticuler de la sorte, je ne suis pas sûr de pouvoir garder mon self-control. Gémit-il à quelques centimètres de mon oreille.

La surprise me fit brusquement tourner la tête de son côté et les lèvres de Michael se pressèrent soudain contre les miennes, m’envoyant des visions du précédent baiser que nous avions échangé.

Van gémit à quelques pas de nous et Thomas hoqueta.

Je me dévissais le cou en tentant de m’éloigner le plus possible. Les sensations qui s’imprimaient sur mes lèvres et dans mon corps me rendaient de plus en plus faible et la tension des muscles de l’alpha tout contre moi, me laissa deviner que ce baiser lui faisait autant d’effet qu’à moi. De nouveau, j’entendis Van gémir.

- Hum… euh… Michael… Michael, s’il te plait tu veux bien arrêter ça, Van va exploser. Hasarda Thomas. Et je ne suis pas loin non plus. Modérez vos ardeurs, je vous signale que là, on ressent tout.

Michael, se recula doucement mais presque immédiatement et je tentai désespérément de retrouver mon souffle. Mon dieu mais que venait-il de se passer ? J’étais sans voix, je ne comprenais plus rien, et… une seconde, qu’avait dit Thomas à l’instant ?

Je regardai autour de moi pour la première fois depuis la fin du baiser. Michael qui venait de me relâcher me regardait avec un petit sourire satisfait, j’aurais juré que Thomas avait rougis au-delà du possible, et Van nous regardait tour à tour avec un air complètement désespéré qui se transformait en air suppliant lorsqu’il regardait Michael. Quant à Noah, il nous tournait le dos.

- Qu… qu’est-ce qui se passe ? Je veux dire… pourquoi vous faites ces têtes-là ? Demandai-je, inquiète. J’avais la désagréable sensation que je passais à côté de quelque chose.

C’est Thomas qui me répondit.

- Lucy… euh… tu sais la… la peur, on l’a ressentie tout à l’heure. Hum… les sensations… les émotions ont un parfum pour nous, comme tu sais. Et… eh bien, le désir est une émotion également, et la fragrance qui se dégageait de toi à l’instant, était… hum… comment dire… particulièrement puissante. Au fur et à mesure de son explication, Thomas était devenu de plus en plus rouge et son regard de plus en plus fuyant. Au contraire celui de Michael me semblait plus intense que jamais. Puis il se posa sur Noah qui nous tournait toujours le dos et je compris alors ce qui venait de se passer. Ce salop venait de marquer son territoire, en montrant bien à tout le monde l’effet que me faisait un simple baiser de sa part.

Je fusillai Michael du regard mais je me contins néanmoins, j’avais déjà suffisamment retardé l’inévitable avancée dans le repaire des vampires, et la scène que je prévoyais de lui faire, allait devoir attendre.

Noah avait déjà commencé à taper différents codes sur un boîtier près de la porte, prévu à cet effet. C’était ridicule, ils avaient installé un système de sécurité sans doute High Tech mais il ne pouvait pas utiliser une bonne vieille lampe électrique.

La porte se déverrouilla avec un bruit sec et s’entrouvrit.

- Bien, il est temps d’y aller. N’oubliez pas, vous me suivez de près et vous ne vous arrêtez pas. Rappela Noah.

 Faisant suite au vampire, je pénétrai dans ce qui me semblait être le véritable repaire des suceurs de sang, Michael à mes côtés. Il avait posé une main au creux de mes reins pour m’inviter à avancer.

Au début, ce qui me frappa, fut la taille impressionnante de la salle. Aussi haute de plafond que ce que nous avions descendu depuis la surface, et aussi large que la superficie totale du manoir vu de l’extérieur, il s’agissait en fait d’une grotte plus que d’une pièce. Les sons ne se répercutaient pas contre les parois comme ils auraient dû, et ce grâce à d’immenses tentures de tissus épais et rouge, accrochés tout autour de la pièce et qui s’étendaient du plafond au sol. Et pourtant, de l’écho, il y avait de bonnes raisons d’en avoir. Devant moi, un long couloir était formé par un alignement de petits box de part et d’autre du chemin tracé par un tapis rouge sang. Nous avançâmes en suivant notre guide comme celui-ci nous l’avait conseillé, et nous arrivâmes bientôt à hauteur du premier box.

Mes yeux furent tout d’abord attirés par la myriade de petites flammes provenant des bougies disposées un peu partout, sur une petite table, par terre et même en équilibre précaire sur un tabouret en osier. Puis l’une des flammes attira plus particulièrement mon attention puisqu’elle ondulait et se déplaçait. Mon regard remonta de la flamme à la bougie, puis de la bougie à la main pâle qui la tenait, pour finir par le bras toujours aussi blanc et le reste de la personne à qui appartenait celui-ci. Mes yeux s’écarquillèrent de surprise. Bon, que je sois bien claire, je ne suis pas une sainte et j’ai même plutôt tendance à être ouverte d’esprit mais là j’avais du mal à garder une expression composée. Une vampire toute habillée de cuir, enfin disons plutôt que les quelques parties de son corps qui était recouvertes, l’étaient de cuir, se tenait au-dessus d’un homme entièrement nu, attaché par des chaines encrées dans le mur de pierre, bâillonné et  rendu aveugle par un bandeau noir de la même couleur que le cuir de la femme. D’une main elle caressait le membre dressé de l’homme, tandis que de l’autre elle agitait la bougie au-dessus de celui-ci, parsemant le corps imberbe de fines gouttelettes de cire brûlante. L’homme au corps totalement offert, tressaillait au rythme des brûlures et la vampire au-dessus de lui semblait prendre un malin plaisir à torturer sa pauvre victime. Je m’empressai de détourner la tête et décidai de fixer mes pieds à la place. Je passai donc le second box, les yeux rivés au sol. Mais à l’approche du troisième, la curiosité me poussa à jeter un coup d’œil à l’intérieur, chose que je regrettai aussitôt. Alors que je m’attendais à assister à une autre scène de l’acabit de la précédente, il n’en était rien, je n’en fus pas moins surprise pour autant. Dans ce box, aucune entrave, aucun bâillon, pas de cuir ni de bougie utilisé comme instrument de torture, seulement des corps emmêlés dans une étreinte passionnée. Le seul problème était que je ne parvenais pas à distinguer le nombre de corps qui composaient cette étreinte. Bon, là j’en avais vu assez, je ne voulais plus assister au spectacle et je reportai donc mon regard sur mes bottes qui me paraissaient soudain très intéressantes. Je n’arrivais pas à croire que les membres de la meute, des loups fiers et sûr d’eux, mes loups quoi que j’en dise, s’adonnaient à ce genre de pratique, et en particulier Michael. A cette pensée mon cœur se serra et ma poitrine me fit mal, je portai une main à celle-ci en souhaitant effacer de ma mémoire les images qui me venaient à l’esprit. Je sentais les larmes se former au coin de mes yeux. J’avais jusque-là tenté de me convaincre que mon désir pour Michael n’était en réalité qu’une banale attirance pour un homme à la beauté irréelle, mais je commençais à prendre conscience qu’il s’agissait peut-être de quelque chose de beaucoup plus profond. La violence de cette révélation me terrifiait et je cherchai une échappatoire à ce sentiment qui m’envahissait petit à petit. J’avais besoin d’un choc, de quelque chose qui me ramènerait à la réalité et je pensai alors que si moi j’étais choquée, je ne doutais pas que les loups en revanche devaient apprécier le spectacle qui s’offrait à eux. Oui, voilà c’était la solution, voir Michael, se rincer l’œil et se délecter de la vue, allait être mon électrochoc. Je tournai donc mon regard vers l’alpha qui se tenait à quelques centimètres de moi, m’attendant au pire.

Mais Michael me regardait, moi, et seulement moi. Ses yeux, rivés aux miens, me bouleversaient et je comprenais dès lors qu’il n’avait cessé de me couver de son regard vert émeraude depuis que nous avions pénétré ce lieu. Ne pouvant me soustraire à ces iris flamboyants, je me retrouvai captivée, capturée, par tant de beauté.

Mon cœur, pas assez robuste, pour me protéger de mes pensées tourmentées, s’apaisait à la vue que m’offrait mon compagnon. A cet instant, il était mon soutien, il était mon courage, il était Michael. Et c’est ainsi, les yeux dans les yeux que nous finîmes le chemin menant au fond de la salle. 

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 22:48

J’en veux un, j’en veux un, j’en veux un ! La litanie ne me quittait pas depuis le début du trajet, alors que le Hummer de cinq mètres de long et deux mètres de large nous menait au repère des vampires. Mon vieux 4x4 ne tenait bien évidemment pas la comparaison. Honnêtement, si les performances mécaniques ne m’évoquaient rien, les équipements présents dans le monstre de métal m’avaient plus que convaincue et j’envisageais sérieusement de me reconvertir dans le trafic de stupéfiants afin de pouvoir me payer l’engin dans un avenir proche. Comment imaginer revenir à mes vieux sièges froids et troués après avoir gouté aux délices des sièges chauffants en cuir.

Un grognement de mécontentement à l’arrière me tira de mon délire fantasmagorique pour me ramener à la réalité.

- Putain, pourquoi on se traine dans ce truc ? Il dépasse même pas les cent-quatre-vingt et encore, si tu le pousses, le pied au plancher. Se plaignit Van. C’est pas avec ça qu’on va semer les sangsues si on doit s’enfuir.

Je soupirai bruyamment. C’était déjà assez agaçant d’avoir dû jeter l’éponge  quand j’avais réalisé que quel que soient mes arguments, Michael campait sur ses positions et m’imposait la présence de Thomas et Van, mais si, en plus, je devais supporter la mauvaise humeur de « Conan le barbare », je risquais de m’emporter rapidement.

- La vitesse importe peu. Expliqua Michael d’une voix calme. Si on doit s’enfuir, c’est que quelque chose a mal tourné et alors on devra se battre. De toute façon, même dans la Lamborghini, on n’aurait pas une chance de les distancer. Qui plus est, ce véhicule a l’avantage de pouvoir vous transporter. La Gallardo n’a que deux places. Et puis je suis sûr que tu n’as pas envie que mon bébé soit abimé. Ca me mettrait de très mauvaise humeur ! Lança-t-il avec un rictus mauvais.

- Ben ça dépend. Quand tu dis « mon bébé », tu parles de la voiture ou de Mademoiselle-j’attire-les-emmerdes assise à côté de toi ? Parce que si c’est la caisse, alors oui, ça me ferait mal ! Assura Van avec un grand sourire.

Michael ne répondit rien et je lui lançai un regard assassin destiné à lui montrer le fond de ma pensée alors qu’il avait laissé couler.

Encore une autre raison pour laquelle il ne se passerait jamais rien avec Michael. Appeler sa bagnole « bébé » non mais je vous jure…

- Au fait, me souvins-je soudain, tu ne m’as toujours pas dit comment tu sais où vivent les vampires. Demandai-je à Michael.

Celui-ci se tortilla un peu sur son siège avant d’ouvrir la bouche puis de la refermer presque aussitôt. J’attendai en le regardant, qu’il trouve la réponse adéquate à ma question mais rien ne vint, et plus j’attendais, plus je voyais se dessiner les sillons de ses sourcils qui se fronçaient. Ma question n’avait pourtant rien de compliqué. C’est Thomas qui brisa le silence le premier.

- Le repaire des vampires est aussi appelé « la luxurieuse » dans notre milieu.

Je clignai des paupières et cherchai le sens de ce qui venait d’être dit. J’attendis la fin de l’explication mais rien ne vint.

- Euh…D’accord, les vampires vivent dans le luxe, tant mieux pour eux. Et alors ? Demandai-je au loup assis derrière moi.

Thomas détourna le regard et Michael se tortilla un peu plus sur son siège.

- Il n’a pas dit luxueuse mais luxurieuse. Me répondit Van avec une pointe d’exaspération dans la voix. Je le regardai bêtement, sans plus comprendre.

Les mots de Van claquèrent dans l’habitacle du véhicule en me faisant sursauter.

- C’est un bordel ! Un bordel.

J’écarquillai les yeux de surprise et fis pivoter doucement ma tête en direction du conducteur qui semblait vouloir se transformer en une petite souris. Malheureusement pour lui, il ressemblait toujours au loup-garou imposant qu’il était.

- Alors… quand Noah a dit que tu étais un habitué… il a voulu dire… Je ne finissais pas ma phrase, je n’en voyais pas l’utilité. Thomas pouffa et Van éclata de rire.

- Et ben voilà, mec, t’es grillé ! S’exclama-t-il entre deux fous rires incontrôlables.

Michael grogna, et le son se répercuta brutalement contre les parois de l’habitacle, ramenant le calme dans le Hummer.

- Merci pour votre aide les gars, vous me revaudrez ça. Et Van, la prochaine fois tu la fermes, c’est compris ? Grommela Michael. Je tentai de me recomposer un visage impassible en me disant que ça n’avait aucune importance. Il pouvait bien faire ce qu’il voulait, et je n’avais pas à le juger. Ouais c’est ça !

- Attends, c’est bon t’énerves pas boss, et puis, elle allait bien s’en rendre compte une fois là-bas ! Se justifia Van.

- Hé ! Une seconde ! Est-ce que je suis la seule à n’avoir jamais mis les pieds là-bas ? Demandai-je, soudain très consciente du sujet de notre conversation. Michael et Thomas ne répondirent pas, se contentant de regarder ailleurs.

- Moi je n’y suis jamais allé. Annonça Van en grinçant des dents.

Mince alors ! Ça ne m’étonnait pas vraiment de la part de Michael, mais que Thomas y soit allé et pas Van…

- Bon, peu importe, ça ne me regarde pas de toute façon. Lançai-je avec un calme que je ne ressentais pas. Est-ce qu’il y a d’autres choses que je dois savoir sur cet endroit ?

- Non je t’ai déjà dit tout le reste. Répondit l’alpha, qui reprit après une petite pause. Et je n’y vais plus depuis trois ans.

Je tournai la tête lentement dans sa direction et lui jetai un regard blasé.

- Mais tu fais bien ce que tu veux Michael, si tu veux baiser des putes suceuses de sang ça te regarde. Puis je lui fis mon sourire le plus angélique possible et me concentrai sur la route devant moi. Du coin de l’œil, je pouvais voir Michael virer au rouge écarlate et écarquiller les yeux si grands que ses globes auraient pu s’échapper de ses orbites. Je pensai que c’était la première fois qu’il entendait un tel langage dans la bouche d’une femme et j’étais contente de réussir à le choquer un tant soit peu. Un fou rire éclata à l’arrière et Van manqua s’étouffer entre deux hoquets.

- Ben merde alors, celle-là je l’avais pas vu venir, s’esclaffa-t-il, tu remontes sacrément dans mon estime gamine. 

J’ignorais si je devais prendre ça comme un compliment, mais ça ne me rendait pas particulièrement heureuse.

Le reste du trajet se passa dans un silence gêné, entrecoupé par les rires sporadiques de Van qui ne se remettait visiblement pas de mon coup d’éclat. Heureusement, quinze minutes plus tard, le Hummer s’engageait dans une allée bordée d’arbustes enchevêtrés. Je n’eus pas le temps d’apprécier les compétences, inexistantes visiblement, du jardinier.  Déjà, j’apercevais ce que j’identifiai immédiatement comme le repaire des vampires.

 

 

La demeure du clan vampirique m’avait parue lugubre au premier abord. Entourée d’arbres aux branches tortueuses dénuées de verdure, le manoir de style victorien s’élevait devant nous comme venu tout droit d’un film d’horreur. Tout y était, les toits évasés, d’un noir d’encre, les petites colonnes en bois peinte d’un blanc écaillé par le temps et rendues grises par la lueur de la lune blafarde et la lumière vacillante, projetée par les fenêtres, des bougies que l’on devinait à l’intérieur. Alors que notre conducteur faisait demi-tour dans la petite cour afin de placer notre moyen de locomotion en bonne position pour un départ précipité, je sentis des frissons dévaler ma colonne vertébrale comme pour me prévenir que ce n’était pas une bonne idée de tourner le dos à une telle bâtisse.

- Tu es sure de vouloir entrer ? Me demanda Michael. Il est encore temps de changer d’avis.

Une partie de moi me criait qu’il avait raison et que je n’étais pas en mesure d’accomplir ce que l’on attendait de moi. Après tout, j’étais en train de risquer ma vie pour une humaine que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam, sans parler de la vie des loups. Personne ne m’en voudrait d’abandonner maintenant, ce n’était pas comme si j’avais promis de venir. Pourtant, alors que j’ouvrais la portière passager, je donnai une réponse complètement différentes à mes accompagnateurs.

- C’est bon, j’ai déjà décidé d’y aller.

 

Je me retrouvais donc devant la gigantesque porte du manoir, flanquée de Michael à ma gauche, de Thomas à ma droite et de Van derrière moi et je me sentais toute petite.

J’ignorais si je devais frapper, sonner ou héler quelqu’un à l’intérieur. Il y avait bien un gros heurtoir en forme d’angelot, que je trouvai parfaitement déplacé d’ailleurs, sans doute une forme d’humour vampirique à deux balles, mais il était complètement rouillé et je doutais que quiconque l’ai utilisé depuis des lustres. Du coup, je me tournai vers Michael et l’interrogeai du regard, puisqu’il avait de l’expérience dans le domaine, autant qu’elle serve à quelque chose. Il me rendit mon regard puis actionna un interrupteur que je n’avais pas encore vu. Un cadran lumineux avec un gros bouton en-dessous fit son apparition juste au niveau des épaules de Michael. Celui-ci appuya trois fois dessus et attendit. Au bout de quelques secondes, une voix de femme se fit entendre.

- Qui est-ce ?

C’était tout ? Je m’étais attendue à ce qu’on nous demande un mot de passe ou bien à répondre à une énigme pour s’assurer que nous étions des initiés et que nous avions le droit de rentrer. Nous avons tous un petit Indiana Jones caché en nous !

- La guérisseuse. Répondit simplement Michael.

- Une seconde, quelqu’un va venir vous ouvrir.

Je trouvai la situation presque banale et, du coup, les tremblements de mes mains se calmèrent un peu.

- Tu es prête pour le spectacle j’espère, gamine. Il ne faudrait pas que tes petits yeux soient choqués. Me chuchota Van par-dessus mon épaule. Je ne bronchai pas. En fait, j’ignorais si j’étais vraiment prête pour ça mais il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.

- En tous cas, tu pourras pas dire qu’on t’avait pas prévenue. Dit-il tandis qu’un bruit de serrure se faisait entendre. Une seconde plus tard, Noah nous accueillait avec un grand sourire, sans prendre la peine de dissimuler ses canines. Je sentais déjà Michael se raidir à côté de moi. Ca promettait !

- Soyez les bienvenus dans notre humble demeure. Nous gratifia notre hôte, sans se départir de son sourire acéré. Je suis heureux de constater que notre offre ait éveillé votre intérêt.

Tout en prononçant cette dernière phrase, le vampire s’effaça pour nous laisser entrer. Je pénétrai donc dans ce lieu qui me glaçait le sang et entendis la porte se refermer d’un coup sec qui me fit sursauter.

- Désolé, la serrure est vieille. S’excusa Noah. Mademoiselle Walker, je ne peux qu’admirer les bienfaits du sommeil sur votre personne, vous êtes envoutante. A ces mots, je baissai les yeux sur ma tenue. Je portais un chemisier noir classique et un jean bleu foncé que j’avais rentré dans mes bottes noires. Je n’avais pas cherché à m’embellir particulièrement mais plutôt à porter une tenue pratique au cas où. Alors employer le terme « envoutante » me paraissait un peu exagéré, mais comme je commençais à comprendre la personnalité de Noah, je décidai de ne rien dire.

Tandis que je relevais les yeux vers notre hôte, je sentis un bras se placer autour de mes épaules  et découvris les yeux dorés de Noah à quelques centimètres des miens.

- Laissez-moi vous conduire à mon Maître, ainsi que je vous l’ai promis. Chuchota-t-il un peu trop près de mon oreille. J’allais m’écarter précipitamment quand une main aussi chaude qu’un brasier empoigna mon bras et m’attira hors de portée du vampire.

- Garde tes sales pattes de mort-vivant loin de ma guérisseuse. Asséna Michael qui avait réagi presque aussitôt. Je lui en étais tellement reconnaissante que je décidai de ne pas le reprendre.

Noah s’empressa de lever les mains en l’air pour tenter de désamorcer la situation.

- Loin de moi, l’idée de t’offenser loup, s’expliqua le vampire en plissant ses yeux dorés. Bien, si vous voulez bien me suivre, je vais ouvrir la voie.

Puis, accompagnant l’action aux mots, il prit les devants, nous invitant à le suivre par cet acte.

De nouveau encadrée par mes gardes du corps, je me détendis un peu et en profitai pour jeter un coup d’œil aux alentours. Le hall dans lequel nous nous trouvions, m’apparaissait petit en comparaison de la bâtisse vu de l’extérieur. Je ne m’étais pas attendue à un  cadre somptueux mais là ça frisait le ridicule. Il n’y avait absolument rien dans le hall, et les pièces sur lesquelles donnaient les quelques portes ouvertes attenantes, ne présentaient qu’un mobilier plus que sommaire. La plupart du temps, je ne voyais qu’une table et quelques chaises. On se serait cru dans une caserne militaire avec le strict nécessaire. De plus, personne ne semblait utiliser l’endroit. En dehors de Noah, nous n’avions pas croisé âme qui vive, ou non d’ailleurs.

Notre hôte nous conduisit au fond de la pièce et ouvrit une petite porte cachée dans un coin par l’ombre environnante. Note à moi-même: l’éclairage à la bougie, c’est glauque !

Tandis que le vampire se saisissait d’une des bougies et s’enfonçait dans l’étroit passage, Michael tendit son bras devant moi pour m’empêcher de le suivre.

- Je passe devant. Dit-il d’un ton autoritaire.

Je ne répondis pas mais levai les yeux au ciel et reculai d’un pas pour lui permettre de passer.

- Et nous voilà revenus au moyen-âge ! Ne pus-je m’empêcher de murmurer pour moi-même. Thomas étouffa un rire et Michael se retourna vivement pour me regarder.

- Tu as dit quelque chose ? Demanda-t-il, déjà sur la défensive.

Je lui souris innocemment tout en battant des paupières de manière ingénue avant de lui répondre.

- Non, non, rien. Si mon preux chevalier veut bien se donner la peine. Dis-je, tout en lui montrant la direction de la main. Mais Michael ne bougeait pas et se contentait de me regarder d’un air mécontent.

- Ça t’arrive de prendre ta protection au sérieux ? Je te signale que si je fais ça, c’est pour toi, alors tu peux bien faire des jeux de mots idiots si tu veux, ça ne m’empêchera pas de tout faire pour que tu ressortes d’ici vivante.

J’hésitai entre le remercier et le remettre à sa place mais je n’en eu pas le temps, Thomas, s’interposa entre nous et posa une main sur nos épaules.

- Allons, allons, calmez-vous tous les deux, ce n’est ni le lieu ni l’endroit. Je suis sûr que Lucy ne pensait pas à mal, n’est-ce pas ? M’interrogea-t-il en se tournant vers moi. Ses yeux exprimaient clairement que je n’avais pas intérêt à foirer sur ce coup.

- Non bien sûr, elle a juste dit ça pour l’éclairage à la bougie. S’exclama Van qui commençait déjà à rire. Thomas lui jeta un regard qui n’avait rien d’amical et qui le coupa net dans son élan.

C’est ce moment que choisit le vampire pour intervenir.

- Pourriez-vous garder vos moments de tendresse pour plus tard, s’il vous plait. Le Maître nous attend et la patience ne fait pas partie de ses qualités légendaires. S’agaça-t-il.

Les trois loups se tournèrent vers lui dans un même mouvement, leurs yeux étincelants dans la faible lueur des bougies. Les prunelles d’un bleu envoutant, Michael reporta son regard sur moi et m’indiqua d’un froncement de sourcil que je ferais mieux de ne rien ajouter. Cette fois, je décidai en effet qu’il valait mieux ne rien dire et que la tension ambiante chargée de testostérone représentait un danger un peu trop grand pour mon sale caractère. Je n’allais pas rendre les choses plus périlleuse encore, après tout je me trouvais déjà dans un lieu confiné avec trois loups garous et un vampire, et ma condition de faible humaine m’inquiéta soudain.

Nous entamèrent donc notre marche dans l’étroit couloir, Noah devant, suivit de Michael, que je talonnais de près, Thomas me suivait et Van refermait la marche.

Les loups ne semblaient guère impressionné par le lieu sombre dans lequel nous évoluions, en même temps ils avaient déjà dû emprunter ce passage pensai-je. Je secouai la tête de droite à gauche, histoire de m’enlever cette idée déplaisante de l’esprit. Du coup je ne vis pas que Michael, devant moi, s’était stoppé net et je lui rentrai dedans de plein fouet. Le choc de mon corps contre le sien, si ferme, m’envoya dans la direction opposée comme si j’étais une balle de caoutchouc rebondissant sur le sol. Des bras puissants me rattrapèrent au vol et je me retrouvai basculée en arrière, à mi-chemin entre la position debout et couchée. Je rouvris les yeux, que j’avais apparemment fermés au moment du choc, m’apprêtant à remercier Thomas pour ses réflexes surhumains, quand la tête de Van, m’apparut à l’envers, emplissant tout mon champ de vision. C’était lui qui m’avait rattrapée et j’ouvris des grands yeux ronds, plus surprise par le fait qu’il m’avait rattrapée que par le fait qu’il se trouvait derrière moi alors qu’il aurait dû s’agir de Thomas. Ses deux mains puissantes venant se placer de part et d’autre de ma poitrine.

Un grand sourire se dessina sur ses lèvres, tandis qu’il était penché au-dessus de moi.

- Eh bien, eh bien, que vois-je, la petite guérisseuse ne tient plus sur ses pieds ? Une chance que je me trouvais là pour te sauver ma belle. A présent, tu m’en dois une !

J’ouvris la bouche pour répliquer, mais un grognement rauque résonna contre les parois du couloir.

- Lâche-là !! Ordonna Michael visiblement en colère. Van releva la tête pour regarder son alpha.

- Je t’ai dit de la lâcher !! Cria-t-il cette fois-ci.

Je sentis les bras qui me soutenaient se retirer presque immédiatement et je m’écrasai de tout mon poids contre le sol dur. Je me redressai aussitôt, prête à en découdre avec Michael, Van ne pouvant résister à un ordre directe de son alpha, il ne servait à rien que je le lui reproche, même si, sur le coup j’avais très envie de lui envoyer un coup de pied bien placé pour s’être permis de me peloter au passage.

- Michael, mais c’est quoi ton problème ? Commençai-je en m’appuyant sur une main pour me relever. Ça t’amu…

Mais ce dernier ne me laissa pas le temps de finir ma phrase. M’empoignant à la taille, il me remit sur mes pieds en une fraction de seconde et m’attira à lui violemment, m’écrasant contre son torse musclé.

- Van, la prochaine fois que tu poses tes mains sur elle, je te casse les dix doigts et je t’ordonne de me jouer la sonate au clair de lune. Dit-il par-dessus ma tête pour s’adresser au loup derrière moi. Sa main dans ma nuque me pressait contre lui et je ne pouvais pas lever les yeux vers lui, pourtant j’étais prête à parier que son regard avait viré au bleu.

- C’est bon Boss, pas la peine de t’énerver, j’allais rien lui faire à ta petite princesse, je voulais juste lui éviter de se retrouver le cul par terre. Répondit Van d’un ton nonchalant. J’ai pas fait exprès de la peloter, et puis de toute façon, faut être réaliste, on peut pas dire que j’ai senti quoi que ce soit sous mes mains…

Toujours plaquée contre la poitrine de Michael, j’entendais le battement de son cœur et la naissance d’un grognement au fond de sa gorge, et tandis que le parfum suave du corps de l’alpha avait calmé ma colère, la réplique de mauvais goût de l’autre lycan m’avait ramenée à la réalité. Je me décidai alors à le repousser et me retournai pour faire face à Van. Je franchissais les quelques pas qui nous séparait en lui souriant. Le loup garou me rendit mon sourire et se pencha légèrement en avant, prêt à parer l’attaque qui ne tarderait pas à arriver.

- Ne bouge pas. Entendis-je Michael dans mon dos. J’allais lui répondre que je n’obéissais pas à ses ordres quand je vis le sourire de Van disparaitre. L’ordre ne s’adressait pas à moi mais au loup. L’alpha usait de son autorité de mâle dominant pour me donner un coup de main. Mon sourire s’élargit tandis que les sourcils de mon opposant se fronçaient; et c’est avec toute la force dont j’étais capable que je balançai mon poing dans son menton, lui fendant la lèvre au passage. Van grogna son ressentiment mais ne bougea pas d’un iota. Puis je me dressai sur la pointe des pieds pour lui chuchoter à l’oreille.

- Si tu savais depuis quand ça me démangeait, merci de m’avoir donné cette occasion.

Michael et Thomas qui m’avait entendue se mirent aussitôt à rire et je décidai de ne pas cacher ma satisfaction en lançant un clin d’œil de remerciement à mon bienfaiteur.

Van de son coté, libéré de son immobilité, se frotta le menton puis croisa les bras sur son torse.

- Eh bien, guérisseuse, tu as un sacré crochet du droit. Maintenant que je sais ça, je ne risque plus de t’appeler « princesse ». Lança-t-il avec un sourire en coin. Il n’y avait déjà plus de trace sur sa lèvre, le pouvoir de guérison lycanthrope ayant déjà fait son action.

L’incident était donc clos et je me félicitai d’avoir fait le bon choix. Si j’avais laissé Michael punir son loup pour le manque de respect dont il avait fait preuve, j’aurais à coup sûr, perdu l’un de mes protecteurs et je sentais que j’allais bientôt avoir besoin de tout le soutien disponible alors que je voyais la raison de l’arrêt soudain de notre meneur. Au bout du couloir, une porte ouverte menait à un petit escalier qui s’enfonçait dans les ténèbres.

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 22:19

La journée suivante passa un peu trop rapidement à mon goût. Les clients atteins de divers maux s’étaient enchainés jusqu’à dix-sept heures puis j’avais filé chez Michael pour préparer notre « expédition suicidaire » d’après ses propres termes. Jusqu’à la tombée de la nuit, il m’avait briefée sur la manière dont je devais me comporter en la présence des vampires et en particulier en la présence du Maître. Il avait particulièrement insisté sur cette partie, m’expliquant longuement que je devais faire profil-bas sur leur territoire. Peu importait ce qui me passait par la tête, je devais la boucler. Je me demandais bien pourquoi il s’inquiétait autant, je savais pourtant me tenir en public. Mouais.

Plus tard, il s’assit en face de moi et plongea ses yeux dans les miens.

- Walker, je veux que tu retiennes tout ce que je t’ai dit ce soir, mais la partie que je vais aborder est la plus importante, aussi écoute-moi attentivement.

Son air était tellement sérieux qu’il ne me vint pas à l’idée de lui désobéir. J’inspirai profondément.

- Michael, je mets ma vie entre tes mains ce soir, alors crois-moi je vais t’écouter plus attentivement que jamais. Lui répondis-je sur le même ton sérieux.

Il se leva doucement du fauteuil dans lequel il était assis et qu’il avait rapproché afin que nous ne soyons qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Le léger déplacement d’air qui l’accompagna m’envoya des effluves rassurantes de son parfum hors de prix. Il se mit à arpenter son salon de long en large, comme à chaque fois qu’il devait m’annoncer quelque chose d’important. Ça ne me rassurait vraiment pas. La dernière fois qu’il avait fait ça, il m’avait expliquée ce qu’il était vraiment et ce qu’il attendait de moi. Je m’étais retrouvée propulsée dans un monde que je ne soupçonnais pas, du jour au lendemain et bien sûr, c’en avait été fini de ma petite vie tranquille et sans danger. Alors que je me remémorais les faits, je m’aperçus soudain que sans Michael, tout ça ne serait jamais arrivé. Mais ne vous méprenez pas, je ne lui en voulais pas, bien au contraire. Sans lui, ma vie serait sans doute plus calme, mais aussi bien plus ennuyeuse. De plus, les vampires m’auraient quand même trouvée et m’auraient surement déjà tuée. A bien y réfléchir, il avait raison, j’étais heureuse de l’avoir rencontré, en revanche, je me promettais de ne jamais lui faire le plaisir de lui avouer.

- Lucy. M’interpella-t-il, m’arrachant à mes réflexions. Bon, ça commençait mal. Comme je l’ai déjà dit, Michael ne m’appelait jamais par mon surnom sauf quand c’était vraiment grave. Il me tournait le dos, m’empêchant de voir l’expression qu’il affichait, mais je devinais qu’elle était loin d’être sereine.

- Ce que je vais t’apprendre pourrait me condamner à mort si les vampires venaient à savoir que je te l’ai dit. En même temps ça pourrait te permettre de revenir vivante au cas où… au cas où je ne pourrais pas te protéger.

Mon sang se glaça.

- Comment ça « au cas où tu ne pourrais pas me protéger » ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Je croyais que tu devais m’accompagner ? Paniquai-je soudain.

La perspective d’un loup garou alpha à mes côtés m’avait permis de garder mon calme jusqu’à maintenant, alors même que l’échéance se rapprochait à vitesse grand V, mais s’il me laissait tomber je n’étais pas sure de pouvoir le faire.

- Je t’accompagnerai ne t’en fais pas. J’ai juré de te protéger. Me répondit-il sans se retourner.

- Mais alors… Oh ! Je m’arrêtai au milieu de ma phrase, comprenant que la seule chose qui l’empêcherait de me protéger serait la mort. J’aurais dû le savoir, rien ne pouvait empêcher un loup garou de respecter une promesse à part une issue fatale.

Je respirai difficilement. Si l’alpha considérait sérieusement cette option, la situation était vraiment périlleuse. Ma détermination commença à flancher. Risquer ma propre vie c’était une chose, mais risquer la vie de quelqu’un d’autre et qui plus est de Michael…

Il dut sentir mon désarroi parce qu’il tourna la tête et m’asséna l’un de ses sourires en coin qui faisait battre mon cœur un peu plus fort.

- Ne t’en fais pas, tout ira bien. Je n’ai pas attendu si longtemps pour qu’une bande de suceurs de sang m’empêche de profiter de ma récompense.

Sa réponse se voulait rassurante pourtant les sueurs froides dans mon dos, redoublèrent de plus belle. Si je ressortais vivante de ma petite visite chez les vampires, j’allais devoir diner avec Michael dans un lieu inconnu, à un moment inconnu, dans une tenue inconnue. Je frissonnai, c’était ce qui s’appelait aller de Charybde en Scylla.

- Lucy. Recommença-t-il en me regardant droit dans les yeux. Que sais-tu sur la manière de tuer un vampire ?

Je le regardai bêtement, comme si je m’étais attendue à une toute autre révélation, et en réalité c’était le cas. Non mais c’était quoi cette question idiote ? Est-ce qu’il espérait franchement que je sois capable de buter un monstre cent fois plus fort, plus rapide, en somme plus puissant que moi ? Je soulevai un sourcil de perplexité.

- Eh bien je sais tout ce que le cinéma hollywoodien a bien voulu m’apprendre. Mais je dois t’avertir que ça fait longtemps que je n’ai pas renouvelé mon stock de pieux et d’eau bénite. Face au stress, j’ai tendance à devenir ironique, ça détend l’atmosphère en général.

- Je ne plaisante pas, Walker. Répliqua-t-il en fronçant les sourcils. Bon, pour détendre l’atmosphère c’était loupé mais au moins j’étais redevenue Walker.

- Ok, ok, pas la peine de le prendre comme ça. Voyons… pour tuer un vampire il y a le pieu dans le cœur, l’eau bénite, l’ail, les croix, hum… le soleil et… ah oui, j’imagine que la décapitation doit pas mal fonctionner aussi mais ils étaient en rupture de guillotine portable là où je me procure mes pieux alors…

Ah douce ironie, quand tu nous tiens !

Michael se tenait la tête de la main droite et la secouait de droite à gauche. Mon sens de l’humour légendaire n’avait pas l’air de lui faire grand effet. Tant pis !

- Tu es vraiment désespérante parfois. On ne plaisante pas là, et on est pas non plus dans un jeu vidéo où tu as une vie de rechange si tu perds la première, alors arrête tes idioties et concentre-toi. De plus une seule de tes propositions tue vraiment un vampire et, pas de bol, c’est justement celle qui a l’air de t’enchanter le moins !

- Non ?

- Et si. Alors commande des guillotines portables parce qu’à part ça rien n’est vraiment efficace. Et encore, tu dois ensuite brûler les deux parties du corps pour être vraiment tranquille.

 Je le regardais en clignant des yeux, incrédule, tandis que j’intégrais ce qu’il venait de m’apprendre.

- Mais… mais le soleil ? Ils évitent le soleil non ? Lui demandai-je en bredouillant.

- En effet mais en l’occurrence, il ne nous sera d’aucun secours, il fera nuit je te rappelle, et si tu n’as pas de guillotine portable, je doute que tu aies des lampes à UV.

Je déteste qu’on retourne ma propre ironie contre moi !

- Oh oublie ces foutues guillotines ! Dis-moi plutôt ce que tu sais sur leurs faiblesses !

- Tu es sure ? Je croyais que cette petite virée ne comporterait aucun danger puisqu’ils avaient besoin de toi ? C’est ce que tu m’as dit non ? Demanda-t-il nonchalamment.

- C’est bon, c’est bon, tu as réussi à me fiche une trouille d’enfer. Tu es content j’espère ?

- Très ! Parce que c’est exactement ce qui pourrait te sauver la vie.

Les yeux de Michael avaient retrouvé leur sérieux et je ne le contredisais pas mais soupirais bruyamment pour faire bonne mesure.

- Bien, si tu es disposée à prendre les choses au sérieux alors voilà ce que tu dois savoir.

Les yeux de Michael plongèrent dans les miens.

- Les croix ne tuent pas les vampires, elles se contentent de les éloigner. Le vrai point faible d’un vampire, c’est sa tête ! Une décapitation en bonne et due forme est le seul moyen d’en finir pour de bon. Après tu peux varier le style si ça te chante, la découper, l’arracher, la broyer jusqu’à ce qu’il n’en reste rien, libre à toi de choisir ta méthode. Dit-il avec un rictus mauvais au coin des lèvres.

J’ignorais ce qui m’effrayait le plus, qu’il prenne plaisir à m’énoncer les différents moyens de séparer une tête du reste d’un corps, où le je-ne-sais-quoi dans son regard lointain qui me prévenait qu’il rêvait de tester chacun de ces moyens. Note à moi-même: Michael est un homme dangereux ! Mouais, comme si je ne le savais pas.

- Bon, Walker, maintenant passons aux armes. Qu’as-tu amené ? Me demanda-t-il ensuite.

- Euh… ben… j’ai mon 9mm. Répondis-je piteusement. Les yeux de mon interlocuteur se levèrent outrageusement au plafond.

- D’accord, c’est très mignon et c’est surtout complètement inutile. Si au moins tu avais amené un pieu, j’aurais pu croire que tu prenais ça au sérieux. Me sermonna-t-il. Il était debout, à quelques centimètres de moi, les bras croisés sur sa poitrine et me regardait de haut.

Sa posture dominatrice commençait à me taper sur le système et je me sentais déjà prête à riposter. Je me levai d’un bond, ce qui eut pour effet de le faire reculer de deux pas, et pointai un doigt accusateur vers sa poitrine.

- Tout d’abord, Michael Madison, tu baisses d’un ton quand tu t’adresses à moi. Je n’appartiens pas à ta meute et tu n’es pas mon alpha. Un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres. Ensuite, si tu m’avais briefée plus tôt sur les vampires, par exemple, il y a deux ans quand je te l’ai demandé, on n’en serait pas là. Déclarai-je sur un ton sans appel. J’avais tenté de lui poser des questions sur les créatures de cauchemars qui hantaient les ténèbres, en espérant pouvoir me défendre si par malheur et de par mes nouvelles fonctions j’étais amenée à en rencontrer une ou deux. Mais, bien entendu, il était resté muet comme une tombe, décrétant que moins j’en savais, plus j’étais en sécurité.

- Tu sais bien que je ne t’ai rien dit pour ta propre sécurité ! Qu’est-ce que je vous disais !

- Oui, eh bien grâce à toi je ne suis pas prête du tout. Alors ne viens pas me faire la morale parce que j’ai oublié ma panoplie de Buffy la tueuse de vampire. Éructai-je. Michael ouvrit la bouche pour répondre quelque chose à ma pique mais s’arrêta avant d’avoir prononcé le moindre son, et prit un air pensif, puis un large sourire dévoilant sa dentition parfaite, s’inscrivit sur son visage.

- Une panoplie de Buffy la tueuse de vampire ? Voilà qui t’irait à ravir ma belle ! Merci pour cette vision d’enfer, je la garde dans un coin de mon esprit, on sait jamais, ça pourrait servir. Déclara-t-il avec une joie non dissimulée.

Je me figeai en comprenant ce que j’avais provoqué. Au lieu d’imaginer les pieux, arbalètes et autres armes dont se servait la célèbre tueuse du petit écran, Michael avait pensé aux tenues improbables et toutes plus sexy les unes que les autres, dans lesquelles la blondinette dégommait les morts-vivants. Ce salaud allait m’affubler d’un de ces trucs pour notre soirée ! J’allais protester férocement quand un bruit derrière moi attira l’attention de Michael.

- Encore en train de se chamailler ? Prenez une chambre et qu’on n’en parle plus ! Déclara un grand brun à la peau tannée qui descendait l’escalier juste derrière Thomas. Le sourire qu’il affichait me donnait envie de lui tordre le cou. Visiblement il se trouvait très drôle ! Crétin de Van !

- Encore une remarque très subtile ! Enfin ce n’est pas comme si je m’attendais à ce que tu utilises ton cerveau pour une fois ! Non, toi ce que tu préfères ce sont les muscles, quitte à estropier un de tes compagnons de meute, n’est-ce pas ? Répliquai-je sans réfléchir. J’étais énervée par les propos de Michael et sa remarque accompagnée de son sourire avaient achevé de me mettre hors de moi. Sans compter que Van respirait la santé et ne portait pas une seule trace de son récent combat avec Marco alors que je me remémorais l’état de ce dernier avant mes soins.

Van me fixa de ses yeux rendus ténébreux par la provocation et releva la commissure de ses lèvres, exposant ses crocs qui s’allongeaient à vue d’œil. Thomas se retourna et posa une main apaisante sur la poitrine du loup qui se calma instantanément après un bref coup d’œil aux propres crocs de Thomas !

- Dis-moi pourquoi je dois risquer ma vie pour cette salope ? Demanda Van en s’adressant à son Alpha.

 Cette fois ce fût Michael qui le calma d’un grognement qui semblait venir du tréfonds de sa large poitrine.

- Parce que je te l’ai ordonné. Répondit-il d’un ton qui n’admettait pas la réplique.

Bien fait, pensai-je aussitôt, et toute à mes raisonnements spirituels digne d’une gamine de cinq ans, je ne réalisais qu’après, ce qui avait été dit !

- Comment ça « risquer ta vie » ? Finis-je par réagir.

Ce fut Thomas qui me répondit.

- Nous t’accompagnons.

- Tu ne croyais quand même pas que nous allions y aller seuls, ajouta Michael, une petite protection supplémentaire ne peut pas faire de mal. C’est juste par mesure de précautions.

- Une seconde, m’interposai-je, les yeux agrandis par la frayeur, ça ne fait pas parti du marché ! Et puis, comment ça une protection supplémentaire ? A quoi tu sers alors, toi ?

Il était hors de question que quelqu’un d’autre nous accompagne, je ne voulais risquer la vie de personne en dehors de la mienne. La présence de Michael me donnait déjà des sueurs froides alors je n’allais surement pas composer avec deux autres loups, même si c’était Van et surement pas si c’était Thomas.

J’allais devoir user de toute ma volonté pour les faire changer d’avis.

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 22:15

J’étais vautrée dans mon fauteuil de bureau. J’ignorais si j’étais épuisée à cause des soins sur Marco où s’il s’agissait juste de la tension qui retombait après le passage de Noah. Sans doute un peu des deux. Depuis le départ du vampire, je n’avais pas prêté attention à Michael, toujours sous forme de loup. Je me décidai à poser les yeux sur lui. Il me tournait le dos, couché, la tête entre les pattes.

- Merci, d’être resté, si tu n’avais pas été là, il n’aurait fait qu’une bouchée de moi. Dis-je reconnaissante. Michael se redressa et tourna la tête vers moi. Il était encore plus beau sous sa forme lupine. Si grand, si fort, et en même temps, c’était comme s’il avait quelque chose de fragile. Dans un certain sens, je me suis toujours sentie plus en confiance avec les animaux qu’avec les hommes. Les animaux ne vous trahissent pas, eux ! Et le splendide loup argenté qui me faisait, maintenant, face ne pouvait pas afficher cette attitude arrogante qui m’horripilait tant chez Michael, l’homme. Les yeux plein de surprise, il tourna la tête sur le côté, comme le font parfois les chiots qui ne comprennent pas quelque chose. Ca le rendait presque mignon, si on oubliait bien sur, qu’il mesurait un mètre cinquante et devait faire dans les deux cents kilos.

Soudain, je repensai à ce que j’avais dit un peu plus tôt dans la voiture et partis d’un fou rire que je ne pu maitriser. Le loup me regardait, paniqué, l’air de pensé que j’avais perdu la raison, ce qui était peut-être le cas d’ailleurs.

- Ca doit leur faire bizarre de voir de la neige tomber en enfer ! M’écriais-je, toujours morte de rire. Michael jappa une fois pour m’accompagner dans mon délire.

Au bout de quelque secondes qui me firent le plus grand bien, je décidai de me ressaisir. Je devais encore décider ce que j’allais faire.

- Michael, tu veux bien changer s’il te plait, nous devons discuter. Décidai-je en retrouvant mon sérieux.

Le lycan baissa la tête et couina une fois mais ne se transforma pas. Qu’est-ce qu’il me faisait ? Je savais que contrairement aux légendes véhiculées par les films, les loups garous pouvaient se transformer à volonté, dans n’importe quel sens et ce, que la lune soit pleine ou non, du moins pour les loups expérimentés. J’ignorais quel âge avait exactement Michael mais je savais qu’il était assez vieux pour faire ce que je lui demandais.

- C’est quand tu veux ! M’impatientai-je. Si ça pouvait être avant le lever du jour, je préférerais.

Le loup ne broncha pas, comme s’il ne comprenait pas ce que je lui disais. Est-ce que la lycanthropie rendait idiot ? Pas que je sache. Je commençais vraiment à perdre patience, j’étais épuisée et je ne rêvais que de mon lit douillet.

- Très bien, fais comme tu veux ! De toute façon, je te préfère sous cette forme. Ca m’épargnera tes sarcasmes. M’emportai-je en lui tournant le dos pour bouder. Bon je sais, ce n’était pas l’attitude la plus adulte dont je pouvais faire preuve mais c’était sans doute celle qui avait le plus de chance de fonctionner.

- Je m’en voudrais de t’épargner. Mais ne viens pas râler quand tu te seras retournée. Dit Michael avec une pointe de défi dans la voix.

Dans mon coin, j’esquissai un petit sourire, satisfaite de la prévisibilité masculine. Et dans mon empressement à savourer ma victoire, je ne fis pas attention à sa dernière phrase. Bien fait pour moi ! Je me retournai et tombai nez à nez avec un Michael tout ce qu’il y avait d’humain et surtout complètement nu. Une vision qui hanterait mes nuits mais surement pas mes cauchemars. Ca me changerait !

Je me retournai immédiatement en rougissant comme une tomate. Durant la courte seconde d’effarement où j’étais restée bouche bée devant sa nudité, l’image avait pris le temps de se graver dans ma mémoire. Sa peau était brillante et dorée et avait l’air d’une douceur infinie, ses pectoraux étaient parfaitement dessinés, ses abdominaux onduleux à souhait. Et cette fine ligne de poils noirs qui avait mené mon regard vers cet endroit de son anatomie à laquelle je m’étais jurée de ne jamais, au grand jamais, céder. Son corps, fut-il humain, gardait cette aura bestiale qui le suivait partout où il allait. Me repassant la scène dans ma tête, malgré moi, je sentis une vive chaleur s’installer au creux de mon ventre. Je devais me reprendre et vite. Cette vision avait mis à mal mon self-control et je mourrais déjà d’envie de caresser ce magnifique corps, offert à moi sans pudeur aucune. Il était sans conteste le plus bel être que j’avais jamais vu… trop beau… trop parfait pour moi. A cette pensée, je repris le dessus sur mes fantasmes et réprimai aussitôt le désir qui me tenaillait.

- Mais c’est pas vrai, t’es vraiment qu’un gamin ! Vas t’habiller et vite. M’écriai-je d’une voix un peu trop perçante.

À ces mots, Michael éclata de rire.

- C’est bien la première fois qu’en me voyant nu, une femme me dit que je suis un gamin, Walker. Tu ne cesseras jamais de me surprendre. Je rougis de plus belle.

- Vas t’habiller je te dis ! Criai-je en repartant dans les aigus.

- J’aimerais bien, mais avec quoi ? Je te rappelle que pour protéger tes jolies petites fesses, j’ai dû réduire mes vêtements en lambeaux. Continua-t-il, toujours hilare.

Et merde, c’était vraiment la pire situation qui soit.

Je me déplaçai latéralement de manière à le garder toujours dans mon dos. Je ne suis peut-être pas une call-girl mais je ne suis pas une sainte non-plus et je voulais éviter toutes tentations qui auraient pu me faire basculer « du coté obscur de la force ».

Je récupérai un plaid que j’avais oublié sur le dossier d’une chaise - que Dieu bénisse ma tête en l’air - et je le jetai derrière moi dans la direction, supposée, de Michael.

- Tiens ! Enroule-toi là-dedans.

- Tu es sure ? Ça ne me dérange pas de rester ainsi.

Bon, il fallait avouer que la perspective était séduisante, seulement, nous avions à parler de choses importantes et je doutais d’arriver à me concentrer dans ces conditions. Je devais à tous prix changer l’humeur de Michael.

- Oui, oui, je suis sure. Couvre toi avec ce truc, j’irai le brûler ensuite.

Ma remarque eu l’effet escompté puisque cinq secondes plus tard, il me signifia froidement que je pouvais me retourner sans risquer de choquer mes petits yeux. Ouf !

Il avait noué le plaid autour de sa taille comme un pagne. Ce n’était pas encore l’idéal puisque j’avais toujours une vue directe sur son torse impeccable et appétissant mais au moins, il avait caché l’essentiel.

- Tu voulais parler, il me semble. Vas-y, je t’écoute. M’asséna-t-il sans ménagement. Il boudait. Ça n’allait pas faciliter les négociations mais c’était toujours mieux que de l’avoir d’humeur badine alors qu’il était à moitié nu devant moi.

- Je veux que tu me dises comment me rendre chez les vampires.

Michael me dévisagea longuement, les yeux grands ouverts, comme si j’étais folle. Je gardai mon calme, ce n’était pas la première fois de toute façon.

- Tu as perdu l’esprit Walker ! Il est hors de question que je te révèle un truc pareil. Demande-moi de te tuer, ça ira plus vite !

- Michael, s’il te plait, ne fais pas ta tête de mule, j’ai besoin de le savoir. Continuai-je toujours aussi calme. Si je me braquais, rien ne pourrait le faire me révéler ce que je voulais savoir.

- Ne fais pas ça je t’en prie, c’est du suicide. Si tu y vas, ils te tueront dès qu’ils n’auront plus besoin de toi. Tu peux me croire. Son ton s’était fait plus doux. Si je ne le l’avais pas connu, j’aurais presque pu croire qu’il se faisait vraiment du souci. Je m’empressai d’oublier cette pensée et me concentrai sur ce qu’il venait de dire.

- D’ailleurs, comment sais-tu où ils vivent ? Et pourquoi Noah a-t-il dit que tu étais un habitué ? Demandai-je, curieuse.

- Alors c’est Noah maintenant ? Je te trouve bien familière avec lui. Si j’avais su que c’était le côté « créature-sortie-tout-droit-de-l’enfer » qui t’attirait, j’aurais essayé de te tuer bien avant. Dit-il avec de la colère dans la voix. Son caractère horripilant refaisait surface et je me surpris à regretter le beau loup argenté qui m’avait regardée avec ses yeux doux. Sa remarque finit de briser le calme apparent que j’affichais.

- Oh ça va hein ! Épargne-moi tes sarcasmes et ne change pas de sujet. Quant à Noah, c’est lui qui m’a demandé de l’appeler comme ça. Je ne suis absolument pas attirée par lui. Ce que tu en penses, je m’en contre fou. Et puis merde ! Je n’ai pas à me justifier devant toi.

J’avais parlé si vite que j’en étais essoufflée. Ma journée avait été suffisamment éprouvante sans que je sois obligée d’en passer par là.

- Tu crois peut-être que je n’ai pas vu comment tu le regardais ! Méfie-toi Walker, un vampire c’est séduisant, mais c’est surtout mortel. Me mit-il en garde.

- Oh ! Et tu as l’air de plutôt bien t’y connaitre. Répliquai-je sarcastique en croisant les bras sur la poitrine. Ca suffit maintenant, je n’ai fait que le regarder comme je te regarde, ni plus ni moins.

- Justement ! Soupira-t-il en se laissant tomber sur l’un des sièges devant mon bureau. Tu sais, ce petit jeu du chat et de la souris n’est pas pour me déplaire, il rend même les choses plus intéressantes, si je puis dire. En revanche, si tu dois tomber dans les bras d’un autre que moi, ça ne m’amuse plus du tout.

- Oh vraiment ! M’exclamai-je furieuse. Tu te crois donc à ce point irrésistible pour être aussi sûr d’arriver à tes fins. Laisse-moi te dire que je ne suis pas une de ces poupées siliconées que tu traines à ton bras partout où tu vas. Oh non, Michael Madison, s’il y a bien une femme à qui tu ne fais pas d’effet…

Alors que je prononçais cette dernière phrase, je le vis se lever prudemment de sa chaise et s’avancer lentement vers moi. Je m’interrompis brusquement. Contrairement à ce qu’on pouvait croire, ce n’était pas de la douceur qui émanait de lui à ce moment, mais bel et bien du danger. Il était furieux, et ses yeux bleus nuits, tels deux saphirs, me confirmaient cette impression. Ce n’était plus les yeux de l’homme mais bel et bien ceux du terrible prédateur qui sommeillait en lui.

- Mi… Michael, calme-toi s’il te plait. Parvins-je difficilement à articuler, les mains levées, pour lui signifier qu’il n’avait rien à craindre de moi. Mais le loup ne craint pas la proie qu’il chasse, et à ce moment c’était exactement ce qu’il voyait en moi. J’avais visiblement dépassé ses limites et j’allais me faire dévorer par un loup-garou furieux parce que je n’avais pas su la fermer. C’était tout moi ça !

Ca démarche avait quelque chose d’animal, une aura bestiale qui ne me disait rien qui vaille. Je reculai doucement de quelques pas mais me retrouvai rapidement coincée par le mur juste derrière moi. J’étais acculée, et je commençais à me sentir comme un poussin dans le terrier d’un renard. Michael s’était rapproché à tel point que son torse nu touchait, à présent, ma poitrine. Je me recroquevillai sur moi-même, prête à recevoir le coup qui, j’en étais sure, n’allait pas tarder à arriver. Je fermai les yeux et comptai machinalement dans ma tête.

Un, deux, trois, quatre, toujours rien, qu’est-ce qu’il attendait ? Ne pas savoir quand ça arriverait, c’était presque pire que le coup lui-même. Je me risquai à ouvrir un œil, priant pour qu’il ne prenne pas ça pour un signe de défi. Il me regardait fixement, son visage à deux centimètres à peine, du mien, un demi-sourire sur les lèvres. L’enfoiré, il y prenait visiblement du plaisir ! Un regain de fierté me fit ouvrir en grand les deux yeux. A cet instant, je me fichais qu’il prenne ça pour un défi puisqu’il s’agissait exactement de ça. Alors, ses lèvres s’écrasèrent violemment sur les miennes. La surprise m’arracha un gémissement qu’il n’interpréta pas pour ce qu’il était, puisque sa main droite alla se loger dans mes cheveux pour me serrer plus encore contre lui. Mes lèvres rendues immobiles par l’ahurissement ne lui rendaient pas son baiser, ce qui parut lui déplaire prodigieusement. Avec un grognement venu du fond de la gorge, il entreprit de forcer le passage avec sa langue. Enfin remise, je gardais les lèvres obstinément fermées, bien décidée à ne pas lui faciliter la tâche le plus longtemps possible. Pourtant, je devais me rendre à l’évidence, l’incarnation masculine de tous mes fantasmes, à moitié nu contre moi, tentait de m’embrasser passionnément. Je suis peut-être butée, mais je restais tout de même une femme et ce déchainement de passion finit par avoir raison de mes dernières barrières. Dans une frénésie qui me surprit moi-même, j’ouvris la bouche, laissant le champ libre à sa langue conquérante. Alors, ses lèvres se firent plus douces, moins pressantes. Sa langue chaude et humide  entreprit de caresser la mienne avec habileté. Je me perdais lentement dans la douceur de ce baiser tandis qu’il enfouissait un peu plus sa main dans mes cheveux emmêlés. Curieusement, il me semblait que je n’étais pas la seule à perdre le contrôle. Le Michael, fier et imperturbable, que j’avais connu, n’était plus. A la place, un homme fiévreux, éperdu de désir, était apparu. Il se lançait à corps perdu dans ce baiser comme s’il s’agissait du dernier qu’il donnerait de toute sa vie. De plus en plus troublée, je me rendis compte qu’on ne m’avait jamais embrassée de la sorte et ça ne faisait qu’augmenter mon désir. Je devais à tous prix mettre un terme à ce baiser. Cet homme était trop doué, trop viril, trop puissant et je savais que si je ne l’arrêtais pas bientôt, je ne serais plus capable de le stopper du tout. Je deviendrais une pauvre petite chose sans volonté entre ses bras puissants. Dans un ultime effort de volonté, je posai mes deux mains contre son torse et le repoussai légèrement. Loin de le freiner, cette tentative de lui échapper semblait l’exciter d’avantage. Il resserra sa prise sur ma taille qu’il avait enserrée de sa main libre, quelque part au milieu du baiser. Je tendis le cou pour me dégager et il en profita pour faire glisser sa langue le long de mon menton, jusqu’à mon cou. Je retins difficilement un gémissement de plaisir.

- Michael, arrête-ça maintenant. Soupirai-je à son oreille. J’avais voulu être ferme, mais l’effet était complètement loupé. Dans l’état où j’étais, il ne me restait plus qu’une seule solution, le supplier.

- Je t’en prie !

Avec un grognement, il se résolut à mettre fin à notre baiser, après avoir retenu en otage ma lèvre supérieure entre ses dents pendant un interminable et sensuel moment.

J’avais l’impression que mes jambes allaient me lâcher d’une minute à l’autre. Encore essoufflée par ce qui venait de se passer, je me laissai glisser contre le mur pour m’asseoir par terre. Michael, toujours debout et aussi essoufflé que moi, me sourit brièvement.

- Alors maintenant, dis-moi à qui je ne fais pas d’effet ? Me demanda-t-il avec ce regard arrogant que je détestais tant. Il essayait de paraitre détaché, comme si ce baiser ne lui avait pas fait le moindre effet. Je décidai de ne pas répondre. Il pouvait bien faire semblant d’être indifférent s’il voulait, la bosse qui soulevait le plaid en coton, au niveau de son entrejambe me disait clairement le contraire. J’ignorais comment j’allais pouvoir oublier cet épisode, en particulier lorsque je constatais la taille de la bosse en question.

 

Quinze minutes plus tard, nous étions assis à la table de ma cuisine. Le café brulant que je venais de faire, me réchauffait les mains alors que je tenais fermement le mug entre celles-ci. Les yeux rivés à ma tasse, je me demandais comment j’allais lui faire cracher le morceau.

Après le malheureux « moment d’égarement » - c’est comme ça que j’avais décidé d’appeler ce qui s’était passé dans mon bureau quelques minutes plus tôt - dont j’avais été victime, j’avais pris un moment pour me ressaisir puis j’avais invité Michael à boire un café tout en évitant de le regarder. Je voulais à tous prix savoir où vivaient les vampires et pour ça, j’allais devoir faire preuve de persuasion.

Je levai enfin les yeux du café fumant et fixai Michael d’un air sérieux. Je remarquai au passage que ses yeux à lui étaient déjà posés sur moi depuis sans doute un bon moment.

- Je t’en prie, j’ai besoin de savoir Michael. Je ne lui précisai pas ce que j’avais besoin de savoir, ça coulait de source. Michael soupira bruyamment.

- Pourquoi ? Qu’est-ce que ça t’apportera de bon ? Est-ce que la vie te pèse à ce point pour que tu veuilles en finir aussi vite ? Demanda-t-il avec une pointe d’ironie dans la voix. S’il voulait faire passer la pilule avec de l’humour, il s’était trompé d’interlocutrice. Je ne riais jamais lorsqu’il s’agissait de mes origines où de celles de mon pouvoir. J’avais désespérément besoin d’en savoir plus. De savoir pourquoi vingt cinq ans plus tôt, mes parents m’avaient déposée devant la porte d’un orphelinat, plutôt que de m’entourer de leur amour comme ils auraient dû le faire. J’avais eu la conviction que mes pouvoirs en étaient la cause depuis le jour, dix ans plus tôt, où, j’avais soigné la fracture ouverte d’un chien qui venait de se faire renverser par une voiture, en posant ma main sur la plaie pour tenter d’en arrêter le saignement. J’avais alors senti pour la première fois, cette étrange sensation de puissance, d’omniscience qui m’avait grisée plus que n’importe quoi d’autre. Rapidement suivie par la morsure de la brûlure. Le feu intérieur m’avait alors consumé pendant des heures, avant qu’un interne avisé de l’hôpital me plonge dans l’eau froide alors que je m’époumonais à hurler que je brûlais. Après que je lui ai demandé comment il avait su, il m’avait simplement répondu que l’eau éteint le feu et que si ça n’avait pas fonctionné, il avait prévu de me noyer en ultime recours pour me faire taire. Aujourd’hui encore, nous nous envoyons plusieurs mails chaque mois.

 

La conversation ne menait à rien. Michael campait sur ses positions et je ne voulais pas le laisser partir tant qu’il ne m’avait pas révélé le lieu où vivaient les vampires. J’avais tout essayé, la raison, la pitié, les menaces, rien n’y avait fait. Il refusait obstinément de répondre à ma question. J’avais repoussé ce que je m’apprêtais à faire en derniers recours, mais là, je n’avais plus le choix.

- Bien, ça suffit maintenant, je rentre. Décida-t-il soudain, en se levant. S’il partait maintenant, c’était fini, mes questions resteraient sans réponse et ça je ne pouvais pas le supporter.

- Attends ! M’écriai-je. Et si je te donnais quelque chose en échange de tes informations ?

Michael regarda autour de lui, un sourcil levé, dubitatif.

- Hum… ne m’en veux pas mais je ne vois pas trop ce que tu pourrais me donner que je n’ai déjà.

J’hésitais à lui répondre.

- Et bien… Il y a quelque chose… que tu veux depuis longtemps… et que je me refuse obstinément à te donner. Je me tortillai sur ma chaise, mal à l’aise. Je n’arrivais pas à croire que j’étais tombée si bas. Il se retourna complètement face à moi, les yeux grands ouverts. Je le vis déglutir avant de reprendre une attitude indifférente.

- Continue. M’encouragea-t-il.

- Ok, on va dire que si tu me dis ce que je veux savoir, j’accepte d’aller boire un verre avec toi. La déception qui accompagna son long soupir était flagrante.

- Et qu’est-ce que je ferais d’un pseudo rendez-vous avec une morte, hein ? Parce que n’en doute pas une seconde, si tu vas voir les suceurs de sang, tu n’y survivras pas. Lâcha-t-il en reprenant le chemin de l’entrée.

- Et si on disait plutôt un déjeuner alors ? Demandai-je pleine d’espoir.

- Tu vas devoir faire mieux que ça pour me convaincre Walker.

- Pff, t’es vraiment dur en affaire.

- Merci, c’est ce qui fait mon charme. Maintenant, si tu n’y vois pas d’objection je vais prendre congé.

J’avais envie de lui faire ravaler son arrogance en espérant qu’il s’étoufferait avec.

Il avait presque atteint la porte et je n’avais plus le temps de faire dans la demi-mesure.

- Un diner ! Lâchai-je dans un souffle. Michael fit volte-face à une vitesse surprenante et se dirigea de nouveau vers moi.

- Ca mérite réflexion. Me nargua-t-il. Je choisis le lieu.

- D’accord.

- Et le moment.

Ce n’était pas une question, il posait ses conditions.

- D’accord.

- Et la tenue que tu porteras.

- D’acco… Quoi ? Ca va pas ? Et puis quoi encore ?

- Mes conditions ne sont pas négociables.

Je serai les dents. L’information que détenaient les vampires avait intérêt à être importante.

- D’accord. Acquiesçai-je en desserrant à peine les dents et en le fusillant du regard.

Un petit air satisfait apparu sur son visage tandis qu’il me détaillait de la tête aux pieds. Il se demandait surement quelle tenue de dépravée il allait pouvoir me faire porter. Il y a des jours où je déteste vraiment ma vie !

- C’est bon, tu as fini ? Demandai-je en relevant le menton.

- Non. Une dernière chose.

Je frémissais à l’idée de ce qu’il allait encore m’imposer et qui proviendrait de son esprit malade et dérangé.

- Demain. Lâcha-t-il dans un souffle. Je viens avec toi !

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 22:07

Je tentais de glisser la clé dans la serrure de ma porte d’entrée, quand je m’aperçus que ma main tremblait. Je pris une grande inspiration et réitérai l’action. J’étais épuisée par ma journée et particulièrement tendue. Il est vrai que j’avais une bonne raison. A deux ou trois mètres de moi, dans mon dos, un vampire et un loup-garou attendaient patiemment que je les laisse entrer chez moi. Je soufflai un bon coup et tournai la poignée. Michael me poussa un peu trop précipitamment à l’intérieur et je faillis me vautrer sur le guéridon de l’entrée.

- C’est pas bientôt fini ? Tu as insisté pour te mettre entre lui et moi pour me protéger mais si c’est toi qui me blesse ça ne sert à rien. M’emportai-je contre le lycan.

Il n’avait accepté de me laisser parler au vampire qu’après que j’ai promi de lui permettre d’assister à l’entretien. Comme il refusait toutes autres solutions, j’avais fini par promettre et je commençais déjà à le regretter.

- Si ta seule blessure n’est provoquée que par un guéridon, crois-moi, ce ne sera qu’un moindre mal. Dit-il en regardant le vampire de haut en bas.

J’en avais déjà assez. Moi qui ne rêvais que de me blottir dans mon lit, c’était raté. J’avais insisté pour écouter ce que le vampire avait à me dire surtout pour faire enrager Michael. Mais pour le coup la situation s’était retournée contre moi.

Le vampire, toujours à l’extérieur nous regardait l’air gêné. Je le zyeutais en retour, ne comprenant pas ce qu’il attendait.

- Hum… je… comment dire… si vous ne m’invitez pas à entrer, je ne suis pas en mesure de pénétrer physiquement chez vous. Dit-il visiblement embarrassé.

- Oh, oui bien sûr, j’ignorais que la légende était vrai. Je vous prie de bien voul…

Un bras puissant m’enserra la taille par derrière, m’empêchant de poursuivre.

- Ne fais pas ça Walker, je t’en prie, c’est trop dangereux. Me chuchota Michael à l’oreille.

- On en a déjà parlé, si ça ne te convient pas, tu es libre de rentrer chez toi. Lui répondis-je en me libérant de son entrave.

- Mais c’est un vampire, on ne peut pas leur faire confiance.

- Et alors, je ne te fais pas confiance non plus, ça ne m’empêche pas de traiter avec toi.

Il prit un air outrageusement blessé mais je savais qu’il lui en fallait plus que ça.

- Je persiste à dire que ce n’est pas une bonne idée.

- Oh, mais on ne te demande pas ton avis.

Du coin de l’œil, je vis le vampire taper du pied, il s’impatientait.

- Et c’est reparti. Pff, de ma vie, je n’ai vu couple plus mal assorti que vous deux, c’est consternant ! Dit le vampire en levant les yeux au ciel.

- Ta gueule, suceur de sang. S’emporta Michael. C’était la première fois que je l’entendais être grossier. C’était bizarre, comme si quelque chose ne collait pas. Il pouvait être mesquin, moqueur, ironique, mais les termes qu’il employait étaient toujours irréprochables. Il devait vraiment être énervé. J’aurais peut-être dû désamorcer la situation mais j’étais moi-même trop énervée pour faire preuve de tact.

- Nous ne sommes pas un couple, ne vous méprenez pas. Michael se renfrogna dans son coin. Bien revenons à nos moutons. Puis-je vous poser une question ?

- Faites donc. M’encouragea le vampire.

- Si je vous laisse entrer, puis-je ensuite révoquer mon invitation ? Demandais-je, prudente. Une fois n’est pas coutume.

Mon interlocuteur eut un sourire qui me dévoila ses crocs acérés. Je me félicitai d’avoir posé la question.

- Vous n’aurez qu’à me signifier que je ne suis plus le bienvenu et vous n’aurez plus rien à craindre.

- C’est ça on va te croire, la sangsue. Intervint Michael.

Je l’ignorai et priai mon invité d’entrer.

 

Je fis entrer mes « invités » dans mon bureau. La pièce était petite. Les étagères qui recouvraient les murs soutenaient difficilement le poids des livres qu’elles contenaient. Au fond, contre la fenêtre, mon petit bureau misérable était recouvert de factures et papiers en tout genre. Je me laissais tomber lourdement sur le fauteuil derrière celui-ci.

- Asseyez-vous, je vous en prie. Dis-je en désignant les deux sièges qui se trouvaient en face de moi.

- Merci mais je préfère rester debout. Dit le vampire d’un air serein.

- Moi aussi. Affirma Michael en reportant son regard sur mon client. Depuis qu’il était rentré, le loup n’avait cessé d’inspecter les moindres recoins de ma maison. Il était extrêmement curieux et son comportement sans-gêne me portait sur les nerfs.

- Bien, Monsieur… pardonnez-moi, je ne me souviens pas de votre nom. Demandai-je.

- Je ne vous l’ai pas donné. Vous pouvez m’appeler Noah, mademoiselle Walker.

- Dans ce cas, heu… Noah, que puis-je pour vous ?

Le vampire se tenait droit comme un i, pourtant son regard ne cessait de se déplacer de droite à gauche, se fixant sur chaque petit détail comme pour en mémoriser l’emplacement. Soudain, il se concentra sur moi.

- Pour moi ? Demanda-t-il, amusé. J’ai bien peur qu’il n’y ait plus rien à faire pour moi depuis bien longtemps déjà.

- Très drôle, écoutez, j’ai eu une rude journée, alors si vous pouviez arrêter de jouer sur les mots et en venir aux faits, je vous en serais reconnaissante. Dis-je, lasse.

Le vampire éclata soudain de rire. Un rire clair et élégant, qui semblait sorti de nulle part.

- Vous avez vraiment beaucoup de caractère, mademoiselle Walker, voilà bien longtemps qu’une femme ne s’est pas permis de me parler sur ce ton. Je vous trouve de plus en plus intéressante. M’expliqua-t-il en se rapprochant du bureau pour y poser ses deux mains. Je ne devrais pourtant pas être surpris, votre loup, lui-même en a pris pour son grade.

Il n’avait pas détourné les yeux de moi un seul instant, et je ne parvenais pas non plus à le quitter des yeux. Son regard me captivait complètement, à cet instant j’aurais préféré mourir plutôt que de regarder ailleurs. Pourquoi ? Que m’arrivait-il ? Je me sentais toute molle, incapable de prendre la moindre décision. Je restais là pendue à ses lèvres, je voulais entendre sa voix, encore, juste un peu, après je pourrais mourir, ça me serait égal.

Un moment, qu’avait-il dit ? Mon loup ? Michael ?

- Ce n’est pas mon loup. Criai-je en me levant d’un bond et en retrouvant mes esprits du même coup. Le spectacle qui s’offrit alors à moi, me décontenança totalement.

Michael avait attrapé le vampire par la taille et était en train de le soulever de terre au moment où j’avais crié. La scène s’était alors figée et les deux protagonistes, restés dans la même position, me regardaient avec des yeux ronds.

- Comment avez-vous fait ? Demanda le vampire, toujours à plusieurs centimètres du sol.

- Comment j’ai fait quoi ? Demandais-je. Et que se passe-t-il ici ?

Michael profita de la confusion ambiante et balança Noah contre l’une des étagères, faisant s’écrouler des dizaines de livres au passage.

- Recommence-ça, et tu ne vivras pas assez longtemps pour voir la prochaine lune se lever. Menaça-t-il, puis il se tourna vers moi. Il t’a hypnotisée Walker, je t’avais dit de ne pas le regarder dans les yeux et qu’on ne pouvait pas leur faire confiance. Mais, bon dieu, comment as-tu fait pour reprendre tes esprits toute seule ?

Je n’arrivais pas à déterminer s’il était énervé contre moi où surexcité par ce que je venais de faire. D’ailleurs, qu’est-ce que je venais de faire ? J’avais encore du mal à mettre mes idées en place.

- C’est très étrange, vous semblez immunisée contre mes pouvoirs, je n’aurais jamais cru qu’il disait vrai. S’exclama Noah, tandis qu’il se relevait en époussetant ses vêtements. Rien ne semblait supposer qu’on l’avait lancé contre une étagère comme un vulgaire sac, une seconde plus tôt.

- Une seconde, de quoi parlez-vous ? Je n’y comprends plus rien. Vous avez essayé de m’hypnotiser alors qu’on vous avait dit que vous n’y arriveriez pas ? Mais qui vous a dit ça ? Demandai-je de plus en plus paniquée.

- Avant toutes choses, sachez que je n’ai jamais voulu vous faire de mal. Il s’agissait juste…disons… d’une expérience. Expliqua le vampire.

- Oui et bien, la prochaine fois, abstenez-vous ! Répondis-je de plus en plus hors de moi. A présent que les événements reprenaient leur place dans ma tête, la colère faisait surface à vitesse grand V. Et je n’étais pas la seule à avoir du mal à me contrôler. Michael bouillait littéralement sur place, un geste déplacé de Noah et il lui sautait à la gorge. Le vampire, quant à lui, ne semblait pas du tout conscient du danger.

- Je vous présente mes excuses pour le manque de délicatesse dont je viens de faire preuve. Ca ne se reproduira pas, aussi pourriez-vous demander à votre chien de garde de rentrer à la niche ?

Le vampire regardait le loup du coin de l’œil et un léger rictus se dessina sur ses lèvres lorsque Michael réagit à sa moquerie.

Tout se passa comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton ralenti d’une télécommande. Michael fondit sur lui en une seconde, se transformant en plein bond, tandis que le vampire se baissait dans le même temps, l’empêchant de l’atteindre et l’envoyant valser dans une autre de mes étagères.

Je restais là, complètement idiote, pendant que ma maison était détruite petit à petit par ces deux créatures puissantes. Et puis quoi encore ! J’ouvris le tiroir du bureau juste devant moi. Dedans, il y avait entre autre, un 9mm et un crucifix en bois. Mes doigts s’attardèrent une demi-seconde sur le flingue mais je pris néanmoins la croix.

Pendant que Michael, toujours sous sa forme de loup, reprenait ses esprits et se débarrassait des lambeaux de vêtements qui lui restaient, je me plaçai entre les deux, et brandis ma croix sous le nez du vampire. Je me retrouvai dos à un loup-garou enragé et ce n’était pas la situation la plus confortable qui soit mais chaque chose en son temps. Et puis je comptais un peu sur la maitrise de Michael pour faire la différence entre un vampire et moi.

- Maintenant ça suffit, vous allez arrêter vos conneries et répondre à mes questions.

Je tenais la croix juste devant le vampire et celui-ci n’avait pas tellement l’air d’apprécier, il reculait de plus en plus.

- Très bien, pas la peine de sortir la grosse artillerie, je ne créerai plus de problème. Puis s’adressant au loup derrière moi. Ne m’en veux pas, je t’en devais une !

Je décidais que ce problème était réglé, je devais maintenant m’occuper de celui juste derrière moi.

Je me retournai, prête à en découdre avec l’énorme bête pleine de griffes et de dents que je sentais dans mon dos. Non mais franchement, qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ?

Pourtant au lieu du terrible prédateur féroce que j’aurais du trouver, un magnifique loup-garou argenté aux yeux profondément bleus nuits et doux me regardait, tranquillement assis. Finalement j’avais eu raison de miser sur lui.

- Michael ? Tout va bien ?

Le loup émit un faible jappement pour me signifier que c’était le cas. Je soufflai bruyamment de soulagement. Tout allait bien. Heureusement, car je ne voyais pas trop ce que j’aurais pu faire s’il avait voulu m’attaquer. Ben oui, on ne repousse pas un loup enragé d’un mètre cinquante au garrot, tout en muscle et en puissance, avec un petit crucifix en bois.

Je me retournai à nouveau vers le vampire qui avait patiemment attendu que j’en ai fini avec Michael.

- Bien, allez-vous finir par m’expliquer une bonne fois pour toutes ce que vous me voulez vraiment ? Demandais-je impatiente, les présentations « courtoises » avaient suffisamment durées.

- Bien sûr. Mon Maître m’envoie à vous pour louer vos services.

Louer mes services ? Pour qui me prenait-il ? Une call-girl ?

- Mais encore ? Je ne crois pas me tromper si je dis que votre Maître est un vampire lui aussi ? Je suis peut-être douée mais je ne ressuscite pas les morts. Expliquai-je. Je ne comprenais pas où il voulait en venir.

- D’après ce qu’on m’a dit, vous êtes plus que douée, mais passons. Vous ne devrez pas soigner un vampire mais bel et bien une humaine.

- Une humaine ? Mais quel intérêt, votre Maître aurait-il à soigner une humaine ? Ne sommes-nous pas juste de la nourriture pour vous ? Lui dis-je, blasée.

Noah eut un petit rire charmant me signifiant que j’étais dans l’erreur.

- Je crains que notre monde vous soit totalement inconnu, charmante humaine. Pour certains d’entre nous, vous représentez tellement plus. Toujours est-il que l’humaine en question nécessite des soins urgents et mon Maître a souhaité faire appel à vous. Expliqua-t-il comme s’il s’agissait d’un grand cadeau. Vu l’état de ma maison suite au passage de son messager, j’en doutais fortement.

- C’est trop d’honneur, il n’aurait pas dû. Dis-je ironiquement. Et vous n’avez pas pensez à l’emmener à l’hôpital ?

Soudain le vampire eut l’air gêné.

- Hum… c’est-à-dire que certaines… blessures sont difficilement explicables. Nous avons pensez que vous ne poseriez pas trop de questions.

- Ben voyons, comme c’est pratique ! Remarquai-je. Ecoutez, je ne sais pas exactement ce que vous attendez de moi mais ce que je sais en revanche, c’est que je ne serai capable de rien ce soir. Je suis beaucoup trop épuisée pour soigner qui que ce soit. Néanmoins, je suis d’accord pour essayer demain, vous n’aurez qu’à me l’amener à la tombée de la nuit et je verrai ce que je pourrai faire.

Michael, qui n’avait pas cessé de fixer le vampire depuis leur dernière altercation, manifesta sa réprobation par un grognement.

- Et que devrais-je faire selon toi ? Je ne peux tout de même pas la laisser mourir sans rien faire !

Pour réponse, je n’eu droit qu’à un faible couinement. Je pris ça pour un « d’accord, tu as raison ».

- Je crains, malheureusement, que ce ne soit pas possible. L’humaine en question est très faible et ne peux pas être déplacée. C’est vous, qui allez devoir venir à nous.

Cette fois le grognement de Michael se fit plus féroce. Il se déplaça entre le vampire et moi pour montrer son désaccord. Pour une fois, je partageais sa vision des choses.

- Vous voulez que, moi, je me rende dans votre repère ? Écoutez, je suis peut-être un peu téméraire parfois - Michael émit une sorte de « humpf » moqueur que je décidai d’ignorer - mais je ne suis pas suicidaire. C’est hors de question, tout ce que j’aurais à y gagner c’est la mort. Contrai-je.

- Bien entendu, vous avez ma parole qu’il ne vous sera fait aucun mal. J’y veillerai personnellement. De plus, vous serez largement rétribuée pour le service que vous nous rendrez.

Je jetai un coup d’œil au tas de factures qui était empilées sur le bureau.

- Je crains que ce ne soit pas suffisant, je ne vous fais absolument pas confiance. Arguai-je. Le vampire partit d’un rire tonitruant qui semblait trop chaleureux pour sortir de sa bouche.

- Grand bien vous fasse. S’exclama-t-il, toujours hilare. Vous êtes difficile en affaires mademoiselle Walker, vous me plaisez de plus en plus. J’aime les femmes dans votre genre.

Je rêvais où il me draguait ?

- Dans ce cas, que diriez-vous si nous vous autorisions à emmener l’escorte de votre choix avec vous ? Continua-t-il. Je doutais que quelques loups garous suffisent face à toute une horde de vampires.

- Je n’ai pas envie d’être responsable d’un massacre, merci bien. Protestai-je.

- Je suis peiné de constater la piètre opinion que vous avez de mes congénères et de moi-même, mademoiselle Walker. Nous savons pourtant être si charmants. Dit-il en contournant prudemment le loup pour se rapprocher de moi. Michael, ne l’entendit pas de cette oreille et se décala au même rythme que Noah, afin de l’empêcher de se rapprocher plus encore. Voyant qu’il n’y arriverait pas, le vampire s’arrêta finalement en fronçant les sourcils.

- Eh bien, je ne devais en arriver là qu’au cas où vous ne seriez pas coopérative avec mes précédentes propositions, mais apparemment, je ne vais pas avoir le choix. S’impatienta-t-il. En face de moi, je vis le loup se raidir, prêt à parer toutes attaques. Je resserrai ma prise sur la croix que je tenais toujours à la main.

- D’après ce que j’ai vu, vous essayez de rassembler des informations sur votre pouvoir. Continua Noah. Je jetai un coup d’œil rapide au pan de bibliothèque encore intact qui contenait tous les livres que j’avais pu trouver sur le sujet.

- Oui et alors ? Demandai-je, soudain intriguée.

- En échange de vos services, mon Maître est prêt à vous révéler des informations que vous ne trouveriez dans aucun de vos livres.

Si ce que disait Noah était vrai, ça changeait tout. Je ne savais pas grand-chose sur mes capacités et c’était là ma plus grande faiblesse. J’avais tenté, depuis des années, de comprendre mon pouvoir, mais je n’avais jamais rencontré personne comme moi. Et les quelques livres qui parlaient de guérisseuses, étaient souvent remplis de légendes sans fondement. Même si garder la vie restait ma priorité, il fallait bien avouer qu’il venait de me lancer un appât auquel je pouvais difficilement résister. Je décidai de tâter le terrain.

- Encore une fois votre offre n’est pas assez intéressante, je sais tout ce qu’il y a à savoir sur mon pouvoir.

Michael qui m’avait observée du coin de l’œil d’un air inquiet, sembla rasséréné par ma déclaration. Il dû se dire que je n’avais pas encore complètement perdu la raison. Mouais ! Le vampire, quant à lui, me regarda de haut en bas, avec une lenteur exagérée, qui ne me laissa que très peu d’illusions sur le contenu de ses pensées. Je me sentis rougir.

- Votre performance de ce soir m’indique pourtant le contraire, mademoiselle Walker. Utiliser un crucifix ! Allons, vous pouvez faire mieux que cela. Me nargua-t-il en ricanant.

Je le regardai sans comprendre. Que voulait-il dire par là ?

- J’ai peur de ne pas comprendre. Mais je suis certaine que vous ne me direz rien ce soir n’est-ce pas ? Demandai-je au hasard.

- En effet, mais si vous changez d’avis mon Maître répondra à toutes les questions que vous vous posez. Je vous laisse y réfléchir, je n’ai que trop abusé de votre temps mademoiselle Walker.

- Une seconde ! L’interpellai-je précipitamment. Si, et je dis bien si, je change d’avis, comment je fais pour me rendre chez vous ?

Michael tourna complètement la tête de mon côté, cette fois-ci, et je pu lire de la panique dans ses yeux.

- Vous n’aurez qu’a demander à votre… hum… toutou, dit Noah en jetant un regard dédaigneux à Michael. Il connait le chemin, c’était un habitué.

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 17:26

Je boudais sur le siège passager de mon 4x4, tandis que Michael me raccompagnait chez moi. Il avait gagné et je le sentais jubiler à côté de moi ce qui m’énervait d’autant plus.

- Tu vas faire la tête encore longtemps ? Me demanda-t-il en s’engageant sur une petite route dont la largeur ne permettrait pas à un autre véhicule de passer en face de nous.

Je ne pipai mots et me contentai de regarder le paysage par la fenêtre.

- Et j’imagine que tu ne vas pas non plus m’inviter à boire un dernier verre chez toi ?

C’était plus que je ne pouvais en supporter. Oui je sais, mon seuil de tolérance est bas.

- N’y compte pas, le jour où tu rentreras chez moi, il neigera en enfer !

Je lui avais craché au visage ma réplique cinglante en me tournant pour la première fois vers lui depuis le début du trajet. Il me regardait avec un grand sourire qui faisait pétiller ses yeux. Il avait voulu me faire réagir et j’étais tombée dans le piège la tête la première. Merde.

- Un jour, tu seras heureuse de m’avoir rencontré Lucinda Walker, et ce jour-là j’accepterais tes excuses avec plaisir. Soupira-t-il, sans se départir de son sourire.

- Bien sûr, et les cloches de Pâques existent c’est ça ? Rétorquais-je, plus agacée que jamais.

- Va savoir, le grand méchant loup existe bien lui.

Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, pourtant ses yeux n’avaient jamais été plus sérieux. Un frisson me parcouru tout le long de la colonne vertébrale.

Je ressentais encore des picotements dans le bas du dos quand la voiture s’arrêta devant mon portail. Ma maison n’était pas aussi grande, ni aussi luxueuse que celle de Michael, mais c’était la mienne et je l’adorais. Elle était petite et toute blanche avec un toit rouge. La peinture avait besoin d’être refaite et quelques tuiles auraient dû être remplacées mais dans l’ensemble elle était en bon état. Je l’avais achetée à une petite mamie qui partait vivre chez sa fille parce qu’elle ne pouvait plus vivre seule, et elle m’avait fait un prix défiant toutes concurrences parce qu’elle m’avait trouvée sympathique. Bon, je m’étais tout de même endettée sur vingt ans, mais ça valait le coup.

Je ne voulais pas prolonger la pseudo-intimité que l’espace réduit de l’habitacle de mon 4x4 produisait, aussi m’empressais-je d’ouvrir la portière. J’étais tellement épuisée que même les sièges cabossés de mon antiquité de véhicule m’avait paru confortable, et l’idée de m’en extirper ne me réjouissait pas. Je me résolus pourtant à tirer la poignée. Mais alors que je sortais ma première jambe, une main implacable s’abattit sur mon bras gauche et me tira à l’intérieur. Dans le même temps et sans que je comprenne comment, la portière se referma et mon 4x4 démarra au quart de tour. Nous fîmes une marche arrière suivie d’un demi-tour digne d’un film d’action à gros budget puis plus rien. Je ne vous avais pas parlé de l’extraordinaire rapidité que confère la lycanthropie? Ben voilà, c’est fait.

- Merde, on est coincé. Dit Michael entre ses dents. Le ton de sa voix était particulièrement tendu mais je décidai de ne m’en inquiéter qu’après. Grosse erreur ! Lorsque l’alpha, et par conséquent le loup le plus fort d’une meute de loup-garou s’inquiète pour quelque chose, vous avez plutôt intérêt à y prêter une attention toute particulière. Cependant, j’avais été tellement secouée durant les cinq dernières secondes que je n’avais pas vraiment les idées en place.

- Non mais ça va pas ? Tu veux me tuer ou quoi ? Tu es peut-être indestructible mais je te rappelle que ce n’est pas mon cas. Lui hurlai-je dessus. J’étais hors de moi, prête à hurler encore plus fort quelque soit sa réponse.

- Indestructible ou non, ça ne fait pas grande différence face à ces gens-là ! Répliqua-t-il d’une voix à peine audible, les yeux rivés sur la route devant nous. Soudain une petite lumière s’éclaira dans mon esprit. Il était temps me direz-vous ! Je posais, à mon tour, les yeux sur ce qui inquiétait tant le lycan, et des raisons de s’inquiéter, il y en avait. A dix mètres devant nous, éclairé par les phares de ma voiture, se tenait une des créatures que je voulais tant éviter. Un vampire.

Il était grand, peut-être un mètre quatre-vingt-cinq, et était vêtu d’une chemise en soie blanche largement ouverte devant, et d’un pantalon en cuir noir. Ses cheveux bruns coupés courts lui donnaient une allure sévère accentuée par l’ossature anguleuse de son visage. Il devait avoir dans les trente ans, quoi que l’apparence soit toujours trompeuse avec les vampires. Comment avais-je deviné qu’il s’agissait bien d’un vampire et pas d’un promeneur égaré me direz-vous. Et bien si la pâleur de sa peau, telle qu’elle était plus blanche que sa chemise, ses yeux dorés qui brillaient dans la lumière des phares et son allure générale auraient pu laisser planer un éventuel doute. En revanche, les canines proéminentes que nous dévoilait son immense sourire, ne me laissèrent que peu d’illusions sur ce qu’il était.

Tandis que je fixais le vampire de mes yeux horrifiés, et que je prenais conscience de notre situation, Michael attira mon attention.

- Lucy, aboya-t-il, ne le regarde pas dans les yeux. C’est comme ça qu’ils manipulent les humains.

Michael ne m’appelait jamais Lucy. Ce n’était pas très bon signe.

Je détournai immédiatement les yeux et regardai mon compagnon à la place. Quelque chose de brillant attira mon attention, dans le cou de celui-ci. Une goutte de sueur était en train de glisser le long de sa jugulaire. Merde, un loup-garou qui transpire ce n’était vraiment pas bon signe.

- Qu’est-ce qu’on fait ? Couinais-je faiblement. Tu pourrais pas lui foncer dessus ? Si tu t’inquiète pour la peinture de mon 4x4 ce n’est pas la peine, je tiens plus à ma vie.

- J’y ai déjà pensé figure toi, mais sincèrement, je pense que dans un duel entre ton 4x4 et le vampire, c’est le vampire qui gagne. Répondit-il, les yeux toujours fixés sur la route.

- Parfait monsieur je-sais-tout, qu’est-ce que tu proposes alors ? Parce que là je suis ouverte à toutes les suggestions.

Je commençais à m’énerver et je ne tentais même pas de me calmer. Je préfère la colère à la peur, ça me rend plus courageuse, et peut-être un peu plus stupide aussi.

- Reste dans la voiture. Me dit-il alors qu’il ouvrait la portière de la voiture.

- Une seconde, tu fais quoi là ? Je l’avais retenu par la manche de sa chemise alors qu’il commençait à sortir du véhicule. Bizarrement l’idée qu’il sorte de mon 4x4 pour se retrouver en face du vampire ne me semblait pas très bonne, bien que celui-ci représente une protection bien dérisoire face à la menace présente.

- Il est surement là pour moi alors je vais essayer de l’attirer le plus loin possible. Pendant ce temps tu prends le volant et tu vas chez moi, il doit y en avoir cinq maintenant. Ils te protègeront. Débita-t-il d’une traite. La tension des muscles de son visage ne me rassurait pas du tout Ce n’était vraiment pas une bonne idée. Un groupe de loups garous pouvait venir à bout d’un vampire, mais à un contre un, je doutais que Michael ait une chance, aussi puissant soit-il.

- Non, couinais-je d’une voix un peu plus aigüe que ce que je n’avais voulu. Si tu y vas, tu vas te faire tuer. La peur revenait au galop et je n’allais bientôt plus pouvoir la contenir. Le visage de Michael se fendit d’un grand sourire.

- J’aime ça, quand tu t’inquiètes pour moi. Mais si je reste dans cette voiture, c’est nous deux qui allons y passer. Son visage reprit un air tendu. Ca va aller, tu n’as pas à t’en faire, il est surement fort, mais je suis sans aucun doute plus rapide que lui. Sur ce, il déposa un baiser sur mon front qui dura une seconde de trop.

Ok, là j’étais vraiment inquiète ! Pourtant quand il eut quitté son siège, je me dépêchai de m’installer derrière le volant, prête à m’enfuir aussi vite que possible. Mon cœur battait à tout rompre et je sentais l’adrénaline se rependre petit à petit dans mes veines.

 Mon pied était posé sur l’accélérateur et je me préparais à l’écraser d’une seconde à l’autre quand je vis quelque chose qui me laissa perplexe quant à la conduite à avoir.

Le vampire venait de lever les deux mains, paumes en avant comme si quelqu’un venait de le braquer. Geste qui semblait particulièrement déplacé chez un vampire, puisque aucune balle, même en argent, n’aurait eu d’effet sur lui. Michael avait commencé à avancer en direction du monstre et sa posture avait sensiblement changé au fur et à mesure que les quelques mètres qui les séparaient, se réduisaient. Il semblait prêt à se transformer  au moindre mouvement. Pourtant en voyant le signe de reddition, il s’était stoppé net, visiblement aussi surpris que moi.

La fenêtre, côté passager, était ouverte et la scène se tenait à, tout au plus, dix mètres de moi.

- Du calme loup, je ne viens pas en ennemi. Rengaine tes crocs, je ne te veux pas de mal. Le vampire avait prononcé cette phrase d’une voix calme et posée, comme si la situation n’était pas du tout périlleuse, ce qui était visiblement le cas, du moins pour lui.

- Dans ce cas, en qualité de quoi viens-tu, vampire ? Et comment m’as-tu trouvé ? Demanda Michael. Sa diction, d’habitude parfaite, n’était plus. Le son s était remplacé par un espèce de ch qui semblait déplacé dans sa bouche, comme si quelque chose le gênait pour prononcer les mots correctement.

- Je viens en tant que client. Et ce n’est pas toi que je cherchais. Dit le vampire en me montrant du menton. Je viens voir la guérisseuse. J’ignorais qu’elle avait un garde-du-corps. Se moqua-t-il. Michael se tourna brièvement vers moi puis fit de nouveau face à son adversaire. Ce fut durant ce bref instant que je vis étinceler des canines immaculées dans sa bouche pourtant toujours humaine. Ca faisait un drôle d’effet, j’ignorais qu’une sorte de stade intermédiaire entre l’homme et le loup, existait. Mais comme je suis très douée pour compartimenter mes idées, je décidais que j’aborderais le sujet plus tard. Enfin si on était en vie à ce moment là.

- Qui appelles-tu garde-du-corps, suceur de sang ? Retourne d’où tu viens, la vermine dans ton genre n’a rien à faire ici. Répliqua Michael sur un ton plus élevé. La tension montait et je ne savais pas ce que j’étais censée faire. Le vampire était venu pour moi et dans un certains sens, ça me soulageait qu’il n’en ait pas après le loup. Je devais être en train de devenir folle !

- Assez ! Je ne suis pas ici pour t’affronter. Tu n’es qu’un chiot ! Tu devrais apprendre à rester à ta place. Est-ce ainsi que la guérisseuse traite ses clients habituellement ?

En réaction aux mots du vampire, je vis la peau de Michael frémir comme si des milliers de petits insectes rampaient sous sa peau. Il était prêt à se transformer d’une seconde à l’autre. Que devais-je faire ?

- Je suis l’alpha de la meute de loups garous locale et tu es sur mon territoire, surveille tes propos. Aboya Michael. La guérisseuse est à moi. Fais demi-tour !

Cette fois je ne me posais plus de question. Une simple phrase avait réussi à faire totalement s’envoler mon indécision. Je sortais d’un bon du 4x4, toute fatigue avait disparu et je me dirigeais d’un pas décidé vers Michael. Le vampire avait ouvert la bouche pour répliquer quelque chose mais il s’était stoppé net en me voyant. Il me regardait maintenant avec une tête ahurie. Je me postai devant Michael, tournant ainsi le dos au vampire. Je sais, c’est stupide mais comme je l’ai déjà dit, la colère ne me rend pas particulièrement intelligente. Les yeux plissés, le loup-garou me regardait de haut. Voyant que je ne baissais pas le regard, il se ratatina un peu sur lui-même, comme s’il attendait un coup. Il n’allait pas être déçu !

- Retourne dans la voiture et fais ce que je t’ai dit, Walker. M’asséna-t-il d’un ton dur. Parfois l’attaque est la meilleure défense ! C’est une stratégie qui peut parfois s’avérer payante. Dommage pour lui, ça ne fit que jeter un peu plus d’huile sur le feu. J’étais hors de moi.

- Le problème, vois-tu, c’est que dans la voiture, je n’entends pas bien ! Peux-tu répéter ce que tu viens de dire à l’instant ? Demandais-je d’un ton mielleux.

Il ne répondait rien et se contentait de me regarder d’un air impassible comme si ce qu’il venait de dire n’était pas important. Je me sentais bouillir à l’intérieur, ma main me démangeait et j’avais l’impression que rien ne pouvait m’atteindre. Soudain, son visage se fit plus doux et il me regarda tendrement. Ses crocs avaient disparu lorsqu’il me sourit.

- T’aurais-je offensé d’une quelconque manière ma douce ?

C’était plus que je ne pouvais en supporter.

- J’espère que tu plaisantes ! Tu n’es qu’un crétin arrogant. Qui crois-tu posséder ? Je ne t’appartiens pas, je ne suis pas un de tes loups à qui tu peux faire faire ce que tu veux. Et pendant qu’on y est, je ne t’appartiendrai jamais, plutôt mourir ! Hurlai-je à seulement cinq centimètres de son visage. J’étais folle de rage et mes jambes tremblaient alors que j’essayais de rester sur la pointe des pieds. Comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas très grande.

- Il ne faut jamais dire jamais, trésor. De plus je ne faisais qu’essayer de te sauver la vie. Et puis voyons les choses en face, n’es-tu pas la guérisseuse de la meute ? Demanda-t-il, toujours charmeur. J’étais méfiante concernant le chemin qu’il voulait me faire prendre, j’acquiesçais néanmoins.

- Et la meute ne m’appartient-elle pas ? Dans ce cas, techniquement, tu es bien à moi ! Finit-il, très fier de son argument. Non mais franchement, avez-vous déjà entendu quelque chose d’aussi absurde ?

- Je crois que tu devrais arrêter de sortir avec tes minettes décérébrées, ton Q.I. en a visiblement pris un coup ! Répondis-je, consternée.

- Un mot de toi, et elle ne sont plus qu’un lointain souvenir.

- Seulement dans tes rêves !

Soudain une voix retentie derrière moi.

- Hum… Je ne voudrais pas interrompre votre querelle d’amoureux, mais je suis toujours là ! Dit le vampire que j’avais totalement oublié. C’est assez embarrassant mais durant nos disputes, et croyez-moi ce n’était pas la première, j’avais tendance à faire abstraction de tout ce qu’il y avait autour.

Je fis volte-face pour regarder notre perturbateur. Il se tenait nonchalamment la hanche, attendant bien tranquillement qu’on le remarque, en profitant du spectacle. Je rougis involontairement.

- Euh… oui, excusez-moi, vous disiez être un client, que puis-je faire pour vous ? Demandais-je gênée.

- Walker, tu es folle où quoi, c’est un vampire, oublie ça tout de suite. Me réprimanda Michael. Amusant, c’en était fini des « ma douce » et autre « trésor ».Ca me donnait encore plus envie d’être agréable avec mon futur client.

- C’est avant tout un client et que tu le veuilles où non je ferai ce qui me plait. En plus, j’ai besoin d’argent et tu ne me paies pas pour mes services donc…

Tout l’art d’aborder un problème hors sujet durant une dispute. Je ne suis pas une femme pour rien.

Je me tournais à nouveau vers le vampire.

- Lucinda Walker, que puis-je pour vous ?

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0
7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 08:53

Je m’étais préparée au spectacle qui m’attendait dans la chambre. Après tout, j’avais déjà soigné plus d’un loup, même à l’agonie. J’avais appris à soigner avec l’aide de la régénération rapide de ceux-ci. Ce qui est très pratique pour une petite blessure, ou même pour une blessure qui serait mortelle pour l’homme. D’ailleurs, la lycanthropie permet la guérison de presque tout ce qui peut être infligé par l’homme ou par un simple accident. Les blessures par balles, les coups de couteaux, les petites fractures, mais aussi les accidents de voitures, les chutes d’une certaine hauteur, l’électrocution, ainsi que les brulures, même graves. En somme, tout ce qui peut être fatal aux êtres humains, ne met pas en danger la vie des loups. Grâce à cette incroyable résistance, un loup-garou est quasiment invincible, et c’est sans compter sur leur force surhumaine. Mais quasiment, ce n’est pas complètement. Les lycans sont allergiques à l’argent. Ce métal empêche leur pouvoir de guérison de fonctionner. Aussi, lorsqu’un loup est blessé par une balle ou une lame en argent, il a autant de chance qu’un être humain, d’y succomber. Mais ce n’est pas la seule chose qui puisse blesser un loup-garou. Lorsqu’il est confronté à une puissance équivalente ou supérieure à la sienne, le  corps d’un loup est aussi vulnérable que celui de n’importe qui. C’est pourquoi la majeure partie des décès de loups garous résultent des blessures infligées durant un combat de domination au sein de leur propre meute. Dans ce cas, c’est la quantité, ainsi que la gravité des blessures qui empêchent leur pouvoir de guérison d’être efficace. Sans une intervention extérieure un peu particulière, le loup n’a, en général, aucune chance de s’en sortir. Et c’est là que j’interviens. L’aide extérieure un peu particulière, c’est moi ! Et Dieu sait que je n’aime pas me vanter, mais cela faisait trois ans que Michael n’avait perdu aucun membre de sa meute, depuis que j’étais devenue la guérisseuse officielle. Hourra pour moi !

Alors que je pénétrai bruyamment dans la chambre − il n’est jamais bon de surprendre un loup quelle que soit la situation, ça pourrait se retourner contre vous − deux regards se tournèrent vers moi. Le premier appartenait à Thomas, l’un de mes lycans préférés dans la meute. Thomas est le plus calme et le plus doux des loups que je connaisse. Il sait parfaitement se contrôler, en toutes circonstances, mais il peut aussi devenir redoutable lorsque la situation l’exige. Si je ne l’avais pas vu de mes propres yeux sous sa forme de lupine, j’aurais eu du mal à croire qu’il en est un. Et même sous sa forme lycanthrope, il ressemble plus à un gros chien de compagnie, qu’à un terrible prédateur capable de déchiqueter de l’acier avec ses griffes. Un jour, il m’avait expliqué que son caractère était dû à la manière dont il avait été transformé. Alors qu’il était encore humain, il était tombé fou amoureux d’une femme qui était en fait une louve. Leur amour était tel, que la transformation de Thomas s’était imposée comme le meilleur moyen pour eux d’être heureux ensemble. Et ça avait été le cas, du moins jusqu’à ce que sa femme ait été tuée d’une balle en argent, par un chasseur de loups garous, un siècle plus tôt. Je ne vous ai pas parlés de l’exceptionnelle longévité que confère la lycanthropie ? Ben voilà, c’est fait ! Il n’empêche qu’il est le seul, à ma connaissance, à avoir souhaité sa transformation. Il avait accepté sa bête avant même que celle-ci soit en lui et rares sont les loups dans ce cas.

- Lucinda, te voilà enfin. On ne sait plus quoi faire, Marco est très mal en point. Van ne l’a pas ménagé. Me dit-il en me prenant dans ses bras comme après une longue absence. Je ne fis rien pour me dégager, les marques d’affection de Thomas ne m’avaient jamais dérangées, contrairement à celle de Michael, allez savoir pourquoi !

- Oui, j’imagine que son état est critique, sinon je ne serais pas là. Répondis-je, à moitié étouffée contre son épaule.

L’autre membre de la meute qui se trouvait dans la pièce et que je ne connaissais pas, s’écarta pour me laisser le champ libre.

L’état de Marco n’était pas critique, il me semblait désespéré. J’avais l’estomac plutôt bien accroché lorsqu’il s’agissait de sang, du moins en général. Pourtant cette fois-ci, je ne pus réprimer un haut-le-cœur en voyant ce qui m’attendait. Marco gisait sur le dos, sous sa forme humaine. Trois longues et profondes estafilades, sans doute provoquées par un coup de patte, lui barraient la totalité du torse en diagonale, partant de son épaule à sa hanche opposée. Je pouvais distinguer des morceaux de ses intestins à l’intérieur de l’impressionnante blessure. Il avait carrément été éventré. Van n’y était, en effet, pas allé de main morte. Cette plaie était celle qui sautait aux yeux en premier, mais en regardant plus attentivement l’ensemble de son corps, on pouvait voir une multitude de blessures plus petites mais pas moins profondes. Des trous de la taille d’une balle, lui perforaient le cou et les épaules. Sa cage thoracique avait l’air d’être enfoncée en plusieurs endroits et sa jambe gauche formait un angle bizarre sous le drap ensanglanté, recouvrant le bas de son corps. Et c’était sans compter les hématomes qui se formaient déjà un peu partout sous sa peau. Les loups marquent plus vite après un coup très puissant, mais les traces disparaissent en seulement quelques heures. Du coup, la peau de Marco était parsemée de rouge, de jaune, de violet et de bleu selon le stade de l’hématome.

Tandis que je m’approchai du blessé, je jetai un coup d’œil réprobateur à Thomas.

- Je ne pouvais rien faire Lucy, tu le sais bien, pas la peine de me regarder comme ça. Lorsqu’un défi est lancé, on ne peut pas s’interposer, c’est la loi. Me dit-il d’un air contrit comme si cette loi le frustrait autant que moi.

- Je sais. Mais regarde-le, ce n’est qu’un gamin. Tu aurais pu le dissuader de défier Van. Vos lois sont vraiment idiotes. M’emportai-je contre Thomas. Marco n’avait que dix-huit ans et avait rejoint la meute deux ans auparavant, juste après sa transformation. Je n’avais que vingt-cinq ans mais en le voyant ainsi étendu et vulnérable, je ne pouvais pas le voir autrement que comme un gamin.

- Elles ne sont peut-être pas parfaites mais elles assurent notre pérennité depuis des millénaires, Walker. Ton statut dans la meute ne t’autorise aucunement à critiquer nos coutumes et encore moins à rejeter la faute de ce qui s’est passé sur Thomas. Retentit une voix derrière moi. Michael nous avait rejoints et se tenait dans l’encadrement de la porte. Il s’était visiblement remis en mode « alpha » et me regardait intensément comme s’il cherchait à voir au travers de mon corps. Ses propos n’avaient pas été prononcés sous forme de reproches mais comme des faits, ce qu’ils étaient objectivement.

- Pouvez-vous faire quelque chose pour lui ? Me demanda l’inconnu de la pièce d’une voix suppliante.

Je me tournai vers lui et le regardai plus en détail. Il était grand, mais vraiment chétif pour un loup. Ses fins cheveux blonds retombaient délicatement sur ses épaules et le faisait sembler encore plus fragile. Effet renforcé par ses grands yeux bleus. Je ne lui donnais pas plus de quinze ou seize ans, que faisait-il là ? Ce n’était qu’un gosse.

Je ne le connaissais pas et j’étais pourtant sure d’avoir rencontré tous les membres de la meute au moins une fois. De plus, s’il m’avait demandé si je pouvais aider Marco c’est que, lui, ne me connaissait pas. Il était nouveau.

- Je vais faire mon possible. Lui promis-je d’une voix douce. Il avait l’air totalement paniqué et je ressentais le besoin « ridicule » de le protéger. « Ridicule » parce que si l’envie lui prenait, il pouvait me faire voler jusqu’à l’autre bout de la pièce d’une simple pichenette.

- Où est Van? Demandai-je prudemment. Je voulais bien sauver la vie d’un crétin inconscient mais je refusais de perdre la mienne au cas où celui qui lui avait fait ça revenait finir le travail. Et je ne doutais pas que si Van se pointait, il enverrait valser tout ce qui se tenait sur son passage, sans s’inquiéter qu’il s’agisse de loups garous robustes ou d’une frêle petite humaine telle que moi.

- On l’a bouclé dans une cellule au sous-sol, ne t’en fais pas. Me répondit Michael toujours en mode « alpha impassible ».

Bien, dans ce cas j’allais pouvoir laisser parler mon art.

- Sortez tous de la pièce s’il vous plait.

- Tu me laisseras y assister un jour ? Demanda Michael avec une pointe de défi dans la voix.

- Bien sûr, quand tu seras à sa place. Dis-je en désignant Marco du menton.

Il me regarda avec l’air de celui à qui on ne la fait pas, puis tourna sur ses talons et referma la porte derrière lui.

 

Enfin seule, je m’approchai du lit et détachai le holster que je posai sur la table de nuit. J’enlevai ma veste qui risquait de me gêner et m’assis sur le tabouret que quelqu’un avait placé à côté du lit. Si je demande à être seule, ce n’est pas par pudeur ou parce que c’est dangereux. Non, si je demande à être seule c’est parce que j’ai besoin d’une concentration extrême pour guérir d’aussi graves blessures.

Je fermai les yeux et me focalisai sur le faible battement de cœur de Marco. Je ne tendai pas les mains en avant. En réalité, je n’ai pas besoin de poser mes mains sur quoi que ce soit pour guérir, mais j’avais remarqué que les clients me payaient plus volontiers à la fin de la séance, si je me servais de mes mains, dans le cas contraire, ils ont l’impression que je n’ai rien fait et qu’ils se sont fait avoir. Je peux comprendre.

Les battements de cœur étaient lents mais forts et je trouvai bientôt le rythme qu’il me fallait. Soudain, je devenais solide et liquide, toute petite et gigantesque en même temps, endormie mais bel et bien réveillée. C’est difficile à expliquer, mais c’est comme si j’étais consciente de tout ce qui m’entourait. La peinture bleue claire de la chambre se transformait selon tout le spectre des couleurs, je pouvais distinguer chaque latte du parquet comme une entité à part entière et je pouvais compter le nombre de couches de vernis qui les recouvraient. Je distinguais chaque particule de poussières qui virevoltait dans le rayon de soleil qui traversait la pièce, j’aurais presque pu les compter. Mais surtout, je percevais chaque partie du corps de Marco. Chaque veine, chaque parcelle de peau, chaque petit bout d’os, aucune des cellules qui le composaient n’avaient de secret pour moi. Le souffle de vie qui les animait, circulait à travers moi comme un courant électrique et laissait tout un tas de sensations différentes. Je pouvais ressentir le souffle du vent sur ma peau, l’odeur des sous-bois et le hurlement du loup qui souffrait. Il ne m’en fallait pas plus, j’étais connectée à Marco et lui insufflait un peu de mon propre courant.

Je localisai la douleur qui se tapissait au fond de lui et la repoussai doucement d’abord, tentant de gagner un peu de terrain. Elle résistait, luttant pour garder son emprise sur les nerfs de mon patient. J’envoyai une décharge plus puissante qui balaya la souffrance comme une déferlante impitoyable. Je sentis les muscles de Marco se détendre sous mon emprise. Maintenant qu’il n’avait plus mal je pouvais m’attaquer à la guérison à proprement parler.

Je commençais directement par l’entaille la plus profonde, celle qui lui  barrait le haut du corps. J’envoyai une décharge dans la chair lacérée et entamai une sorte de zigzag de chaque côté de la plaie. Une intense chaleur m’envahit, augmentant un peu à chaque seconde, jusqu’à ressentir comme une brûlure. J’ouvris les yeux pour vérifier que tout allait bien. Le courant absorbait le mal et la blessure avait déjà commencé à se refermer, je ne pouvais pas voir l’évolution de la guérison en direct mais je savais que si je refermais les yeux un instant pour les rouvrir une minute plus tard, la plaie se serait encore un peu plus refermée. C’était un peu comme regarder le soleil avancer dans sa course. On ne peut pas le voir descendre vers l’horizon en le fixant mais si on le regarde une heure plus tard, on voit clairement qu’il est descendu.

A présent, le courant agissait par lui-même, avide des blessures de Marco, il les traquait et s’insinuait par tous ses pores, s’infiltrait dans les veines, suivant la course sanguine jusqu’à la prochaine blessure.

Au bout de deux heures et demie, le corps de Marco avait retrouvé son intégrité. Ne restaient de son combat que quelques fines traces rosées sur sa peau pâle, qui finiraient également par disparaitre.

Deux heures et demie, pour d’aussi graves blessures, c’était un record pour moi. Mon pouvoir s’intensifiait, je le sentais depuis quelque temps. Bien sûr le pouvoir de guérison du loup m’avait beaucoup aidé. Jamais je n’aurais pu guérir un humain atteint du même mal en aussi peu de temps, et de toute façon je doute qu’un humain y ait survécu.

Marco n’ouvrit pas les yeux alors que je me relevai doucement du tabouret. Je soigne les blessures physiques mais pour ce qui est de l’esprit, c’est une toute autre histoire, et Marco devait être profondément choqué et fatigué. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal.

J’étais chancelante mais mes jambes parvenaient tout de même à me porter. J’étais moi aussi épuisée. Cela faisait un moment que je n’avais pas soigné de telles blessures, et même si le loup m’était venu en aide, j’avais utilisé une bonne partie de mon énergie. Pourtant ce n’était pas encore fini. Après avoir absorbé le mal, le courant était revenu en moi et commençait à me picoter un peu partout, si je n’agissais pas rapidement, ça allait devenir très douloureux.

Je pris appuis contre le mur et le longeai, à peine portée par mes jambes flageolantes. Je sentais la brûlure se répandre dans tout mon corps et s’intensifier à chaque seconde. Je me dirigeai tant bien que mal vers la porte et posai ma main sur la poignée. Le métal rafraichissant m’apaisa suffisamment pour me donner la force de la tourner.

La porte s’ouvrit brusquement et je sentis mes jambes céder sous moi. J’allais m’écraser lamentablement sur le parquet et je n’étais pas sure de pouvoir me relever sans aide. Je me recroquevillai en attendant la secousse que provoquerait le contact de mon corps brûlant avec le sol… mais rien ne se passa. Je m’étais écroulée mais tout ce que je sentais, c’était la douceur de la peau et l’odeur d’une eau de Cologne luxueuse. J’étais tombée dans les bras de Michael, au sens propre du terme.

Il passa l’un de ses bras musclés derrière mon dos, l’autre sous mes genoux, et me souleva en poussant sur ses jambes comme si je ne pesais pas plus lourd qu’une plume. En même temps, si les loups garous étaient capables de renverser un 4x4 sur le dos sans verser la moindre petite goute de sueur, je ne voyais pas pourquoi ça me surprenait autant.

- Eau… de l’eau, vite ! Marmonnais-je, à moitié étouffée par la douleur.

- Je sais, on y va ne t’inquiète pas, c’est bientôt fini.

Sa voix était calme mais la tension de ses bras m’apprit qu’il était très agité. Est-ce qu’il était inquiet pour moi ? Et comment se faisait-il que j’avais atterri dans ses bras ? M’attendait-il derrière la porte tout ce temps ? Non, je ne devais pas penser à ce genre de choses. Après tout, il savait dans quel état je ressortais de ce genre de séance et il avait besoin d’une guérisseuse en état de marche pour la meute.

Il donna un grand coup dans la porte devant lui, qui s’ouvrit en se fracassant contre le mur, dans une pluie de petits bouts de bois. La salle de bain était grande, trois fois plus que la mienne apparemment. C’était la première fois que je pénétrais dans celle-ci. Le soleil passait par trois grandes fenêtres et se reflétait dans le mur en face, entièrement recouvert de miroir de taille humaine. Dans un coin, il y avait une gigantesque douche fermée par des vitres transparentes. Michael m’y déposa en entrant avec moi. Nous étions deux dans la même douche et pourtant nous étions très à l’aise, il y avait même encore assez d’espace pour faire rentrer deux ou trois personnes de plus, c’était impressionnant. Ma douche à moi devait mesurer un mètre carré, d’après mes prévisions les plus optimistes, et à chaque fois que je bougeais, le rideau de douche froid se collait à mon dos mouillé. Je détestais ça.

Il leva le levier du mitigeur et l’eau salutaire se déversa en fines gouttelettes par une énorme pomme de douche d’au moins quinze centimètres de diamètre qui était fixée au mur. L’eau était juste à la bonne température pour que je ne grelotte pas de froid mais que je ne m’ébouillante pas non plus. L’avait-il réglé juste avant en pensant à moi ? Je n’en avais pas la moindre idée et franchement, ce n’était pas le plus important pour l’instant. Tout ce que je savais c’était que la brûlure, si vive, il y avait quelques secondes, était en train de s’apaiser. Le feu qui me rongeait, s’éteignait et disparaissait avec le liquide translucide. C’était ainsi depuis toujours, une fois la guérison achevée, je devais me dépêcher d’entrer en contact avec de l’eau, sans quoi je finirais sans doute par me consumer. Au sens propre ou au sens figuré ? Je n’avais aucune envie de le découvrir.

Alors que la douleur disparaissait petit à petit, je recouvrais mes esprits et prenais réellement conscience de ce qui m’entourait. Je clignai des yeux et regardai autour de moi. La salle de bain avait quelque chose de familier bien que je n’y sois jamais venue auparavant. J’avais dû ouvrir les yeux alors que Michael me transportait dans ses bras. Quoi ? Michael ? Ses bras ?

Je ne m’en étais pas encore rendue compte mais je me sentis soudain comme entravée, comme si quelque chose de puissant m’empêchait de bouger. Je tentais de me redresser mais ce quelque chose m’en empêcha. Prise de panique, je tentai de me débattre mais je ne réussis qu’à glisser sur la faïence humide de la douche.

- Ne bouge pas, tout va bien, c’est moi. Entendis-je Michael me chuchoter d’une voix un peu trop rauque.

- Lâche-moi ! Qu’est-ce qui te prend ? Dis-je, toujours aussi paniquée. Je déteste ne pas pouvoir bouger librement. Michael dut l’entendre dans le ton de ma voix parce qu’une seconde plus tard, j’étais de nouveau libre de mes mouvements.

- Désolé, tu as été… prise de convulsions et j’ai dû te tenir pour ne pas que tu te cognes la tête par terre. Je ne voulais pas … profiter de la situation si c’est ce que tu crois. Dit-il d’une voix dure, pleine de reproches.

En fait je n’avais pas vraiment pensé à ça, mais l’idée d’être bloquée dans un petit espace clos avec un loup-garou ne m’avait pas franchement rassurée.

Encore une fois, il dut lire mes pensées sur mon visage.

- Tu n’y avais même pas pensé n’est-ce pas ? Dit-il en me jetant un regard presque dédaigneux. Tu ne vois jamais l’homme en moi, seulement le loup. C’est ce qui te perdra Walker. Un sourire narquois apparut sur ses lèvres.

Pour ma part, il me semblait au contraire voir un peu trop l’homme en lui, du moins plus que je ne l’aurais voulu.

 

Mes vêtements étaient trempés, du coup Marli insista pour m’en prêter. Ils étaient un peu trop courts et moulant à mon gout mais au moins ils étaient secs. J’étais descendue à la cuisine pour avaler quelque chose et retrouver un peu de force, ce qui n’était pas du luxe. A travers les fenêtres, je pouvais déjà voir que la nuit commençait à tomber. Etait-il si tard que ça ? J’allais devoir me dépêcher si je voulais rentrer avant que l’obscurité soit totale. Ce n’était pas que j’avais peur du noir, en revanche, ce qui s’y tapit me fichait une trouille bleue. Il existe en ce monde, des créatures si dangereuses qu’elles feraient passer ma puissante et implacable meute de loups garous préférée, pour une portée de bébé labrador sans défense. Et si vous voulez éviter de rencontrer ces charmantes bestioles, il vaut mieux rester chez vous une fois la nuit tombée parce que c’est toujours le moment qu’elles choisissent pour sortir de leurs trous.

Michael dut s’apercevoir de mon inquiétude alors qu’il remplissait ma tasse vide de café bien chaud.

- Prend ton temps pour te remettre, je te raccompagnerai chez toi une fois que tu auras fini. Dit-il de ce ton paternaliste qui me hérissait.

- Merci mais ça ne sera pas nécessaire, je rentre maintenant de toute façon.

- Tu rentres maintenant ? Pff, laisse-moi rire, tu ne tiens même pas debout toute seule. Je te raccompagne chez toi un point c’est tout. Il avait un peu élevé la voix et je sentais qu’il n’en faudrait pas beaucoup plus pour l’énerver. Il devait encore être vexé après l’incident dans la salle de bain. Néanmoins, je ne suis pas très douée pour faire retomber la pression, j’aurais même plutôt un don pour jeter de l’huile sur le feu.

- Ne joue pas ton alpha avec moi, je rentre maintenant que ça te plaise ou non. Et comme pour lui prouver que j’avais raison, je me levai d’un bon de la chaise pour me diriger vers la porte. Et comme pour me prouver qu’il avait raison, je sentis mes genoux lâcher sous le poids de mon corps. Je m’étalai lourdement sur le carrelage blanc dans un bruit sourd. Alors que je relevai la tête, je le vis s’accroupir devant moi, très satisfait de ce qui venait de m’arriver.

- Tu disais ? Demanda-t-il très calmement et souriant.

 

Suite>>

Partager cet article
Repost0